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Treizième Mardi
Saint Antoine de Padoue : dans la gloire (Extrait)
Notre Bienheureux Père saint Antoine
a donc quitté cette terre, le lieu de son exil, et il est entré dans
le lieu de son repos, au séjour de la gloire, dans le beau Paradis !
O le Paradis, le beau Paradis ! Ah!
chaque fois que nous essayons de parler de la beauté du ciel et du
bonheur des élus, notre entendement se confond et notre langue reste
muette.
Le grand docteur de l'Église, saint
Augustin, voulut un jour, à la prière de Sévère, son ami, faire un
Traité sur la beauté du ciel. Se disposant à écrire à saint Jérôme
pour le consulter sur une matière si difficile, tout à coup, c'est
lui-même qui le raconte, une lumière insolite et que rien ne peut
dépeindre, éclaire sa cellule et la remplit de parfums dune suavité
inconnue. Étonné et comme hors de lui-même, il entend alors
clairement une voix qui lui dit : «Que veux-tu donc faire, Augustin
? Crois-tu pouvoir enfermer dans une petite coupe la mer tout
entière ; embrasser la terre avec ta main ? Veux-tu voir ce que
l'œil n'a point vu, comprendre ce qui est incompréhensible ?...»
C'était la voix de saint Jérôme, mort ce jour-là même à Bethléem, et
qui, au moment de son entrée en Paradis, veut faire sentir à
Augustin qu'un tel bonheur est indescriptible.
Et, en effet, l'Apôtre saint Paul,
rappelant les paroles du prophète Isaïe, dans sa première épître aux
Corinthiens, leur dit : «L'œil n'a point vu, l'oreille n'a point
entendu, et le cœur de l'homme n'a jamais compris ce que Dieu a
préparé à ceux qui l'aiment.»
Un peu plus tard, dans sa dernière
lettre aux Corinthiens, il parle de son grand ravissement jusqu'au
troisième ciel ; et là il entendit et vit des choses si
merveilleuses et si souverainement belles que sa langue demeure
radicalement incapable de les redire !
Lucifer lui-même qui avant sa chute
a joui de l'ineffable beauté de Dieu, est incapable d'en donner une
peinture, bien qu'il en ait conservé le souvenir, comme il l'a
confessé plusieurs fois dans des exorcismes.
Un Religieux de l'Ordre de saint
Dominique faisant un jour un exorcisme, adressa au démon cette
question : «Dieu est-il beau ?» Le démon lui répondit par la bouche
du possédé : «Je l'ai vu un peu plus d'un moment ; mais si je
pouvais le voir encore une fois de même, je souffrirais volontiers
jusqu'au jour du jugement toutes les peines des damnés dans l'enfer
!»
Une autre fois, c'était en 1634, aux
célèbres exorcismes de Loudun. Là, on exorcisait plusieurs possédés.
L'exorciste interrogea aussi le démon et lui dit : «Que ferais-tu
pour voir le bon Dieu ?»
«Je consentirais à grimper le long
d'une colonne qui irait du fond des enfers jusqu'au sommet du ciel,
toute hérissée de pointes aiguës, de lames tranchantes, d'épines
déchirantes ; je consentirais en outre à souffrir dix mille ans,
uniquement pour avoir le bonheur de contempler Dieu dans le ciel,
durant une seule minute ! Ah! si les hommes savaient ce qu'ils
perdent, en perdant la grâce de Dieu !»...
Les
treize mardis de Saint Antoine