Cantique
Extase du 1er Juillet
Mon
Bien-Aimé ! Sa douce Voix, comme la rosée, vient tomber jusqu'au
fond de nos coeurs mais son sourire, plus aimable encore, vient
pénétrer notre coeur tout entier.
Laissez-nous mourir, ô chaste Époux de nos âmes ! Colombe,
laissez-nous mourir sur la blessure de votre Coeur, au milieu des
rayons de votre Coeur.
Mon Bien
Aimé fait entendre sa voix jusqu'au fond du coeur souffrant. Sa
douce Voix allume en descendant, autant d'amours et de fournaises
qu'il y a au Ciel de flambeaux qui décorent son trône adorable quand
les Anges et les Saints l'adorent.
Mon Bien
Aimé, c'est pas trop tôt d'expirer puisque Votre douce Main porte
l'anneau nuptial et sur Votre Coeur brille l'instrument au dernier
des héritages de Votre Amour !
Laissez
l'horloge sonner le trépas avec le chant des Anges. Votre Coeur ne
peut consentir à nous laisser partir de la Terre sous le printemps
encore de nos années.
Dieu
d'amour, Vous fûtes le trésor qui réjouit notre jeunesse et Vous
serez l'Époux de tendresse qui fleurira la vieillesse des fleurs ou
de la fleur par Votre amour et Votre plus doux sourire.
Pitié !
Pitié Jésus ! Pitié pour tous les coeurs qui ignorent notre bonheur
et nos délices sous le ciel solitaire, sous le toit où Vous envoyez
les Anges chanter l'amour du Très Saint Sacrement.
Pitié !
Pitié ! Pitié Jésus ! Pitié pour Votre peuple que l'amour ne peut
plus consumer, qui n'aime plus que le péché !
Pitié
Jésus ! Pour la France que Votre Coeur aime. En elle, Vos bontés
sont venues dévoiler Votre Coeur, Vos secrets et Vos promesses.
Pitié
Jésus ! Pitié pour la France coupable car son coeur n'a plus soif
que du sang de ses enfants mais Jésus a voulu que ses veines
s'épuisent pour former les nôtres.
Notre
sang est à Vous, Dieu d'amour ! Et pour cette patrie malheureuse nos
larmes et nos soupirs. À Vous, notre sang, Victime Immolée, à Vous
cette preuve d'amour puisque Votre Coeur a voulu rester ouvert pour
le monde entier.
Pitié
Jésus ! Pitié ! Pitié Jésus pour tant de crimes ! Pour tant de
profanations ! Pitié ! puisque Votre Amour nous permet de Vous voir
presque en larmes.
Bientôt
la Terre du berceau s'effacera comme le nuage qui parcourt la France
et se perd au bas des montagnes pour ne plus reparaître.
Ô mon
bien Aimé ! Si la fleur, Dieu d'Amour, s'efface de la Terre,
toujours un souvenir pour elle, restera puisque Vos grâces que Vous
lui avez faites seront contemplées par les yeux vivants. Qui pourra
l'oublier ? Puisque Votre Ciel... descendra jusqu'à nous pour nous
envelopper d'un dernier manteau de gloire : c'est mon Thabor.
Ô Jésus !
Quand la gloire du Thabor apparut aux Apôtres, Vous voilâtes Votre
Gloire car les yeux mortels n'étaient pas capables de souffrir la
vue transfigurée de Votre Gloire.
Ô doux
Jésus ! Si la fleur s'efface, ô son berceau restera toujours,
puisque Marie, au chevet, lui donne la plus belle part qu'elle avait
sur la Terre, son lis et sa blancheur aussi et aussi la Croix de Son
Fils au pied du berceau où les Anges priaient.
Marie, au
pied du berceau de l'Enfant qui l'aime, Vous donnez Votre lis pour
faire réfléchir la candeur de son front et la croix de Votre Fils
pour attester que la voix du Ciel c'est la Croix.
Amour,
amour, amour à Jésus ! À Marie, Amour, amour, amour au Coeur blessé
de bonheur ! Amour à jamais à Sa Croix (deux fois) au temps qui
approche. Amour ! Amour !
(Quelques
phrases sont incomplètes et parfois difficiles à comprendre).
Hier, ô
mon bien aimé Sauveur, ne pouvant supporter la douleur qui
transportait mon coeur, me voyant seule, sans appui, sans conseil,
sans lumière, je languissais dans la crainte de Vous déplaire. J'ai
pris mon crucifix que j'ai appliqué sur mon coeur, me confiant et
m'abandonnant entièrement à Vous. Vous n'avez pas permis que je
reste longtemps dans cette inquiétude mortelle. Alors ô tendre
Sauveur, Vous êtes descendu pour me consoler et me soutenir dans la
détresse et l'abandon où je me trouvais. Vous me disiez que Vous
viendriez ce matin à mon coeur pour le fortifier. Vous êtes venu, en
effet, ô mon adorable Sauveur, Vous êtes venu avec les Anges portant
des flambeaux, Vous êtes venu avec le Père et le Saint-Esprit qui
accompagnaient Votre Coeur adorable. Que de larmes, j'ai versées,
larmes d'amour et de reconnaissance ! Mes ennemis m'ont ravi mon
amour, mon unique soutien, ma seule force. Ils m'ont privée de Vous,
mon cher Jésus et Vous n'avez pas dédaigné de Vous donner Vous-même
à moi. Quelle grande et incompréhensible charité de Votre Coeur !
Amour à Vous, ô mon Bien Aimé Jésus ! Que mon coeur se partage en
une infinité de parties et que chaque parcelle, Vous loue et Vous
aime autant que mon coeur tout entier ! Mes ennemis, mes chers
ennemis ont voulu me faire souffrir en me privant de Vous. Jésus a
mieux fait qu'eux : II est venu Lui-même me consoler et me nourrir.
Non seulement je vous pardonne, chers ennemis, mais je vous aime. Je
voudrais avoir tous vos coeurs pour les mettre tous dans le
Sacré-Coeur de Jésus. Les persécutions me charment ; encore, encore
des persécutions ! Ce sont mes plus belles fleurs ; c'est un pain
délicieux pétri par le Coeur de Jésus pour nourrir ses amis. Oh !
qu'il est doux de le manger !
Et vous,
grand Saint Augustin, séraphin par votre amour, chérubin par votre
prédication et votre zèle, n'est-ce pas au Sacré-Coeur que vus' avez
puisé l'amour qui vous dévorait ? Ah ! donnez-moi une des étincelles
qui brûlaient votre coeur.
Mon
tendre Jésus, mon coeur n'y tient plus, il ne peut contenir tout
l'amour que Vous y mettez... Les savants théologiens ne le
pourraient. Il faudrait Saint Augustin, Saint Bonaventure, Saint
Ambroise, Saint Grégoire de Naziance, Saint François d'Assise, Saint
François de Sales, bienheureuse Marguerite-Marie pour peindre mon
coeur et encore bien imparfaitement. Il n'y a que Votre Divin Coeur
qui connaisse ce qui se passe en moi, ce que j'éprouve ce matin, mon
tendre Jésus, Vous m'avez consumée d'amour. Oui, mon amour était si
fort qu'il m'enlevait vers Ciel. Ô délicieux moment ! Maintenant je
me retire dans mon néant, je ne puis plus rien dire.
Anges,
parlez pour moi, bénissez le Seigneur à ma place !
Après
quelques moments de repos et de prière silencieuses l'extatique
reprend un discours, nous le reproduisons en majeure partie
Mon bien
aimé Jésus, je Vous adore et je Vous aime de tout mon coeur. Je veux
Vous suivre jusqu'au Calvaire où je serai heureuse d'être crucifiée
avec Vous, mon bien aimé Sauveur. Je me retirerai dans la plaie de
Votre Coeur adorable. Ne m'en laissez plus sortir, ô mon tendre
Sauveur, enchaînez-moi à Votre Croix et à Votre divin Coeur. Mon
bien aimé Jésus, je n'ai qu'un seul désir, celui de souffrir et de
Vous aimer de plus en plus ; c'est là, tout mon plaisir. Déjà Votre
Amour m'a crucifiée clouée à la Croix. Je Vous en remercie, mon
tendre Jésus. Laissez-moi Vous prier, pour mes ennemis et les
remercier du bien qu'ils me font: Les larmes que Vous me faites
verser, ce sont des larmes de charité pour Vous.
Chers
ennemis, que vous avez de charmes pour mon coeur !
Multipliez vos calomnies, vos persécutions ; qu'elles soient mon
pain de chaque jour, ma joie et mon bonheur !
Calomnies
et persécutions, vous êtes des perles enfilées dans le Coeur de
Marie et sortant de la Plaie sacrée de Jésus car II a épousé tout
cela pour nous. Vous êtes des fleurs de grâces, des perles du
diadème que vous préparez pour couronner Madeleine, après le
sacrifice que Vous lui demandez. Je voudrai parcourir le monde pour
chercher partout le pain de la persécution et m'en nourrir. C'est un
pain délicieux car il se trouve sur la table de Jésus et de Marie.
Quel trésor ! Il est plus grand que toutes les richesses et les
honneurs de la Terre !
Chers
ennemis, vous tressez ma couronne et vous détressez la vôtre. Vous
me passez vos fleurs. Que vous me faites du bien, chers petits
ennemis. Vous me faites avancer chaque jour vers Jésus. Combien les
calices que vous préparez sont doux ! On dit que les calices sont
amers, moi, je ne l'ai pas encore trouvé. Chers ennemis, vous ne
voyez pas que vous gardez pour vous les brèches et que vous me
donnez le miel !
Être
victime de la Croix, quel beau titre ! C'est celui du serviteur de
la Croix, de mon Père spirituel car il a été abreuvé de la
persécution, il est innocent, il aura une belle récompense. C'est
dans l'épreuve et le malheur qu'on reconnaît les vrais amis. Merci,
mes bons amis, de prier pour moi toujours dans la solitude et comme
délaissée. Ô ne m'oubliez pas, je vous en conjure, ne m'oubliez pas
surtout au pied du saint Tabernacle, moi qui ne peut plus y aller.
Quelle privation pour mon coeur ! Priez pour moi. Si je ne puis vous
rendre vos prières sur la Terre, je le ferai au Ciel. Jésus me dit :
Que
désires-tu, ma victime ? Que me demandes-tu ?
Mon bien
aimé Jésus, je veux tout ce qui vous plaira. Je ne veux ni mourir
mais votre sainte Volonté seule. Mon tendre Jésus si je Vous demande
quelque chose, ce serait d'augmenter mes souffrances mais aussi
Votre amour.