Le Noviciat de Marie-Julie
Sommaire
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Saint Alphonse de
Liguori
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Saint Bonaventure
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Saint Thomas d'Aquin
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Saint Tite
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Saint François de Sales
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Saint Jean de la Croix
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Saint Thomas d'Aquin
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Saint Paul Apôtre
-
Saint Jean-François
Régis
-
Saint Grégoire le
Grand, Pape
-
Saint Nestor,
Évêque et Martyr
-
Saint Abraham, Ermite
-
Saint Marcellin, Martyr
-
Saint Lambert,
Évêque et Martyr
-
Saint François d'Assise
-
Saint Jean 1er,
Pape et Martyr
-
Saint Félix, Évêque
-
Saint Pamphile, Martyr
-
Saint Vincent, Martyr
-
Saint Pantaléon,
Martyr
-
Saint Marisse
-
Saint Didier,
Évêque et Martyr
-
Saint Prime, Martyr
-
Saint Dieudonné, Pape
-
Saint Vite, Martyr
-
Saint Distérique,
Évêque
-
Saint Paulin,
Évêque et Martyr
-
Saint
Victorien, Évêque et Martyr
-
Saint Herménégilde,
Martyr
-
Saint Cassien, Martyr
-
Saint Jules, Martyr
-
Saint Celeste, Martyr
-
Saint Vital, Martyr
-
Saint Serge, Martyr
-
Sainte Vierge
Visite de Saint
Alphonse de Liguori
Extase du 26 mars 1878
Saint Alphonse de Liguori
(1696-1787) est le fondateur de l'Ordre des Rédemptoristes pour
l'instruction des pauvres et du monde rural, de son temps très
délaissés. Il est l'auteur d'un grand Traité de Théologie Morale qui
fait autorité. Fête le 2 Août.
- Je suis Saint Alphonse de
Liguori. Je suis ici, au pied de la Croix, de la part du Seigneur.
Écoute mon langage. Les fruits et le profit en seront pour ton âme
et ton coeur.
Connais-tu cet admirable Livre
des souffrances de Notre-Seigneur ?
Voilà un grand Livre, le Livre
de la Passion. Entre immédiatement dans cette céleste Science. Elle
se compose de l'amour de la souffrance. Tu trouveras, dans ce Livre,
la force de ton âme et la nourriture de ton coeur. Tu vas entrer
dans ce grand fleuve d'amour et de douceur. Chacune des Plaies
Adorables de Notre-Seigneur te fera connaître chaque jour la Science
céleste de ce Divin Livre. Notre-Seigneur se plaint que Ses
souffrances ne sont pas assez connues...
Tu entreras dans cette Divine
Science par le Coeur Immaculé de Marie, Sa très Sainte Mère. Veux-tu
connaître un mot de la douleur et des souffrances de la Sainte
Vierge ? Vois son Coeur transpercé par les glaives, les tourments et
toutes sortes de martyres. Sache bien que nous avons tous une place
à chaque glaive, car ils font place aux enfants qu'elle a adoptés au
pied de la Croix, qui méditent sa Passion et les douleurs de son
Coeur... Cette dévotion est si peu connue, qu'elle s'oublie chaque
jour. La sainte Vierge a promis à chaque âme qui méditera ces
paroles un fruit abondant pour son salut et une généreuse
récompense...
Petite soeur, c'est dans la
Science des Douleurs du Seigneur et de sa Sainte Mère que l'âme
persécutée trouve un sûr abri. C'est là que le Père de l'Église, le
Pape trouve une force et une puissance, d'abord pour son coeur et,
ensuite, pour donner à tous les coeurs qui lui sont confiés un baume
de paix.
Petite soeur, autant de plaies
faites au Coeur de la Sainte Vierge, de sources qui en découlent
dans le coeur des enfants de la Croix Que la Sainte Vierge est
puissante ! Elle invite toutes les âmes qui souffrent à venir
chercher force et repos dans son coeur, dans les plaies de son
Coeur…
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Visite de Saint Bonaventure
Extase du 25 juin 1878
Saint Bonaventure (1221-1274) est
d'origine Italienne. Disciple de saint François d'Assise, il devint
Cardinal, Général de l'Ordre Franciscain et Légat du pape au Concile
de Lyon. On lui doit de nombreux ouvrages de Théologie et de
Philosophie qui lui ont valu le nom de Docteur Séraphique. C'est
avant tout un grand mystique et un grand chantre de l'Amour Divin.
(Fête le 14 Juillet.) Il vint plusieurs fois conseiller Marie-Julie
du Crucifix qui était Tertiaire de ce grand Ordre.
- Je suis l'envoyé de Dieu. Que
la paix de Dieu soit dans ton âme et dans le coeur des victimes. Je
suis Saint Bonaventure.
Je viens te dire un mot. Nous
sommes tous dans la route de la Croix. Il faut tous goûter la Croix
et La savourer avec délices. Que la Croix est précieuse et que peu
d'âmes La savourent ! Les vrais amis de Dieu sont ceux qui ont le
plus de croix. Cette marque doit être pour eux une grande
consolation.
Quant aux victimes et aux amis
de la Croix, Dieu les prédestine et les destine à de grandes choses
et à de grandes grâces. Les victimes de la Croix portent un autre
nom. Notre-Seigneur appelle l'âme des victimes de la Croix, des
soleils destinés et désignés à la grande, à la haute, à la profonde
destination, impénétrable et cachée de Dieu. Voilà comment II les
traite : elles sont un soleil caché au monde et à la terre, et
découvert à Dieu et aux desseins qu'Il a sur elles. Il faut que les
victimes de la Croix soient brisées, broyées. Le déchirement, le
brisement, donnent à Dieu l'honneur et la gloire de se former dans
l'âme des victimes et de leur donner une large part de grâces.
Les victimes de la Croix doivent
être régénérées, elles doivent secouer leur première vie pour entrer
dans les Secrets d'Amour de Dieu, c'est-à-dire qu'il doit y avoir
une transformation dans l'âme ; dans la force, dans la résignation
des victimes.
Dieu retire les rayons de Sa
gloire qui marquent Ses desseins de dessus les persécuteurs des
victimes et II retourne Ses grâces sur les victimes qui souffrent et
qui sont accablées sous un poids de douleurs mais qui sont dans
l'innocence.
Voici un mot pour les victimes
de la Croix. Dieu les met à l'épreuve de toutes sortes de peines,
qu'il connaît Seul. Pour les victimes il n'y aura qu'une seule joie,
elle sera dans les mépris, les opprobres et les humiliations, qui
ont été la gloire de Dieu. Les victimes sont déjà entrées dans ces
jouissances.
Il y a beaucoup de
correspondance et de lumières pour elles. Dieu fait un mélange de
peines avec Sa tendresse et Son Amour et ce mélange passe dans les
parties souffrantes des victimes. Voilà pourquoi elles souffrent
calmement. Ceux qui n'ont sur la terre, ni croix, ni peines, sont
bien à plaindre. Ils ne sont pas entrés dans la route de Dieu, dans
la route où II répand Ses grâces et Ses bénédictions. Fuyez ceux qui
ne souffrent pas car Dieu notre Père ne les admet pas à la source de
Ses richesses. Ils sont comme une mauvaise herbe et l'odeur qu'ils
portent n'est pas l'odeur des vertus de Jésus-Christ.
Voilà pourquoi les victimes sont
appelées à une haute prédestination. C'est la Croix qui commence la
prédestination et c'est Dieu qui l'achève. La Croix commence en nous
tous les ouvrages et Dieu les alimente, en nous, par Sa Puissance.
Il n'y a pas de travail plus digne que le travail de la Croix.
Notre-Seigneur, pour accomplir
tous Ses grands desseins et Ses grandes merveilles, avait la Croix
présente d'abord à Son esprit. Notre-Seigneur a tout commencé par la
Croix et tout fini par la Croix. Je dis cela pour les victimes de la
Croix. Nous portons tous une croix dans notre âme, dans notre
esprit, dans notre coeur. Laquelle est la plus profitable ?
Elles le sont toutes, mais la
plus profitable opère les plus grands travaux dans l'âme, car l'âme
est la mère et la source de toutes les autres parties qui portent la
Croix. Voilà pourquoi Dieu aime à nous perfectionner par la Croix.
La croix de notre corps est la
plus pénible, la plus douloureuse la plus désespérante. C'est notre
corps qui est la croix. Dieu, qui veut rendre cette croix parfaite,
aura fort à faire. Dieu y a mis la main. IL va la polir, la raboter
pour que tout soit doux et pur. Cette croix est si bien polie
qu'elle sera comme une douce huile qu'on trouve parfaite quand on y
passe le doigt.
On a beaucoup à souffrir
auparavant des rebellions de l'esprit, des révoltes de la chair, qui
ne veut pas plier sous le rabot de Dieu.
Dieu est à l'oeuvre et en même
temps, Il prépare et ouvre le chemin de la prédestination et de la
destination. Je parle, en faveur des victimes de la Croix :
Perfection et destination dans la haute gloire de Dieu II en coûte
pour arriver au degré fini de la perfection ; je le sais, j'y suis
passé moi-même. Mais, après ce travail, on est tout à Dieu.
Toutes les légions du démon sont
contre nous, armés de piques et de crocs fabriqués par l'enfer, ils
sont comme des lions dévorants, ils nous haïssent et nous
maudissent. Mais je souris de bonheur de vous avoir vus résister.
Dieu, dans Son amour, repose et veille avec vous.
Donc, victimes de Dieu, si vous
êtes déchirées, c'est que le diable a passé sa rage dans le coeur de
ceux qui vous insultent ; ne vous effrayez pas, faites quand même
l'oeuvre de Dieu. N'ayez qu'un but : Dieu partout.
Marie-Julie :
- Bénissez-moi, Bon Saint, vous
qui avez tant aimé Jésus-Christ dans le saint Tabernacle.
- Je vais prier pour toi et pour
les victimes.
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Visite de Saint Thomas
d'Aquin
Extase du 04 juillet 1878
Saint Thomas d'Aquin est ainsi
nommé parce qu'il est né à Aquino en Italie, en 1225. On l'appelle
aussi l'Aquinate, ou le Docteur Angélique. II entra dans l'ordre de
saint Dominique en 1245. Il enseigna la théologie à Paris et à Rome.
Ses oeuvres les plus célèbres sont la Somme Théologique et la Somme
contre les Gentils. Son influence fut immense et l'Église le
considère comme un de ses plus grands Docteurs. Il fut un grand
contemplatif. On lui doit l'Office du Saint Sacrement. Ce fut le
Chantre de L'Eucharistie, entre autres titres de gloire. Il mourut
en 1274, âgé seulement de 49 ans. Fête le 7 Mars.
Il est venu plusieurs fois pendant
la vie de Marie-Julie du Crucifix :
- Que la paix du Seigneur soit
dans ton âme, que la Paix entière soit toute en toi, je suis saint
Thomas d'Aquin.
Marie-Julie :
- Oh ! Bon Saint, je vous
connais depuis longtemps !
- Je viens de la part du Bon
Jésus avant l'entrée au Saint Noviciat. Je vois avec bonheur
s'ouvrir la grande voie de la Croix. Sache bien qu'il n'y a rien que
les souffrances, les humiliations et les délaissements qui ouvrent
cette grande voie de la perfection.
Personne n'entrera dans le
Royaume des Cieux s'il n'a souffert et porté sa croix. Il faut
porter sa croix et souffrir avec Jésus. C'est une nécessité... Les
souffrances de la terre sont le premier paradis de l'âme ; après que
l'âme a passé dans ce paradis d'épreuves, Dieu lui ouvre un autre
Ciel où elle Le voit, L'adore et L'aime bien davantage. Il faut que
l'âme soit entièrement épurée et que l'esprit soit dégagé de toute
pensée humaine, de tout amour de la terre. Pour entrer dans la
grande voie parfaite, il est absolument nécessaire d'être éprouvé,
humilié sur la terre. C'est la preuve la plus éclatante que Dieu
donne à Ses vrais amis pour les distinguer et pour être Ses vrais
enfants d'adoption.
Dans la voie de la sublime
élévation, la marque la plus certaine de la vérité, c'est la paix de
l'âme et, en même temps, la paix de la partie toujours révoltée du
coeur humain. Quand bien même on aurait sur la terre toutes les
épreuves de saint Paul et des autres Saints qui se sont élevés aux
hauts degrés de la perfection, toutes ces épreuves, toutes les
tempêtes de l'ennemi ne font pas perdre la paix de l'âme... Si Dieu
nous laissait toute la vie la jouissance sans tentation et sans
épreuves, nous n'aurions aucun mérite, nous ne serions pas les vrais
enfants de Dieu. Dieu permet parfois épreuves, peines sur peines ;
c'est à ce moment-là que notre âme fait des progrès rapides vers la
perfection divine. L'épreuve est une sauvegarde et aussi une lumière
et une défense pour l'âme...
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Visite de Saint Tite
Extase du 08 juillet 1878
Saint Tite est un disciple de saint
Paul qui le rencontra lors de son troisième voyage (55-58) vers
Éphèse, sur la Côte de la mer Égée. Après avoir accompagné saint
Paul dans plusieurs de ses missions apostoliques Tite, que saint
Paul appelle son frère et son disciple bien-aimé, se fixa en Crète,
désigné par l'Apôtre comme Évêque de l'île. C'est là que saint Paul
lui écrivit une lettre, dont la liturgie nous donne plusieurs
extraits, en particulier le jour de Noël.
Il a le titre de Confesseur de la
Foi, car il fit beaucoup pour l'évangélisation du bassin
méditerranéen. Son nom est souvent associé à celui de saint
Timothée, autre compagnon de voyage de saint Paul nommé Évêque
d'Éphèse (Turquie actuelle). Il mourut martyr pour s'être opposé au
culte païen de Diane.
- Je suis saint Tite, disciple
du grand saint Paul... Je viens dire un mot avant que tu entres dans
le Saint Noviciat.
J'ai souffert un martyre de
persécutions de toutes parts sur la terre. J'ai été rudement mené
par le grand saint Paul. J'ai vécu au désert pendant 33 années.
J'étais parti de bonne heure, laissant tout derrière moi, pour
suivre la voie qui m'a conduit dans cette affreuse solitude. Dans la
solitude du désert on n'est pas plus exempt des peines et des
épreuves que lorsqu'on vit au milieu du monde.
J'ai prêché la Sainte doctrine
de l'Évangile sous la dictée du grand saint Paul. J'ai parcouru les
villes et les bourgades. J'ai annoncé au peuple la Parole de Dieu.
J'ai été poursuivi, frappé, lapidé par ce peuple obstiné qui
regardait la Parole de Dieu comme une parole de l'Enfer. J'ai vécu
sur la terre sans or et sans argent, couvert d'un misérable
vêtement, armé de mon bâton et de ma Croix. C'étaient là toutes mes
richesses et tout mon trésor.
J'étais, par l'obéissance,
soumis à tout ce que le grand saint Paul exigeait de ma volonté. Ce
n'est qu'après ses prédications que j'annonçais la Parole de Dieu.
Chaque jour, il nous réunissait sous ses ailes et nous apprenait la
grande doctrine de Dieu. Après avoir prêché et parcouru le monde, je
me sentis soudain inspiré de quitter la solitude et la Prédication
Évangélique, mais je consultais le grand saint Paul, comme je le
consultais en tout, et il me dit : " Non, il faut des disciples pour
prêcher la sainte doctrine chrétienne ! "
J'obéis donc et je fus envoyé
par saint Paul au milieu des Lucifériens où il avait longtemps
prêché lui-même. Je prêchais donc l'amour de la Croix de
Jésus-Christ. Mais je fus accablé de reproches et d'outrages. Je
logeais sur le pavé des rues, le jour et la nuit, pendant que je
prêchais, parce que ce peuple nous avait en horreur. J'entendis
redire à mes oreilles que la Doctrine de Dieu était une folie. J'ai
souffert, j'ai enduré toutes les peines, mais je ne me suis pas
rebuté Ce n'est que dans les dernières années que je m'acquis le
grand amour de la Perfection Divine, parce que j'étais de plus en
plus en butte à toutes les contradictions. Dieu a alors versé dans
mon âme toutes sortes de bienfaits et II m'a élevé dans la
profondeur de Ses derniers secrets.
Cependant, je sentais de plus en
plus le poids de ma mission qui m'accablait. Je n'y trouvais plus de
goût. Tout en elle était pour moi aussi amer que ce que j'avais
éprouvé de joie en y entrant. En sortant de chez les Lucifériens,
j'entendis par trois fois une voix qui me disait : Sors de la
prédication de l'Évangile et de la Croix. Va prêcher un peuple aussi
obstiné que celui-ci. Cela m'effraya beaucoup et me bouleversa dans
les parties les plus profondes de l'âme. Je consultais saint Paul de
nouveau : " Reste encore, me dit-il, l'heure n'est pas venue. Tu ne
fais que commencer à goûter les souffrances. "
J'étais dans des tourments
effrayants que Dieu seul a pu connaître. Je suivis l'ordre de saint
Paul et m'embarquais pour une autre ville aussi hostile à Dieu, à
l'Évangile et à la Croix. En entrant dans cette ville, j'entendis
encore la même voix qui me parlait. Cette voix divine me terrassa.
Je tombais le front sur le pavé et demandais à Dieu les lumières
pour Le reconnaître. Je vis aussitôt un Ange vêtu de blanc qui
portait à la main une banderole blanche et m'y fit voir une écriture
d'or sur laquelle je lus : Tu as assez prêché la doctrine de Dieu et
de la Croix à ce peuple obstiné ; fais-toi Évêque et va prêcher une
autre population aussi païenne que la première. Lorsque j'eus lu cet
écriteau, je devins calme et je fus rassuré. Cette lumière me
montrait que Dieu m'appelait en ce lieu. Je consultais saint Paul à
nouveau et il me répondit : " J'ai eu la même vision en même temps.
Tu iras par la lumière de la Croix au milieu de ce peuple sauvage et
obstiné. "
J'ai habité la ville d'Afre (en
Crête) qui se trouve auprès de celle de saint Chaffre, ermite
ascète. Dans cette grande population je trouvais de grands
obstacles. J'ai été sacré Évêque de cette ville à un âge très avancé
et j'y ai vécu 19 ans et 10 mois et j'y finis ma carrière. J'eus
beaucoup de persécutions et de tribulations dans cette ville. Chaque
jour, dans mes prédications, on m'entourait avec des murmures et des
blasphèmes. Mais Dieu réservait une punition à cette ville ingrate.
Car peu de temps après, II envoya de nombreux fléaux, qui bientôt
firent mourir la plus grande partie de la population.
De plus, établi dans cette
ville, j'avais pour ennemis, mes frères d'alentour, qui me reprochaient d'avoir déserté ma solitude et qui me traitait de
vagabond et de coureur. Mais Dieu permit que ma sainteté fût connue
et éclatante. La plupart de mes frères dans le Sacerdoce devinrent
aveugles ou infirmes dans leurs membres les plus nécessaires. Après
que cette douleur eût visité ainsi mes confrères, Dieu m'envoya leur
porter secours et ce fut la salive de ma bouche qui rouvrit les yeux
de mes persécuteurs et ranima leurs membres paralysés. Voilà comment
je suis sorti de ces rudes épreuves que Dieu fut seul à connaître.
Après ces merveilles, je
prêchais la Doctrine de Dieu et de la Croix, et je convertis
beaucoup d'âmes et les rendis à Dieu. Mon corps a reposé dans cette
ville, mais pas en entier ; une partie fut rapportée dans la
solitude du grand saint Paul.
Il n'est pas de voie plus
nécessaire pour nous conformer à l'exemple de notre Divin Maître que
les persécutions des hommes. C'est par là que j'ai tout acquis, que
je me suis élevé à la haute perfection divine. Toute ma vie n'a été
que fiel et vinaigre malgré les jouissances divines. Dieu a fait de
moi un martyr de peines intérieures et de souffrances extérieures,
cependant les grâces de la Croix me détachaient de la terre et me
perfectionnaient...
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Visite de Saint François
de Sales
Extase du 09 juillet 1878
Saint François de Sales (1567-1622)
fut canonisé en 1665. Évêque de Genève, il lutta contre le
protestantisme qui ravageait la France et la Suisse. Par ses
ardentes prédications, il ramena une foule d'âmes égarées au
bercail. Grand convertisseur, il fut également un grand maître de
vie spirituelle. Avec sainte Jeanne de Chantal, dont il était le
directeur, il fonda l'Ordre de la Visitation et écrivit pour ses
Visitandines son célèbre Traité de l'Amour de Dieu. Un autre de ses
ouvrages, " L'Introduction à la vie dévote " a eu une durable
et profonde influence. Ce grand saint a reçu le titre de Confesseur
de l'Église, pour son zèle à proclamer et à faire aimer la Vérité.
Il reçut également le titre de Docteur pour la sûreté de sa doctrine
et la sagesse de ses enseignements. Il semble qu'il soit venu
plusieurs fois "en visite" durant les extases, pour conseiller et
réconforter Marie-Julie qui le reconnaît et l'accueille avec grand
respect. Ce n'est pas toujours le cas avec tous les Saints qu'elle
ne connaît pas ! Elle est très méfiante car elle redoute de se faire
tromper, par une illusion, ce qui est tout à l'honneur de sa
prudence. Les Martyrs qui viennent la préparer au Saint Noviciat
doivent " montrer patte blanche " ce qui est parfois assez
touchant dans sa directe simplicité ! Cette crainte d'être le jouet
d'une illusion, humaine ou diabolique, est la signature d'une grande
expérience et une garantie pour nous.
- Je suis saint François de
Sales.
Marie-Julie :
- Oui, je vous ai vu autrefois,
mais il y a déjà longtemps.
- Eh bien ! c'est moi qui viens
aujourd'hui de la part du Seigneur. Que la paix du Seigneur soit
avec toi ! Je la souhaite à tous les enfants de Dieu et de Sa Croix.
Marie-Julie :
- Merci mille fois, bon saint.
- Dieu nous a créés sur la terre
pour L'aimer, pour Le servir, pour L'adorer et pour vivre dans
l'union de Sa Sainte Présence et de Sa Paix. Pour s'élever dans la
perfection chrétienne, il faut deux choses : d'abord l'humilité et
deuxièmement la Présence de Dieu à chaque instant. L'humilité est la
sauvegarde de toutes les vertus. Sans cette vertu, nous ne pouvons
faire de progrès dans la vie chrétienne, ni dans l'avancement de la
Grâce.
Dieu nous communique Ses
lumières. Il nous donne Ses faveurs parce qu'Il veut que nous Lui
rapportions tout ce qui Lui est dû dans ces deux belles vertus. J'ai
goûté le Haut Amour de Dieu et j'ai été admis dans les profondeurs
de Ses Divines Lumières. C'est à nous de comprendre les hauteurs où
Dieu nous élève. Nous ne les comprendrons que par la Lumière de
Dieu. Tant que notre propre lumière existera, il ne faut pas penser
faire de progrès dans la vertu. Il faut que cette basse lumière
s'éteigne et que Dieu la remplace par une de Ses Divines Lumières.
J'ai conservé, dans ma volonté
plusieurs lumières à la fois qui me faisaient discerner la peine et
la joie de plusieurs âmes que je dirigeais par les Lumières Divines,
à distance. La Lumière de Dieu, dans notre esprit, rapporte à notre
propre esprit les conditions de peines et de joies, dans lesquelles
se trouve chacune des âmes. Ce discernement n'a pas été donné à tous
les Pères de l'Église. Dieu fait ce qu'il veut.
La perfection chrétienne
consiste dans un véritable amour de Dieu. L'Amour de Dieu fait en
nous de rapides progrès, mais il ne faut pas mettre d'obstacles à
cet amour, si nous voulons nous élever dans la perfection.
J'ai eu beaucoup à souffrir pour
ce grand Traité de l'Amour de Dieu ; cela est si difficile à
l'esprit humain seul qu'il faut que Dieu se mêle à cette grande
gloire, s'Il veut que nous la développions dans sa grandeur, dans
son amour et dans sa perfection.
Rien ne s'acquiert sans
souffrances. J'ai tout payé et Dieu m'a tout vendu fort cher.
Il existe des voies en Dieu que
l'expérience des hommes ne peut ni définir ni comprendre. Pourquoi ?
Parce que notre esprit est trop attaché à des choses de peu de
valeur.
Pour bien comprendre :
- Premièrement : il faut
absolument avoir un don privilégié
- Deuxièmement : il faut que
l'esprit soit nettement et parfaitement détaché de toute chose
- Troisièmement : il faut que la
propre lumière de Dieu se recrée nouvellement dans notre esprit pour
comprendre, approfondir et mettre toutes les grandes voies au degré
où elles se trouvent.
Il est bien difficile
d'approfondir les Voies Divines, mais cela se peut avec l'aide et le
pouvoir de Dieu.
Je jetais d'abord mon esprit, ma
pensée, ma mémoire, tout en Dieu. Je Lui immolais tout et je dis : "
Seigneur, pour Votre propre gloire et pour mon humilité, faites que
je puisse distinguer parfaitement les opérations de chacune de Vos
merveilles opérées en moi-même. " J'ai acquis cette grande grâce par
des peines aussi rudes que le martyre, par des souffrances
insupportables sans la grâce de Dieu…
Que nos frères et que les hommes
de la terre ne se figurent pas qu'on acquiert ces grâces pour
rien ! Je sais ce qu'elles m'ont coûté et je sais ce qu'elles
coûteront à ceux qui sont destinés à les développer.
Je n'ai pas manqué de
persécutions, ni de calomnies de toutes parts. Mais je peux dire que
ce fut un trésor de lumières pour moi car ce ne fut qu'au moment de
toutes ces affreuses persécutions que j'ai entrevu la lumière
désirée.
Voyons comment Dieu éprouve par
toutes sortes de peines et de tribulations. Il vint un moment où,
sur le point de faire la gloire de Dieu, de toutes parts on
m'accablait d'insultes, d'outrages, jusqu'à me dénoncer. J'avais une
joie si complète, un amour si parfait, une paix si profonde, qu'il
me semblait que je possédais déjà la lumière désirée. Si on ne
souffrait que de la part des gens ignorants, ce serait peu de chose.
Mais il faut souffrir de la part de gens instruits, de la part de
gens de probité, de lumière. Cela s'appelle la persécution des
éclairés. C'est là un mérite infiniment grand. Tout ce que j'ai eu
de force et de courage, je i'ai trouvé dans la persécution de la
part des Évêques, de la part de grands Prélats, desquels je recevais
chaque jour des dénonciations terribles et de noires accusations.
Tout cela ne faisait qu'accroître ma Foi et mon amour pour Dieu.
On m'attaquait vivement, parce
que je donnais des conseils de lumière aux personnes qui
étaient loin de moi, mais ce n'était que par la lumière que Dieu me
donnait. Par toutes mes peines, je correspondais avec les âmes
éloignées de moi. Je les comprenais et elles me comprenaient. Chaque
douleur et, chaque amour se partageaient entre tous les coeurs que
j'avais sous ma direction. Voilà bien ce que l'Esprit-Saint rapporte
dans une des visions de l'extase du Saint Noviciat. Ce n'est rien
d'autre qu'un Pouvoir Divin et qu'une permission directe de Dieu.
C'est là la vraie lumière, c'est là le Doigt parfait de Dieu.
Toutes les gloires de Dieu, si
elles ne sont pas poursuivies par les gens des deux parties, ne sont
pas parfaitement de Dieu. Si les persécutions aux oeuvres de Dieu ne
sont pas nombreuses, c'est un signe que l'oeuvre n'ira pas
longtemps. J'emprunte cette parole au grand et illustre saint Paul,
qui a été ravi jusqu'au Sème Ciel. Si les gloires de Dieu ne sont
pas traversées, déchirées, en butte à toutes sortes de
contradiction, cela ne peut être purement l'oeuvre de Dieu. Si on
savait ce que j'ai souffert pour commencer le premier cloître ! Si
on savait, on prendrait courage et on s'armerait d'une confiance
sans borne. A peine les murs étaient-ils commencés, que l'homme de
Dieu qui avait le droit de me gouverner les fit démolir et tomber
sous mes yeux. J'étais accablé, insulté, couvert d'opprobres, par
tous les gens de la suite de l'homme de pouvoir. J'ai eu à soutenir
de terribles luttes pour les paroles que j'ai écrites sur l'Amour de
Dieu et sur la perfection chrétienne.
Quand Dieu veut faire de grandes
choses, II met bien des cachets de toutes sortes. Il faut aussi
passer par la Croix, passer par les épreuves de cette vie avant
d'entrer dans la glorification que Dieu vous a promise...
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Visite de Saint Jean de
la Croix
Extase du 11 juillet 1878
Saint Jean de la Croix est le grand
théologien et mystique espagnol qui travailla avec Sainte Thérèse
d'Avila à la fondation de l'Ordre des Carmes déchaussés (1542-1591).
Il fut canonisé en 1726 et déclaré Docteur de l'Église en 1926. Ses
oeuvres dans le domaine de la théologie mystique font autorité.
Elles étudient, avec une grande précision, toutes les étapes de
l'ascension de l'âme contemplative dans son retour vers Dieu. C'est
un long chemin de lumière et d'amour, de purification douloureuse et
d'illumination progressive, aboutissant à l'union totale et
indissoluble de l'âme à Dieu. Saint Jean de la Croix décrit son
expérience personnelle ce qui lui donne une compétence
irremplaçable. Sa présence à la Fraudais devrait rassurer ceux qui
douteraient encore de l'atmosphère de vérité et de soumission à
l'Église qui y régnaient. Il était tout désigné pour guider
Marie-Julie dans les voies du Saint Noviciat. Pendant plusieurs
mois, elle fut enseignée par le Saint Esprit sur la place
essentielle de la Croix dans la vie spirituelle des âmes chrétiennes
sur la terre vers le Ciel.
- Je suis saint Jean de la
Croix. Je viens dire un mot avant que tu entres dans le Saint
Noviciat. Aimons les Croix, portons tous la Croix. Chérissons tous
la Croix et consolons-nous tous dans la Croix. C'est l'amour de la
Croix qui perfectionne en nous les belles vertus que le Seigneur
veut bien nous donner dans Sa générosité.
Sans la Croix et sans les
tribulations, on ne doit pas compter sur le suprême bonheur car le
bonheur consiste dans les peines, dans les souffrances, dans la
Croix, dans les persécutions en ce bas monde. La Croix est un Livre
précieux, mais bien peu savent y lire.
Marie-Julie :
- C'est vrai, bon saint, mais
apprenez-nous.
- La Croix du Divin Maître
renferme toutes les lumières et toutes les sublimes richesses. C'est
là qu'il faut commencer son étude pendant la vie car c'est là que la
perfection de l'âme commence. Plus le Seigneur nous envoie de
peines, de souffrances ici-bas, plus II nous aime, plus II nous
rapproche de Lui, plus II nous caresse de Son amour embrasé. Les
peines de la terre et toutes les misères de la vie sont des mérites
infiniment précieux aux yeux du Seigneur. Beaucoup souffrent sur la
terre, mais beaucoup souffrent mal.
Marie-Julie :
- Apprenez-nous bon saint.
- Bien souffrir, c'est se
procurer une immense gloire de paix, de richesse, d'amour sur la
terre, c'est le recouvrement de la béatitude du repos de l'âme. J'ai
aussi vécu sur la terre au milieu des croix et des tribulations,
mais je n'ai jamais été lassé, parce que je trouvais une si grande
perfection, une suavité si amoureuse dans la souffrance, que si
j'avais pu prendre toutes les souffrances de la terre, je l'aurais
fait pour mon Dieu. Si vous êtes les amis de Dieu, il faut vous
attendre à souffrir. Et vous, les amis de Dieu, II vous favorisera,
tantôt de Sa joie, tantôt de Sa chère Croix sur laquelle II a tant
souffert.
- Merci, Bon Saint, cela fait du
bien.
- C'est une marque certaine que
Dieu nous aime quand II nous fait souffrir sur la terre. Celui qui
ne souffre pas, n'est pas l'ami véritable de Dieu. Le Seigneur nous
admet en Sa Grâce, remercions-le. Rappelons-nous que, quand nous
éprouvons les peines de la vie, nous éprouvons Ses grâces. Quand Le
Seigneur commence une oeuvre où II veut faire éclater Sa gloire, II
l'entoure d'abord de persécutions, de croix, de délaissements, de
toutes sortes de peines. Voilà le vrai cachet du Doigt de Dieu. Il
faut que celui qui est dans l'amitié du Seigneur soit éprouvé, que
tout ce qu'il y a dans son âme soit purifié.
- J'ai toujours crainte
d'offenser le Seigneur, apprenez-nous, bon saint ce qu'il faut faire
pour ne pas Lui déplaire dans les plus petites choses.
- D'abord, il faut conserver
l'humilité, l'obéissance, la soumission, la charité puis dire au
Divin Jésus : Je Vous offre d'avance ce qui m'arrivera, soit peines,
croix, soit amour et joie, voilà le vrai moyen pour ne pas déplaire
à Dieu, car tout cela lui aura été offert d'avance...
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Visite de Saint Tomas d'Aquin
Extase du 08 août 1878
- Je te souhaite la paix, je
souhaite que la paix du Seigneur soit dans ton âme ; dans ton coeur,
dans ton esprit.
C'est saint Thomas d'Aquin, il est
rayonnant de gloire au pied de la Croix. Il me dit :
- C'est moi qui viens te dire un
mot de la part du Seigneur, à l'entrée du Saint Noviciat. Dieu nous
a créés pour L'aimer et Le servir. Tout le bonheur est d'aimer Dieu,
et toute la joie qu'on goûte dans l'amour de Dieu, c'est la paix
qu'on éprouve. Notre-Seigneur nous donne Ses biens avec tant de
générosité qu'il n'y a pas un coeur sur la terre capable de Le
remercier comme II le désire, ce Divin Maître...
La souffrance nous perfectionne
et nous unit à notre Bien-Aimé. Notre-Seigneur veille sur nous avec
tant de tendresse et de générosité, qu'il ne veut que notre bonheur,
qu'il veut nous donner Ses riches récompenses. Réjouissons-nous dans
la souffrance sur cette terre, que notre coeur palpite de joie, de
bonheur et de reconnaissance ! La souffrance est un Trésor peu
connu. S'il était connu, ce Trésor deviendrait aussi pour nous une
source immense de consolation, de bonheur et de joie. Dieu se plaît
à nous éprouver sur la terre, parce qu'il veut voir si nous sommes
de véritables Chrétiens...
Notre-Seigneur ne donne jamais
de souffrances ni de peines sans récompenses. Quand nous avons des
tribulations sur la terre, nous devons toujours garder un coeur
joyeux de reconnaissance. La souffrance prouve la paix et la paix
prouve le bonheur. Tout le bonheur consiste dans l'amour de
Notre-Seigneur et de Sa Croix. Nous devons souffrir avec une douce
et sainte patience, car c'est dans la souffrance qu'est la
perfection. La perfection est une vertu éminente, une vertu qui
plaît à Dieu... Plus le flot de persécutions passera sur nous, plus
Dieu nous aimera et Dieu tirera Sa Gloire de nos douleurs...
Nos Croix de la terre sont
enrichies de diamants et de perles parce que nous les supportons
sans irritation, parce que nous les portons avec calme, parce que
nous ne désirons que du bien à ceux qui nous désirent du mal. Cette
pensée n'est-elle pas capable de redonner courage à l'âme ?
Nos âmes sont d'un si grand prix
et sont si chères aux Yeux de Dieu qu'il les aime avec une tendresse
et une bonté qui ne peut s'expliquer ici-bas. Notre-Seigneur
adorable, en créant nos âmes, les a faites avec tout Son Amour toute
Sa Bonté, mais II veut que nos âmes L'aiment en retour et qu'elles
Lui rendent grâces de tous les bienfaits qu'il leur donne en cette
vie. .. .Marchez avec courage, ne vous inquiétez de rien ! Aimez
Dieu, servez-Le avec fidélité. Marchez dans la voie de la Croix avec
assurance, c'est la Voie des Élus, la Voie Royale ! Je voudrais
encore vivre sur terre pour souffrir pour la Gloire de mon Dieu !...
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Visite de Saint Paul Apôtre
Extase du 12 août 1878
- Que la Paix du Seigneur soit
dans ton âme et dans ton esprit, et avec tous les amis de Dieu.
Je suis saint Paul. Je viens dire un mot de la part de
Notre-Seigneur avant l'entrée du Saint Noviciat.
Regardons d'abord Notre-Seigneur
en Croix, et ce regard nous animera pour souffrir. Méditons les
Douleurs d'un Dieu, et nous souffrirons courageusement les épreuves
de la vie. Dieu a été le dernier des hommes par les opprobres, par
les ignominies, par les insultes. Pourquoi ne voudrions-nous rien
souffrir ? Nous voudrions donc être au-dessus du Divin Maître ?
Il n'y a que les peines de la
vie qui nous ouvrent la porte des Cieux et qui marquent notre place
dans la gloire. Celui qui ne souffre rien n'est pas le disciple de
Dieu, ne Le connaît pas. Estimons-nous d'être traités comme Ses
favorisés.
Si nous sommes enchaînés par
l'autorité des hommes, si nous ne pouvons partir, taisons-nous. Une
heure viendra, où nous parlerons à l'autorité de cette terre, qui
n'est que l'autorité de l'homme.
Il vaut mille fois mieux se
taire et tout souffrir, que de parler, avec envie et jalousie. Ces
deux manières de persécutions sont horribles aux Yeux de Dieu, aux
Yeux de Celui qui voit tout. J'aime mieux, je préfère avoir été
enchaîné pour Jésus-Christ, que d'avoir été ravi au Sème Ciel. Là,
pourtant, était la joie, le bonheur sans souffrances, sans
altération, c'était la joie parfaite, mais en ne souffrant rien je
ne méritais rien.
Notre-Seigneur adorable, dans le
dessein de Son infinie Miséricorde, veut que nous soyons aussi
lapidés sous les coups des langues perfides. La langue médisante est
plus dangereuse qu'un glaive à double tranchant, parce que le coup
de glaive peut se guérir ou être soulagé, car il ne s'étend qu'à la
profondeur et à la largeur de la lame, tandis que le coup de langue
s'étend partout. En un jour, il sera répandu de par le monde, et qui
pourra l'arrêter ?
Notre Père Créateur se plaît à
nous éprouver de différentes manières, amis éprouvés, mais amis de
Dieu. Quand Dieu veut faire une oeuvre solide, et surtout quand II
veut y asseoir les amis de la Croix qui ont travaillé depuis le
commencement et qui sont décidés à travailler jusqu'à la fin, il
faut que la persécution soit plus grande, parce que c'est une oeuvre
double.
Notre-Seigneur, en choisissant
les amis de la Croix, exige que les coups soient plus profonds parce
que l'oeuvre en sera plus belle. Plus il y a de disciples, plus il y
a de souffrances. C'est le signe d'une grande oeuvre. C'est un signe
certain. Ne vous effrayez pas !...
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Visite de Saint
Jean-François Régis
Extase du 13 août 1878
Saint Jean-François Régis est un
Père Jésuite (1597-1640) qui évangélisa le midi de la France. Il fut
canonisé en 1737. Fête le 16 Juin.
- Je viens dire un mot de la
part de Dieu à l'entrée du Saint Noviciat. Nous sommes aux pieds de
la Croix, et nous attendons et nous avons l'espoir d'aller dans
notre douce et Bienheureuse Patrie.
Qu'est-ce que la terre,
qu'est-ce que la souffrance en comparaison d'un bonheur sans fin ?
Notre vie sur la terre est courte et Notre-Seigneur a mesuré nos
années. Commençons, il est temps, à vivre pour Dieu et pour le Ciel.
Si le Seigneur adorable
descendait maintenant, sur une nuée lumineuse pour juger et
condamner, combien trouverait-Il de justes sur cette terre de
mérites ? C'est effrayant !... Aujourd'hui, que d'injustices ! Que
de forfaits cachés ! Que de calomnies voilées ! Comment
persévèrent-elles ces âmes qui les commettent ? Voilà comment elles
font. D'abord elles essaient d'étouffer le remords, mais il les suit
partout. Dans les conversations, dans les compagnies, leurs paroles
sont belles, nettes comme le verre. Mais le raisonnement de l'âme,
dans le fond intérieur, personne ne l'entend et il est effrayant.
L'âme gémit, pleure, souffre, parce qu'elle seule dans ces hommes,
appartient au Souverain Bien. La calomnie est comme un ver, elle
ronge dans l'âme les plus belles et les plus chastes vertus ; puis,
après avoir été toute rongée, l'âme ne peut plus devenir maîtresse,
parce qu'elle est combattue par l'esprit humain mauvais, par la
nature humaine si révoltée et si cruelle. L'âme ne peut donc plus
triompher, et si Dieu ne lui vient pas en aide, elle est à jamais
condamnée...
Attendons avec patience !
L'heure du Seigneur est ouverte au Ciel. Mais quelle surprise pour
les entêtés ! Mais quelle joie pour le petit nombre dont j'envie le
poste sur la terre, parce que j'aurais l'honneur de souffrir pour
mon Dieu ! Du Ciel, je leur viens en aide !
Que la voie de la Croix est
admirable ! Qu'elle est digne d'envie !
Que ses mérites sont grands ! O
Chemin Royal ! Vive la Croix, le trésor des vrais Élus !...
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Visite de Saint
Grégoire le Grand, Pape
Extase du 19 août 1878
Saint Grégoire le Grand, Pape,
Confesseur et Docteur, est un des plus grands chefs que l'Église ait
eu et qu'Il gouverna de 590 à 604. L'Angleterre lui doit sa
conversion. A une époque où les Barbares créaient en Europe une
situation nouvelle, il fut pour beaucoup dans la mise en place des
moyens qui devaient les gagner à l'Église. Il veilla à la bonne
formation et à la discipline du clergé, base essentielle de toute
action missionnaire. Il attacha une particulière attention à la
liturgie, qui doit être la célébration du Dogme, de la Vérité
Révélée et qui doit assurer l'unité des esprits et des coeurs. C'est
pourquoi il s'intéressa au Chant Sacré, domaine essentiel, où le
fond doit être mis en valeur par la forme. Le chant Grégorien lui
doit son nom. Ce chant, qui fait tant de place au silence
contemplatif, permet de mettre en valeur la Sainte Écriture dont
l'âme doit se nourrir. Ce grand Pape fut aussi un éminent
commentateur de la Sainte Écriture. Pour tout cela, il est l'un de
quatre grands Pères et Docteurs de l'Église latine ; aux côtés de
saint Ambroise, saint Jérôme et saint Augustin. Fête le 12 Mars.
- Que la douce paix de
Notre-Seigneur soit dans ton âme, et dans celle de tous les
Serviteurs de Sa Croix ! Que l'Amour de Dieu vous embrase de ses
ineffables douceurs ! Je suis Saint Grégoire, Pape et Docteur de
l'Église.
Il porte des vêtements de gloire
différents de tous les autres saints, ce que Marie-Julie du Crucifix
attribue à une Gloire Céleste particulièrement sublime associée au
rayonnement Glorieux de la Croix.
- Je viens, à l'entrée de la
voie du Saint Noviciat, dire un mot de la part de Notre-Seigneur. Le
Seigneur, dans sa tendresse et Sa Miséricorde nous a donné Ses
grâces, Son amour et Ses bienfaits. Qu'avons-nous à faire à notre
tour ? Levons nos yeux vers les Cieux et bénissons un si bon Père !
La puissance du Seigneur éclate sur la terre ; les richesses de Son
Amour nous sont données, qu'avons-nous à faire ? A remercier
généreusement Notre-Seigneur, à Lui témoigner notre reconnaissance,
pour toutes Ses bontés.
Qu'est-ce que l'amour de Jésus ?
Ce n'est pas autre chose qu'une tendresse mêlée de bonté, qu'il nous
donne à chaque instant pour fortifier nos âmes et notre courage.
Que reçoit-Il ce Dieu d'amour
pour tant d'amour qu'il nous donne ? Il reçoit de la plupart que des
injures, que des profanations ! O aveugle de ce temps, quand donc la
lumière frappera-t-elle ton oeil pour te faire voir les Divins
effets que Dieu opère en tous lieux par Sa puissance infinie ?
Tremblons, petit nombre d'amis de Dieu, sur le sort de tant d'âmes
infortunées qui ont rejeté la lumière pour vivre dans l'idolâtrie de
l'esprit mauvais.
Quand l'Église du Seigneur aura
été menacée et battue, quand l'heure de la lumière, de la grâce, du
triomphe promis, éclatera sur la terre foulée par des pieds
insolents, que diront-ils, que feront-ils, que penseront-ils ? Ils
sont les premiers à lui jeter des pierres, et ce Temple reste
debout, il leur résiste par la grâce.
Pourquoi ? Parce que Dieu a
arrêté l'heure fixe, l'heure de la grâce pour Son Saint Temple. Si
les dernières lumières et les dernières grâces du Ciel n'ouvrent pas
les yeux fermés d'une société pervertie, quel effroyable malheur !
Tremblons, gémissons et
pleurons, car la désolation est à son comble. Notre-Seigneur
adorable, dans Sa grande bonté et dans Son amour si puissant et tout
adorable, laisse agir en pleine liberté la volonté libre de tous Ses
ennemis. Il ne leur retranche rien, II leur laisse un pouvoir
tellement fort, que, par ce pouvoir même, ils devraient pressentir
que la Main du Seigneur si puissant leur réserve un coup effroyable.
Mais ils ne pensent qu'à travailler, qu'à approfondir leur travail
dans le mal. A force de creuser, ils arriveront au bout de cette
profonde carrière, et là, qu'auront-ils à faire ? Ils n'auront plus
rien ! Dieu aura parlé, Dieu aura commandé, Dieu aura mis fin à leur
scandale.
Voilà, où marchent un grand
nombre d'enfants de Dieu ! Aujourd'hui Dieu fait et laisse faire des
martyrs. Voici comment Dieu fait Lui-même et laisse faire : II fait
souffrir Lui-même et II ordonne qu'encore d'autres après Lui fassent
souffrir. Ce temps qui passe n'est autre qu'un temps de souffrance
et de peine. Il faut que l'on satisfasse à Dieu par les souffrances
et par les peines. Notre-Seigneur demande des âmes pour partager Ses
opprobres. Enfants de Dieu, la tempête gronde de toutes parts, le
mal et l'iniquité vont bientôt entrer en triomphe.
Où va se porter l'affreuse
vengeance ? Vers le Temple de Dieu, vers ceux qui représentent Dieu
sur la terre, vers ceux qui Le servent et qui sont, de toute leur
volonté, prêts à Le servir et à souffrir pour Sa gloire.
Aujourd'hui, le raisonnement de l'esprit du mal et l'esprit de
l'homme s'accordent ensemble pour former une affreuse tempête, par
leur volonté et par leurs désirs. Cette affreuse tempête sera
terrible, parce que la Justice de Dieu se mêlera à la volonté impure
et mauvaise des hommes.
En ce moment, que pense le grand
Pontife vivant sur le Trône, qui soutient l'armée de Dieu ? Il pense à faire la volonté de Dieu, il pense à soutenir la Foi
et à soutenir son droit, tant qu'il sera en vie. Croiriez-vous,
enfants de Dieu, qu'on attentera avec fureur et avec une noire
vengeance à la vie de cet illustre Pontife ? Mais il est ferme et
solide, sa Foi ne s'ébranlera pas. Lui aussi, souvent, il pense au
martyre, il y pense comme vous, enfants de la Croix, qui pensez à
faire la Sainte Volonté de Dieu Les rochers se frapperont les uns
contre les autres les pierres siffleront.
Sous la fureur de l'orage,
qu'aurez-vous à faire ? Attendre, prier et faire ce que Dieu veut.
Aimons Dieu de tout notre coeur, servons Dieu fidèlement, servons-Le
à travers les obscurités qui se trouvent en nous, servons-Le malgré
les ténèbres où Dieu nous laisse et où Il nous faut marcher,
servons-Le quand même. Quand même la lumière de vos âmes serait
absolument éteinte, ne perdez pas courage, traversez tous les
périls, affrontez les dangers et Dieu vous comblera de Ses grâces et
de Ses consolations. Qui peut nous rendre heureux sur la terre, si
ce n'est la paix de Dieu qui vit en nous, qui travaille en nous, qui
prie en nous ? Sans cette Paix, l'homme devient comme un damné, il
court et se précipite dans le premier gouffre qu'il rencontre, parce
que c'est le ravage que font en lui ses amours déréglés. Voilà
pourtant ce qui se produit dans bien des coeurs.
Pour conserver la paix, il n'y a
qu'une chose à faire, c'est de dire ce que Dieu veut, c'est d'obéir
à la Volonté de Dieu, c'est de ne rien rechercher dans la créature
humaine. On trouve tout en Dieu, puisqu'il est le Trésor de tout.
Servons Dieu, aimons Dieu,
cherchons Dieu et fuyons cet amour du monde, puisque c'est par la
Croix qu'on parvient au bonheur et à la richesse. Prenons nos croix,
portons-les sans rougir, puisque c'est la Croix qui nous procurera
un jour le bonheur de voir Dieu, de Le comprendre et de L'aimer.
Portons la Croix. Il y a des croix partout ! Le bonheur d'aimer la
Croix nous procure dès cette vie, une délicieuse attente du bonheur
de voir et de posséder Dieu.
Que Dieu a-t-il plus aimé que sa
Croix ? Rien. Elle a été Son partage, elle a été Son Trône de
douleur. Il L'a choisie parce qu'il a voulu que tous Ses enfants
fussent héritiers de Sa Croix, Son Trésor. Voilà pourquoi nous
sommes appelés les enfants de la Croix, les héritiers de Dieu.
Prions pour l'Église menacée par
un complot, tramé par la jalousie affreuse des esprits pervertis des
bandes réunies pour la renverser. La tempête sera terrible, mais
l'Église restera infaillible et ses murs ne seront point ébranlés.
Mais il y aura des martyrs... Prions pour l'Église et demandons à
Dieu le retour d'une famille égarée, d'un peuple corrompu, d'une
société dégradée. Tous sont nos frères en Notre-Seigneur. Ce sont
des âmes rachetées au prix de Son Sang.
Je souhaite la force et le
courage aux victimes et aux amis de Dieu. Après avoir porté la croix
sur la terre, notre rendez-vous éternel se trouvera dans la Gloire.
C'est là que nous reverrons.
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Visite de Saint
Nestor, Évêque et Martyr
Extase du 05 septembre 1878
L'Élu du Ciel est saint Nestor mort
en 251. II fut Évêque de Magydos en Pamphilie (Sud de l'Asie
mineure). Il fut martyrisé lors de la persécution de l'Empereur
Romain Dèce (249-251). Saint Nestor était si aimé, qu'ayant exhorté
les fidèles du haut de sa croix, des païens s'agenouillèrent avec
les chrétiens. Fête le 26 février.
- Que la paix de Notre-Seigneur
soit avec vous, chers frères de la Croix, que Son Amour vous
fortifie ! Que Sa Bonté vous donne l'espérance !
Je suis saint Nestor, Évêque et
Martyr. Je suis mort pour mon Dieu, étendu sur des chevalets. Je
suis mort en croix. J'ai vécu dans les siècles passés. J'avais
d'abord le dessein de sortir du monde et d'entrer dans la solitude
mais Dieu en décida autrement. Je fus élu Évêque et je fus destiné à
prêcher la Foi parmi les peuples non chrétiens. Après peu d'années
dans le ministère d'Évêque, je fus martyr.
Voici comment mon Dieu a décidé
mon martyre. Je parcourais la terre pour convertir les infidèles.
Une sorte de jalousie et de mauvaise volonté fut suscitée parmi ces
peuples et aussitôt je subis de mauvais traitements. Ce n'était pas
encore l'heure du martyre. J'ai vécu trois ans encore après les
premières persécutions. Je redoublais de prédications. Plus l'amour
de Dieu était fort en mon âme, plus mon zèle me donnait un
dévouement, une charité sans borne pour ce pauvre peuple. Après que
j'eus prêché la Doctrine de Jésus-Christ, le peuple infidèle se
rassembla et complota contre moi et il me mit à mort.
Mon martyre a été très long dans
les tourments. Ils me torturèrent sur des chevalets.
Voyant que je vivais toujours et que rien ne m'arrachait la vie, on
décida de me crucifier sur un arbre qui n'était pas mort. Je fus
traîné, battu par ce peuple. Arrivé au lieu du supplice on me
dépouilla, on me tordit les membres, on me brisa les dents avec des
instruments que tu ne connais pas. On me transperça avec des
aiguilles de fer, surtout dans les parties les plus sensibles. Je
fus ensuite placé sur l'arbre, très gros et très grand. J'y fus
attaché avec quatre clous. Les tourments ne faisaient que rayonner
d'avantage mon visage de bonheur. On me fixa la tête sur l'arbre. On
me frappa la tête de telle sorte que j'eus la tête brisée et le
visage décomposé. Ma tête était aplatie contre l'arbre du
crucifiement. Voyant que je respirais encore, on me trancha la tête
et j'expirais dans les tourments et les douleurs. On voulut faire
lécher mon sang et mes plaies par les animaux, Ils s'y refusèrent et
pleurèrent mon martyre. Puis ces infidèles enfermèrent mon corps
dans une boîte en bois et leur dessein était affreux ! Mais Dieu qui
sait bien tout faire, envoya des âmes choisies demander mon corps.
Elles aussi furent battues, mais les infidèles cédèrent à leur
demande. Voilà comment je fus emporté et comment mon corps fut
soustrait à l'infâme sacrilège que le peuple infidèle avait dessein
de faire.
Je vais, maintenant, dire un mot
de la part de Notre-Seigneur.
Nous sommes tous, plus ou moins,
martyrs sur cette terre, nous le sommes tous. Il n'y a pas de Trésor
plus riche, plus précieux que de souffrir pour Dieu. Laissez le
monde se moquer de vous, laissez-le vous persécuter de toutes les
façons, pourvu que vous serviez Dieu et que vous L'aimiez sur la
terre. Il n'y a qu'un seul bonheur, un seul amour, une seule joie,
c'est Dieu qui a toutes ces richesses. Que sert d'avoir sur la terre
la jouissance ? Que sert d'avoir une liberté complète en toute chose
? C'est un bonheur, mais un bonheur sans mérite. Pourquoi
s'attache-t-on tant à cette terre ? Pourquoi prend-on tant de goût à
écouter ce que la terre redit ? Il faut employer ce temps vain et
sans mérite à penser à Dieu, à prier, à Lui demander les grâces dont
on a besoin. Pourquoi encore néglige t’on la confiance en Dieu pour
s'occuper d'une autre confiance de boue et de poussière ? Cette
confiance, c'est la plus basse, c'est la dernière, c'est celle qui
vient des créatures... Pour devenir parfait, dans toutes les grâces
du Ciel, il faut se retirer et en même retirer son esprit, ses
pensées. Il faut se recueillir dans son intérieur... Ceux qui
souffrent doivent savoir se retirer d'avantage parce qu'ils sont
dans une bonne voie... Il faut prendre la souffrance pour épouse et
rejeter tout le reste... Celui qui l'a épousée n'a plus besoin
d'autre chose, d'autre attache, d'autre compagne pour parler, pour
se consoler. La souffrance lui suffit ou bien rien ne peut lui
suffire... Dieu possède tout. Dieu est le souverain Consolateur, la
terre ne console pas... Plus on se détache, plus le retour d'une vie
nouvelle approche. Souvent, on prolonge des existences douloureuses
par trop d'attaches au monde et aux créatures. Le moyen d'abréger
son existence malheureuse est de se retirer de tout et de prendre
Dieu pour seul Consolateur, de tout Lui dire, de tout Lui
raconter...
Je souhaite aux enfants de Dieu
et de la Croix, la force et le courage et surtout ce grand
détachement pour vite entrer dans la paix et dans la Demeure que le
Seigneur vous prépare.
Il faut vous rassurer car le
Seigneur vous promet Sa protection.
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Visite de Saint Abraham,
Ermite
Extase du 10 septembre 1878
- Je suis saint Abraham, Ermite.
Je suis un solitaire qui a vécu au désert et je suis connu ici sur
cette terre. Je viens te dire un mot de la part de Notre-Seigneur
avant d'entrer au Saint Noviciat.
Prions tous et faisons pénitence
car, aujourd'hui, les pénitences sont rares, les plaisirs sont
grands. Considérons notre passage fort court sur la terre et, dans
cette pensée, aimons Dieu d'avantage. Aimons-Le pour ceux qui ne
L'aiment pas. Soyons tous solitaires sur la terre, c'est-à-dire,
enfermons-nous dans l'Amour et le Secret de Dieu. Vivons de cette
force, vivons de cet amour que Notre-Seigneur nous donne si
généreusement. Il est doux, il est infiniment doux de souffrir sur
la terre, surtout quand Dieu permet ce détachement complet de toute
chose pour occuper de Lui seul notre coeur et notre pensée. S'il
existe une vie de bonheur sur la terre, c'est celle-ci, c'est la vie
détachée, c'est la vie toute consumée dans le Saint Vouloir de Dieu.
Dans la mort à notre volonté se trouve la paix parfaite. Si une âme
veut bien servir Dieu, si elle veut bien L'aimer tendrement et
goûter Son Amour sensible, qu'elle se détache, qu'elle se sépare de
l'amour frivole qui existe sur la terre ; je veux dire l'amour dans
les créatures. Si nous voulons trouver le Créateur, si nous voulons
Lui parler, si nous voulons qu'Il soit le seul témoin de tout ce que
nous faisons, brisons le lien humain qui nous empêchera toujours
d'arriver à la haute perfection. Pourquoi chercher hors de Dieu, des
plaisirs, le bonheur et la satisfaction ? Où donc se trouvent-ils ?
Existerait-il une source nouvelle, depuis que nous n'habitons plus
la terre ?
Marie-Julie :
- Oh, non, bon saint, il n'y a
pas de source nouvelle pour cela ! - Pourquoi trouve-t-on dans
l'entretien du monde, une espèce de force, de courage et de
dilatation ? Parce que nous ne sommes pas entièrement morts pour la
créature humaine. Il y a encore un grand pas à faire, il y a un fort
lien à briser et une volonté à dompter. Comment cela se fera-t-il,
si ces âmes persistent à faire leur propre volonté ? Voici ce qui
arrive. On monte au commencement jusqu'à un certain degré de
progrès. Là, on n'a plus de courage. Il faut que la créature
remonte, il faut un soutien humain. A ce degré, où on reste
quelquefois longtemps au lieu de gravir la montagne, on redescend
parfois bien plus fort qu'on a monté, grâce à cette espèce d'amour
charnel.
Marie-Julie :
- Bon saint, je ne sais pas ce
que c'est que cela.
- C'est une espèce d'amour que
Dieu n'aime pas parce que souvent il n'est pas pur, il est
imparfait et souvent, qu'on croit voir clair, alors qu'on voit
sombre. Nous sommes tous sur la terre pour aimer notre Père, notre
Créateur. Lui seul ne peut donc plus suffire ? Lui seul n'est donc
plus puissant comme autrefois ? Puisqu'on cherche en dehors de Lui
de quoi satisfaire son coeur ce n'est pas par cet amour qu'on
trouvera le moyen de se fortifier et de se consoler parce que
l'amour de la créature fait souvent une grande dépravation entre les
âmes qui s'unissent pour se consoler et se fortifier avec une pincée
de poussière, puisque la créature n'est pas autre chose que
corruption et imperfection.
Sur la terre, notre Divin
Sauveur, qui nous a tant aimés, veut que nous L'aimions. Rentrons en
nous-mêmes et disons-nous cette parole que j'ai souvent méditée : "
A quoi me servira d'avoir été satisfait, à quoi me serviront ces
heures passées sans la Présence, sans la pensée de Dieu ? Ce sont
des heures qui ne sont point comptées, qui ne sont point marquées au
nombre des mérites. "
Quand on vit seul avec Dieu que
l'on est heureux ! Toutes les inquiétudes semblent s'évanouir car
Dieu seul nous rend tellement heureux qu'on vit, pour ainsi dire,
dans l'amour parfait. Tous sur la terre nous sommes créés pour nous
aimer, pour souffrir et pour nous soulager.
Jamais le nombre des ingratitudes
n'a été aussi grand qu'aujourd'hui. On n'aime plus soulager son
prochain, on n'aime plus faire quelque chose pour réparer son
honneur attaqué. Pourquoi ? Parce que nous sommes faibles et que
nous sommes lâches et que nous avons encore une attache qui n'est
pas rompue.
Entrons dans le silence et
surtout, éloignons-nous des bruits de la terre pour servir Dieu,
pour goûter combien il est doux de L'aimer sur la terre. C'est le
commencement de l'amour véritable.
La vie est pleine de misères,
elle est pleine de tourments, de douleurs et d'inquiétudes, gardons
notre paix au milieu des plus grands troubles. C'est un signe que
Dieu a creusé en nous, un commencement de source de paix. Nous
portons nos croix, plus ou moins pesantes, sur la terre et
quelquefois il arrive que nos croix soient effrayantes par leur
pesanteur. Pendant notre vie il n'y aura pas que Dieu à les
appesantir sur notre misérable corps, le monde s'en mêlera aussi.
Sur cette terre on n'est jamais parfaitement tranquille parce que, tantôt on entend, tantôt on ressent une autre peine qui vient
mettre le comble à la douleur qui était modérée. Bientôt cette peine
devient si grande qu'on ne peut la mesurer, ni l'expliquer, ni la
comprendre. Gardons la paix, soyons tranquilles. Dieu veille sur
nous. Dieu nous protège et nous aide par Sa grâce et Son Amour. En
gardant la paix, on plaît à Dieu. En troublant Sa paix, on déplaît à
Dieu...
Obéissons à Dieu puisque c'est
Lui qui nous dirige, qui nous commande et qui nous ordonne... Les
victimes de la Croix ont la Croix pour partage. N'est-ce pas le plus
riche, le plus beau, le plus amoureux ? Qu'ont-elles besoin d'autre
chose, puisque Dieu leur donne un Trésor si riche qui déborde de
toutes parts ? La Croix doit être leur union, leur compagne, leur
délassement, leur appui, leur consolation, leur espérance et leur
attache sur la terre.
Dans cet entretien, ce grand
représentant de la Tradition Érémitique de l'Église nous invite au
recueillement dans notre vie quotidienne. Le monde actuel est ennemi
juré du recueillement et de la vie intérieure car il est dominé par
les puissances ennemies de Dieu. Faisons tous les efforts possibles
pour respecter le silence dans notre vie et dans celle des autres.
On parle de la qualité de l'air et de l'eau, peu de la nécessité du
silence dans la vie humaine.
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Visite de Saint
Marcellin, Martyr
Extase du 12 septembre 1878
Ce n'est pas saint Marcellin, Pape
de 296 à 304, martyrisé sous l'empereur romain Dioclétien. Fête le
26 avril. Il s'agit plus probablement du saint Marcellin, Martyr,
dont le nom est cité à la Sainte Messe, associé au Martyr de saint
Pierre. Pierre et Marcellin furent martyrisés également sous
Dioclétien en 303. Saint Marcellin était prêtre, saint Pierre
seulement exorciste. Leur culte fut si important que, dès la paix
apportée par l'Édit de Milan (313), l'Empereur Constantin leur fit
construire une Basilique, comme à saint Pierre, Apôtre, à saint
Paul, saint Laurent et sainte Agnès.
- Je suis saint Marcellin qui a
vécu parmi les hérétiques. J'ai été persécuté, pour avoir refusé
d'apostasier ma Foi... J'étais de ceux qui avaient un amour
passionné pour Notre-Seigneur, dans le Saint Sacrement. Cet amour
était ma force, ma consolation, mon sublime bonheur.
J'eus une pensée qui me pressait
fortement de me rendre au milieu de ce peuple hérétique, quoique je
n'y fusse engagé par aucun ordre, ni du Ciel ni de la terre. Cette
pensée me pressait et toujours mon désir s'accroissait d'aller
porter le Nom de Dieu à ce peuple infidèle. J'y allais donc
volontairement, possédant en moi Celui qui fortifie. Ce fut mon
dernier Repas au Banquet de l'Amour.
En arrivant, parmi ce peuple, je
fus conduit tout d'abord au chef des hérétiques. Inconnu, je frappe
et on m'ouvre. J'aborde cet homme robuste, fier de lui-même et le
salue, genou en terre.
Il se lève et me dit : " Es-tu un des imposteurs de Celui qui
veut détruire notre religion ? " Je lui ai répondu fièrement :
" Je suis Chrétien, enfant de Dieu, par le Baptême." II me
demande alors : " Manges-tu cette nourriture qu'on dit Dieu ? "
Je réponds : " Je me nourris du Dieu de la Croix et de
l'Eucharistie. " II pose alors la main sur moi et dit : "Tu
es donc un des associés de Celui qu'on nomme le Christ, Roi du monde
? " Je réponds : " Je le suis et j'en suis fier. " Alors, il
me maudit, me poussa rudement au dehors de son palais et ordonne que
ses gardes me lient et m'enchaînent. En même temps, on me fouille et
on trouve la croix avec laquelle je vivais. Ce fut assez. L'ordre
est don né de me faire mourir. Je fus maltraité, insulté, dépouillé,
traîné, accablé. Je demandai au roi de m'accorder jusqu'au lendemain
pour mourir, afin de pouvoir, une dernière fois, recevoir le Pain
des Forts.
Mais on m'étendit aussitôt sur
un chevalet de fer et j'y fus serré par des ressorts si terriblement
que mes douleurs étaient inouïes. Le lendemain, je reçus la palme du
martyre je fus d'abord étendu sur le chevalet, puis jeté sur un
bûcher ardent. C'est là que je fus égorgé par des mains sacrilèges.
Le roi ordonna qu'on m'ouvre la poitrine, pour trouver le Dieu de
mon âme, pour Le fouler aux pieds, pour Le crucifier, pour Le
déshonorer. Puis je fus laissé plusieurs jours au bord d'une rivière
et j'y fus précipité.
Mais aussitôt une femme
étrangère vint prendre mon corps pour lui donner sépulture et je fus
transporté dans un cimetière béni.
J'ai, à présent, un mot à vous
dire de la part du Seigneur.
Chers frères en Notre-Seigneur
et en Sa Sainte Croix, vous souffrez en ce moment, mais un temps peu
éloigné donnera et répandra encore de bien plus grandes souffrances
? Souffrez donc avec la joie d'aller un jour près de Dieu. Vous qui
souffrez, en ce moment, pour le Dieu que nous adorons tous, soyez
persuadés que, par vos souffrances bien acceptées, vous retenez la
justice du Seigneur en faveur de tous vos frères qui Le déshonorent,
et Le blasphèment... Dans ce moment, vous devez plus que jamais vous
attacher à Dieu et vous détacher de tout le reste que Dieu
méprise... C'est aujourd'hui le moment d'être lapidé, crucifié,
foulé aux pieds, couvert d'ordures aux yeux du monde. C'est le
manteau que portent maintenant les enfants de Dieu. Mais Dieu ne
vous regarde pas de la même manière que le monde. Vous êtes
brillants aux yeux de Dieu. Quel bonheur ! Que j'envie votre sort !
Que je voudrais vivre avec vous ! Je vais prier pour vous au Trône
de Gloire Éternelle de notre Père.
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Visite de Saint
Lambert, Évêque et Martyr
Extase du 16 septembre 1878
Saint Lambert, né en 640, est mort
en l'an 709. Il fut Évêque de Maastricht et soutint l'apostolat de
saint Willibrord (658-739). Évangélisateur de la Frise et de la
Saxe, il baptisa Pépin le Bref, père de Charlemagne, l'Empereur très
chrétien.
- Mon nom est saint Lambert,
Évêque et Martyr. J'ai souffert le martyre en soutenant les vérités
de Dieu et de l'Église, parce que je n'ai pas voulu violer les lois
chrétiennes et renier ma Foi. On a fait bien des martyrs à l'époque
où je fus martyrisé. Il a été versé beaucoup de sang par les hommes
barbares et impies qui avaient rejeté la Foi en Jésus-Christ.
Mon martyr fut long par des
tortures de toutes sortes. On ne pouvait m'arracher la vie. J'ai été
torturé d'une manière affreuse et sans pitié. Mes membres ont été
tordus, broyés sous une espèce d'instrument de fer. Puis, après
avoir été ainsi moulu, pour ainsi dire, je fus exposé sur un
grillage hérissé de pointes aiguës qui transperçaient ma chair et
déchiraient mon corps. Je fus frappé avec des verges de fer sur
toutes les parties de mon corps, de sorte que je ne pouvais faire
aucun mouvement. Le dernier supplice fut encore plus douloureux. On
fit des ouvertures sur toutes les parties de mon corps et j'ai ainsi
versé mon sang pour soutenir la Foi.
Maintenant, je vais dire un mot
de la part de Notre-Seigneur.
Il est bien doux de souffrir et
d'endurer le martyre quand on a la vraie Foi chrétienne. Rien
n'épouvante, rien n'affaiblit, rien ne décourage quand il s'agit de
faire la Sainte Volonté de Celui qui est mort pour nous. Pendant
toute ma vie j'ai aussi bien souffert sur la terre. J'ai été accusé,
j'ai porté des fardeaux d'accusations. Quand l'amour de Dieu est
fondé dans les âmes, tout devient léger au point que l'on ne ressent
pas l'atteinte des plus grandes douleurs. Souffrir de la part des
hommes est bien doux parce qu'on éprouve une force surhumaine qui
nous vient d'en Haut et qui nous donne un courage tel qu'on est prêt
à affronter tous les périls, toutes les menaces et toutes les
condamnations... Notre-Seigneur a planté dans notre coeur une
vigueur de courage et d'Espérance qui ranime en nous une Foi si
vive, un amour si ardent, qu'on a pour Dieu une très grande
reconnaissance.
Dieu seul, connaît le prix de
cette grâce amoureuse. Les souffrances de cette vie sont le plus
court moyen pour arriver à la perfection. L'homme, qui ne souffre ni
dans son corps, ni dans son âme, ni dans son coeur, doit beaucoup
craindre et s'inquiéter, parce qu'il est loin de la Sainte
perfection. La perfection laisse sur le visage de l'homme des traits
rayonnants qui annoncent l'élévation de son âme, de son coeur, de
ses pensées vers Dieu, qui est son Espérance.
Notre-Seigneur nous place, sur
la terre, dans une espèce de prison obscure, fermée, noire, et cette
prison, ce sont nos misères humaines, qui s'élèvent comme des murs,
pour nous faire encore plus captifs. Notre-Seigneur adorable ne nous
a pas placés sur terre pour jouir et nous reposer ni pour être
parfaitement heureux. Il nous a placés sur terre d'abord pour
L'aimer et ensuite pour nous faire participants de Son Divin
Royaume. Passer sa vie sur terre sans aimer Dieu, c'est passer sa
vie sans vie, sans attendre d'être récompensé. Notre-Seigneur
adorable, dans Son amour de Père, permet quelquefois qu'on soit
écrasé, mutilé, noirci. Ces moments sont bien riches, bien précieux
et pleins d'amour.
Si nous connaissions en ce
moment ce que Notre-Seigneur nous prépare, nous promet et nous
donne, nous vivrions hors de nous-même, dans l'Espérance Divine.
Notre-Seigneur regarde notre âme avec tant de tendresse, tant
d'amour, qu'il l'embellit par Son regard. Il écarte les grains de
poussière, c'est-à-dire les misères qui entourent notre âme et II la
pare de beauté, de
splendeur. Il lui donne une liberté supérieure pour goûter combien
il est doux de s'élever à la perfection désireuse d'aimer. Au moment
de l'accablement et du délaissement, notre âme gagne un trésor de
grâces, auprès de Dieu. Elle entre dans l'amitié de son Créateur.
C'est par là qu'il vous faut tous passer, plus ou moins
profondément.
Il faut vite retirer nos
attachements de cette terre pour les donner au Souverain Créateur de
toutes choses. Dieu n'aime pas une âme qui a une attache montante
vers le Ciel et une autre attache descendante vers la terre. Car
toujours l'attache de la terre détruira la force de l'autre. Il faut
trancher cette attache trop humaine où la charité n'est pas toujours
parfaite. Dans l'humanité, il n'y a qu'imperfection, misère,
légèreté. Au contraire, dans l'attache Divine, tout est parfait,
tout devient parfait, tout s'élève en perfection complète.
Quelquefois, la faiblesse du
coeur trouve la consolation dans la faiblesse de la voix humaine. Il
ne faut pas trop rechercher et savourer cette consolation parce que,
dans cette recherche, pendant le temps qu'on y passe, la pensée de
Dieu est oubliée. La pensée humaine est, dans toute sa force et son
étendue, occupée de viles misères et d'affections imparfaites.
Notre-Seigneur nous envoie Ses croix, avec tendresse, pour que notre
âme, notre coeur, notre esprit, notre pensée, ne soient occupés que
de Dieu seul et de Sa Croix. Quand II envoie Ses chères croix, Il
veut que nous ne soyons occupés que de Lui et de Sa Croix. Il veut
que tout le reste disparaisse. C'est pour nous faire penser à Lui
qu'Il nous accable plus profondément, parfois...
Courage ! Si Dieu vous accable,
c'est un signe qu'il vous aime, qu'il vous prépare, qu'il vous
destine et vous prédestine, comme les ouvriers à une grande oeuvre.
Vivez sans consolations, sans assurances, sans soutien humain, pour
ainsi dire, sans lumière. C'est la plus grande douleur, il est vrai,
mais la plus méritante. Je m'en vais maintenant prier pour tous mes
frères dans la Croix et sur la Croix, puisque, sur la terre, vous
êtes tous ouvriers pour la Croix, ouvriers pour l'oeuvre de Dieu,
ouvriers pour l'oeuvre de la Sainte Trinité.
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Visite de saint François
d'Assise
Extase du 17 septembre 1878
Saint François d'Assise est le Père
spirituel de Marie-Julie du Crucifix qui était tertiaire de l'Ordre
Franciscain. C'est le Père Séraphique, celui qui la guide et la
soutient dans la voie de lumière et d'amour, de don total
d'elle-même, voie qu'il connaissait d'expérience personnelle. La
mission de saint François, dans le renouveau de l'Église est
primordiale : " Va, François et répare Mon Église. "
Ces paroles qui retentirent dans la
chapelle effondrée d'Assise sont toujours d'actualité. La
reconstruction sera l'oeuvre de la coopération du Ciel et des
fidèles de la terre.
- Chers frères de la Croix, ne
vous inquiétez de ce qu'on dira de vous ! De ce qu'on fera contre
vous ! Gardez la paix et l'espérance car le chemin qui conduit à
l'honneur et à la gloire vous est ouvert... Pourquoi ne vous
attaque-t-on pas en face ? Parce que Dieu a versé en vous un respect
que vous avez mérité en vous dévouant à Sa gloire. C'est ce respect,
venant de Dieu, qui empêche les affronts et empêche vos ennemis de
s'approcher en face de vous, la tête et les yeux levés. Voilà
pourquoi ils vous respectent par force. Il y a encore quelque chose
qui les renferme ; ils sont attaqués en eux-mêmes, sans savoir
comment ils sont retenus par une puissance invisible qui leur
souffle : " Tu respecteras l'âme choisie de Dieu, tu respecteras le
corps de l'homme dont tous les mouvements se dévouent à l'oeuvre de
ton Dieu. " Voilà le souffle qu'ils ne voient, ni ne connaissent, ni
n'entendent, mais qu'ils ressentent...
Chers frères de la Croix,
pourquoi déchire-t-on votre réputation ? C'est que vous êtes des
hommes d'une chair trempée et retrempée dans la source Divine qui
n'est réservée qu'aux véritables et fidèles serviteurs de Dieu.
Voilà pourquoi vous êtes solides comme le fer éprouvé par le feu.
Mais on ne peut déchirer votre honneur, parce que votre honneur
n'est pas un honneur naturel comme celui de tous les autres. Cet
honneur ne vient que de Dieu, que de Sa Croix, que de Ses promesses.
Il ne vient que de la Divine Volonté, que de la confiance que mes
frères ont en Dieu. Pourquoi invente-t-on ? Parce que l'honneur
jaloux des ennemis de mon Dieu s'élève en eux, qu'il les travaille,
qu'il ne leur laisse aucun repos. C'est là un honneur, un orgueil
qui vit dans les vices, dans la colère, dans la vengeance de tous
vos ennemis qui sont les ennemis de Jésus-Christ... Cette rage vient
de la jalousie, de l'orgueil, du désir que Dieu ne soit pas défendu,
que Son Nom ne soit pas respecté, que Sa Croix n'ait pas de
défenseurs, que tout ce qu'il fait soit oublié et anéanti. Voilà
pourquoi vous souffrez, pour Dieu, pour Son Nom, pour Sa Cause... Le
petit nombre des amis de la Croix est choisi et béni. C'est Dieu qui
le veut ainsi. Il a pour lui les plus belles promesses divines...
Dieu a dit : " C'est sur vous, sur toi et sur toi que j'arrête Mon
Regard adorable. Je veux que tu Me sois dévoué dans Mes desseins. Je
te choisis pour soutenir, pour défendre le commencement de Mon
oeuvre. Je te place dans Mon oeuvre comme un poteau solide. Tu
l'appuieras, tu la soutiendras, tu la porteras sur tes épaules,
quand elle sera dans les plus grandes menaces... "
Les victimes et les serviteurs
sont destinés à aider Notre-Seigneur à soutenir l'oeuvre, les murs
de l'oeuvre, pour la placer sur de belles pierres taillées et
polies. Quelle belle couronne de Gloire ! Quel honneur !...
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Visite de saint
Jean 1er, Pape et Martyr
Extase du 19 septembre 1878
L'Élu qui se présente à Marie-Julie
est saint Jean 1er, Pape italien de 523 à 526. Il fut emprisonné par
ordre de Théodoric, roi arien. L'hérésie arienne niait la Divinité
du Christ. Elle causa de grands ravages dans la chrétienté bien que
condamnée par le Concile de Nicée en 325. Les catholiques fidèles à
Rome et à ses enseignements furent longtemps persécutés par des rois
et des Empereurs hostiles. Les Ostrogoths et les Wisigoths qui
occupèrent l'Italie et l'Espagne furent tirés de cette hérésie par
les Apôtres des Temps Barbares.
Saint jean, Pape, mourut dans sa
prison. Sa fête est célébrée le 27 Mai.
- Chers enfants de Dieu, que la
paix la plus profonde règne dans vos âmes. Je suis saint Jean, Pape,
mort en prison.
Je fus exilé pour la cause de
Dieu et je fus tourmenté par d'horribles tortures dans la prison où
j'ai rendu mon âme à Dieu... J'ai subi d'amères douleurs pour
n'avoir pas voulu renier le Nom de Jésus-Christ et pour avoir
soutenu le Dogme de la Sainte Trinité et l'infaillibilité de
l'Église.
Depuis mon martyre, beaucoup
m'ont suivi et ont remporté la même palme que moi. Après avoir porté
des chaînes, frappé et privé de nourriture, je n'étais pas au bout
de mon martyre. Je subis un deuxième interrogatoire par les
Empereurs et leurs serviteurs. Rien n'ébranla ma Foi. J'ai gardé
dans mon âme le Saint Nom de Dieu et en même temps, la pensée de la
Sainte Église exilée pendant ce siège. Ces deux pensées me firent
accepter le trépas. Après cet interrogatoire, je fus frappé et
soumis aux épreuves les plus terribles. Ce fut là que j'allais
consommer mon martyre après de longs jours d'exil. Je fus lié pieds
et mains et suspendu par le cou avec une chaîne après de rudes
coups. Ce fut dans cette prison d'exil que non âme prit son vol vers
la récompense éternelle.
Maintenant, un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Nous sommes tous des martyrs sur
la terre, chacun par la manière fixée par la Divine Volonté. Nous
sommes placés sur une terre d'exil et, aujourd'hui plus encore que
jamais, car on veut exiler le Nom de Dieu, la Religion et l'Église.
On veut que les chrétiens plient sous la loi... Chrétiens, préparez
vos armes, c'est-à-dire votre courage, car les menaces sont grandes.
Le coup qui est porté sera terrible par son retentissement...
L'Église est en péril... Il faudra du courage et du sang pour sauver
le Temple de Dieu... Notre-Seigneur vous donne de lourdes croix, ce
sont ces croix qui vous épargneront le grand coup... Soyez donc
heureux de porter la Croix de notre Divin Maître...
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Visite de Saint Félix,
Évêque
Extase du 23 septembre 1878
Saint Félix de Dunwichfut Évêque et
apôtre de L'Angleterre. Il est mort en l'an 648. Fête le 14 Février.
- Je suis saint Félix qui a
travaillé à la conversion des Anglais. Je viens dire un mot de la
part du Seigneur... J'ai souffert toutes sortes de peines
d'accusations et de noires persécutions. Je ne me suis point rebuté,
j'ai continué mon pénible travail. ... J'ai continué ma mission qui
venait du Ciel. J'ai souvent été frappé par ces âmes infidèles
éloignées de Dieu. J'ai comparu devant les tribunaux, mais je n'ai
pas faibli.
Après avoir gagné une multitude
d'âmes à Dieu, je pris quelque repos au milieu des Anglais. Je fus
soigné de leurs mains et leurs coeurs compatissaient à mes
souffrances. Ce fut, dans cette grande souffrance, que le Seigneur
m'ouvrit la beauté des Cieux. Ce fut sur la Croix que j'entrais dans
la douce conversation intime des secrets de Dieu. Pour me
récompenser, le Seigneur m'envoya toutes sortes de douleurs. J'étais
crucifié de tous mes membres, privé de convertir et de travailler au
salut des âmes.
Subitement, notre Bon Sauveur
rendit la vie aux membres de mon corps desséché. Je pus encore,
pendant quelques années, travailler à la conversion des Grands de
l'Angleterre qui étaient restés obstinés dans leur refus de la Foi.
J'entrais à Londres où il y avait un grand nombre d'âmes sous
l'emprise infernale. Je fus deux fois lapidé, je fus insulté. Mais
Dieu, dans Sa Puissance amoureuse sait toujours tout faire pour Sa
Gloire. Il me soutint.
Au milieu de ces cruelles
persécutions, j'étais meurtri, couvert de blessures. Dans la nuit,
un Ange vint, avec une fiole, fermer mes blessures et, le lendemain,
j'étais parfaitement et miraculeusement rétabli.
Je fis un grand nombre de
conversions à Londres et elles ont persévéré. Je revins alors au
milieu des Anglais et je retrouvais leur Foi forte et puissante. ...
Mais j'eus encore des assauts terribles à souffrir. Je fus menacé
d'être mis en prison par les gardes. Je fus sur le point de passer
en jugement car j'étais calomnieusement accusé. Mais mon innocence
devant Dieu état sans tache. Je fus délivré par la voix d'un jeune
homme inconnu. La veille de ce jugement, je le vis entrer dans la
cellule où je me retirais pour prier et faire pénitence. Il me dit : " Aujourd'hui, sors
de l'Angleterre et va dans la ville la plus proche de la France. "
Cette voix m'était inconnue, mais sa douceur ravissait mon âme. Je
résistais. Dans la profondeur de la nuit, la même voix me rappela et
me dit : " Sors vite, car on se dispose à venir te prendre et te
conduire devant tes accusateurs. "
Aussitôt, je suivis le jeune
homme qui me conduisit dans cette ville qui touche le bord de la
France (Douvres) Et là j'ai passé un mois et quelques jours. La
persécution s'était un peu relâchée, mais j'étais toujours menacé.
Je retournais en Angleterre. Je
m'armais d'une très grosse croix de l'ancien temps et je m'en fus
au-devant de mes juges et de mes calomniateurs.
Je leur dis : " Voilà la victime,
je me mets à votre disposition, jugez-moi, condamnez-moi. Mais, en
me jugeant et en me condamnant, vous condamnerez Celui que je porte
attaché sur la Croix. "
Cette parole produisit la
consternation sur les visages. Je remportais la victoire. Je fus,
ensuite, poussé à prêcher fortement et je fus inspiré par le Ciel.
Mes juges et mes calomniateurs tombèrent à mes pieds. Je les
convertis. Voila la récompense d'affreuses persécutions. Le Bien du
Ciel tomba sur la pauvre victime accusée, innocente... Ensuite, j'ai
parcouru bien des pays, j'ai toujours souffert, toujours la
persécution a suivi mes pas.
Chers Frères et amis de la Croix,
faisons notre joie du pain de l'amertume puisque ce n'est que par le
mépris qu'on se rend dans la gloire. Et ce n'est que par la
persécution qu'on devient les vrais amis de Dieu... Détachons-nous.
Restons insouciants de ce qu'on dit de notre personne. C'est dans
l'abandon à la Volonté Divine qu'on trouve une force puissante qui
semble tout recréer en nous.
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Visite de Saint Pamphile,
Martyr
Extase du 26 septembre 1878
Saint Pamphile est un martyr d'Asie
Mineure. Il était très réputé pour sa haute science. Il est mort en
309 durant les persécutions de l'Empereur Dioclétien et des Césars.
L'un d'eux, son gendre Galère, détestait les chrétiens et fut très
cruel. Il voulait imposer, pour maintenir l'unité dans ce vaste
Empire menacé de dislocation, la même religion à tous les sujets, le
culte des dieux et de l'Empereur. Dès 295 la persécution fit des
ravages dans l'armée (massacre de la légion Thébaine - 6000 victimes
dont saint Maurice et saint Exupère qui refusèrent de sacrifier aux
dieux). Puis ce fut " l'épuration " de la société civile.
Successivement parurent quatre édits :
- Destruction de toutes les églises
et des livres sacrés
- Incarcération des clercs
- Ordre aux prêtres de sacrifier aux
dieux païens
- Ordre à tous les chrétiens de
sacrifier aux idoles et de rendre un culte à l'Empereur.
Pour la gloire de Dieu, beaucoup de
chrétiens refusèrent de se soumettre et furent massacrés selon des
méthodes " d'épuration ethnique " que notre XXème
siècle ne peut pas se vanter d'avoir oubliées ! Il fallut attendre
l'Edith de Constantin de l'an 313 pour que cessent ces persécutions
en Orient. Fête le 1er Juin.
- Je suis saint Pamphile
martyrisé sous les Empereurs sacrilèges pour Dieu et Son Saint Nom,
pour la sainte Religion, pour la consolation des chrétiens. C'est à
la fleur de mon âge que j'ai subi le martyre devant les juges de
l'Empereur. J'ai soutenu ma Foi et le Nom de mon Dieu jusqu'au
dernier instant de mon martyre douloureux. J'ai été étendu sur un
chevalet de pointes très aiguës sur lequel j'étais serré par de
larges bandes de fer également garnies de pointes de toutes parts. À
peine pouvais-je respirer sur cet instrument de supplice. J'eus sur
moi, pendant un jour, un bandeau de fer rougi par les flammes. Rien
n'est plus doux que de souffrir quand on le fait pour la gloire de
Dieu ! J'étais écrasé, brisé, moulu, par ces instruments de supplice
inventés par la malice et la cruauté des hommes. Je fus jeté ensuite
dans de l'huile bouillante. Mon corps n'était plus qu'une plaie, mon
sang se mêlait à cette huile. Ensuite, je fus étendu sur un arbre
formant une croix devant un mur. Là, je fus encore torturé. J'eus le
corps transpercé, de part en part, avec des alênes de fer. La plus
grande douleur se fit sentir à mon coeur, quand il fut traversé.
J'eus ensuite les ongles arrachés, les dents brisées, les yeux tirés
de leur demeure. C'est là que j'expirais dans les douleurs et dans
les tortures.
Mon amour pour Jésus au Calvaire
était si ardent que j'aurais voulu souffrir des années pour payer
cette reconnaissance de bonheur et d'amour. J'avais aussi un ardent
amour pour Jésus dans la Sainte Eucharistie. C'était mon soutien, ma
force et mon bonheur. J'ai été martyrisé comme les chrétiens si
nombreux qui ont remporté cette couronne. Mon martyre eut lieu au
plus fort des persécutions de l'Église.
Un mot maintenant de la part de
Notre-Seigneur.
Autrefois, Notre-Seigneur avait
des ennemis, tous Ses bienfaits avaient des ennemis, l'Église avait
des ennemis. Aujourd'hui il y en a encore. Aujourd'hui, les ennemis
de notre Dieu n'ont plus de conscience, ils n'ont plus de pensée,
ils n'ont, pour ainsi dire, plus de coeur. La haine a étouffé la
charité de leurs coeurs vivant dans leur corps. Eh bien ! Chers
frères de la Croix, soyez donc heureux et pleurez de bonheur,
d'avoir aussi des ennemis pour vous rapprocher de Celui qui veut
vous combler de grâce et de bonheur. Ne vous vengez pas. Regardez le
Calvaire et voyez la Charité de Notre-Seigneur éclater à chaque
instant, pour vous embraser, pour vous consumer, pour régénérer
cette Sainte Charité qui vous porte et vous pousse à tout
entreprendre, à tout souffrir, à tout endurer pour le Dieu du
Calvaire. Toutes les persécutions, qui doivent vous suivre de la vie
à la mort, ne font qu'augmenter votre bonheur de développer une
science de paix profonde. Et cette paix vous laisse entrevoir les
mystères puissants de la Bonté de Notre-Seigneur. Frères et soeurs,
vous pouvez dire en tout temps : " Nous portons des fleurs, nous
respirons leur parfum, parce qu'en tout temps, il nous faudra
souffrir, en tout temps il nous faudra subir des persécutions. "
Voilà vos fleurs et leur parfum !
Le parfum des fleurs de la persécution ne s'arrête ni aux nuages, ni
au firmament. Il va jusqu'au Ciel aux pieds de notre Époux, sur Son
Trône Éternel. Chers frères de la Croix, prenez votre nourriture
dans les Blessures Sacrées de Jésus, dans vos accablements et dans
vos délaissements. Allez à ce Repas Divin. Allez, vous, âmes que
Dieu a choisies pour Lui gagner des âmes, pour les Lui présenter
florissantes de Grâce après vos travaux, après votre mission
accomplie. ! Quelle joie ! Quels transports pour vous d'avoir placé
des âmes autour de Son Trône Éternel ! Vivez d'amour au milieu des
épines ! Qu'il est doux de parler avec le langage de l'amour ! Ce
langage se puise à la pointe des épines, dans le poids des croix de
Dieu. Chers frères, étudiez vos sermons et vos conversations au pied
du Crucifix et vous sentirez les doux effets de l'amour embrasé qui
a fait les Séraphins et les Chérubins. Sur la terre, chers frères de
la Croix, vous vous nourrirez d'un Aliment précieux et fort, c'est l'Aliment de notre cher Époux, c'est Sa grâce, c'est
Son amour, c'est Sa tendresse. II vous donne tout. II vous invite à
ce Banquet. Allez avec bonheur, allez vous fortifier, allez dilater
vos âmes dans ce pur amour qu'aucune créature ne peut donner. Vos
coeurs sont devenus des fontaines, tandis que vos yeux ont été
creusés dans les sources, c'est-à-dire dans les larmes.
Notre coeur, dans sa fontaine,
nage, surnage, surabonde de joie, mais de joie secrète, joie qui
n'est point connue de l'humanité du corps, ni des misères du corps.
Cette joie n'est connue que de Dieu, que de Ses Blessures Sacrées.
Pourquoi ce secret ? C'est pour te faire mériter, frère appelé par
la grâce, à la participation et à la distribution des richesses, des
biens, des gloires de ton Dieu Éternel ! Dans ce temps qui passe
vous devez être tous comme des agneaux qu'on immole sur la Croix,
sans vous plaindre, sans murmurer, sans dire : " Mon Dieu, pourquoi
cette peine ? "
C'est l'heure du sacrifice, c'est
l'heure où les brebis du Seigneur seront immolées par la langue, par
l'esprit, par la vengeance du coeur ennemi.
L'immolation est admirable. Le
souffle de vos coeurs redit à Dieu un cantique d'amour et d'action
de grâces. Pourquoi ? Parce que vous ne cherchez point à vous
défendre, à vous excuser. Vous portez ce qu'on vous donne, vous
chargez sur vos épaules la croix qu'on vous a préparée et qui est
bien loin d'être juste, parce qu'on ne vous croit pas justes, ni
justifiés dans la justice de Dieu. Aux yeux du monde, aux yeux de
vos frères, vous paraissez coupables. Laissez faire, laissez agir,
laissez-vous dépouiller du premier manteau. Ce n'est pas le plus
beau, le plus parfait. Il est, sans doute le manteau qui sauvegarde
l'innocence, mais ce n'est pas le manteau de l'innocence. Celui-là
est plus caché, ils ne l'atteindront pas. Quelle joie ! Tressaillons
ensemble de bonheur et d'amour, parce que vous êtes appelés du nom
de martyrs, martyrs de patience, martyrs par la soumission, martyrs
par la charité et la résignation, martyrs par l'amour aimant,
c'est-à-dire par l'amour qui aime Dieu. Oh ! Que votre part est
belle ! Ah ! si ceux qui vous causent ce martyre connaissaient votre
paix !...
Vivez dans l'amour de Dieu.
L'amour se puise au pied de la Croix. Faites le Noviciat de la
Croix, noviciat de paix, noviciat d'amour, cloître d'Espérance,
avant d'aller faire la profession dans les Cieux, profession
éternelle.
La vie chrétienne est comme la
vie religieuse. Avant de prononcer les voeux définitifs, la
profession, la religieuse ou le religieux doit apprendre dans un
noviciat, comme un bon ouvrier doit d'abord être apprenti, puis
professionnel confirmé. Dans noviciat, il y a nouveau, il y a
changement. Ce qui renvoie au vieil homme qui doit faire place à
l'homme nouveau en chacun de nous. En cela nous sommes tous novices
et avons beaucoup à convertir en nous. La croix est faite pour cela.
Le cloître est un lieu de silence et de prière, à l'écart de
l'agitation du monde. Le noviciat est école de recueillement.
Entrez dans la Sainte École des
Plaies de Jésus Crucifié, c'est là que l'on apprend, c'est là que
l'intelligence se développe.
Entrer dans les Plaies de
Notre-Seigneur signifie comprendre qu'il nous a aimés jusque-là. Lui
qui, en tant que Dieu est impassible, a voulu nous montrer dans Son
humanité souffrante les preuves de la Vérité de Son Amour : " J'ai
gravé ton nom dans la paume de mes mains et dans mon coeur."
Et, en se développant, cette
Vérité devient Divine parce que l'écoulement de la grâce de
Notre-Seigneur la vivifie, la qualifie, l'embaume et la
transforme... La Croix a été le partage de Dieu, elle a été ensuite
le partage des Saints, elle est votre partage ! Chérissez-la,
plantez-la dans le plus beau parterre de votre coeur, c'est-à-dire
dans le lieu le plus beau, le plus orné, le plus riche !...
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Visite de Saint Vincent,
Martyr
Extase du 28 septembre 1878
- Que la paix du Seigneur soit
avec vous, chers frères et soeurs. Que l'amour de Notre-Seigneur
vous vivifie tous ensemble dans la Sainte Charité !
Mon nom est saint Vincent,
Martyr. J'ai été persécuté dans le temps des cruelles persécutions
de l'Église. J'ai souffert le martyre pour mon Dieu, pour Sa Sainte
Croix, pour la défense de la Sainte Religion. J'aurais pu vivre si
j'avais voulu apostasier. J'ai préféré mourir pour mon Dieu, plutôt
que de renier Son Saint Nom et Sa Religion.
J'ai été mis à la torture par ces
fameux empereurs qui ont fait tant de martyrs. J'ai été mis sur un
gril, les flammes soufflées sur mon corps. J'eus la grâce de voir un
rayon du Ciel qui me raffermissait et me comblait de joie de donner
ma vie pour sauver mon âme. Je recevais des insultes et des outrages
affreux. Mes larmes coulèrent si abondamment que, trois fois,
j'éteignis les charbons ardents qui brûlaient ma chair. Ce prodige,
ce miracle puissant ne servit à rien aux barbares qui insultaient
mon Dieu trois fois Saint. A la suite de ce prodige qui venait de
mon Dieu, je fus traité avec plus de violence encore. Mon corps fut
couvert de charbons. Il fallait que je rôtisse comme un autre saint
Laurent. Je ressentais une douce fraîcheur dans tout mon corps,
c'était comme une rosée qui empêchait la flamme de me faire
souffrir. Je subis une torture affreuse. Mon corps fut tout brisé,
je fus foulé aux pieds par mes bourreaux.
Je sentis l'heure du triomphe
quand je ressentis les douleurs dans mon coeur. J'ai expiré sur ces
affreuses flammes, torturé, abreuvé des plus infernales ignominies.
Qu'il est doux de mourir pour Dieu ! Qu'il est doux de conserver le
germe béni de la Foi quand on aime Celui qui a tant souffert pour
racheter nos âmes immortelles ! Il nous faut du courage et, au
milieu du courage, il nous faut une charité de feu.
Un mot, maintenant, de la part
de Notre-Seigneur.
Chers frères, Notre-Seigneur nous
a donné à tous la grâce d'être admis au Saint Baptême. C'est cette
grâce qui fait la force des Chrétiens. Elle nous fait devenir les
Enfants héritiers des dons de notre Père du Ciel. Quelle force !
Quelle générosité ! Quel bonheur ! O grâce, que tu fortifies !
Le Seigneur nous a donné à tous
une âme immortelle. Oh ! si nous connaissions le trésor qui vit au
milieu de la poussière de notre corps ! Cette pensée serait capable
de nous transporter vivants, par ses ardeurs et ses hauteurs,
jusqu'au Trône de Dieu, Cette pensée a des ailes et ces ailes sont
des flammes car elles sont des transports.
Notre-Seigneur nourrit nos âmes.
Il veille à leurs besoins. Il se fait l'Aliment de cette âme
immortelle et l'âme ne vit que de Dieu. Quelle différence entre
l'âme et le corps ! Ce corps de poussière vit d'aliments grossiers.
L'âme vit de la Divinité de Dieu. Elle y trouve sa substance, elle y
trouve un Aliment de délices.
Notre-Seigneur adorable, pour
augmenter la beauté de nos âmes semble quelquefois affaiblir Son
Aliment et l'éloigner à quelque distance. Mais, dans ces moments,
Notre-Seigneur tient nos âmes dans Ses Mains adorables et II les
comble de bonheur. Il les enrichit de Ses dons ineffables. Il ne
faut donc pas dire : " Mon âme, tu es loin de Dieu " puisque, en ce
moment, c'est Lui qui la porte, c'est Lui qui la loge en Lui-même,
dans Sa Personne toute adorable.
Le bon saint, ajoute que, bien
que nous ne le sentions pas, pour embellir notre corps mortel, qui
n'a rien de la splendeur de notre âme immortelle, Dieu lui envoie
des croix, des peines et des souffrances.
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Visite de Saint
Pantaléon, Martyr
Extase du 1er octobre
1878
Saint Pantaléon (tout miséricordieux
en grec), est une victime des persécutions de Dioclétien en 303.
Fête le 27 Juillet. Avec saint Luc, saints Corne et Damien, il est
un des Saints patrons des médecins.
- Je suis saint Pantaléon
cruellement mis à mort pour la Foi, pour avoir défendu le droit de
l'Église. C'est sous ces Empereurs barbares que j'ai versé mon sang.
J'ai été torturé cruellement. J'ai été condamné à mort après avoir
subi neuf interrogatoires. J'ai partout soutenu le droit de Dieu, et
j'ai conservé ma Foi. J'ai reçu ma condamnation par l'Empereur et
les juges sans effroi et sans crainte. J'ai subi une sorte de
crucifiement terrible en douleurs et en souffrances. J'ai eu les
pieds et les genoux transpercés par une sorte d'aiguille de fer qui
avait trois branches. J'ai souffert des douleurs inouïes, mes os ont
été broyés. Dans l'autre partie de mon corps, voilà ce que j'ai
enduré. Mon corps fut scié par morceaux avec une scie en fer dont
les dents étaient très longues et très aiguës. J'ai eu la tête
séparée en deux depuis la bouche. Dieu m'a fait la grâce de souffrir
un peu moins longtemps que beaucoup d'autres martyrs qui ont subi le
même sort. On jeta ma chair aux animaux qui refusèrent de s'en
repaître. On ordonna de me jeter à la rivière mais la Volonté de
Dieu arrêta celle des hommes. Je fus recueilli par des confrères qui
risquaient la mort en le faisant et je fus mis en terre bénie car
Dieu y veilla.
Maintenant, un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Chers frères de la Croix, nous
sommes tous, dès cette vie, les héritiers de la gloire du Ciel.
Voilà pourquoi nous devons souffrir dans notre âme et notre corps.
Vous qui avez la Foi, chers frères en Notre-Seigneur, que vous devez
en être heureux ! Car, il n'y a que la Foi qui fasse le bonheur de
l'homme. Sans cette Foi, l'homme est toujours malheureux. Dieu vous
choisit pour Ses instruments sur la terre. Il a besoin de vous. Nous
savons tous, chers frères, que toutes les oeuvres de Dieu sont
traversées sur la terre et en butte aux contradictions des hommes et
du démon. Mais il nous reste quelque chose de facile à remarquer,
c'est que les âmes qui vivent pour Dieu et en Dieu persévèrent en
montant des degrés de patience et de résignation dans toutes les
contradictions. Il n'y a vraiment que les âmes conduites par Dieu
qui ont un tel courage. L'âme sous l'empire de Satan faiblit
bientôt, s'ennuie et reste comme un amas de terre battue où elle ne
peut ni espérer, ni remuer, ni vivre parce qu'elle est dans un
tourment de désespoir, tourment de l'enfer. Cela doit vous rassurer.
...
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Visite de Saint Marisse
Extase du 14 octobre 1878
Saint Marisse est probablement un
martyr (270) de la période de calme relatif qui s'établit sous le
Règne de Claude II (268-270). Celui-ci fut trop absorbé par sa
guerre victorieuse contre les Goths pour s'intéresser aux chrétiens
! Il n'est pas réputé pour sa lutte contre eux. Mais les Édits
antérieurs n'étaient pas abrogés. Ils étaient seulement moins
appliqués. II y eut, cependant, des martyrs. En Gaule en
particulier. Fête le 19 Janvier.
- Je suis saint Marisse, martyr.
J'ai été martyr pour avoir défendu et soutenu la Sainte Religion et
les Pères qui prêchaient cette grande doctrine. J'ai soutenu leur
cause et défendu leur innocence devant les juges et aussitôt j'ai
été jugé digne de mort et je m'en suis réjoui. Je fus lié et je
subis de terribles traitements. On me tordait les membres et on me
déchirait en lambeaux. On remplit mes blessures de poison. Les
bourreaux me mettaient la Croix sous les pieds, mais mon amour pour
mon Dieu ne m'a rien fait trahir. Mon corps fut placé sur un
instrument et il fut serré par une sorte de vis de sorte qu'il fut
moulu, brisé. J'étais forcé d'entendre d'affreux blasphèmes contre
la Sainte Religion, le Temple de Dieu et de Ses Apôtres. On parvint
à arracher mon coeur par une large ouverture... Je fus jeté sur le
pavé, le corps en lambeaux. Dans le fort de la nuit, on envoya
quelqu'un recueillir ma chair et la mettre dans le cimetière des
chrétiens.
Un mot maintenant de la part du
Seigneur.
Nous sommes sur la terre des
martyrs, les uns par le fer, les autres par l'épreuve et la
patience. Mais les trésors de Dieu sont si grands pour l'âme qui Le
sert généreusement ! Le temps d'autrefois était terrible pour faire
couler le sang des chrétiens. La foi des chrétiens était ferme et
constante, comme elle l'est encore aujourd'hui chez les chrétiens
fidèles. Notre-Seigneur, avec Sa Divine tendresse, donne aux
chrétiens cette force et ce courage pour persévérer au milieu des
peines et des angoisses. Le temps qui se prépare est aussi une
préparation qui conduira un grand nombre d'âmes au martyre et le
martyre se fera sur le champ, parce que la Foi est presque éteinte
dans beaucoup de coeurs qui n'attendent qu'une époque peu éloignée
pour satisfaire leur fureur et leur rage... Mais les desseins de
Dieu sont aussi préparés. La puissance de Dieu est aussi préparée et
l'homme, dans ses projets, ne trouvera qu'une faiblesse trompeuse.
Il se croit arrivé au bord de ses victoires mais Dieu, la Sagesse
Infinie, a aussi tout préparé... Les attentats et les perfides
complots sont rudement poussés contre le Saint Temple de Dieu. Mais
il résistera car Dieu défend l'Église et la protège et elle durera
autant que ses enfants. Armons-nous de courage, préparons aussi nos
armes pour combattre, car la voix de Dieu est peu éloignée.
Marie-Julie :
- Bon saint, pour nous, voilà les
armes, la prière et la Croix.
- La Croix est invincible et
partout cependant elle a bien des outrages à subir. Vivons en
assurance sous la puissance de Dieu et nous ne craindrons rien.
Notre vie sur la terre est une vie de mérites, de souffrances et de
larmes. Mais le Ciel est si beau que c'est une beauté à ne pouvoir
définir. La pensée du Ciel nous ranime et nous fortifie. Aimons Dieu
et attachons-nous à Dieu seul et à Sa Croix. Cherchons Dieu en
toutes choses et foulons le reste aux pieds... Nous sommes sur la
terre pour apprendre la vie. Chaque jour nous entrons dans un
noviciat nouveau, soit de peines, soit de joies, soit de bonheur.
Toute notre vie sur la terre est
comme un coquillage. C'est Notre-Seigneur qui emporte tout ce qu'il
y a dans le coquillage, la perle, pour que nous y mettions
d'avantage. Ne craignons ni injures, ni mépris, ni calomnies, car
n'y faire aucune attention. C'est le moyen de s'enrichir des biens
de Dieu et de Ses Grâces. Voilà comment sont les enfants de la
Croix. Ils sont tous debout, priant Dieu avec ferveur. Les ennemis
lancent leurs traits vers eux pour les atteindre mais Dieu met un
cercle de force autour d'eux et ce qui est lancé contre eux ne les
frappe pas ; Et ces coups retombent sur ceux qui les donnent. Dieu
défend les fleurs de Son jardin. Courage ! La Croix est votre
partage. Elle a toujours été le partage des Élus. C'est le plus
beau, le plus riche. Soyez fiers de cette gloire !...
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Visite de Saint
Didier, Évêque et Martyr
Extase du 15 octobre 1878
Saint Didier (connu aussi sous le
nom de Désiré), fut Évêque de Vienne, près de Lyon. Né à Autun en
540, il fut condamné à mort par la cruelle Reine des Wisigoths,
Brunehaut, à qui il reprochait sa conduite. Il fut martyrisé en l'an
608. Les rois Visigoths étaient ariens et ne croyaient pas à la
Divinité du Christ. D'où leurs persécutions contre les catholiques
romains. Fête le 11 Février.
- Je suis saint Didier, Martyr et
Évêque de Vienne. Je viens te dire un mot de la part de
Notre-Seigneur.
J'ai été martyr pour la défense
de la Foi, en défendant la Sainte Église et l'honneur des Pères de
l'Église. J'ai été mis à la torture pour cette cause, pour ainsi
dire à la fleur de mon Saint Ministère. J'ai souffert grandement.
Mais mon courage ne m'a pas trahi car il s'agissait de la gloire ou
de la perte de mon âme.
Quand je fus condamné, mes
persécuteurs me firent une croix sur le front en déchirant ma chair
avec un couteau très aiguisé. Après cette première douleur, je fus
mis à la torture et par trois fois, on posa sous mes pieds ma croix
épiscopale afin que je renie mon Dieu et ma foi. Aussitôt, j'élevais
mes yeux vers le Ciel, j'étendis les bras vers mon Dieu. Je Lui dis
publiquement, du fond de mon âme : " Je suis prêt à ce que mon corps
passe sous le pressoir et à être moulu pour Votre gloire ! " Cette
invocation finit de jeter la rage dans les coeurs de mes bourreaux.
Là, je fus mis en croix sur une espèce de plaque de fer. Je fus lié,
enchaîné et torturé et mon corps fut déchiré en lambeaux avec fureur
et rage. Mon martyre était si doux que je n'avais qu'un regret,
c'était de ne mourir qu'une fois pour Celui que j'avais tant aimé !
Ensuite ma tête fut, pendant quelques jours, suspendue à un arbre
qui se trouvait non loin du lieu de mon martyre et quelques âmes,
durant les ténèbres, recueillirent avec respect ma tête et mes
regards fermés, qui avaient adoré mon Sauveur, descendant sur
l'Autel, dans mes mains consacrées. Mon corps resta quelque temps
sans sépulture car le chrétien était lapidé sitôt qu'on s'apercevait
d'une oeuvre de charité. Ce fut quand la fureur s'apaisa un peu, que
quelques âmes ramassèrent les restes dispersés de mon corps et les
emportèrent dans un linceul. Je fus enfin porté en terre chrétienne.
Voilà un mot de mon martyre.
Chers frères, si vous pouviez
concevoir la joie de mon âme en montant vers mon Dieu ! Le martyre
exempte l'âme du Purgatoire quand il est souffert généreusement.
Maintenant un mot de la part du
Céleste Époux.
Chers frères dans la même grâce
au pied du Saint Autel nous avons partout de chers ennemis qui
travaillent à la gloire de notre précieux avancement.
Réjouissez-vous, vous qui êtes sur la mer orageuse où la tempête
gronde depuis longtemps ! Soyez courageux jusqu'à la fin, car le Bon
Sauveur va décider le bonheur de Ses enfants et aussi sa terrible
justice aux âmes ingrates qui oublient ses bienfaits. Souvenez-vous
chers frères et chères soeurs qu'il faut être foulé sur la terre
comme les morts pour ressusciter dans la pure gloire de la terre qui
est la préparation de la gloire éternelle. Laissez-vous lapider,
déchirer, insulter pour l'amour du Grand Roi. Votre récompense sera
au-dessus de vos espérances. Il faut remercier, à genoux et du fond
du coeur, vos chers ennemis de tout le bien qu'ils vous procurent,
de tout l'honneur qu'ils vous font sur la terre. C'est par ce moyen
qu'on creuse en son coeur un fleuve de charité qui déborde de toutes
parts. C'est par ce moyen que l'on ferme les Blessures de l'Époux du
Calvaire. La persécution a existé en tous temps, mais cette époque
sera un passage et une fleur remarquable pour tous les regards qui
seront protégés par l'Époux du Calvaire...
Attendez-vous à souffrir. Ce sera
le commencement de vos couronnes et une belle préparation pour
recevoir votre palme triomphante. Car toute âme est martyre sur la
terre. Mais l'amour est si fort et si noble dans vos âmes que toutes
ces souffrances sont une semence féconde qui enrichira le Trésor de
l'Église. Ô douce souffrance, si tu étais bien connue, que ta
fécondité serait riche sur cette terre qui n'est qu'une route de
douleur ! Vous qui êtes sur la Croix, chers frères et chères soeurs,
cette croix n'est pas de bois, elle est de pierres précieuses et de
perles d'amour, elle est composée de diamants célestes, parce que
vous souffrez dans l'amour du Saint des Saints qui vous comble de
Ses enivrantes faveurs.
Courage, âme affamée du désir
ardent de l'Époux Adorable, prisonnier sur l'Autel ! Cette faim sera
rassasiée. Dieu se prépare pour ramasser Sa moisson. Voilà pourquoi
II a donné tant de peines, de larmes et de sacrifices. La route des
Cieux s'ouvre. Lève tes regards vers Son amour paternel car il faut
que les fleurs souffrantes soient cueillies sur la terre quand la
Justice de Son courroux éclatera. Voilà pourquoi le Bon Sauveur
donne tant de Foi et d'Espérance...
Marie-Julie :
- C'est vrai que la mer agitée,
les menaces, les mépris et les persécutions, rien ne ternit notre
paix, rien n'affaiblit notre Espérance.
- Cette grâce est l'annonce d'un
retour bientôt plus heureux, mais ce n'est plus sur la terre. Il est
tout entier dans la béatitude céleste. Chers frères de la Croix,
vous êtes piqués par les épines, elles sont teintes de votre sang.
Quelle marque de charité vous donnez à Dieu sur cette terre,
souffrant et priant pour vos chers ennemis ! Voilà le vrai, le
précieux partage de tous les frères et soeurs qui ont souffert et
qui reposent en paix ! Je vais me retirer, en vous invitant, chers
frères à vous approcher du grand fleuve de l'amour et de la force.
Ce fleuve est caché dans la Croix. Approchez-vous et cette Sainte
Croix vous ouvrira les immenses trésors du Bonheur. C'est le Fleuve
où toute âme puisera la force et l'amour pour aimer...
Ne craignez rien ! Dieu sait ce
qu'il fera de vous. Acceptez sans voir, sans connaître la grandeur
et la profondeur de ce que Dieu vous donne. Ne craignez rien, car le
bien que vous attendez est si grand que toute persécution est une
joie et un plaisir. Je vous laisse au pied de la Croix, c'est là que
vous puiserez la force dans les jours d'amertume. Le Seigneur ne
tardera pas à abreuver d'amertume les méchants.
Priez pour l'Église. La tempête
et l'orage grondent autour d'elle, mais les flots sont sans force,
car le Seigneur la garde et la protège. Portez vos croix, chers
frères et chères soeurs, c'est le plus beau partage...
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Visite de Saint Prime,
Martyr
Extase du 23 octobre 1878
Saint Prime et saint Félicien sont
deux martyrs romains. Ils furent victimes de la persécution de
Diodétien (284-313), probablement en l'an 287. Fête le 9 Juin.
- Je suis saint Prime, martyrisé
avec saint Félicien. J'ai été martyrisé par la main de ces fameux
empereurs qui ont fait tant de martyrs. J'ai été martyrisé pour
avoir refusé de m'associer à ces misérables idolâtres et impies et
pour avoir refusé de ne pas croire en Jésus-Christ. Saint Félicien
fut martyrisé d'une autre façon. II fut décapité. D'abord, je fus
saisi et on me présenta le livret sur lequel les chrétiens faibles
engageaient leur âme pour l'Enfer en le signant et en reniant
Jésus-Christ et le Ciel. Aussitôt que les serviteurs de l'empereur
furieux me présentèrent cette plume et ce livre, je dis hautement :
" Non, je ne renierai pas mon Dieu, jamais je ne condamnerai Son
Église. Je ne veux point perdre mon âme. "
Alors, tous les chrétiens qui
avaient apostasie se ruèrent sur moi avec fureur et vengeance. On me
perça les veines, surtout celles du coeur et de la poitrine, et on
écrivit de mon sang sur le livre de satan. Mais ce n'était pas de ma
main, ni de ma volonté, j'en ai été innocent. Ensuite, l'Empereur
ordonna que je boive le sang de ces idolâtres, sinon j'allais être
transpercé par le glaive. Je m'y oppose et je dis que je ne veux pas
souiller mon âme avec le sang des démons. L'empereur me fit
transpercer avec des flèches neuves. Je les ai étrennées moi-même.
J'ai aussi étrenné le glaive qui fit couler tant de sang chrétien.
L'empereur fit ensuite enlever
mon corps en disant qu'il était une peste et une puanteur infecte
parce qu'il n'aimait pas le sang chrétien. ... Je fus traîné hors de
la vue de l'empereur et fus jeté dans une carrière profonde où je
demeurais pendant plusieurs jours. Mais les chrétiens connaissaient
ce dépôt, ils m'en ont retiré et m'ont donné la sépulture.
Un mot maintenant de la part de
Notre-Seigneur.
Notre-Seigneur adorable a préparé
Lui-même un grand nombre de martyrs sur la terre par les souffrances
et les douleurs de toute sorte. Ceux-là sont très avancés. Ils ont
fait beaucoup de progrès dans la Sainte Volonté de Dieu. Sous les
Empereurs, la terre avait soif du sang des chrétiens. Aujourd'hui
les hommes en ont soif, Lucifer a soif, la terre a soif et les âmes
ont soif de chair et de sang ! La terre a tant été abreuvée du sang
des martyrs dans tous les siècles !
Chers Frères de la Croix,
regardez cette époque comme un siècle remarquable, où la terre
s'abreuvera, ainsi que les pavés, les rues et les champs, du sang du
vrai chrétien et aussi du sang du mauvais chrétien. Leurs sangs se
mélangeront, mais leur odeur sera distincte. Le nom de Jésus-Christ
sera écrit dans le sang du vrai chrétien tandis que la rage des
hommes et des démons criera avec férocité dans le sang de l'impie et
du chrétien perverti et souillé.
Chers frères, dans la douleur, il
y aura dans ce siècle, bien des Empereurs munis d'instruments de
nouvelle invention. Chaque jour, il se tient un conseil diabolique
au sujet de ces inventions d'armes meurtrières. Mais ne redoutez pas
ces instruments barbares car la Puissance de Dieu peut paralyser ces
membres corrompus. Voilà ce que préparent les agents des plus fameux
empereurs. Voici leurs desseins et leurs désirs. Ils se préparent à
dire hautement pour avoir la fin des " rebelles ", à les unir tous
ensemble et à les faire marcher en bataillons vers leurs temples où
ils se plaisent à dire, ajoutent-ils, que leur Dieu réside. Ils
veulent accomplir le martyre du chrétien le plus possible dans le
Temple de Dieu ou autour de ces murs bâtis avec la pierre de la
Puissance Divine qui a résisté à toute époque et qui résistera
encore dans ce siècle, malgré la barbarie cruelle.
Voilà un projet, mais Dieu juge
autrement ! En effet, parmi ceux qui croient faire tant de victimes,
plusieurs auront succombé au moment du bel apprêt.
Chers frères de la Croix, les
inventions de l'enfer vont commencer. Elles sont déjà commencées.
Mais si elles parviennent jusqu'à vous, gardez votre Foi et votre
fermeté. Que vos yeux, accoutumés à regarder le Ciel et les objets
divins ne se portent jamais sur ces horribles inventions visibles
qui vous seront aussi présentées pour vous faire plier sous la foi
du serment. Mais ce parcours n'est pas beaucoup à craindre, parce
que ce sont des suppôts dispersés. Il sera facile d'en voir la fin
puisque vos contrées resteront fermées. Elles ne seront pas ouvertes
à l'affreux pillage du désordre sacrilège.
Si je parle aussi fortement et
aussi grandement c'est parce qu'il est nécessaire de prévenir et
d'avertir sur tous les préparatifs et les engagements secrets qui se
complotent et qui vont entrer dans une force de liberté.
Pour ranimer votre courage, chers
frères de la Croix, ne quittez pas votre Crucifix qui est un livre
précieux et divin où l'on puise des mots sublimes pour soutenir son
courage et sauvegarder sa Foi. Notre-Seigneur fait mettre des
barrières puissantes aux portes de Son jardin de protection. C'est
la Bretagne où le Seigneur plante de hautes barrières. La
profanation et le meurtre sacrilège ne passeront pas. En ce moment,
vous êtes tous ouvriers et ouvrières. Vous travaillez dans la terre
du Seigneur, soit en souffrant, soit en portant vos Croix, soit en
subissant l'injure et la persécution. Vous êtes tous ouvriers et
ouvrières, employés
par Celui qui commande tout, qui dirige et qui fait tout. Vous
labourez vos âmes et aussi votre coeur. Notre-Seigneur vous donne
d'abondantes grâces et d'abondants bienfaits destinés à être déposés
dans le champ immortel de vos âmes. Cette moisson fructifie aux yeux
de Dieu. Peu importe si aux yeux des hommes elle paraît flétrie et
desséchée.
Chers frères, courage à travers
cette terre d'amertume qui est encore une fleur mais qui bientôt ne
sera plus épanouie et n'aura plus ensuite aucun emblème ni de fleur,
ni d'arbre. Elle sera réduite et renversée, parce que la Justice de
Dieu, que les hommes ont attirée par leurs crimes et leurs
désordres, leur sera bien pénible et bien douloureuse. Ils pourront
dire : " C'est ma faute ! "
Portez vos croix. La montée est
pénible. Mais une fois arrivés au sommet, vous n'aurez rien à
craindre. Là vous attendent les récompenses bénies et une fructueuse
moisson parce que vous aurez souffert.
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Visite de Saint Dieudonné,
Pape
Extase du 24 octobre 1878
Saint Dieudonné est connu aussi sous
son nom latin : Deusdedit. Il fut Pape de 615 à 618. Fête le 8
Novembre. A son époque, le VIIe siècle fut une époque de grandes
difficultés pour l'Église qui devait organiser son autonomie par
rapport aux pouvoirs de ceux qui s'arrachaient les débris des
Empires effondrés. Après les vagues de persécutions des premiers
siècles, après les grandes tempêtes des hérésies, après les
invasions barbares, la Nef avait tenu bon. Mais d'autres dangers
pointaient à l'horizon : l'Islam et les ambitions des puissants de
ce monde. Saint Dieudonné, appelé aussi saint Adéodat, 1er
fut l'un des vingt Pontifes qui dirigèrent l'Église durant ce VIIe
siècle. Ne les oublions pas ! Eux ne nous oublient pas. Cette extase
en témoigne.
- Je suis bien le Pape saint
Dieudonné. Je viens dire un mot de la part de Notre-Seigneur.
Chers frères, on souffre partout
et la Croix est semée sous nos pas. Elle se lève comme une belle
moisson mais seulement elle fleurit en tout temps. Ni l'hiver, ni
les glaces n'arrêtent sa floraison.
J'ai régné sur un Trône
Pontifical, j'ai régné dans la paix, j'ai régné dans la douleur. Il
y a toujours deux temps : l'été et l'hiver. J'ai souffert
cruellement pour le soutien et la cause de l'Église. À chaque
instant on parlait et on criait. La tempête et les désordres se sont
élevés contre l'Église et son Chef. Mais je n'ai pas faibli un
instant. J'ai gouverné avec larmes l'Église de Dieu.
Moi-même je demandais du soutien
et du réconfort. Mais tout s'évanouissait à ma parole. Tout semblait
s'enfuir pour laisser approcher tous les cruels ennemis de Dieu,
pour briser l'Église et son Trône. J'ai maintenu avec force la
Sainte Église et mon devoir, fortement menacés. J'entendais le
sifflet des instruments de la mort tout autour de ma prison. Armé du
Crucifix et de la statue de la Reine du Ciel, j'ai vaincu, j'ai
remporté la victoire sur ma faiblesse. J'ai été victorieux après une
lutte terrible. Presque tous les représentants de Dieu ont eu à
souffrir et ont été martyrs, retenus prisonniers. Prions pour notre
Frère et Père qui règne en ce moment (S. S. Léon XIII). La douleur
et le deuil planent sur l'Église et sur le Saint Siège. Les restes
vénérés de celui qui a succombé après tant de douleurs et de larmes
et après une si longue captivité de peines, de larmes et
d'emprisonnement, sont bien capables de donner, par la vigueur de sa
sainteté, l'éclatant miracle visible pour celui qui règne
actuellement.
Pie IX a été obligé de s'enfuir à
Gaète de 1848 à 1850 et se considéra ensuite comme prisonnier au
Vatican pour protester contre la confiscation des biens de l'Église.
II est mort en 1878.
Car le saint Pape Pie IX
s'élèvera un jour à une très haute sainteté et cette sainteté
d'amour et de tendresse arrêtera d'affreuses calamités qui sont
réservées à cette ville Romaine. Aujourd'hui, dans cette ville, on
entend des bruits sourds, on voit du Ciel ces apprêts et ces
arrangements sous le gouvernement odieux de cet homme, de cette
race, qui a déjà fait tant souffrir, tant fait gémir. En apparence,
il promet de soutenir, de défendre, et de donner du renfort et de
l'aide au martyr captif. Mais, dans le fond du coeur, il pense
autrement. Au fond du coeur, un noir secret est caché et est voilé
aux yeux des humains mais pas à ceux de Dieu !
Chers frères, nous n'avons plus
rien à faire qu'à prier et qu'à nous soumettre car l'heure de Dieu
est bien décidée. Tout homme n'est pas plus qu'un grain de
poussière. Pour faire un miracle de paix et de réconciliation en
toutes ces puissances menacées, il ne faut pas compter, il ne faut
pas s'appuyer sur le bras de chair car il n'y a que Dieu seul qui
peut accomplir ce qu'il a promis et rendre la liberté à ces
puissances menacées, divisées, révoltées.
Maintenant, un mot
d'encouragement et d'amour de Dieu.
Chers frères et soeurs, vous avez
aussi fait l'expérience de la terre et du Ciel. Vous avez cherché
sur la terre de quoi vous consoler et vous n'avez trouvé que
désolation, amertume et douleur. Vous vous êtes appuyés sur le Ciel
et vous avez trouvé une force puissante et des consolations divines
qui vous ont ranimés dans la plus profonde agonie, je veux dire
souffrance, désespoir ou douleur. Rien, sur la terre, ne console
vraiment l'homme qui aime Dieu richement et libéralement. Sont-ce
ces faibles créatures qui sont pétries d'un peu de poussière et qui
règnent sur la terre pour une heure ? Est-ce que l'âme forte y
trouvera du bonheur et de l'amour ? Non, l'âme s'en dégoûte. Le
coeur éprouve une répugnance. Tout le reste du corps ne cherche à y
entrer par aucune attache et aucune amitié.
Si vous voulez gagner beaucoup,
si vous voulez posséder le Ciel sur la terre, fuyez la créature,
fuyez sa conversation, fuyez sa présence et mettez-vous en présence
de Celui qui est Tout-Puissant et qui est Éternel. Nos âmes
souffrent de l'attache mortelle. Les pleurs de l'âme sont comme un
or pur qui se répand devant le Seigneur comme l'arôme du plus suave
parfum. L'amour de Dieu est si puissant, si fort, si uni, si doux et
si embaumé que de retirer son âme de l'amour de Dieu c'est la
plonger dans la boue et l'eau corrompue.
Suivez cette route de l'amour,
vivez solitaires dans l'amour, solitaires en la présence de Dieu.
C'est dans la solitude que le Pasteur voit le Ciel ouvert et que les
brebis en contemplent la beauté. Je compare l'amour des créatures à
la glu car une fois qu'on est enraciné dans ce fol amour sans mérite
et sans profit, on ne peut plus s'en retirer, on y est pris de
toutes parts, les vêtements mêmes y sont collés. C'est bien peu de
chose que de s'attacher à ce qui se fait par la main des hommes. On
retient, par cette attache, son âme et son coeur dans la privation.
Par cet amour on tient les portes du Ciel fermées... Je ne défends
pas la charité, bien au contraire, mais je n'aime pas cette attache,
ces appuis qui ne sont que des poteaux de terre.
Vivez d'amour, soupirez vers
l'Amour. Élancez-vous dans l'amour comme l'aigle qui, à force de
monter, se rapproche des rayons du soleil. Faites comme lui,
imitez-le. On est sur la terre pour voler vers Dieu, pour aimer Dieu et pour vivre de Son Amour.
Courage, chers frères et soeurs
dans les croix ! Mais les fruits en seront si beaux au Ciel, qu'une
fois entrés, vous voudrez encore une fois être humains pour souffrir
sur la terre tant le Ciel est beau, tant le Ciel est doux, tant le
bonheur du Ciel est grand !
Je vous laisse au pied de la
Croix dans l'affectueuse tendresse de Jésus et de ses Blessures
Sacrées et Adorables qui sont des sources où vos âmes puisent la
force...
O Crux Ave, c'est au pied de la
Croix que règnent l'amour de Dieu et le bonheur des âmes...
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Visite de Saint Vite, Martyr
Extase du 28 octobre 1878
Saint Vite est plus connu sous le
nom de saint Guy. Il est fêté le 15 juin avec saint Modeste et
sainte Crescence. Il fut martyrisé, lors de la persécution de
Dioclétien en 303, en Lucanie (Italie du Sud).
- Je suis saint Vite, frère de
saint Modeste, Martyr. J'ai été martyrisé au temps où le sang
chrétien a coulé avec tant d'abondance sous la main des Empereurs
barbares qui ont fait tant de martyrs et qui ont fait souffrir la
Sainte Religion et la Sainte Église. Je suis tombé sous ces mains
perfides. Je ne me suis point enfui. J'ai attendu tranquillement
l'heure de mon martyre sans m'en effrayer. Rien ne m'a ébranlé.
J'ai été martyrisé pour avoir
soutenu fermement et avec foi les Sacrements institués par
Notre-Seigneur. C'est pour cette cause que j'ai versé mon sang.
L'Empereur s'irrita, condamna et maudit tout ce que Dieu avait
établi. J'ai soutenu avec force et courage l'infaillibilité de mon
Dieu. Je fus transpercé, lapidé et déchiré. Tout mon corps était en
lambeaux. Les bras et la poitrine étaient dépouillés et sans
frayeur, sans regret et sans prendre courage, je pus contempler de
mes yeux mortels, toute ma chair en lambeaux. Mon bourreau ordonna
qu'on me tranche la tête. L'ordre fut exécuté. Mais je conservais
mes regards ouverts et vivants quoique mon corps fût séparé de ma
tête. J'ai vu, de mes yeux mortels, tous les tourments qu'on a fait
souffrir à mon corps. J'ai vu mes chairs jetées par morceaux sur les
pavés ensanglantés. J'ai vu, jusqu'à la fin, le dernier lambeau de
ma chair avant que mes yeux ne se ferment pour toujours. Rien n'a pu
éteindre mon regard, rien n'a pu fermer mes paupières avant que
l'heure du Seigneur ne fût arrivée...
Un mot maintenant de la part de
Notre-Seigneur.
Oh ! Que nous portons dans notre
coeur un champ précieux et un jardin enrichi des dons les plus
célestes ! Ce champ, ce jardin, c'est l'âme du frère chrétien ou de
la soeur chrétienne. Notre-Seigneur désigne à tout chrétien un
martyre sur la terre, un martyre non semblable. Dieu veut des uns
leur sang et des autres un martyr de souffrances, d'angoisses et
d'accablement. Mais ce qui doit nous réjouir sur la terre c'est que
nous existons par la Volonté Divine et que nous sommes plantés sur
la terre du Seigneur pour faire fructifier les saintes vertus si
nécessaires.
Notre-Seigneur adorable nous
donne à tous, du haut du Ciel, un fil de Sa plus Divine Tendresse.
C'est par ce fil que Dieu nous dirige, nous fait marcher et nous
conduit. Quand on dit je marche seul sur la terre, non, chers
frères, vous ne marchez pas seuls ! Le fil de l'immense Amour de
Dieu et de Sa tendresse vous conduit, vous dirige et vous suit
partout. Personne ne marche seul. Toute âme a ce fil de tendresse
pour se guider et se diriger. Notre-Seigneur, du haut du Ciel, se
fait notre conducteur et notre guide. Le coeur et la puissance de
l'homme sont bien faibles en comparaison de l'immense puissance de
Dieu. Le coeur de l'homme est bon. Il est généreux, sensible. Mais
rien de ses bontés, rien de ses sensibilités, rien de ses
compassions, n'approche du Divin Coeur de notre Père du Ciel tant II
est Bon, tant II est tendre, tant II est plein d'amour ! Il ne faut
pas vous considérer sur la terre comme étant seuls, délaissés et
abandonnés. Si un pasteur s'éloigne et semble devenir indifférent
pour certaine de ses brebis, le Divin Pasteur des âmes la
délaisse-t-il ? Non, II la recueille, II la caresse, II la console.
Pourquoi ce pasteur est-il indifférent ? Il a, dans son coeur, un
rayon où vit et règne la charité, où elle séjourne et s'accroît.
Mais la charité s'est flétrie, s'est écroulée avec douleur. Une
veine de son coeur s'est brisée et c'est peut-être la plus
nécessaire à lui-même et pour son bien et pour ses grâces.
Dieu n'aime pas l'indifférence.
Dieu veut que le pasteur aime toutes les brebis de son troupeau car
Dieu n'est point indifférent. Il protège, II conserve l'impie, II
lui donne Ses biens. Il fait pousser dans son champ ce qu'il fait
pousser dans le champ du chrétien fidèle. Dieu est juste et II a
communiqué cette justice à tout coeur sur la terre. Vivons de Sa
justice ! Imitons Sa charité !
Vous, frères de la Croix, qui
êtes appelés sur la terre à porter les immenses trésors des
bienfaits de Dieu, ces trésors, ce sont les croix que le Seigneur
vous donne. Vous n'êtes pas écrasés. Vous n'en sentez même pas la
pesanteur parce que vous êtes appelés à porter le fardeau, vous êtes
comptés pour Ses vrais disciples. Voilà pourquoi le fardeau est
léger. L'âme qui n'est point appelée à porter le fardeau est
écrasée, elle est dans les angoisses parce qu'elle n'est point
appelée à entrer dans la demeure des disciples choisis du Seigneur.
Le chemin de notre vie sur la
terre, qui nous paraît si pénible, si douloureux et quelquefois si
ténébreux aux yeux de notre corps, est, pour les yeux de notre âme,
rempli d'étoiles et de lumières. Il est plus brillant que le jour,
en plein été, éclairé par les rayons du soleil.
Il y a, sur la terre, beaucoup
d'âmes qui ne veulent rien croire de ces Divines tendresses et de
ces Divines bontés. Ces âmes ont une Foi tellement faible que, s'il
fallait pénétrer dans l'intime de leur âme, on trouverait ce pâle
rayon de la Foi presque anéanti, presque rongé par la volonté et la
pensée incrédules produites par ce manque de Foi et de confiance.
C'est le manque de Foi, c'est la Foi rongée, c'est la Foi ternie et
éteinte par l'esprit dur et rebelle qui leur fait croire que la Foi
n'est pas un progrès dans la vie de l'homme.
Sans la Foi, il est défendu à
l'homme de faire un progrès, un seul acte qui plaise à Dieu. La Foi
est le trésor. Le manque de Foi, c'est l'enfer ténébreux. Il y a des
esprits incrédules qui forgent dans l'esprit de l'homme cette idée
que Dieu n'existe pas réellement dans toute Sa Puissance ou bien
qu'il met Sa Puissance dans le soleil, dans les étoiles ou tout
autre chose. Ils leur font croire que Dieu, en existant dans ces
deux parties, le soleil et les étoiles, n'existe plus sur la terre
ni dans Sa Puissance. Qu'Elle est toute dans ces deux objets.
Quelle folie ! Quelle légèreté !
Quelle imprudence ! Puisque Dieu est partout à la fois ! Portez vos
croix et parcourez le chemin de la mort qui est établi sur cette
terre. C'est en quittant cette terre, qu'on entre dans la vie. Les
croix sont si précieuses, elles sont si riches, elles renferment
tellement d'amour, de bonheur, qu'une fois que l'âme a pénétré ces
tendresses, on ne peut plus la ravir ni l'arracher de ces immenses
fournaises qui se trouvent en elle. La croix fait monter l'âme au
Ciel, rapidement, légèrement. La croix donne à l'âme d'immenses
avantages, d'immenses faveurs, car toutes les âmes embrasées de cet
amour sont regardées miséricordieusement par les yeux Divins de
Notre-Seigneur. L'arrivée au Ciel est pour elles une joie. Dieu les
récompense doublement quand elles arrivent à Lui pour toujours. Vous
qui avez l'expérience de la souffrance et de la douleur de la Sainte
Croix, vous verrez, un jour, si ma parole adressée à vos âmes ne
sera pas pleine de douceur, de charmes et de délices au Souverain
Tribunal du Seigneur.
Maintenant, je me retire.
Courage, chers frères et soeurs de la Croix, votre partage est beau
car vous avez la Croix qui a été le partage de tous les Élus, de
tous les Saints qui règnent dans la Gloire ! Persévérez à travers
tous les temps et jusqu'à la mort ! Je vous souhaite paix et
courage...
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Visite de Saint
Distérique, Évêque
Extase du 29 octobre 1878
Saint Distérique est probablement un
Martyr des premiers siècles.
- Je suis saint Distérique,
Évêque et martyr pour la cause de la Sainte Religion et pour avoir
soutenu la Sainte Église notre Mère à tous. J'ai été frappé durement
sur toutes les parties du corps... Je fus ensuite étendu sur un
chevalet et frappé de nouveau terriblement. Je reçus, comme
Notre-Seigneur le coup de lance de la main de mes bourreaux. Je fus
laissé baignant dans mon sang sur les pavés en attendant que
quelques âmes charitables donnent la sépulture à mon corps...
Maintenant, un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Oh ! Que l'amour de
Notre-Seigneur est fort ! Qu'il est doux, quand on le goûte dans la
soumission. L'amour fait vivre les âmes. L'amour orne le coeur de sa
Divine chaleur et de sa tendresse délectable. Que peut-on craindre
quand on possède l'amour du Sauveur ? ... Sachez-le bien, sur la
terre tous les hommes souffrent. On y est accablé de douleurs et de
peines. Mais les mérites de ce partage sont si grands, si parfaits
et si nobles aux yeux du Bon Sauveur ! Voilà pourquoi II nous visite
amoureusement avec Ses peines et Ses douleurs dès que nous Lui
sommes agréables... Sur la terre il y a des âmes qui jouissent du
bonheur de la consolation, il y en a d'autres qui semblent
abandonnées et ne sont l'objet d'aucune charité, semble-t-il.
Notre-Seigneur regarde ce mépris comme une grande et coupable
indignité parce que Lui-même aime toutes les âmes, parce qu'elles
Lui sont toutes d'un prix infiniment précieux. Notre-Seigneur veut
aussi, quelquefois, Se faire Lui-même le Père consolateur de ces
âmes. Voilà pourquoi II veut qu'elles n'aient aucune consolation,
aucune assurance, aucune lumière de la part des hommes.
Notre-Seigneur adorable a tous les pouvoirs, toutes les grandeurs.
Il peut faire tout ce qu'il veut et tout ce qu'il fait est fort et
puissant. Tous les hommes, ensemble, sont incapables de faire la
plus petite part de ce que Dieu fait Lui-même. Ils semblent y
toucher mais ils en sont très, très loin.
Voilà pourquoi tout ce que Dieu
fait, tout ce qu'il commande résiste aux hommes et leur résistera
par une force puissante. Pourtant, on trouve sur la terre des âmes
qui semblent vouloir blâmer Dieu et vouloir Lui commander !
Qu'est-ce que la parole de l'homme, de la créature ? C'est un
souffle que le vent emporte... Notre-Seigneur adorable ne demande ni
conseils, ni pouvoirs, ni permissions aux créatures, pour faire ce
qu'il veut. Voilà pourquoi on doit se soumettre simplement et sans
raisonnement. Dieu fait ce qu'il veut... Tout ce qu'on souffre pour
la gloire de Son Nom sera un jour richement compté et récompensé...
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Visite de Saint
Paulin, Évêque et Martyr
Extase du 04 novembre 1878
Il s'agit de saint Paulin de Trêves,
ville d'Allemagne. D'origine gasconne, il fut le défenseur de saint
Athanase, grand Docteur de l'Église qui combattit toute sa vie
l'hérésie arienne qui niait la Divinité du Christ. Cette terrible
hérésie fut condamnée par le Concile de Nicée en 325. Mais les
persécutions des catholiques fidèles furent très rudes et très
longues. Saint Paulin fut exilé par l'Empereur arien Constance et
mourut en 355. Fête le 31 Août. (Ne pas confondre avec saint Paulin
de Noie (353-431) et fête le 22 Juin.)
- Je suis saint Paulin, Évêque de
Trêves et Martyr. Voici la cause de mon glorieux martyr.
Notre-Seigneur me favorisait des dons de Sa tendresse. J'eus à subir
d'affreux mécontentements, des jalousies et des persécutions parce
que j'étais aimé du Ciel et favorisé de ses dons. J'ai persévéré
plusieurs années sous ce fardeau des plus terribles angoisses de la
part de mes frères et aussi de quelques soeurs. En même temps la
persécution éclata et la Main du Seigneur s'appesantit sur la terre
comme Elle est encore prête à le faire aujourd'hui. Je fus dénoncé
aux juges cruels qui étaient au service des empereurs. On m'ordonna
d'abjurer ma Foi et de renoncer à Dieu et à mon Sacerdoce.
Aussitôt, je pris la parole et je
leur dis : "Voici mon corps. Disposez de ma vie, faites ce qu'il
vous plaira. Je mourrai Chrétien, dans mon Sacerdoce." Je fus mis
ensuite à la torture. On me lapida cruellement. Puis mon corps fut
moulu dans une sorte d'instrument qui représentait une meule ronde
et pesante en fer. Je fus écrasé. Ensuite les bourreaux ordonnèrent
de jeter de sous cette meule ma chair en lambeaux, brisée et
mutilée. Mon corps moulu fut recueilli par quelques nobles âmes qui,
elles aussi, se dérobaient à la fureur des barbares. Ma chair brisée
fut mise au repos dans la terre bénite.
Un mot maintenant de la part de
Notre-Seigneur.
Que l'amour de Dieu est fort
quand nous savons ne le puiser qu'en Dieu seul et en Sa Sainte Croix
! Cet amour ne se mélange point avec l'amour humain, avec l'amour de
la créature qui n'est qu'un amour sans valeur, sans mérite et sans
profit. Car cet amour du monde est-il pur ? Est-il sans mélange ?
Non, il est tout mélangé
d'imperfections ou bien d'un manque de saveur parfaite. L'amour de
Dieu rend l'homme généreux. Seul, il le rend plus fort que toute
l'armée d'un roi composée de milliers de soldats parce que cet amour
de Dieu, c'est Dieu même. C'est Lui seul qui fortifie l'homme et lui
donne une aisance de force pour tout vaincre et pour remporter la
plus belle victoire.
Où s'abreuve l'amour de Dieu, si
ce n'est à la Source Sacrée de la Puissance de Dieu ? Il ne
s'abreuve point dans la pensée des créatures, ni dans la
conversation des humains. Se trouve-t-il dans leur beau langage ?
Selon saint Chrysostome, dans ce langage doré ? Non, il ne se trouve
que dans la pure humilité, dans la pure charité, dans la pure
perfection. Voilà où se trouve ce pur Amour de Dieu.
L'Amour de Dieu est-il toujours
d'accord avec la conversation des créatures, conversation sur toutes
choses ? Non, l'amour n'est d'accord que dans la conversation
purement divine de Dieu. Voilà où se trouve cette union d'accord
entre l'Amour et la conversation des humains. C'est sur la Bonté de
Dieu. Pour goûter ce pur Amour et pour trouver la profondeur de sa
richesse, gardons un silencieux respect, aimons être retirés dans la
solitude. C'est là que l'âme pourra entendre les leçons de l'Amour
de Dieu.
L'Amour de Dieu entre-t-il par la
porte humaine de la conversation sur la terre ? Non, il entre par la
porte silencieuse du respect et de la solitude. Mais souvent,
beaucoup de chrétiens ne pensent pas à ouvrir cette porte. Ou bien
ils la laissent fermée par cette grande occupation de la
conversation, de l'amour troublé, amour humain, amour qui dégrade la
demeure de l'âme, amour qui resserre le champ du coeur, amour qui
produit des tempêtes trop souvent dans l'esprit, l'âme et le coeur.
L'amour de la Sainte Croix se
mêle à l'Amour de Dieu. Ils se fortifient tous les deux à la fois.
Mais beaucoup ont cet amour de la Croix et, au milieu de cet amour,
le germe de l'orgueil existe encore. L'amour de la Croix n'est donc
alors ni dans l'âme, ni dans le coeur, puisqu'il ne règne jamais là
où le germe de l'orgueil n'est pas flétri, arraché et dispersé.
Il faut donc une attention bien
grave et bien réfléchie à cet amour de la Croix. Cet amour est fort,
il est puissant. Mais il a des ailes. Dès qu'une pensée de vanité ou
d'orgueil, dès qu'on a cette pensée de se croire quelque chose, dès
qu'on est heureux d'être honoré, aussitôt cet amour ouvre ses ailes
et prend son vol, il reste suspendu. C'est alors le germe de
l'orgueil qui envahit la demeure de l'amour de la Croix. Il y répand
une épaisse fumée et, sous cette épaisse fumée, l'orgueil bondit,
s'étend et se fait maître d'une propriété qu'il a acquise par
l'amour de l'esprit qui se croit bien capable et bien puissant, par
l'amour de la pensée qui se croit capable de grandes choses, par
l'amour de la chair qui se croit d'une grande valeur.
Voilà ce qui donne une large
étendue à l'orgueil funeste qui ronge, qui dégrade, qui fait
dépérir.
Pourtant, aujourd'hui, c'est le
grand règne, c'est le grand triomphe. Beaucoup se disent humbles de
bouche mais au fond ils pensent autrement !
Courage et Espérance, chers amis
de la Croix. Notre-Seigneur vous a fait ce beau partage, mais pour
un temps, car voici la pensée de Dieu écrit visiblement. Les
premiers qui porteront le fardeau de Ma Croix en sentiront une
profonde pesanteur. Mais les seconds, sur qui doit retomber ce
fardeau accablant, en ressentiront un poids trois fois plus pesant
que les premiers qui l'ont étrennée et l'ont portée avec courage.
Voilà ce qui est écrit dans la pensée de Dieu, à l'entrée de ce
degré nouveau. Courage ! Votre partage a été douloureux, mais la
récompense sera plus glorieuse. Je vais prier pour vous...
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Visite de
Saint Victorien, Évêque et Martyr
Extase du 28 novembre 1878
Saint Victorien est un Évêque qui
fut martyrisé en 484 par les Vandales, peuple germanique dont
certains rois étaient ariens, c'est-à-dire qu'ils niaient la
Divinité du Christ et persécutaient les catholiques fidèles. C'est
un Martyr de l'Eucharistie. Beaucoup de prêtres, d'Évêques, de
diacres et de fidèles, préférèrent mourir plutôt que profaner ou
laisser profaner l'Hostie consacrée, témoignant par là leur Foi en
la Présence Réelle de Notre-Seigneur, avec Son Corps, Son Sang, Son
Âme et Sa Divinité dans le Saint Sacrement de l'Autel.
- Je suis saint Victorien, Évêque
et Martyr. J'ai été martyr pour mon Dieu, préférant la mort plutôt
que de livrer mon Divin Trésor.
Caché sous mes vêtements, sur mon
coeur, je Le ravissais à la cruauté des Barbares... Je fuyais et je
portais Jésus sur mon coeur. Je fus arrêté par la garde de
l'Empereur si redouté et si cruel. Je fus lié, fouillé et dévêtu.
Mon corps fut livré aux flammes et aux instruments de supplice.
Toujours ma main droite reposait sur ma poitrine pour garder le
Trésor que je portais. Je tombais à genoux et je priais
Notre-Seigneur de bien vouloir S'arracher Lui-même de mains
sacrilèges puisque j'étais lié et entouré par les ennemis de ce
Divin Roi. Après cette prière, on me traîna enchaîné au lieu du
supplice d'où j'allais quitter la terre. Le précieux Trésor reposa
encore sur mon coeur. Quelle douleur de livrer mon Sauveur ! Dès que
l'épée fut sur le point de traverser mon coeur et mon corps, je
sentis une douce consolation. Notre-Seigneur se détachait doucement
de sur mon coeur et s'élevait au-dessus des hommes barbares sous la
forme de l'Enfant Jésus, le plus tendre, le plus aimable pleurant
des larmes de douleur. Tous les barbares ne firent aucun cas de
cette merveille Divine. Au contraire, leur rage et leur férocité
redoublèrent. Ce fut là que je reçus la palme des vainqueurs. Mon
coeur était brisé, mon corps transpercé et ma tête séparée.
Maintenant un mot de la part de
notre Seigneur.
O riche souffrance, qui renferme
une si abondante moisson Divine et où Notre-Seigneur trouve les
perles précieuses pour former nos couronnes ! Chers frères et chères
soeurs, si nous pouvions entrer dans le secret du bonheur qui est le
secret de la souffrance, après qu'elle est rentrée en nous, nous
pourrions dire : " J'ai vu, j'ai goûté, tout ce que le Ciel possède
de plus doux et de plus heureux ! "
Voici le moyen d'entrer dans le
secret. C'est d'abord la complète et parfaite résignation qui nous
fait jouir du Ciel avant d'avoir goûté le vrai repos éternel. O trop
peu honorée souffrance, que tu as de charmes pour le coeur du
chrétien fidèle ! Tu fais en son coeur le commencement d'un Paradis,
le commencement d'un rassasiement presque complet, en attendant que
le rassasiement éternel vienne étancher la faim et la soif pour
toujours. Vos souffrances sont des épis d'or. Ces épis sont chargés
d'une riche moisson qui est un autre amour qui entre dans le germe
de l'Amour Immortel. Ces deux amours se joignent et la complète
réalité se fait en sortant de cette vie. Chers frères et chères
soeurs, vous qui souffrez maintenant, ne sentez-vous pas ce flot de
bonheur qui vous soulève, qui vous dilate ?
Ce torrent Divin vient du Ciel.
Il opère dans vos souffrances humaines, il les change et il les
transforme de sorte qu'elles brillent aux yeux du Seigneur comme de
riches diamants. Et Dieu, fier de vos généreuses souffrances, vous
envoie encore le double de grâce et de force...
Chers frères et chères soeurs,
l'âme qui n'est pas sur la Croix, l'âme qui ne ressent aucune peine
et aucune douleur, n'est pas encore entrée dans la route qui mène
doucement au Ciel. Par sa douceur, cette voie charme vos âmes et
leur donne l'enivrement de sublime Espérance... Qu'il est doux de
s'endormir dans le Seigneur après de longues épreuves de souffrances
et de peines ! A tous, courage !
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Visite de Saint
Hermenegilde, Martyr
Extase du 02 décembre 1878
Saint Herménégilde était le fils du
roi des Wisigoths d'Espagne, au sixième siècle. Il épousa la fille
du roi des Francs d'Austrasie et, malgré l'opposition de son père
qui était Arien, il se convertit à la Foi Catholique. Emprisonné,
puis mis à mort le 13 Avril 586, il alla jouir au Ciel d'une royauté
qu'il avait su préférer aux royaumes de la terre. Fête le 13 Avril.
- Je suis saint Herménégilde,
j'ai souffert le martyr pour mon Dieu et pour Sa Sainte Cause.
J'étais né d'une haute condition, d'une famille de noblesse. Il y a
des peines et des croix partout, chez le riche comme chez le pauvre.
On essaya d'ébranler ma Foi et
mon courage en me menaçant de tortures et de mort. Je me levais et
je dis à mes bourreaux : " Je suis chrétien et soldat de
Jésus-Christ. Ma vie est en votre pouvoir, mais mon âme ne reniera
jamais ma Foi et mon Dieu ! " On décida ma mort et j'entendis
prononcer ma condamnation. Je restais inflexible, ma Foi et mon
courage m'animaient et me fortifiaient. Je fus lié et traîné sur le
pavé et fus déchiré par les coups et les instruments de supplice.
Ensuite, cette demande me fut faite : " Es-tu décidé à obéir pour
conserver la vie ? Tu es d'une branche élevée, nous espérons que tu
tiendras à ton titre. "
Aussitôt, j'ouvris ma tunique, je
pris le Crucifix que j'avais dès ma jeunesse et je leur dis : "
Voilà mon Titre ! Voici ma Gloire ! Voici mon Bien !
Ces trois paroles irritèrent
fortement les tyrans et il fut ordonné de me trancher la tête. Je
montais au lieu du supplice en chantant en mon âme le cantique du
départ de la vie et de l'entrée dans la gloire. Je reçus plusieurs
coups bien terribles sur mon corps et dans les parties les plus
sensibles. Rien ne m'ébranla, je persévérais et je mourus chrétien,
enfant de Dieu et de Son Église. On me trancha la tête en
blasphémant et en se moquant. Mais tous ces blasphèmes et ces
moqueries ne purent me donner une seule pensée de distraction. On
laissa tomber l'instrument du supplice et ma tête fut séparée de mon
corps. Jamais une joie et un bonheur si doux. Jamais tant de paix
n'avaient régné dans mon âme. Le bourreau et le chef de mes
exécuteurs ordonnèrent que mon corps fût jeté loin de ce lieu car on
me regardait comme un poison infect. Mon corps fut traîné dans un
lieu écarté et là je restais des semaines entières, quand un
voyageur inconnu et déguisé passa en ce lieu. O Douce Providence !
Il recueillit mon corps, l'enveloppa dans une partie de son vêtement
et le fit reposer sous une pierre qui se trouvait en ce lieu. C'est
là que le Seigneur fit manifester plusieurs fois Sa gloire. Plus
tard, quand tous ces temps de désordre furent passés, mon corps fut
rapporté par la main des chrétiens puis déposé en terre bénite dans
le lieu où l'on enterre tous les chrétiens. Le Seigneur récompensa
mon martyre en faisant des prodiges et des miracles au sujet de mon
courage et de ma Foi.
Maintenant un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Chers frères et chères soeurs,
sur cette terre que vous habitez encore, gardez votre courage,
mourez plutôt que de livrer votre âme qui est un Temple Divin.
Oh ! qu'on puise de force sublime
dans la Foi chrétienne ! ...
Oh ! Qu'on puise de sublimes
récompenses et de richesses dans la souffrance de cette vie ! Elle
est un couronnement de gloire dès cette vie mortelle ! ... La
souffrance est une fontaine qui nous lave et nous purifie ; elle
développe le germe immortel que la mort ne peut détruire. Ce germe
immortel que la mort n'atteindra pas, c'est la sainteté produite par
la souffrance.
Vous tous, chers frères et chères
soeurs, vous êtes les prisonniers du Calvaire, les prisonniers de la
parole de Marie, les prisonniers de la rosée féconde des Plaies
Sacrées du Sauveur. Votre prison n'est point construite de pierres
et de terre. Elle est construite de perles mélangées de diamants.
Voilà les murs de votre prison. Elle est close et couverte par la
Divine et Suprême Volonté de Dieu. Elle est comme meublée de
souffrances, de privations, de sacrifices de persécutions et de
mérites... Votre prison est pavée par les pensées, les paroles
Divines de Notre-Seigneur. Elle est embaumée du parfum du Coeur de
Marie et la flamme qui vous réchauffe n'est pas produite par le bois
de la terre, c'est l'Amour de Jésus qui est le foyer de votre
prison, c'est l'amour de la Croix qui est le bois de la flamme,
c'est l'amour du Coeur de Marie qui embaume cet asile après Jésus...
Au pied de la Croix, c'est là
qu’a toujours été le divin rendez-vous où toutes les âmes ont reçu
la préparation de la couronne immortelle. C'est au pied de la Croix
que cette couronne se donne. Je vous quitte, courage !...
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Visite de Saint Cassien,
Martyr
Extase du 03 décembre 1878
Saint Cassien d'Imola (Ville de
l'Italie du Nord) mort Martyr en 250
Fête le 13 Août avec saint
Hippolyte.
- Voilà mon nom, je suis saint
Cassien, Martyr. J'ai été martyrisé par mes élèves, dont j'étais
l'instituteur, choisi pour leur apprendre les vérités de la religion
catholique. Voici les projets que tramaient contre moi mes élèves
II semble que ces étudiants
païens aient été poussés à ce geste par un magistrat impérial,
reprochant à cet enseignant son refus de rendre un culte aux idoles.
Me voyant absorbé dans la prière
contemplative, l'esprit mauvais souleva une grande discorde parmi
mes élèves. Et ce fut, une nuit, tous rassemblés, qu'ils me
percèrent de flèches et ensuite de rasoirs forts comme des épées.
Ils me garrottèrent et me fermèrent la bouche. C'est de leurs mains
que j'ai souffert le martyre. Une partie s'enfuit rapidement. Deux
seulement, tourmentés par le remords, restèrent près de mon corps
inanimé et couvert de blessures. Ils se sentaient pressés d'avouer
leur crime. L'un d'eux se dirigea vers le ministre qui absout et
pardonne et aussitôt, la justice des hommes entra dans ma demeure et
là, le crime de ces jeunes coeurs fut reconnu. Mais, j'obtins près
de Dieu, qu'ils fussent épargnés et qu'ils échappassent à la justice
qu'ils devaient subir. L'Ange apporta la banderole roulée qui
contenait cette demande de pardon et ils furent épargnés. Mais ils
furent regardés comme les bourreaux d'un père et comme les ouvriers
de la malice infernale. Trois furent frappés de mort subite et les
deux repentants se firent plus tard pénitents et solitaires pour
expier leur crime.
Dieu récompensa généreusement Son
Martyr. Depuis ma mort, le Sauveur laissa demeurer au lieu de mon
martyre, une étoile flamboyante qui, chaque jour était visible. On
venait, dans ce lieu, prier avec vénération, et le Sauveur accordait
des prodiges. Au lieu de mon martyre fut élevée une chapelle qui
porte mon nom.
Maintenant, un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Chers frères et chères soeurs,
veillons autour de nous ; quelquefois, le monde est plus à craindre
que les démons. Les démons ne donnent pas la mort à l'homme et le
monde attente à la vie de l'homme. Le monde aime le meurtre de ses
frères et de ses soeurs. Il est sans pitié quand la rage des cachots
ténébreux le pousse dans la plus grande profondeur du mal. Chers
frères et chères soeurs, mettons notre confiance en Dieu, notre
Père, et disons à nos Anges Gardiens : "Montez la garde autour de
nous, car des pièges sont tendus à tous les hommes." Des noirceurs
de jalousie tourmentent le coeur des hommes contre leurs frères !
Pourquoi cette cruelle jalousie ?
Parce que, toujours, les âmes qui aiment Dieu et qui Le font aimer
de toutes leurs forces, sont haïes et persécutées. C'est un Cachet
Divin, chers Frères.
Vous le portez visible et non pas invisible. Voilà pourquoi on lit
dans vos paroles et dans votre coeur, dans votre visage, dans vos
forces et dans tout le Bien qui vit en vous, on lit que vous êtes
les âmes choisies, bénies, entourées des tendresses de Dieu. Voilà
ce qui fait la rage des hommes qui n'aiment pas Dieu, ni Sa
Religion.
Chers frères et soeurs, à
l'exemple du Divin Crucifié, soumettez-vous et pardonnez à tous vos
ennemis. Ce pardon ouvre la porte du Ciel, attendrit le Coeur de
Dieu et donne à l'âme une rosée fortifiante. Chers frères et chères
soeurs, vous n'aurez sur la terre qu'un seul et sûr asile, c'est
dans les Plaies Adorables du Sauveur que vous êtes en sûreté, dans
cette prison d'amour et de tendresse.
Le monde fait souffrir et endurer
une espèce de martyr qui est quelquefois plus douloureux que le
martyre du fer, le martyr du supplice, parce que le monde fait
languir, tourmente sans sujet. Le monde crucifie lentement, tandis
que le martyr du fer se fait rapide. Le Seigneur a Ses yeux ouverts
sur celui qui souffre, qui est accusé, poursuivi, calomnié. Dieu
fait briller la route qu'il parcourt, chargé de montagnes de toutes
sortes de persécutions. Devant vous on voit marcher une troupe
d'élite et de Bienheureux. Ce sont vos Anges Gardiens qui portent
vos croix, les montagnes de vos persécutions. Et vous marchez, vous,
chers frères et soeurs, déchargés et librement. Les hommes croient
vous appesantir sous le poids si lourd et vous ne sentez que la
légèreté d'un bienfait amoureux...
Marchons courageusement à travers
cette vie de souffrances, arrosons-la de nos sueurs et de nos
larmes. L'Époux Éternel vient à la rencontre de ceux qui souffrent
et qui pleurent, retenus par des chaînes de captivité sans motifs et
sans crimes. Le Seigneur essuie les larmes de Ses Élus et leur
montre le diadème éternel et leurs noms inscrits sur Son Coeur.
Courage ! Vous qui êtes encore
dans la mort. Bientôt vous serez dans la Vie où il n'y aura plus de
peines, plus de larmes, ni d'angoisses. C'est le Bonheur Éternel.
Priez, chers frères. Je vais prier pour vous. La Main du Seigneur
menace de frapper. Son Regard irrité dit à la terre de se tenir en
garde. Sa promesse console et fortifie les justes et écrase les
pêcheurs (non repentants) comme un grain de poussière.
Au Ciel, on est heureux. Au Ciel,
on est nourri d'amour. Au Ciel, on vit de délices. Au Ciel, on
adore, on aime, on jouit des délices de l'amour. Chers frères et
chères soeurs, je vous souhaite cette arrivée triomphante de
bonheur...
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Visite de Saint Jules,
Martyr
Extase du 12 décembre 1878
Saint Jules est un Martyr des
premiers siècles, probablement sous Dioclétien. Il existe plusieurs
Martyrs à ce nom. La cruauté des bourreaux orientaux était
particulièrement raffinée dans sa volonté de défigurer et d'abaisser
ses victimes. Il y a là, la signature de l'adversaire !
- Je suis saint Jules, Martyr
pour la cause de Dieu, pour avoir soutenu l'infaillibilité de
l'Église de Dieu... Je fus arrêté, enchaîné et torturé... Mais les
menaces et les tortures n'ont point ébranlé ma Foi et mon courage.
Je fus jeté dans un cachot obscur, chargé de lourdes chaînes pendant
trois matinées. Je fus flagellé. Tout mon corps déchiré ruisselait
de sang. A nouveau interrogé, je répondis à l'Empereur : " Je veux
mourir chrétien, dans la Foi catholique. " Je fus alors lié à un
énorme poteau de fer qui contenait des charbons ardents. J'eus les
reins brûlés. On me scia ensuite par morceaux. On sépara mes bras,
mes pieds. Enfin, on scia mon corps en deux et on le jeta dans une
chaudière d'huile bouillante. Voilà comment je terminais mon
martyre. Je rendis mon âme à Dieu dans les plus cruels tourments,
mais dans la joie la plus grande et la plus douce...
Ce ne fut que plus tard, quand la
paix fut revenue, que les corps des martyrs reçurent la sépulture.
Dieu garda notre chair intacte.
Maintenant, un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Notre-Seigneur adorable, du Ciel,
nous communique les grâces divines. Il nous en fait les héritiers et
les héritières. Aujourd'hui, comme autrefois, Le Seigneur répand
d'abondantes bénédictions sur la terre. Les moissonneurs sont les
moins nombreux ! Heureux celui qui moissonne les bénédictions du
Seigneur ! Le vrai serviteur du Seigneur adorable n'est jamais
abattu, n'est jamais troublé. Il y a en lui une force surhumaine,
communiquée par la grâce divine...
Ne craignez pas la colère des
hommes. Ils ont beaucoup de paroles, ils semblent très forts, mais
aussitôt qu'un souffle du Ciel arrive sur eux, ils sont aussi
faibles que le roseau ! La puissance de Dieu montre à l'homme
orgueilleux que sa voix n'est rien !...
Laissez le monde vous dresser un
calvaire, mais ne lui permettez jamais de vous aider à y monter !
Quand ce trône vous sera préparé à vous tous, montez tranquillement
avec l'aide du Seigneur, avec l'aide de Marie, de vos Anges
Gardiens, de vos Saints Patrons, de vos Frères et Soeurs du Ciel. Ne
demandez pas à ceux de ce monde de vous aider ! Quand vous serez
arrivés au lieu du Calvaire, dites au monde et à ceux qui vous ont
conduits là : " Nous voulons être immolés ici par la volonté et la
main du Seigneur. Retirez-vous, vous qui nous avez élevé cette
montagne et planté ce calvaire, laissez-nous méditer, en silence,
les humiliations d'un Dieu souffrant !... "
Vous êtes tous livrés à une
grande bataille. Munissez-vous d'armes puissantes. Voici celle qu'il
vous faut : C'est l'arme de la Sainte Volonté de Dieu, de la sainte
soumission à la Sainte Volonté de Dieu... Le monde crie : " A mort
le chrétien ! Mort à sa Foi ! Mort aux Pasteurs ! Mort aux sujets de
la Croix ! Mort à l'Esprit ! " Mais la Croix triomphe, c'est la mort
de l'enfer, c'est l'Arme qui résiste à tout ! Courage ! ...
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Visite de Saint Céleste,
Martyr
Extase du 16 décembre
Saint Céleste est un Martyr des
premiers siècles. Il existe plusieurs Saints Célestin. Merci aux
amis qui pourraient nous donner des précisions. D'après le texte, il
serait plus connu hors de France (Italie)
- Je suis saint Céleste, Martyr.
Mon nom est connu, mais pas dans votre pays. J'ai souffert pour la
gloire de Notre-Seigneur au temps des grandes persécutions, au temps
où le Ciel recueillait tant d'âmes que notre Époux couronnait... On
voulait me faire renier Dieu ou me mettre à mort. J'ai préféré
donner ma vie et garder dans la Grâce mon âme chrétienne. Quand on
vit que je restais inflexible, l'Empereur ordonna à ses serviteurs
de me lier les mains derrière le dos, et je reçus au coeur trois
coups de lancettes. Je persévérais dans mon refus. On me couvrit de
lourdes chaînes et on m'attacha sur un chevalet. On me couvrit le
corps de vers, qu'on y fit entrer par des ouvertures dans ma chair.
Puis mon corps fut enfermé dans une sorte de chemise de fer, garnie
de pointes, qui me déchiqueta. Je fus ensuite jeté dans une vasière
et enfin mon corps fut jeté sur la place et foulé aux pieds de sorte
qu'il n'avait plus rien d'humain. Avec un grand nombre de Martyrs,
je fus jeté dans une rivière. Le calme et la paix rétablis, nous
reçûmes la sépulture de la main des chrétiens qui avaient échappé à
la main des cruels empereurs.
Maintenant, un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Chers frères et chères soeurs, si
le chrétien fidèle n'avait pas devant les yeux le divin Crucifié, il
lui serait bien pénible de faire face aux cruautés des hommes. Le
divin Crucifié est le Livre qui prêche la Foi et le courage de l'âme
chrétienne. Vous ne trouverez nulle force, nulle espérance en dehors
de ce Divin Modèle. C'est là qu'est la science de vos âmes, de vos
esprits, de vos pensées. Enfermez-vous dans la Doctrine de
l'Homme-Dieu, méditez en silence la grandeur de ses vérités et, là,
vous sentirez le courage de tout affronter, périls, douleurs et
mort... Et vous, Pasteurs, vous devez monter les premiers la Sainte
Montagne où s'accomplit le Sacrifice de l'immolation qui est aussi
un martyre.
Soyez sûrs que le Seigneur ne
tardera pas à faire éclater la rigueur de Ses promesses car tout est
à son comble. Aujourd'hui, le mal est vainqueur. Il est entré dans
la Cité et le Seigneur est délaissé... Savez-vous ce qui retient la
Justice du Seigneur ? Ce sont vos prières, ce sont les sacrifices et
le dévouement de ceux qui, par charité, partagent les souffrances
des uns et des autres. Ceux-ci sont la part du Seigneur ! C'est le
plus petit nombre ! C'est le troupeau béni !
Les temples du Seigneur sont
regardés avec un oeil féroce par la plus grande partie des habitants
de cette terre. Les âmes des Pasteurs leur font horreur et cette
pensée bouillonne dans leur intérieur : " J'espère porter la main
sur toi et t'arracher ton pouvoir ! " N'ayez pas peur ! La
Miséricorde du Seigneur est sur vous !
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Visite de Saint Vital,
Martyr
Extase du 17 décembre
Saint Vital fut victime d'une
persécution au Ilème siècle à Milan, avec son épouse
sainte Valérie, mère de saint Gervais et de saint Protais. La
Basilique de Ravenne lui doit son nom. C'est saint Ambroise qui, en
393, fit rechercher et honorer les Reliques des Martyrs des siècles
précédents. Malgré cela, ces Martyrs furent considérés comme "
légendaires " en 1969 ?
- Je suis saint Vital. J'ai été
martyrisé avec mon épouse sainte Valérie. J'ai subi la mort pour mon
Dieu et pour la Sainte Église pour ne pas vouloir renier mon Dieu
qui m'a fait chrétien... Je fus pris, enchaîné et ensuite lapidé
avec des boules de plomb. Nos corps étaient transpercés de part en
part. Puis ils nous enfoncèrent des alênes très aiguës dans toutes
les parties du corps. Puis nous fûmes à nouveau criblés et lapidés.
Ensuite nous fûmes enterrés vifs dans des fosses remplies de chaux
et de terre. C'est là que nos âmes prirent leur essor. Mon épouse et
moi n'avons pas été séparés. Nous avons été enchaînés et enterrés
dans les mêmes fosses. Nous reçûmes la sépulture très longtemps
après dans cette grande ville arrosée par le sang des martyrs.
Maintenant, un mot de la part du
Seigneur.
Chers frères et chères soeurs,
armez-vous d'un courage invincible à l'approche des maux qui
menacent. Le Seigneur vous envoie Sa douce et Divine lumière qui
vous servira pour prévoir et qui vous fera sentir l'heure où la
douleur remplira la terre entière d'un cri d'alarme et de sanglots.
Ce jour de douleur est dans toute sa force... Qui attire cette
douleur ? Ce cri d'alarme ? Ce sont les péchés, les crimes, les
scandales, les abominations... Voilà le bouquet de la terre. Je ne
parle pas pour toi, Bretagne, mais à toi, terre de France qui avait
autrefois un nom si noble, toi qui avais une si grande renommée.
Aujourd'hui, tu es foulée aux pieds de tes corrupteurs et de tes
amis. Tes entrailles se sont endurcies sans pitié pour tes
enfants... Autrefois, cette terre a été couverte du sang des
martyrs. Elle a été fécondée d'une semence de grâces. Aujourd'hui,
je vois du Ciel, la Justice du Seigneur en colère contre la terre de
France. Je vois ses éclairs près de s'appesantir. Une seule fibre
les retient et les arrête encore... Il n'y a plus que le Ciel qui
puisse opérer ce prodige de victoire sur cette terre profanée... Ne
tremblons pas, les hommes gouvernent la terre, mais Dieu est le
Gouverneur du Ciel et de la terre. Persévérez dans la prière et la
colère du Seigneur n'atteindra pas ceux qu'il a promis de
protéger... Rappelons-nous que nous sommes tous les crucifiés de la
terre. C'est de la souffrance qu'on s'élève dans le triomphe, et le
triomphe conduit au bonheur éternel.
En attendant cette protection de
paix, reposons-nous en silence sur la Croix de Notre-Seigneur,
disons-Lui avec soumission et résignation : " Seigneur, nous voici,
faites de nous ce qu'il vous plaira ! " Cette parole peut braver et
renverser les desseins de vos ennemis... Vous êtes sur la terre de
mérites où l'on gagne des trésors si précieux que le Ciel
récompense. Continuez votre route et au bout vous recevrez la
couronne des vainqueurs !
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Visite de Saint Serge,
Martyr
Extase du 19 décembre
Saint Serge est une jeune victime
(15 ans) de la cruelle persécution de Dioclétien, au début du IVe
siècle. Notre-Seigneur l'a recommandé Lui-même à l'attention des
auditeurs de cette extase, par l'intermédiaire de saint Vital. Cet
adolescent est une image vivante de l'Agneau Immolé,
particulièrement chère au Ciel.
- Je suis saint Serge. J'ai
souffert le martyre au printemps de mon âge. J'avais été fort
instruit dans la Sainte Religion Catholique par un père et une mère
très pieux dont j'étais le trésor d'innocence et de pureté. Voyant
ma piété florissante, le ciel faisait une distinction sur mon front,
au milieu de mes compagnons.
Un jour, l'empereur qui avait
fait tant de victimes, apprit la fermeté de ma foi et mon ardeur
pour Jésus-Christ et Sa Sainte Mère. Le bruit parvint à ses oreilles
que mon père, ma mère et moi, allions visiter en secret les
Sanctuaires de Dieu, cachés dans les souterrains. Nous allions là,
la nuit, visiter Notre-Seigneur. Nous fûmes découverts. Notre
retraite fut saccagée et nous n'eûmes plus de lieu où nous réfugier.
Je fus dénoncé par plusieurs de mes connaissances qui avaient renié
la Foi pour sauver leur vie et s'étaient alliés à l'empereur. Je fus
pris et conduit devant l'Empereur qui me posa des questions fort
élevées, malgré sa
barbarie. Je répondis et je fus inflexible. Le Ciel manifesta sur ma
personne, dans le palais, un prodige bien éclatant. Tout à coup, je
me trouvais environné d'une lumière resplendissante, mon front
paraissait orné d'un diadème de martyr. J'éprouvais une force, un
amour, une tendresse que je ne pouvais exprimer. L'Empereur fit
appeler ses serviteurs qui examinèrent le fait du prodige et il
resta muet pendant quelques instants. Puis, bientôt, la rage, la
colère, le blasphème retentirent autour de moi et je fus condamné à
mort avec mon père et ma mère. Plusieurs compagnons chrétiens furent
enchaînés et condamnés au même supplice. Mais leur courage était
moins grand que le mien. Je pris la parole, je les encourageais et
les félicitais du bonheur de mourir pour Jésus-Christ. Là,
l'empereur me posa lui-même un casque de feu sur la tête et me dit
en m'injuriant : " Je veux que tu souffres ce tourment jusqu'à
l'heure où tu te décideras à fouler sous tes pieds tes fausses idées
et ta pensée du Christ. "
Je répondis aussitôt : " Vous
êtes un grand homme. Vous avez le pouvoir de donner la mort et de
laisser la liberté. Mais mon choix est fait, j'ai choisi la mort. "
Cette parole excita sa fureur. Il
me fit fouetter, puis torturer et lapider. Il n'y a pas de sortes de
tourments que je n'aie endurés avec ma famille. Mon père persévéra
dans le martyre. Ma mère mourut et s'envola vers le Ciel avant nous.
Elle était appelée la première.
L'Empereur ordonna de nous
dépouiller les bras jusqu'à l'épaule et nous eûmes les bras
transpercés par de longues alênes et des lames très larges. Puis, je
fus suspendu à un poteau par les tendons des bras... Ensuite, nos
corps furent broyés dans un moulin. L'Empereur ordonna de disperser
nos chairs déchirées. Mais le Ciel en décida autrement. Le Seigneur
envoya des Anges ramasser nos chairs en lambeaux et ils les
transportèrent en lieu sûr, sur une montagne élevée. Là, nos corps
furent ensevelis avec honneur par la main des Élus du Ciel et ils
reprirent leur forme tels qu'ils étaient avant notre martyre. Le
Seigneur a fait bien des prodiges pour nous !
Invoquez-moi dans vos douleurs
intérieures et extérieures. J'ai souffert depuis l'âge où j'avais
connaissance.
Un mot de la part de
Notre-Seigneur.
Moi aussi, j'ai vu mourir sous la
main des hommes impies, le ministre du Seigneur. C'est son courage
qui a fait encore d'avantage fleurir le mien. Après la souffrance
vient la récompense. Tôt ou tard, les grandeurs du Seigneur se
manifestent dans Ses enfants !...
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Visite de la Sainte Vierge
Extase du 05 novembre
Nous avons joint, à ces visites de
Saints, quatre interventions de Notre-Dame, Reine des Saints et des
Martyrs qui sont en relation directe avec le Saint Noviciat. Il s'en
dégage l'expression de l'infinie tendresse du Coeur très maternel de
L'Immaculée. Le langage en est pur, simple, poétique, très "
franciscain. " C'est un langage simple, pour les simples, peu
accessible aux sages et aux savants selon le monde.
- C'est moi, mes enfants, qui
vient vous dire un mot avant d'entrer dans le Saint Noviciat. Mon
Fils adorable a ouvert tous Ses desseins impénétrables et II a tout
jugé. Il a ouvert toutes les Voies Divines. C'est maintenant qu'Il
va manifester Sa gloire puissante.
- Les hommes sont arrivés à leurs
dernières ressources. Ils ont épuisé les sources les plus profondes,
par l'invention, par la calomnie, par la jalousie, parce qu'ils ont
voulu tout surpasser, tout juger, tout voir par eux-mêmes, par leur
seule humanité.
Mes enfants, ils se sont servis
de la Bonté et de la Miséricorde de mon Divin Fils pour L'offenser,
pour inventer d'affreux mensonges. Eh bien ! Ils sont au bout, leur
esprit ne peut plus inventer autre chose, maintenant !
Mes enfants, quand l'affreuse
opposition de ces âmes va s'arrêter et se reposer, c'est alors que
mon Divin Fils va travailler puissamment.
Mes enfants, cette voie de la
Sainte Croix, ce noviciat d'amour a été ouvert par mon Divin Fils
pour une grande cause, pour une grande gloire, pour manifester Ses
Divins prodiges... Cette voie ne sera comprise que par les âmes
choisies que mon Divin Fils a appelées à Son service.
Marchez en sûreté, mes enfants,
c'est au pied de la Croix qu'il y a un foyer de paix pour tous les
enfants de la Croix, c'est ici qu'il y a un abri... Chers enfants,
je vous bénis, courage, gardez votre paix ! ...
Extase du 28 novembre
- C'est moi, mes enfants qui
vient vous dire un mot avant d'entrer dans le Saint Noviciat.
Mes enfants, voici mon Coeur
rempli de tendresse, d'amour et de charité. Entrez dans cette
seconde Fournaise. Vous y trouverez et vous y puiserez l'ineffable
tendresse et le bonheur. Je m'incline vers vous, mes enfants, afin
de vous communiquer toute ma maternelle bonté.
Mes enfants, je viens vous dire
avec bonheur : " Voici des fleurs fraîches et pures dans mon Coeur
Immaculé. Je viens vous les offrir, pour préparer à mon Fils un
tendre berceau, au fond de vos âmes et de vos coeurs. "
Mes enfants, voici des lys,
portant une rosée d'amour qui s'écoule dans toutes les belles vertus
que vous possédez. Formez avec ces lys de pureté le berceau de mon
Divin Fils.
Mes enfants, voici des oeillets
rouges, placez auprès des lys ces fleurs qui portent l'emblème du
Calvaire, l'emblème du Sang pur et divin qui a coulé des Membres
Sacrés de mon Divin Fils.
Mes enfants, voici d'autres
belles fleurs blanches qui portent cinq feuilles. Vous les mettrez
dans vos âmes, autour de la couronne d’oeillets. Vous placerez
ensuite, autour du Divin berceau, les autres petites fleurs qui vous
feront plaisir.
Mes enfants, je vous envoie mon
plus tendre sourire comme une bénédiction qui se répand sur vous. Je
vous fais reposer sur mon coeur. Je vous couvre de mes tendres
baisers. Je vous abrite sous mon manteau virginal.
Mes enfants, je veille avec amour
sur vous tous. Je vous suis dans vos courses. Je vous accompagne
dans vos démarches. Je vous suis partout dans vos peines ; je vous
aide à porter vos croix. Je vous accompagne au pied de l'Autel du
Sacrifice. Je recueille vos larmes sur la frange de mon manteau et
je les présente à mon cher Fils, comme des larmes de mérites, de
désir et d'appel...
Mes enfants, quand vous pleurez,
il y a, dans vos larmes, une voix implorante ; elle demande la grâce
à mon Divin Fils. Ces larmes arrosent comme une rosée féconde le
champ de mon Fils...
Marie-Julie :
- Pourquoi, Bonne Mère, nous
donnez-vous un coeur si sensible ?
- Mes enfants, l'amour sensible
est comme une étoile qui se lève de la terre et monte au firmament.
Cet amour s'en va jusqu'au pied du Trône de mon Divin Fils. Il
l'implore en secret, il Lui demande en secret et il Le supplie de
toutes ses forces.
- Bonne Mère, lequel est le plus
méritoire du désir satisfait, ou du désir non satisfait ?
- Mes enfants bénis, le désir
satisfait a son mérite mesuré, le désir non satisfait a son mérite
sans mesure. (Pensons au désir de la Communion qui consumera
Marie-Julie pendant les 10 années (1877-1888) pendant lesquelles elle lui fut refusée. Que de
mérites accumulés !)
Extase du 03 décembre
C'est moi, mes enfants, qui vient
vous dire un mot de tendresse et de bonté. Mes enfants, mon Fils a
dit :
" Bienheureux ceux qui souffrent
! " Ceux qui souffrent sont les amis privilégiés des dons de l'amour
de mon cher Fils.
Mes enfants, je m'incline avec
tendresse vers l'âme qui souffre. Je panse ses peines avec le Baume
de mon Coeur. Je viens sourire à l'âme qui souffre. Je viens
répandre ma rosée d'espérance sur l'âme accablée. Mon coeur maternel
vous sert de repos. C'est là que vous prenez un sommeil qui vous
redonne des forces, sur le Coeur le plus aimant d'une Mère.
Mes enfants, si vous connaissiez
ma tendresse maternelle, vous viendriez avec plus de joie encore à
votre Mère du Ciel. Mes enfants, je regarde vos coeurs comme des
jardins où je viens, moi aussi, épancher les douleurs que je souffre
à cause de tant d'âmes qui vivent en dehors de la grâce.
Mes enfants, je vous promets de
vous assister, de vous fortifier, surtout à l'heure de votre mort.
Je serai à votre chevet avec le flambeau de la paix et de
l'espérance...
Mes enfants, aimez-moi beaucoup
et faites-moi connaître le plus que vous pouvez. Proclamez mes
grandeurs, âmes victimes, du haut de la chaire de Vérité. Je vous
récompenserai si largement que vous serez inondés d'amour.
Mes enfants, si les âmes
pensaient à tout ce que mon Divin Fils a souffert pour elles, toute
Sa vie, elles sentiraient en elles renaître un amour pour aimer, une
tendresse pour compatir, des larmes pour pleurer le temps perdu sans
cette pensée du Calvaire.
Mes enfants, bien peu d'âmes
méditent les douleurs du Calvaire de mon Fils et de Sa Mère.
Pourtant quel bien, quel profit, quelle perfection on puise dans
cette méditation ! Je vous bénis tous...
Extase du 12 décembre
- C'est moi, qui viens vous dire
un mot de tendresse et d'amour avant d'entrer au Saint Noviciat.
Mes enfants, que je vous aime !
Que j'aime la terre ! Que j'aime les âmes pour qui j'ai tant
souffert, au pied du Calvaire adorable ! Aujourd'hui, mes enfants,
je cherche des coeurs pour m'aimer, pour que je leur donne de ma
tendresse. Je viens les assister dans leurs peines et leurs
douleurs, et mon Nom de grandeur est oublié ! C'est une ingratitude
!
Mes enfants, vous qui connaissez
la tendresse de mon Coeur, oh aimez-moi pour ces âmes que je visite,
que j'assiste et qui méconnaissent le don de mes bienfaits et
l'amour de ma bonté !
Mes enfants, soyez sûrs que
jamais je ne vous oublierai, que jamais je ne vous laisserai
souffrir seuls ! Je serai toujours avec vous, je serai près de vous,
je tiendrai votre main pour vous faire passer le pas le plus
difficile, le plus dangereux, le plus épineux.
Mes enfants, oh si vous saviez
quelle gloire et quelle joie vous procurez à mon Divin Fils, quand
vous m'aimez ! Quand mon cher Fils devient rayonnant de joie et de
tendresse, II me dit :
" Ouvrez vos trésors, Ma Mère,
pour cette âme qui vous aime et qui, en vous aimant, Me réjouit. "
Mes enfants, que j'ai de peine en
considérant cette terre qui est l'ouvrage de mon Divin Fils et dont
je vois l'ingratitude envers le Ciel ! Je vois les blasphèmes, les
iniquités, les péchés se répandre sur la terre comme une pluie
abondante.
Mes enfants, toute ma peine la
plus sensible, c'est de voir que la plus grande partie de mes
enfants vit dans l'oubli et reste dans l'oubli. Ils ont oublié qu'un
jour ils devront rendre un compte sévère devant mon Fils...
Mes enfants, ne soyez pas
effrayés. Sous le manteau d'une Mère protectrice, qu'avez-vous à
craindre ? Priez, mes enfants, car les hommes pervers, sans foi et
sans religion, arrivent peu à peu à leur but par leur travail
infernal d'impiété.
Priez, mes enfants, mon Fils ne
diminue pas Sa colère. ... Je vous bénis tous.
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