Ces principes étant posés, nous
allons parcourir l’histoire des papes qui régnèrent à l’époque de
Marie-Julie du Crucifix et pour lesquels elle reçut la mission de
" prier, d’obéir et de souffrir avec Jésus. " Ils eurent à
lutter sur tous les fronts pour maintenir l’ordre dans les relations
extérieures de l’Église, violemment attaquée et spoliée, et l’ordre
doctrinal intérieur, insidieusement ébranlé. La papauté n’est pas
une sinécure; c’est une lourde Croix qui ne peut se porter qu’avec
l’aide des " Simon de Cyrène "
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Sa Sainteté le Pape Pie IX
Pie IX (1846 - 1878) est élu en
1846, l’année des apparitions de la Salette. Une terrible épreuve
l’attendait. Son règne de 32 ans fut des plus mouvementés. Au moment
où il arriva au pouvoir, se posait le problème de l’unité italienne.
La péninsule était divisée en sept petits états. Au centre de la
" botte ", les États pontificaux comprenaient un large
territoire s’étendant de Rome à l’Adriatique, dont le Pape était le
roi temporel, siégeant à Rome.
La révolution française, puis
l’Empire, bouleversèrent les données et les idées politiques.
L’Autriche (Empire catholique) exerçait son influence sur la Toscane
et la Lombardo-Vénétie. Les patriotes italiens se divisaient en
révolutionnaires, partisan de l’action violente, pour supprimer les
royautés et les réformistes qui souhaitaient une confédération des
états ayant le pape pour chef moral et le roi de Sardaigne comme
chef politique et militaire. Un seul point les unissait : chasser
l’Autriche.
À son avènement, Pie IX apporta
d’importantes réformes dans ses états. Les réformistes crurent qu’il
était libéral, ils se trompaient. Parce qu’il refusa de se mettre à
la tête d’une confédération disparate et de déclarer la guerre à
l’Autriche, il perdit toute popularité. Son ministre Rossi fut
assassiné en 1848; assiégé lui-même dans son palais du Quirinal, Il
fut obligé de se réfugier à Gaète, petite ville au sud de Rome, dans
le Royaume de Naples, d’où il appela à l’aide la France et
l’Autriche. Pendant ce temps la République fut proclamée (1849). Les
églises furent pillées et les biens confisqués. L’Autriche vint au
secours du Pape et occupa le nord des états de l’Église; de son
côté, le général Oudinot, envoyé par la République française, reprit
Rome.
Pie IX revint à Rome après 17 mois
d’exil.
Ses ennemis ne pouvaient plus
compter que sur la désunion de ses défenseurs: France et Autriche.
Le roi de Sardaigne, Victor Emmanuel II était partisan de l’unité
qu’il souhaitait surtout à son profit! Son ministre Cavour négocia à
Plombières (1858) avec Napoléon III, lui même gagné aux idées
nouvelles. Il ne faut pas oublier le jeu secret des loges dans ces
tractations. Tout ce siècle en est infesté. L’empereur s’engageait à
chasser l’Autriche, et recevrait en échange Nice et la Savoie.
L’Autriche, battue à Magenta et Solferino, accepta l’armistice.
Napoléon changea son plan d’invasion
générale et s’en tint là. Seul le Piémont était " libéré ". Déçu,
Victor Emmanuel aidé par les bandes révolutionnaires de Garibaldi
annexa le nord de l’Italie et une partie des états pontificaux en
1860. Pie IX fit appel à des défenseurs volontaires de tous les pays
catholiques, sous les ordres du général Lamoricière, (1865)
(mausolée dans la cathédrale de Mantes, son pays natal).
Malgré leur vaillance, les " Zouaves pontificaux " au nombre
de 8000 sous le commandement du Baron de Charette, furent écrasés à
Castelfidardo (1860) par une armée piémontaise de 48300 hommes.
Victor Emmanuel fut proclamé roi
d’Italie en 1861. Il lui fallait Rome pour capitale. Il s’allia à la
Prusse qui battit les Autrichiens à Sadowa (1866). Cette victoire
sur l’Autriche, empire catholique, donna à la Prusse avec Bismarck,
très anticatholique, une prépondérance européenne dont tout
l’Occident devait subir les conséquences mortelles pendant près d’un
siècle.
Restait Rome. Lorsque les bandes de
Garibaldi voulurent s’emparer de la Ville Sainte, Napoléon III, sous
la pression de l’impératrice et des catholiques français, envoya une
brigade, commandée par le Général de Failly, qui, aidé par les
zouaves pontificaux, battit Garibaldi à Montana (1867).
Trois ans plus tard, les Français
étant rappelés par la guerre franco-allemande (1870), Victor
Emmanuel en profita pour assiéger Rome qu’il prit le 20 septembre
1870. Après l’annexion de Rome au royaume italien, il ne restait
plus au Pape que les palais du Vatican, du Latran et la villa de
Castel Gandolfo. Pour calmer les inquiétudes du monde catholique,
Victor Emmanuel, " désireux d’assurer la liberté de l’Église et
l’indépendance du Souverain Pontife " fit voter la loi des
garanties (1871) qui reconnaissait l’indépendance du pape dans le
palais du Vatican et lui attribuait une " dotation " de
fonctionnement.
Pie IX ne voulut pas accepter cette
loi hypocrite qui entérinait le vol des propriétés de l’Église et la
suppression des pouvoirs du Vicaire du Christ sur le plan temporel.
Il s’enferma, pendant 7 ans, jusqu’à
sa mort en 1878, dans le Vatican " comme dans une prison ",
ne voulant céder sur les principes du droit et sur l’honneur de
Dieu, " de qui viennent tous les pouvoirs. " Pour subvenir
aux besoins de l’Église, il créa le denier de Saint Pierre.
Victor Emmanuel Il ne survécut pas.
Humbert 1er et Victor Emmanuel III lui succéderont sans
rien changer à la " Question romaine. "
Cette question ne sera réglée qu’en
1929, sous Pie XI, par les Accords du Latran entre l’État Italien et
le Saint Siège. Cet accord créait l’État du Vatican, disposant de
tous les droits d’un état souverain... de quelques hectares.
Il n’en restait pas moins que
l’Église avait été dépouillée des biens qui lui sont nécessaires
pour ses oeuvres. N’oublions pas qu’à cette époque l’Église assurait
l’accueil des pauvres dans les hôpitaux, l’enseignement des enfants,
et bien d’autres oeuvres de miséricorde. Beaucoup d’Églises, de
monastères et de couvents, foyers de sacrifice et de prière furent
saccagés. Que de trahisons ! Que de sacrilèges ! Que de profanations
! Que de victimes et de martyrs !
Mais grâce à Pie IX, l’honneur était
sauf ! Deo gratias !
Les plus grandes oeuvres de salut se
font sur la Croix et par la Croix. Le pontificat de Pie IX qui fut
marqué par la perte du pouvoir temporel, vit, en revanche, le
pouvoir spirituel du Pape s’affirmer avec le plus vif éclat.
Trois événements forment comme la
triple étape de ce développement :
1° - La promulgation, le 8 décembre
1854, du dogme de l’Immaculée Conception de la Sainte Vierge,
définissant que " la bienheureuse Vierge Marie fut, dès le
premier instant de sa conception, préservée de toute tache du péché
originel. "
Le 11 février 1858, la Sainte Vierge
se présentait à la petite Bernadette de Lourdes sous le nom de "
l’Immaculée Conception ", ce qui représentait une confirmation
éclatante de cette vérité de Foi.
Par cette définition ex cathedra, le
pape Pie IX avait exercé en fait le privilège de l’infaillibilité
qui ne devait être reconnu en droit que 16 ans plus tard par le
Concile Vatican I.
Ce dogme confirme ce que dit la
Sainte Écriture concernant nos premiers parents créés libres et
responsables et de " l’heureuse faute qui nous a valu un si grand
Sauveur ! " Ce dogme confirme également l’infusion de l’âme
humaine dès la conception.
À l’époque où les sciences
s’acharnaient à réduire l’homme à la matière et niaient la Création
par Dieu, ce fut un éclair de lumière céleste.
2° - Le 8 décembre 1864, dix ans
plus tard, Pie IX publia l’encyclique " Quanta cura " et y
annexa le Syllabus, catalogue des principales erreurs du monde
moderne:
Le Panthéisme, qui fait de Dieu une
seule et même chose avec le monde.
Le Rationalisme qui fait de la
raison humaine le juge suprême en tous domaines et son fruit; le
naturalisme qui nie le besoin de la grâce. (En 1863, Renan publiait
" la Vie de Jésus " dont les anticléricaux firent une arme
contre l’Église. Intoxiqué de philosophie allemande, il voulait
prouver que toute révélation ou miracle est impossible, car
contraires aux lois de la nature. Il ouvrit la porte au modernisme "
synthèse de toutes les hérésies "
Le socialisme, le communisme qui
sont les conséquences de l’athéisme.
Le gallicanisme qui s’efforce de
réduire les pouvoirs du Pape.
Le libéralisme, l’indifférentisme,
qui donnent les mêmes droits à l’erreur qu’à la vérité et incitent à
se " réconcilier avec le monde " au nom du progrès.
Le Syllabus fut bien accueilli par
les évêques Français, mais interdit de publication par Napoléon III
et l’Italie. Il rendit furieux les ennemis de l’Église.
3° - La convocation en 1869 au
palais du Vatican du vingtième Concile oecuménique fut un grand
événement. Il fut interrompu par la guerre et la prise de Rome.
Le dogme de l’infaillibilité
pontificale fut voté en septembre 1870. Le chapitre IV de la
Constitution Pastor Aeternus déclare que " le Pontife Romain est
infaillible, lorsqu’il parle ex cathedra, c’est-à-dire lorsque,
remplissant la charge de Pasteur et de Docteur de tous les
chrétiens, il définit qu’une doctrine sur la Foi ou sur les moeurs
doit être crue par l’Église universelle. "
Ce concile renforça les pouvoirs du
Pape et provoqua des réactions hostiles. En Allemagne, Bismarck
profita du schisme des " Vieux-Catholiques ", hostiles au
dogme, pour déclencher une terrible persécution contre l’Église: le
" Kulturkamf "
qui dura 10 ans. C’était la guerre entre la civilisation
germanique et luthérienne et la civilisation latine. Elle ne cessa
qu’au renvoi de Bismarck.
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Sa Sainteté le Pape Léon
XIII
Léon XIII (1870-1903) gouverna
l’Église pendant un quart de siècle. Son activité fut très grande
dans tous les domaines.
1°) - Dans le domaine religieux, il
encouragea la piété des fidèles envers l’Eucharistie et le
Sacré-Coeur, envers le Rosaire (mois de Marie), envers Saint Joseph,
(mois de mars). Il travailla à la conquête des Slaves et donna une
grande impulsion aux missions.
2°) - Dans le domaine intellectuel,
il publia de nombreuses encycliques et maintint les condamnations du
Syllabus. L’encyclique " Rerum novarum "
(1891) sur la condition ouvrière exposa la doctrine sociale de
l’Église. Il encouragea les sciences, les études bibliques, la
philosophie de Saint Thomas, procurant ainsi aux catholiques
confrontés aux attaques des incroyants des armes de défense de leur
foi, des moyens de mieux aimer Dieu et de mieux prier. L’ignorance
religieuse est un des plus grands maux. On n’aime bien que ce que
l’on connaît bien !
3°) - Dans le domaine social, il
encouragea les initiatives des organisations ouvrières chrétiennes
et antiesclavagistes.
4°) - Dans le domaine politique, il
lui fallut beaucoup de diplomatie pour réconcilier le Saint Siège
avec les grandes capitales. II réussit à faire cesser les vexations
de Bismarck. En France son activité de conciliateur fut assez mal
perçue. À la fois par les monarchistes qui, sans roi, s’en tenaient
à une attitude d’opposition, et par les députés de gauche qui
développèrent leur anticléricalisme malgré le " Ralliement " à la
République, " gouvernement de fait " suggéré par le pape, selon la
formule " Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à
Dieu. "
Il garda l’attitude ferme de Pie IX
sur la question romaine.
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Sa Sainteté le Pape Pie X
Pie X (1903-1914, canonisé en 1954)
fut un pape plus religieux que politique. Sa devise était: " Tout
restaurer dans le Christ "
Droit et fidèle à la Tradition, il
ne fut pas l’homme de la conciliation à outrance. Aussi bien,
était-on arrivé à un tournant où les plus grandes concessions
n’auraient servi à rien! Quels qu’en fussent les sacrifices, il ne
recula pas devant une rupture avec la France et, par sa condamnation
de la loi de séparation, il montra qu’aux avantages pécuniaires
l’Église préfère la liberté et l’intégrité de ses principes. Son
pontificat fut également marqué par un conflit avec l’Espagne. Quant
à sa politique italienne, elle fut celle de ses prédécesseurs, avec
néanmoins une tendance à un peu moins de rigueur.
Mais, c’est surtout dans le
gouvernement de l’Église que Pie X porta le meilleur de son zèle de
saint prêtre. Préoccupé de veiller à la pureté de la Foi et à
l’intégrité de la discipline catholique, il condamna le modernisme
par le décret Lamentabili et l’encyclique Pascendi (1907). Il
condamna également le mouvement progressiste dit du " Sillon "
auquel il reprochait de vouloir " échapper à la direction de
l’autorité de l’Église, de placer l’autorité dans le peuple, de
vouloir niveler les classes sociales. "
Pie X fit beaucoup pour la liturgie,
pour le chant d’église, pour le relèvement des études dans les
séminaires, pour la réorganisation des congrégations romaines et la
préparation d’un nouveau code de droit canon.
Il fut un grand pape Eucharistique.
Il encouragea la communion fréquente et facilita l’admission des
petits enfants à la première communion. Il fut un saint prêtre dans
toute la force du terme.
Il mourut en 1914, très affecté par
la guerre mondiale qui s’annonçait. Il fut canonisé en 1954.
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Sa Sainteté le Pape Benoît
XV
Benoît XV (1914-1922), fut le "
pape de la guerre. " Pendant plus de 4 ans, son activité fut
absorbée par les graves conséquences de la catastrophe mondiale.
Représentant le Christ, Prince de la paix, il fit tout ce qui était
en son pouvoir pour mettre un terme à ce conflit. Il observa une
stricte neutralité, se penchant sans distinction de camp sur le sort
de toutes les victimes.
Il rétablit les relations
diplomatiques avec la France.
Il publia le nouveau code de droit
canonique en 1918.
En 1917, des événements
considérables marquèrent l’histoire : apparitions de Fatima et
miracle du soleil ; révolution en Russie.
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Sa Sainteté le Pape Pie XI
Pie XI (1922-1939) a pris comme
devise " La paix du Christ dans le règne du Christ. "
Il a institué la fête du Christ-Roi, donné une impulsion nouvelle
aux missions. Il donna essor à l’Action Catholique. Ses encycliques
sur le mariage, la question sociale, l’éducation de la jeunesse, le
communisme et le nazisme eurent un profond retentissement dans cette
époque d’entre deux guerres, en proie à une grave crise économique,
source d’angoissante instabilité. Il signa en 1929 les accords du
Latran donnant un statut d’État souverain au Vatican.
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Sa Sainteté le Pape Pie XII
Pie XII (1939-1958) eut comme devise
: " La paix, fruit de la justice. " En cette époque très
dangereuse pour la survie même de l’humanité du fait du péril
atomique, il fallait à l’Église un Pape comme Pie XII. D’une grande
piété, de grande culture, d’une haute intelligence, ce Pape eut à
affronter " les bêtes de l’Apocalypse " du nazisme et du
communisme qui mirent à feu et à sang la planète entière, comme
l’avait prédit la Sainte Vierge en 1917. La piété mariale de Pie XII
fut couronnée par la promulgation du dogme de l’Assomption de la
Sainte Vierge Marie, en 1950.
Il fut très vigilant sur la doctrine
et sur la nécessité de bien distinguer sans les séparer les domaines
de la Foi et de la raison scientifique. L’encyclique " Humani
generis " fait le point sur la science des origines de l’homme
et délimite avec une ferme diplomatie les territoires du religieux
et de la science. Elle reste l’expression parfaite de la position
pacifiante de l’Église.
Grand diplomate, il dut négocier
pour préserver les intérêts vitaux de l’Église. Il condamna très
énergiquement le nazisme et fit tout ce qui était humainement
possible pour les persécutés et les victimes de cet atroce conflit.
Les juifs de Rome lui en ont gardé une grande et officielle
reconnaissance, ce que paraissent oublier les calomniateurs qui,
encore aujourd’hui, ne tarissent pas de haine contre lui. L’histoire
rétablira la vérité de l’oeuvre de ce pape crucifié entre tous.
En résumant les faits principaux des
règnes de ces grands Papes, nous avons voulu montrer combien sont
lourdes les croix du Souverain Pontificat. Il faut donc beaucoup de
grâces pour combattre dans le bon combat. N’oublions jamais que ces
grâces sont accordées au Chef en fonction des prières et des
sacrifices que font pour lui les membres de l’Église, consacrés ou
simples fidèles.
La mission de Marie-Julie est une
mission de soutien du Pape, comme les Hébreux devaient soutenir les
bras de Moïse en prière pendant les combats. Dès qu’il baissait les
bras les combattants faiblissaient; s’il les maintenait élevés vers
Dieu, les combattants reprenaient le dessus. Elle fut leur "
Simon de Cyrène et leur Véronique "
Le combat de la foi n’est pas
l’oeuvre de quelques soldats; c’est une activité de veille, de
prière et de conversion de toute la communauté de l’Église de la
terre, à laquelle s’adjoint la prière de l’Église triomphante du
Ciel et de l’Église souffrante du Purgatoire.
En ces temps difficiles, l’Église de
la terre est à la fois souffrante, militante et le triomphe lui est
promis.
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Rome et La Fraudais
Le Saint Siège fut tenu au courant
régulièrement des faits de la Fraudais, d’abord par M Fournier, puis
par le Père Vanutelli qui avait " ses entrées " à Rome. Léon XIII
écrivit à Mgr Lecoq, en lui demandant de rendre à la stigmatisée le
bénéfice des sacrements.
Pie XI envoya sur place Don
Lefebvre, et le cardinal Pacelli, futur Pie XII.
Ayons patience et confiance! La
prophétie se réalisera en son temps, après la grande purification
préparatoire au triomphe.
" Un jour, Mon serviteur
demandera à Mon Église de te mettre, toi, sur les autels, en même
temps que son aïeul (Louis XVI, le Roi martyr). "
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