Le Noviciat de Marie-Julie

Sommaire

- Saint Alphonse de Liguori

- Saint Bonaventure

- Saint Thomas d'Aquin

- Saint Tite

- Saint François de Sales

- Saint Jean de la Croix

- Saint Thomas d'Aquin

- Saint Paul Apôtre

- Saint Jean-François Régis

- Saint Grégoire le Grand, Pape

- Saint Nestor, Évêque et Martyr

- Saint Abraham, Ermite

- Saint Marcellin, Martyr

- Saint Lambert, Évêque et Martyr

- Saint François d'Assise

- Saint Jean 1er, Pape et Martyr

- Saint Félix, Évêque

- Saint Pamphile, Martyr

- Saint Vincent, Martyr

- Saint Pantaléon, Martyr

- Saint Marisse

- Saint Didier, Évêque et Martyr

- Saint Prime, Martyr

- Saint Dieudonné, Pape

- Saint Vite, Martyr

- Saint Distérique, Évêque

- Saint Paulin, Évêque et Martyr

- Saint Victorien, Évêque et Martyr

- Saint Herménégilde, Martyr

- Saint Cassien, Martyr

- Saint Jules, Martyr

- Saint Celeste, Martyr

- Saint Vital, Martyr

- Saint Serge, Martyr

- Sainte Vierge

Visite de Saint Alphonse de Liguori

Extase du 26 mars 1878

Saint Alphonse de Liguori (1696-1787) est le fondateur de l'Ordre des Rédemptoristes pour l'instruction des pauvres et du monde rural, de son temps très délaissés. Il est l'auteur d'un grand Traité de Théologie Morale qui fait autorité. Fête le 2 Août.

- Je suis Saint Alphonse de Liguori. Je suis ici, au pied de la Croix, de la part du Seigneur. Écoute mon langage. Les fruits et le profit en seront pour ton âme et ton coeur.

Connais-tu cet admirable Livre des souffrances de Notre-Seigneur ?

Voilà un grand Livre, le Livre de la Passion. Entre immédiatement dans cette céleste Science. Elle se compose de l'amour de la souffrance. Tu trouveras, dans ce Livre, la force de ton âme et la nourriture de ton coeur. Tu vas entrer dans ce grand fleuve d'amour et de douceur. Chacune des Plaies Adorables de Notre-Seigneur te fera connaître chaque jour la Science céleste de ce Divin Livre. Notre-Seigneur se plaint que Ses souffrances ne sont pas assez connues...

Tu entreras dans cette Divine Science par le Coeur Immaculé de Marie, Sa très Sainte Mère. Veux-tu connaître un mot de la douleur et des souffrances de la Sainte Vierge ? Vois son Coeur transpercé par les glaives, les tourments et toutes sortes de martyres. Sache bien que nous avons tous une place à chaque glaive, car ils font place aux enfants qu'elle a adoptés au pied de la Croix, qui méditent sa Passion et les douleurs de son Coeur... Cette dévotion est si peu connue, qu'elle s'oublie chaque jour. La sainte Vierge a promis à chaque âme qui méditera ces paroles un fruit abondant pour son salut et une généreuse récompense...

Petite soeur, c'est dans la Science des Douleurs du Seigneur et de sa Sainte Mère que l'âme persécutée trouve un sûr abri. C'est là que le Père de l'Église, le Pape trouve une force et une puissance, d'abord pour son coeur et, ensuite, pour donner à tous les coeurs qui lui sont confiés un baume de paix.

Petite soeur, autant de plaies faites au Coeur de la Sainte Vierge, de sources qui en découlent dans le coeur des enfants de la Croix Que la Sainte Vierge est puissante ! Elle invite toutes les âmes qui souffrent à venir chercher force et repos dans son coeur, dans les plaies de son Coeur…

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Visite de Saint Bonaventure

Extase du 25 juin 1878

Saint Bonaventure (1221-1274) est d'origine Italienne. Disciple de saint François d'Assise, il devint Cardinal, Général de l'Ordre Franciscain et Légat du pape au Concile de Lyon. On lui doit de nombreux ouvrages de Théologie et de Philosophie qui lui ont valu le nom de Docteur Séraphique. C'est avant tout un grand mystique et un grand chantre de l'Amour Divin. (Fête le 14 Juillet.) Il vint plusieurs fois conseiller Marie-Julie du Crucifix qui était Tertiaire de ce grand Ordre.

- Je suis l'envoyé de Dieu. Que la paix de Dieu soit dans ton âme et dans le coeur des victimes. Je suis Saint Bonaventure.

Je viens te dire un mot. Nous sommes tous dans la route de la Croix. Il faut tous goûter la Croix et La savourer avec délices. Que la Croix est précieuse et que peu d'âmes La savourent ! Les vrais amis de Dieu sont ceux qui ont le plus de croix. Cette marque doit être pour eux une grande consolation.

Quant aux victimes et aux amis de la Croix, Dieu les prédestine et les destine à de grandes choses et à de grandes grâces. Les victimes de la Croix portent un autre nom. Notre-Seigneur appelle l'âme des victimes de la Croix, des soleils destinés et désignés à la grande, à la haute, à la profonde destination, impénétrable et cachée de Dieu. Voilà comment II les traite : elles sont un soleil caché au monde et à la terre, et découvert à Dieu et aux desseins qu'Il a sur elles. Il faut que les victimes de la Croix soient brisées, broyées. Le déchirement, le brisement, donnent à Dieu l'honneur et la gloire de se former dans l'âme des victimes et de leur donner une large part de grâces.

Les victimes de la Croix doivent être régénérées, elles doivent secouer leur première vie pour entrer dans les Secrets d'Amour de Dieu, c'est-à-dire qu'il doit y avoir une transformation dans l'âme ; dans la force, dans la résignation des victimes.

Dieu retire les rayons de Sa gloire qui marquent Ses desseins de dessus les persécuteurs des victimes et II retourne Ses grâces sur les victimes qui souffrent et qui sont accablées sous un poids de douleurs mais qui sont dans l'innocence.

Voici un mot pour les victimes de la Croix. Dieu les met à l'épreuve de toutes sortes de peines, qu'il connaît Seul. Pour les victimes il n'y aura qu'une seule joie, elle sera dans les mépris, les opprobres et les humiliations, qui ont été la gloire de Dieu. Les victimes sont déjà entrées dans ces jouissances.

Il y a beaucoup de correspondance et de lumières pour elles. Dieu fait un mélange de peines avec Sa tendresse et Son Amour et ce mélange passe dans les parties souffrantes des victimes. Voilà pourquoi elles souffrent calmement. Ceux qui n'ont sur la terre, ni croix, ni peines, sont bien à plaindre. Ils ne sont pas entrés dans la route de Dieu, dans la route où II répand Ses grâces et Ses bénédictions. Fuyez ceux qui ne souffrent pas car Dieu notre Père ne les admet pas à la source de Ses richesses. Ils sont comme une mauvaise herbe et l'odeur qu'ils portent n'est pas l'odeur des vertus de Jésus-Christ.

Voilà pourquoi les victimes sont appelées à une haute prédestination. C'est la Croix qui commence la prédestination et c'est Dieu qui l'achève. La Croix commence en nous tous les ouvrages et Dieu les alimente, en nous, par Sa Puissance. Il n'y a pas de travail plus digne que le travail de la Croix.

Notre-Seigneur, pour accomplir tous Ses grands desseins et Ses grandes merveilles, avait la Croix présente d'abord à Son esprit. Notre-Seigneur a tout commencé par la Croix et tout fini par la Croix. Je dis cela pour les victimes de la Croix. Nous portons tous une croix dans notre âme, dans notre esprit, dans notre coeur. Laquelle est la plus profitable ?

Elles le sont toutes, mais la plus profitable opère les plus grands travaux dans l'âme, car l'âme est la mère et la source de toutes les autres parties qui portent la Croix. Voilà pourquoi Dieu aime à nous perfectionner par la Croix.

La croix de notre corps est la plus pénible, la plus douloureuse la plus désespérante. C'est notre corps qui est la croix. Dieu, qui veut rendre cette croix parfaite, aura fort à faire. Dieu y a mis la main. IL va la polir, la raboter pour que tout soit doux et pur. Cette croix est si bien polie qu'elle sera comme une douce huile qu'on trouve parfaite quand on y passe le doigt.

On a beaucoup à souffrir auparavant des rebellions de l'esprit, des révoltes de la chair, qui ne veut pas plier sous le rabot de Dieu.

Dieu est à l'oeuvre et en même temps, Il prépare et ouvre le chemin de la prédestination et de la destination. Je parle, en faveur des victimes de la Croix : Perfection et destination dans la haute gloire de Dieu II en coûte pour arriver au degré fini de la perfection ; je le sais, j'y suis passé moi-même. Mais, après ce travail, on est tout à Dieu.

Toutes les légions du démon sont contre nous, armés de piques et de crocs fabriqués par l'enfer, ils sont comme des lions dévorants, ils nous haïssent et nous maudissent. Mais je souris de bonheur de vous avoir vus résister. Dieu, dans Son amour, repose et veille avec vous.

Donc, victimes de Dieu, si vous êtes déchirées, c'est que le diable a passé sa rage dans le coeur de ceux qui vous insultent ; ne vous effrayez pas, faites quand même l'oeuvre de Dieu. N'ayez qu'un but : Dieu partout.

Marie-Julie :

- Bénissez-moi, Bon Saint, vous qui avez tant aimé Jésus-Christ dans le saint Tabernacle.

- Je vais prier pour toi et pour les victimes.

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Visite de Saint Thomas d'Aquin

Extase du 04 juillet 1878

Saint Thomas d'Aquin est ainsi nommé parce qu'il est né à Aquino en Italie, en 1225. On l'appelle aussi l'Aquinate, ou le Docteur Angélique. II entra dans l'ordre de saint Dominique en 1245. Il enseigna la théologie à Paris et à Rome. Ses oeuvres les plus célèbres sont la Somme Théologique et la Somme contre les Gentils. Son influence fut immense et l'Église le considère comme un de ses plus grands Docteurs. Il fut un grand contemplatif. On lui doit l'Office du Saint Sacrement. Ce fut le Chantre de L'Eucharistie, entre autres titres de gloire. Il mourut en 1274, âgé seulement de 49 ans. Fête le 7 Mars.

Il est venu plusieurs fois pendant la vie de Marie-Julie du Crucifix :

- Que la paix du Seigneur soit dans ton âme, que la Paix entière soit toute en toi, je suis saint Thomas d'Aquin.

Marie-Julie :

- Oh ! Bon Saint, je vous connais depuis longtemps !

- Je viens de la part du Bon Jésus avant l'entrée au Saint Noviciat. Je vois avec bonheur s'ouvrir la grande voie de la Croix. Sache bien qu'il n'y a rien que les souffrances, les humiliations et les délaissements qui ouvrent cette grande voie de la perfection.

Personne n'entrera dans le Royaume des Cieux s'il n'a souffert et porté sa croix. Il faut porter sa croix et souffrir avec Jésus. C'est une nécessité... Les souffrances de la terre sont le premier paradis de l'âme ; après que l'âme a passé dans ce paradis d'épreuves, Dieu lui ouvre un autre Ciel où elle Le voit, L'adore et L'aime bien davantage. Il faut que l'âme soit entièrement épurée et que l'esprit soit dégagé de toute pensée humaine, de tout amour de la terre. Pour entrer dans la grande voie parfaite, il est absolument nécessaire d'être éprouvé, humilié sur la terre. C'est la preuve la plus éclatante que Dieu donne à Ses vrais amis pour les distinguer et pour être Ses vrais enfants d'adoption.

Dans la voie de la sublime élévation, la marque la plus certaine de la vérité, c'est la paix de l'âme et, en même temps, la paix de la partie toujours révoltée du coeur humain. Quand bien même on aurait sur la terre toutes les épreuves de saint Paul et des autres Saints qui se sont élevés aux hauts degrés de la perfection, toutes ces épreuves, toutes les tempêtes de l'ennemi ne font pas perdre la paix de l'âme... Si Dieu nous laissait toute la vie la jouissance sans tentation et sans épreuves, nous n'aurions aucun mérite, nous ne serions pas les vrais enfants de Dieu. Dieu permet parfois épreuves, peines sur peines ; c'est à ce moment-là que notre âme fait des progrès rapides vers la perfection divine. L'épreuve est une sauvegarde et aussi une lumière et une défense pour l'âme...

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Visite de Saint Tite

Extase du 08 juillet 1878

Saint Tite est un disciple de saint Paul qui le rencontra lors de son troisième voyage (55-58) vers Éphèse, sur la Côte de la mer Égée. Après avoir accompagné saint Paul dans plusieurs de ses missions apostoliques Tite, que saint Paul appelle son frère et son disciple bien-aimé, se fixa en Crète, désigné par l'Apôtre comme Évêque de l'île. C'est là que saint Paul lui écrivit une lettre, dont la liturgie nous donne plusieurs extraits, en particulier le jour de Noël.

Il a le titre de Confesseur de la Foi, car il fit beaucoup pour l'évangélisation du bassin méditerranéen. Son nom est souvent associé à celui de saint Timothée, autre compagnon de voyage de saint Paul nommé Évêque d'Éphèse (Turquie actuelle). Il mourut martyr pour s'être opposé au culte païen de Diane.

- Je suis saint Tite, disciple du grand saint Paul... Je viens dire un mot avant que tu entres dans le Saint Noviciat.

J'ai souffert un martyre de persécutions de toutes parts sur la terre. J'ai été rudement mené par le grand saint Paul. J'ai vécu au désert pendant 33 années. J'étais parti de bonne heure, laissant tout derrière moi, pour suivre la voie qui m'a conduit dans cette affreuse solitude. Dans la solitude du désert on n'est pas plus exempt des peines et des épreuves que lorsqu'on vit au milieu du monde.

J'ai prêché la Sainte doctrine de l'Évangile sous la dictée du grand saint Paul. J'ai parcouru les villes et les bourgades. J'ai annoncé au peuple la Parole de Dieu. J'ai été poursuivi, frappé, lapidé par ce peuple obstiné qui regardait la Parole de Dieu comme une parole de l'Enfer. J'ai vécu sur la terre sans or et sans argent, couvert d'un misérable vêtement, armé de mon bâton et de ma Croix. C'étaient là toutes mes richesses et tout mon trésor.

J'étais, par l'obéissance, soumis à tout ce que le grand saint Paul exigeait de ma volonté. Ce n'est qu'après ses prédications que j'annonçais la Parole de Dieu. Chaque jour, il nous réunissait sous ses ailes et nous apprenait la grande doctrine de Dieu. Après avoir prêché et parcouru le monde, je me sentis soudain inspiré de quitter la solitude et la Prédication Évangélique, mais je consultais le grand saint Paul, comme je le consultais en tout, et il me dit : " Non, il faut des disciples pour prêcher la sainte doctrine chrétienne ! "

J'obéis donc et je fus envoyé par saint Paul au milieu des Lucifériens où il avait longtemps prêché lui-même. Je prêchais donc l'amour de la Croix de Jésus-Christ. Mais je fus accablé de reproches et d'outrages. Je logeais sur le pavé des rues, le jour et la nuit, pendant que je prêchais, parce que ce peuple nous avait en horreur. J'entendis redire à mes oreilles que la Doctrine de Dieu était une folie. J'ai souffert, j'ai enduré toutes les peines, mais je ne me suis pas rebuté Ce n'est que dans les dernières années que je m'acquis le grand amour de la Perfection Divine, parce que j'étais de plus en plus en butte à toutes les contradictions. Dieu a alors versé dans mon âme toutes sortes de bienfaits et II m'a élevé dans la profondeur de Ses derniers secrets.

Cependant, je sentais de plus en plus le poids de ma mission qui m'accablait. Je n'y trouvais plus de goût. Tout en elle était pour moi aussi amer que ce que j'avais éprouvé de joie en y entrant. En sortant de chez les Lucifériens, j'entendis par trois fois une voix qui me disait : Sors de la prédication de l'Évangile et de la Croix. Va prêcher un peuple aussi obstiné que celui-ci. Cela m'effraya beaucoup et me bouleversa dans les parties les plus profondes de l'âme. Je consultais saint Paul de nouveau : " Reste encore, me dit-il, l'heure n'est pas venue. Tu ne fais que commencer à goûter les souffrances. "

J'étais dans des tourments effrayants que Dieu seul a pu connaître. Je suivis l'ordre de saint Paul et m'embarquais pour une autre ville aussi hostile à Dieu, à l'Évangile et à la Croix. En entrant dans cette ville, j'entendis encore la même voix qui me parlait. Cette voix divine me terrassa. Je tombais le front sur le pavé et demandais à Dieu les lumières pour Le reconnaître. Je vis aussitôt un Ange vêtu de blanc qui portait à la main une banderole blanche et m'y fit voir une écriture d'or sur laquelle je lus : Tu as assez prêché la doctrine de Dieu et de la Croix à ce peuple obstiné ; fais-toi Évêque et va prêcher une autre population aussi païenne que la première. Lorsque j'eus lu cet écriteau, je devins calme et je fus rassuré. Cette lumière me montrait que Dieu m'appelait en ce lieu. Je consultais saint Paul à nouveau et il me répondit : " J'ai eu la même vision en même temps. Tu iras par la lumière de la Croix au milieu de ce peuple sauvage et obstiné. "

J'ai habité la ville d'Afre (en Crête) qui se trouve auprès de celle de saint Chaffre, ermite ascète. Dans cette grande population je trouvais de grands obstacles. J'ai été sacré Évêque de cette ville à un âge très avancé et j'y ai vécu 19 ans et 10 mois et j'y finis ma carrière. J'eus beaucoup de persécutions et de tribulations dans cette ville. Chaque jour, dans mes prédications, on m'entourait avec des murmures et des blasphèmes. Mais Dieu réservait une punition à cette ville ingrate. Car peu de temps après, II envoya de nombreux fléaux, qui bientôt firent mourir la plus grande partie de la population.

De plus, établi dans cette ville, j'avais pour ennemis, mes frères d'alentour, qui me reprochaient d'avoir déserté ma solitude et qui me traitait de vagabond et de coureur. Mais Dieu permit que ma sainteté fût connue et éclatante. La plupart de mes frères dans le Sacerdoce devinrent aveugles ou infirmes dans leurs membres les plus nécessaires. Après que cette douleur eût visité ainsi mes confrères, Dieu m'envoya leur porter secours et ce fut la salive de ma bouche qui rouvrit les yeux de mes persécuteurs et ranima leurs membres paralysés. Voilà comment je suis sorti de ces rudes épreuves que Dieu fut seul à connaître.

Après ces merveilles, je prêchais la Doctrine de Dieu et de la Croix, et je convertis beaucoup d'âmes et les rendis à Dieu. Mon corps a reposé dans cette ville, mais pas en entier ; une partie fut rapportée dans la solitude du grand saint Paul.

Il n'est pas de voie plus nécessaire pour nous conformer à l'exemple de notre Divin Maître que les persécutions des hommes. C'est par là que j'ai tout acquis, que je me suis élevé à la haute perfection divine. Toute ma vie n'a été que fiel et vinaigre malgré les jouissances divines. Dieu a fait de moi un martyr de peines intérieures et de souffrances extérieures, cependant les grâces de la Croix me détachaient de la terre et me perfectionnaient...

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Visite de Saint François de Sales

Extase du 09 juillet 1878

Saint François de Sales (1567-1622) fut canonisé en 1665. Évêque de Genève, il lutta contre le protestantisme qui ravageait la France et la Suisse. Par ses ardentes prédications, il ramena une foule d'âmes égarées au bercail. Grand convertisseur, il fut également un grand maître de vie spirituelle. Avec sainte Jeanne de Chantal, dont il était le directeur, il fonda l'Ordre de la Visitation et écrivit pour ses Visitandines son célèbre Traité de l'Amour de Dieu. Un autre de ses ouvrages, " L'Introduction à la vie dévote " a eu une durable et profonde influence. Ce grand saint a reçu le titre de Confesseur de l'Église, pour son zèle à proclamer et à faire aimer la Vérité. Il reçut également le titre de Docteur pour la sûreté de sa doctrine et la sagesse de ses enseignements. Il semble qu'il soit venu plusieurs fois "en visite" durant les extases, pour conseiller et réconforter Marie-Julie qui le reconnaît et l'accueille avec grand respect. Ce n'est pas toujours le cas avec tous les Saints qu'elle ne connaît pas ! Elle est très méfiante car elle redoute de se faire tromper, par une illusion, ce qui est tout à l'honneur de sa prudence. Les Martyrs qui viennent la préparer au Saint Noviciat doivent " montrer patte blanche " ce qui est parfois assez touchant dans sa directe simplicité ! Cette crainte d'être le jouet d'une illusion, humaine ou diabolique, est la signature d'une grande expérience et une garantie pour nous.

- Je suis saint François de Sales.

Marie-Julie :

- Oui, je vous ai vu autrefois, mais il y a déjà longtemps.

- Eh bien ! c'est moi qui viens aujourd'hui de la part du Seigneur. Que la paix du Seigneur soit avec toi ! Je la souhaite à tous les enfants de Dieu et de Sa Croix.

Marie-Julie :

- Merci mille fois, bon saint.

- Dieu nous a créés sur la terre pour L'aimer, pour Le servir, pour L'adorer et pour vivre dans l'union de Sa Sainte Présence et de Sa Paix. Pour s'élever dans la perfection chrétienne, il faut deux choses : d'abord l'humilité et deuxièmement la Présence de Dieu à chaque instant. L'humilité est la sauvegarde de toutes les vertus. Sans cette vertu, nous ne pouvons faire de progrès dans la vie chrétienne, ni dans l'avancement de la Grâce.

Dieu nous communique Ses lumières. Il nous donne Ses faveurs parce qu'Il veut que nous Lui rapportions tout ce qui Lui est dû dans ces deux belles vertus. J'ai goûté le Haut Amour de Dieu et j'ai été admis dans les profondeurs de Ses Divines Lumières. C'est à nous de comprendre les hauteurs où Dieu nous élève. Nous ne les comprendrons que par la Lumière de Dieu. Tant que notre propre lumière existera, il ne faut pas penser faire de progrès dans la vertu. Il faut que cette basse lumière s'éteigne et que Dieu la remplace par une de Ses Divines Lumières.

J'ai conservé, dans ma volonté plusieurs lumières à la fois qui me faisaient discerner la peine et la joie de plusieurs âmes que je dirigeais par les Lumières Divines, à distance. La Lumière de Dieu, dans notre esprit, rapporte à notre propre esprit les conditions de peines et de joies, dans lesquelles se trouve chacune des âmes. Ce discernement n'a pas été donné à tous les Pères de l'Église. Dieu fait ce qu'il veut.

La perfection chrétienne consiste dans un véritable amour de Dieu. L'Amour de Dieu fait en nous de rapides progrès, mais il ne faut pas mettre d'obstacles à cet amour, si nous voulons nous élever dans la perfection.

J'ai eu beaucoup à souffrir pour ce grand Traité de l'Amour de Dieu ; cela est si difficile à l'esprit humain seul qu'il faut que Dieu se mêle à cette grande gloire, s'Il veut que nous la développions dans sa grandeur, dans son amour et dans sa perfection.

Rien ne s'acquiert sans souffrances. J'ai tout payé et Dieu m'a tout vendu fort cher.

Il existe des voies en Dieu que l'expérience des hommes ne peut ni définir ni comprendre. Pourquoi ? Parce que notre esprit est trop attaché à des choses de peu de valeur.

Pour bien comprendre :

- Premièrement : il faut absolument avoir un don privilégié

- Deuxièmement : il faut que l'esprit soit nettement et parfaitement détaché de toute chose

- Troisièmement : il faut que la propre lumière de Dieu se recrée nouvellement dans notre esprit pour comprendre, approfondir et mettre toutes les grandes voies au degré où elles se trouvent.

Il est bien difficile d'approfondir les Voies Divines, mais cela se peut avec l'aide et le pouvoir de Dieu.

Je jetais d'abord mon esprit, ma pensée, ma mémoire, tout en Dieu. Je Lui immolais tout et je dis : " Seigneur, pour Votre propre gloire et pour mon humilité, faites que je puisse distinguer parfaitement les opérations de chacune de Vos merveilles opérées en moi-même. " J'ai acquis cette grande grâce par des peines aussi rudes que le martyre, par des souffrances insupportables sans la grâce de Dieu…

Que nos frères et que les hommes de la terre ne se figurent pas qu'on acquiert ces grâces pour rien ! Je sais ce qu'elles m'ont coûté et je sais ce qu'elles coûteront à ceux qui sont destinés à les développer.

Je n'ai pas manqué de persécutions, ni de calomnies de toutes parts. Mais je peux dire que ce fut un trésor de lumières pour moi car ce ne fut qu'au moment de toutes ces affreuses persécutions que j'ai entrevu la lumière désirée.

Voyons comment Dieu éprouve par toutes sortes de peines et de tribulations. Il vint un moment où, sur le point de faire la gloire de Dieu, de toutes parts on m'accablait d'insultes, d'outrages, jusqu'à me dénoncer. J'avais une joie si complète, un amour si parfait, une paix si profonde, qu'il me semblait que je possédais déjà la lumière désirée. Si on ne souffrait que de la part des gens ignorants, ce serait peu de chose. Mais il faut souffrir de la part de gens instruits, de la part de gens de probité, de lumière. Cela s'appelle la persécution des éclairés. C'est là un mérite infiniment grand. Tout ce que j'ai eu de force et de courage, je i'ai trouvé dans la persécution de la part des Évêques, de la part de grands Prélats, desquels je recevais chaque jour des dénonciations terribles et de noires accusations. Tout cela ne faisait qu'accroître ma Foi et mon amour pour Dieu.

On m'attaquait vivement, parce que je donnais des conseils de lumière  aux personnes qui étaient loin de moi, mais ce n'était que par la lumière que Dieu me donnait. Par toutes mes peines, je correspondais avec les âmes éloignées de moi. Je les comprenais et elles me comprenaient. Chaque douleur et, chaque amour se partageaient entre tous les coeurs que j'avais sous ma direction. Voilà bien ce que l'Esprit-Saint rapporte dans une des visions de l'extase du Saint Noviciat. Ce n'est rien d'autre qu'un Pouvoir Divin et qu'une permission directe de Dieu. C'est là la vraie lumière, c'est là le Doigt parfait de Dieu.

Toutes les gloires de Dieu, si elles ne sont pas poursuivies par les gens des deux parties, ne sont pas parfaitement de Dieu. Si les persécutions aux oeuvres de Dieu ne sont pas nombreuses, c'est un signe que l'oeuvre n'ira pas longtemps. J'emprunte cette parole au grand et illustre saint Paul, qui a été ravi jusqu'au Sème Ciel. Si les gloires de Dieu ne sont pas traversées, déchirées, en butte à toutes sortes de contradiction, cela ne peut être purement l'oeuvre de Dieu. Si on savait ce que j'ai souffert pour commencer le premier cloître ! Si on savait, on prendrait courage et on s'armerait d'une confiance sans borne. A peine les murs étaient-ils commencés, que l'homme de Dieu qui avait le droit de me gouverner les fit démolir et tomber sous mes yeux. J'étais accablé, insulté, couvert d'opprobres, par tous les gens de la suite de l'homme de pouvoir. J'ai eu à soutenir de terribles luttes pour les paroles que j'ai écrites sur l'Amour de Dieu et sur la perfection chrétienne.

Quand Dieu veut faire de grandes choses, II met bien des cachets de toutes sortes. Il faut aussi passer par la Croix, passer par les épreuves de cette vie avant d'entrer dans la glorification que Dieu vous a promise...

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Visite de Saint Jean de la Croix

Extase du 11 juillet 1878

Saint Jean de la Croix est le grand théologien et mystique espagnol qui travailla avec Sainte Thérèse d'Avila à la fondation de l'Ordre des Carmes déchaussés (1542-1591). Il fut canonisé en 1726 et déclaré Docteur de l'Église en 1926. Ses oeuvres dans le domaine de la théologie mystique font autorité. Elles étudient, avec une grande précision, toutes les étapes de l'ascension de l'âme contemplative dans son retour vers Dieu. C'est un long chemin de lumière et d'amour, de purification douloureuse et d'illumination progressive, aboutissant à l'union totale et indissoluble de l'âme à Dieu. Saint Jean de la Croix décrit son expérience personnelle ce qui lui donne une compétence irremplaçable. Sa présence à la Fraudais devrait rassurer ceux qui douteraient encore de l'atmosphère de vérité et de soumission à l'Église qui y régnaient. Il était tout désigné pour guider Marie-Julie dans les voies du Saint Noviciat. Pendant plusieurs mois, elle fut enseignée par le Saint Esprit sur la place essentielle de la Croix dans la vie spirituelle des âmes chrétiennes sur la terre vers le Ciel.

- Je suis saint Jean de la Croix. Je viens dire un mot avant que tu entres dans le Saint Noviciat. Aimons les Croix, portons tous la Croix. Chérissons tous la Croix et consolons-nous tous dans la Croix. C'est l'amour de la Croix qui perfectionne en nous les belles vertus que le Seigneur veut bien nous donner dans Sa générosité.

Sans la Croix et sans les tribulations, on ne doit pas compter sur le suprême bonheur car le bonheur consiste dans les peines, dans les souffrances, dans la Croix, dans les persécutions en ce bas monde. La Croix est un Livre précieux, mais bien peu savent y lire.

Marie-Julie :

- C'est vrai, bon saint, mais apprenez-nous.

- La Croix du Divin Maître renferme toutes les lumières et toutes les sublimes richesses. C'est là qu'il faut commencer son étude pendant la vie car c'est là que la perfection de l'âme commence. Plus le Seigneur nous envoie de peines, de souffrances ici-bas, plus II nous aime, plus II nous rapproche de Lui, plus II nous caresse de Son amour embrasé. Les peines de la terre et toutes les misères de la vie sont des mérites infiniment précieux aux yeux du Seigneur. Beaucoup souffrent sur la terre, mais beaucoup souffrent mal.

Marie-Julie :

- Apprenez-nous bon saint.

- Bien souffrir, c'est se procurer une immense gloire de paix, de richesse, d'amour sur la terre, c'est le recouvrement de la béatitude du repos de l'âme. J'ai aussi vécu sur la terre au milieu des croix et des tribulations, mais je n'ai jamais été lassé, parce que je trouvais une si grande perfection, une suavité si amoureuse dans la souffrance, que si j'avais pu prendre toutes les souffrances de la terre, je l'aurais fait pour mon Dieu. Si vous êtes les amis de Dieu, il faut vous attendre à souffrir. Et vous, les amis de Dieu, II vous favorisera, tantôt de Sa joie, tantôt de Sa chère Croix sur laquelle II a tant souffert.

- Merci, Bon Saint, cela fait du bien.

- C'est une marque certaine que Dieu nous aime quand II nous fait souffrir sur la terre. Celui qui ne souffre pas, n'est pas l'ami véritable de Dieu. Le Seigneur nous admet en Sa Grâce, remercions-le. Rappelons-nous que, quand nous éprouvons les peines de la vie, nous éprouvons Ses grâces. Quand Le Seigneur commence une oeuvre où II veut faire éclater Sa gloire, II l'entoure d'abord de persécutions, de croix, de délaissements, de toutes sortes de peines. Voilà le vrai cachet du Doigt de Dieu. Il faut que celui qui est dans l'amitié du Seigneur soit éprouvé, que tout ce qu'il y a dans son âme soit purifié.

- J'ai toujours crainte d'offenser le Seigneur, apprenez-nous, bon saint ce qu'il faut faire pour ne pas Lui déplaire dans les plus petites choses.

- D'abord, il faut conserver l'humilité, l'obéissance, la soumission, la charité puis dire au Divin Jésus : Je Vous offre d'avance ce qui m'arrivera, soit peines, croix, soit amour et joie, voilà le vrai moyen pour ne pas déplaire à Dieu, car tout cela lui aura été offert d'avance...

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Visite de Saint Tomas d'Aquin

Extase du 08 août 1878

- Je te souhaite la paix, je souhaite que la paix du Seigneur soit dans ton âme ; dans ton coeur, dans ton esprit.

C'est saint Thomas d'Aquin, il est rayonnant de gloire au pied de la Croix. Il me dit :

- C'est moi qui viens te dire un mot de la part du Seigneur, à l'entrée du Saint Noviciat. Dieu nous a créés pour L'aimer et Le servir. Tout le bonheur est d'aimer Dieu, et toute la joie qu'on goûte dans l'amour de Dieu, c'est la paix qu'on éprouve. Notre-Seigneur nous donne Ses biens avec tant de générosité qu'il n'y a pas un coeur sur la terre capable de Le remercier comme II le désire, ce Divin Maître...

La souffrance nous perfectionne et nous unit à notre Bien-Aimé. Notre-Seigneur veille sur nous avec tant de tendresse et de générosité, qu'il ne veut que notre bonheur, qu'il veut nous donner Ses riches récompenses. Réjouissons-nous dans la souffrance sur cette terre, que notre coeur palpite de joie, de bonheur et de reconnaissance ! La souffrance est un Trésor peu connu. S'il était connu, ce Trésor deviendrait aussi pour nous une source immense de consolation, de bonheur et de joie. Dieu se plaît à nous éprouver sur la terre, parce qu'il veut voir si nous sommes de véritables Chrétiens...

Notre-Seigneur ne donne jamais de souffrances ni de peines sans récompenses. Quand nous avons des tribulations sur la terre, nous devons toujours garder un coeur joyeux de reconnaissance. La souffrance prouve la paix et la paix prouve le bonheur. Tout le bonheur consiste dans l'amour de Notre-Seigneur et de Sa Croix. Nous devons souffrir avec une douce et sainte patience, car c'est dans la souffrance qu'est la perfection. La perfection est une vertu éminente, une vertu qui plaît à Dieu... Plus le flot de persécutions passera sur nous, plus Dieu nous aimera et Dieu tirera Sa Gloire de nos douleurs...

Nos Croix de la terre sont enrichies de diamants et de perles parce que nous les supportons sans irritation, parce que nous les portons avec calme, parce que nous ne désirons que du bien à ceux qui nous désirent du mal. Cette pensée n'est-elle pas capable de redonner courage à l'âme ?

Nos âmes sont d'un si grand prix et sont si chères aux Yeux de Dieu qu'il les aime avec une tendresse et une bonté qui ne peut s'expliquer ici-bas. Notre-Seigneur adorable, en créant nos âmes, les a faites avec tout Son Amour toute Sa Bonté, mais II veut que nos âmes L'aiment en retour et qu'elles Lui rendent grâces de tous les bienfaits qu'il leur donne en cette vie. .. .Marchez avec courage, ne vous inquiétez de rien ! Aimez Dieu, servez-Le avec fidélité. Marchez dans la voie de la Croix avec assurance, c'est la Voie des Élus, la Voie Royale ! Je voudrais encore vivre sur terre pour souffrir pour la Gloire de mon Dieu !...

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Visite de Saint Paul Apôtre

Extase du 12 août 1878

- Que la Paix du Seigneur soit dans ton âme et dans ton esprit, et avec tous les amis de Dieu.  Je suis saint Paul. Je viens dire un mot de la part de Notre-Seigneur avant l'entrée du Saint Noviciat.

Regardons d'abord Notre-Seigneur en Croix, et ce regard nous animera pour souffrir. Méditons les Douleurs d'un Dieu, et nous souffrirons courageusement les épreuves de la vie. Dieu a été le dernier des hommes par les opprobres, par les ignominies, par les insultes. Pourquoi ne voudrions-nous rien souffrir ? Nous voudrions donc être au-dessus du Divin Maître ?

Il n'y a que les peines de la vie qui nous ouvrent la porte des Cieux et qui marquent notre place dans la gloire. Celui qui ne souffre rien n'est pas le disciple de Dieu, ne Le connaît pas. Estimons-nous d'être traités comme Ses favorisés.

Si nous sommes enchaînés par l'autorité des hommes, si nous ne pouvons partir, taisons-nous. Une heure viendra, où nous parlerons à l'autorité de cette terre, qui n'est que l'autorité de l'homme.

Il vaut mille fois mieux se taire et tout souffrir, que de parler, avec envie et jalousie. Ces deux manières de persécutions sont horribles aux Yeux de Dieu, aux Yeux de Celui qui voit tout. J'aime mieux, je préfère avoir été enchaîné pour Jésus-Christ, que d'avoir été ravi au Sème Ciel. Là, pourtant, était la joie, le bonheur sans souffrances, sans altération, c'était la joie parfaite, mais en ne souffrant rien je ne méritais rien.

Notre-Seigneur adorable, dans le dessein de Son infinie Miséricorde, veut que nous soyons aussi lapidés sous les coups des langues perfides. La langue médisante est plus dangereuse qu'un glaive à double tranchant, parce que le coup de glaive peut se guérir ou être soulagé, car il ne s'étend qu'à la profondeur et à la largeur de la lame, tandis que le coup de langue s'étend partout. En un jour, il sera répandu de par le monde, et qui pourra l'arrêter ?

Notre Père Créateur se plaît à nous éprouver de différentes manières, amis éprouvés, mais amis de Dieu. Quand Dieu veut faire une oeuvre solide, et surtout quand II veut y asseoir les amis de la Croix qui ont travaillé depuis le commencement et qui sont décidés à travailler jusqu'à la fin, il faut que la persécution soit plus grande, parce que c'est une oeuvre double.

Notre-Seigneur, en choisissant les amis de la Croix, exige que les coups soient plus profonds parce que l'oeuvre en sera plus belle. Plus il y a de disciples, plus il y a de souffrances. C'est le signe d'une grande oeuvre. C'est un signe certain. Ne vous effrayez pas !...

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Visite de Saint Jean-François Régis

Extase du 13 août 1878

Saint Jean-François Régis est un Père Jésuite (1597-1640) qui évangélisa le midi de la France. Il fut canonisé en 1737. Fête le 16 Juin.

- Je viens dire un mot de la part de Dieu à l'entrée du Saint Noviciat. Nous sommes aux pieds de la Croix, et nous attendons et nous avons l'espoir d'aller dans notre douce et Bienheureuse Patrie.

Qu'est-ce que la terre, qu'est-ce que la souffrance en comparaison d'un bonheur sans fin ? Notre vie sur la terre est courte et Notre-Seigneur a mesuré nos années. Commençons, il est temps, à vivre pour Dieu et pour le Ciel.

Si le Seigneur adorable descendait maintenant, sur une nuée lumineuse pour juger et condamner, combien trouverait-Il de justes sur cette terre de mérites ? C'est effrayant !... Aujourd'hui, que d'injustices ! Que de forfaits cachés ! Que de calomnies voilées ! Comment persévèrent-elles ces âmes qui les commettent ? Voilà comment elles font. D'abord elles essaient d'étouffer le remords, mais il les suit partout. Dans les conversations, dans les compagnies, leurs paroles sont belles, nettes comme le verre. Mais le raisonnement de l'âme, dans le fond intérieur, personne ne l'entend et il est effrayant. L'âme gémit, pleure, souffre, parce qu'elle seule dans ces hommes, appartient au Souverain Bien. La calomnie est comme un ver, elle ronge dans l'âme les plus belles et les plus chastes vertus ; puis, après avoir été toute rongée, l'âme ne peut plus devenir maîtresse, parce qu'elle est combattue par l'esprit humain mauvais, par la nature humaine si révoltée et si cruelle. L'âme ne peut donc plus triompher, et si Dieu ne lui vient pas en aide, elle est à jamais condamnée...

Attendons avec patience ! L'heure du Seigneur est ouverte au Ciel. Mais quelle surprise pour les entêtés ! Mais quelle joie pour le petit nombre dont j'envie le poste sur la terre, parce que j'aurais l'honneur de souffrir pour mon Dieu ! Du Ciel, je leur viens en aide !

Que la voie de la Croix est admirable ! Qu'elle est digne d'envie !

Que ses mérites sont grands ! O Chemin Royal ! Vive la Croix, le trésor des vrais Élus !...

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Visite de Saint Grégoire le Grand, Pape

Extase du 19 août 1878

Saint Grégoire le Grand, Pape, Confesseur et Docteur, est un des plus grands chefs que l'Église ait eu et qu'Il gouverna de 590 à 604. L'Angleterre lui doit sa conversion. A une époque où les Barbares créaient en Europe une situation nouvelle, il fut pour beaucoup dans la mise en place des moyens qui devaient les gagner à l'Église. Il veilla à la bonne formation et à la discipline du clergé, base essentielle de toute action missionnaire. Il attacha une particulière attention à la liturgie, qui doit être la célébration du Dogme, de la Vérité Révélée et qui doit assurer l'unité des esprits et des coeurs. C'est pourquoi il s'intéressa au Chant Sacré, domaine essentiel, où le fond doit être mis en valeur par la forme. Le chant Grégorien lui doit son nom. Ce chant, qui fait tant de place au silence contemplatif, permet de mettre en valeur la Sainte Écriture dont l'âme doit se nourrir. Ce grand Pape fut aussi un éminent commentateur de la Sainte Écriture. Pour tout cela, il est l'un de quatre grands Pères et Docteurs de l'Église latine ; aux côtés de saint Ambroise, saint Jérôme et saint Augustin. Fête le 12 Mars.

- Que la douce paix de Notre-Seigneur soit dans ton âme, et dans celle de tous les Serviteurs de Sa Croix ! Que l'Amour de Dieu vous embrase de ses ineffables douceurs ! Je suis Saint Grégoire, Pape et Docteur de l'Église.

Il porte des vêtements de gloire différents de tous les autres saints, ce que Marie-Julie du Crucifix attribue à une Gloire Céleste particulièrement sublime associée au rayonnement Glorieux de la Croix.

- Je viens, à l'entrée de la voie du Saint Noviciat, dire un mot de la part de Notre-Seigneur. Le Seigneur, dans sa tendresse et Sa Miséricorde nous a donné Ses grâces, Son amour et Ses bienfaits. Qu'avons-nous à faire à notre tour ? Levons nos yeux vers les Cieux et bénissons un si bon Père ! La puissance du Seigneur éclate sur la terre ; les richesses de Son Amour nous sont données, qu'avons-nous à faire ? A remercier généreusement Notre-Seigneur, à Lui témoigner notre reconnaissance, pour toutes Ses bontés.

Qu'est-ce que l'amour de Jésus ? Ce n'est pas autre chose qu'une tendresse mêlée de bonté, qu'il nous donne à chaque instant pour fortifier nos âmes et notre courage.

Que reçoit-Il ce Dieu d'amour pour tant d'amour qu'il nous donne ? Il reçoit de la plupart que des injures, que des profanations ! O aveugle de ce temps, quand donc la lumière frappera-t-elle ton oeil pour te faire voir les Divins effets que Dieu opère en tous lieux par Sa puissance infinie ? Tremblons, petit nombre d'amis de Dieu, sur le sort de tant d'âmes infortunées qui ont rejeté la lumière pour vivre dans l'idolâtrie de l'esprit mauvais.

Quand l'Église du Seigneur aura été menacée et battue, quand l'heure de la lumière, de la grâce, du triomphe promis, éclatera sur la terre foulée par des pieds insolents, que diront-ils, que feront-ils, que penseront-ils ? Ils sont les premiers à lui jeter des pierres, et ce Temple reste debout, il leur résiste par la grâce.

Pourquoi ? Parce que Dieu a arrêté l'heure fixe, l'heure de la grâce pour Son Saint Temple. Si les dernières lumières et les dernières grâces du Ciel n'ouvrent pas les yeux fermés d'une société pervertie, quel effroyable malheur !

Tremblons, gémissons et pleurons, car la désolation est à son comble. Notre-Seigneur adorable, dans Sa grande bonté et dans Son amour si puissant et tout adorable, laisse agir en pleine liberté la volonté libre de tous Ses ennemis. Il ne leur retranche rien, II leur laisse un pouvoir tellement fort, que, par ce pouvoir même, ils devraient pressentir que la Main du Seigneur si puissant leur réserve un coup effroyable. Mais ils ne pensent qu'à travailler, qu'à approfondir leur travail dans le mal. A force de creuser, ils arriveront au bout de cette profonde carrière, et là, qu'auront-ils à faire ? Ils n'auront plus rien ! Dieu aura parlé, Dieu aura commandé, Dieu aura mis fin à leur scandale.

Voilà, où marchent un grand nombre d'enfants de Dieu ! Aujourd'hui Dieu fait et laisse faire des martyrs. Voici comment Dieu fait Lui-même et laisse faire : II fait souffrir Lui-même et II ordonne qu'encore d'autres après Lui fassent souffrir. Ce temps qui passe n'est autre qu'un temps de souffrance et de peine. Il faut que l'on satisfasse à Dieu par les souffrances et par les peines. Notre-Seigneur demande des âmes pour partager Ses opprobres. Enfants de Dieu, la tempête gronde de toutes parts, le mal et l'iniquité vont bientôt entrer en triomphe.

Où va se porter l'affreuse vengeance ? Vers le Temple de Dieu, vers ceux qui représentent Dieu sur la terre, vers ceux qui Le servent et qui sont, de toute leur volonté, prêts à Le servir et à souffrir pour Sa gloire. Aujourd'hui, le raisonnement de l'esprit du mal et l'esprit de l'homme s'accordent ensemble pour former une affreuse tempête, par leur volonté et par leurs désirs. Cette affreuse tempête sera terrible, parce que la Justice de Dieu se mêlera à la volonté impure et mauvaise des hommes.

En ce moment, que pense le grand Pontife vivant sur le Trône, qui soutient l'armée de Dieu ? Il pense à faire la volonté de Dieu, il pense à soutenir la Foi et à soutenir son droit, tant qu'il sera en vie. Croiriez-vous, enfants de Dieu, qu'on attentera avec fureur et avec une noire vengeance à la vie de cet illustre Pontife ? Mais il est ferme et solide, sa Foi ne s'ébranlera pas. Lui aussi, souvent, il pense au martyre, il y pense comme vous, enfants de la Croix, qui pensez à faire la Sainte Volonté de Dieu Les rochers se frapperont les uns contre les autres les pierres siffleront.

Sous la fureur de l'orage, qu'aurez-vous à faire ? Attendre, prier et faire ce que Dieu veut. Aimons Dieu de tout notre coeur, servons Dieu fidèlement, servons-Le à travers les obscurités qui se trouvent en nous, servons-Le malgré les ténèbres où Dieu nous laisse et où Il nous faut marcher, servons-Le quand même. Quand même la lumière de vos âmes serait absolument éteinte, ne perdez pas courage, traversez tous les périls, affrontez les dangers et Dieu vous comblera de Ses grâces et de Ses consolations. Qui peut nous rendre heureux sur la terre, si ce n'est la paix de Dieu qui vit en nous, qui travaille en nous, qui prie en nous ? Sans cette Paix, l'homme devient comme un damné, il court et se précipite dans le premier gouffre qu'il rencontre, parce que c'est le ravage que font en lui ses amours déréglés. Voilà pourtant ce qui se produit dans bien des coeurs.

Pour conserver la paix, il n'y a qu'une chose à faire, c'est de dire ce que Dieu veut, c'est d'obéir à la Volonté de Dieu, c'est de ne rien rechercher dans la créature humaine. On trouve tout en Dieu, puisqu'il est le Trésor de tout.

Servons Dieu, aimons Dieu, cherchons Dieu et fuyons cet amour du monde, puisque c'est par la Croix qu'on parvient au bonheur et à la richesse. Prenons nos croix, portons-les sans rougir, puisque c'est la Croix qui nous procurera un jour le bonheur de voir Dieu, de Le comprendre et de L'aimer. Portons la Croix. Il y a des croix partout ! Le bonheur d'aimer la Croix nous procure dès cette vie, une délicieuse attente du bonheur de voir et de posséder Dieu.

Que Dieu a-t-il plus aimé que sa Croix ? Rien. Elle a été Son partage, elle a été Son Trône de douleur. Il L'a choisie parce qu'il a voulu que tous Ses enfants fussent héritiers de Sa Croix, Son Trésor. Voilà pourquoi nous sommes appelés les enfants de la Croix, les héritiers de Dieu.

Prions pour l'Église menacée par un complot, tramé par la jalousie affreuse des esprits pervertis des bandes réunies pour la renverser. La tempête sera terrible, mais l'Église restera infaillible et ses murs ne seront point ébranlés. Mais il y aura des martyrs... Prions pour l'Église et demandons à Dieu le retour d'une famille égarée, d'un peuple corrompu, d'une société dégradée. Tous sont nos frères en Notre-Seigneur. Ce sont des âmes rachetées au prix de Son Sang.

Je souhaite la force et le courage aux victimes et aux amis de Dieu. Après avoir porté la croix sur la terre, notre rendez-vous éternel se trouvera dans la Gloire. C'est là que nous reverrons.

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Visite de Saint Nestor, Évêque et Martyr

Extase du 05 septembre 1878

L'Élu du Ciel est saint Nestor mort en 251. II fut Évêque de Magydos en Pamphilie (Sud de l'Asie mineure). Il fut martyrisé lors de la persécution de l'Empereur Romain Dèce (249-251). Saint Nestor était si aimé, qu'ayant exhorté les fidèles du haut de sa croix, des païens s'agenouillèrent avec les chrétiens. Fête le 26 février.

- Que la paix de Notre-Seigneur soit avec vous, chers frères de la Croix, que Son Amour vous fortifie ! Que Sa Bonté vous donne l'espérance !

Je suis saint Nestor, Évêque et Martyr. Je suis mort pour mon Dieu, étendu sur des chevalets. Je suis mort en croix. J'ai vécu dans les siècles passés. J'avais d'abord le dessein de sortir du monde et d'entrer dans la solitude mais Dieu en décida autrement. Je fus élu Évêque et je fus destiné à prêcher la Foi parmi les peuples non chrétiens. Après peu d'années dans le ministère d'Évêque, je fus martyr.

Voici comment mon Dieu a décidé mon martyre. Je parcourais la terre pour convertir les infidèles. Une sorte de jalousie et de mauvaise volonté fut suscitée parmi ces peuples et aussitôt je subis de mauvais traitements. Ce n'était pas encore l'heure du martyre. J'ai vécu trois ans encore après les premières persécutions. Je redoublais de prédications. Plus l'amour de Dieu était fort en mon âme, plus mon zèle me donnait un dévouement, une charité sans borne pour ce pauvre peuple. Après que j'eus prêché la Doctrine de Jésus-Christ, le peuple infidèle se rassembla et complota contre moi et il me mit à mort.

Mon martyre a été très long dans les tourments. Ils me torturèrent sur des chevalets. Voyant que je vivais toujours et que rien ne m'arrachait la vie, on décida de me crucifier sur un arbre qui n'était pas mort. Je fus traîné, battu par ce peuple. Arrivé au lieu du supplice on me dépouilla, on me tordit les membres, on me brisa les dents avec des instruments que tu ne connais pas. On me transperça avec des aiguilles de fer, surtout dans les parties les plus sensibles. Je fus ensuite placé sur l'arbre, très gros et très grand. J'y fus attaché avec quatre clous. Les tourments ne faisaient que rayonner d'avantage mon visage de bonheur. On me fixa la tête sur l'arbre. On me frappa la tête de telle sorte que j'eus la tête brisée et le visage décomposé. Ma tête était aplatie contre l'arbre du crucifiement. Voyant que je respirais encore, on me trancha la tête et j'expirais dans les tourments et les douleurs. On voulut faire lécher mon sang et mes plaies par les animaux, Ils s'y refusèrent et pleurèrent mon martyre. Puis ces infidèles enfermèrent mon corps dans une boîte en bois et leur dessein était affreux ! Mais Dieu qui sait bien tout faire, envoya des âmes choisies demander mon corps. Elles aussi furent battues, mais les infidèles cédèrent à leur demande. Voilà comment je fus emporté et comment mon corps fut soustrait à l'infâme sacrilège que le peuple infidèle avait dessein de faire.

Je vais, maintenant, dire un mot de la part de Notre-Seigneur.

Nous sommes tous, plus ou moins, martyrs sur cette terre, nous le sommes tous. Il n'y a pas de Trésor plus riche, plus précieux que de souffrir pour Dieu. Laissez le monde se moquer de vous, laissez-le vous persécuter de toutes les façons, pourvu que vous serviez Dieu et que vous L'aimiez sur la terre. Il n'y a qu'un seul bonheur, un seul amour, une seule joie, c'est Dieu qui a toutes ces richesses. Que sert d'avoir sur la terre la jouissance ? Que sert d'avoir une liberté complète en toute chose ? C'est un bonheur, mais un bonheur sans mérite. Pourquoi s'attache-t-on tant à cette terre ? Pourquoi prend-on tant de goût à écouter ce que la terre redit ? Il faut employer ce temps vain et sans mérite à penser à Dieu, à prier, à Lui demander les grâces dont on a besoin. Pourquoi encore néglige t’on la confiance en Dieu pour s'occuper d'une autre confiance de boue et de poussière ? Cette confiance, c'est la plus basse, c'est la dernière, c'est celle qui vient des créatures... Pour devenir parfait, dans toutes les grâces du Ciel, il faut se retirer et en même retirer son esprit, ses pensées. Il faut se recueillir dans son intérieur... Ceux qui souffrent doivent savoir se retirer d'avantage parce qu'ils sont dans une bonne voie... Il faut prendre la souffrance pour épouse et rejeter tout le reste... Celui qui l'a épousée n'a plus besoin d'autre chose, d'autre attache, d'autre compagne pour parler, pour se consoler. La souffrance lui suffit ou bien rien ne peut lui suffire... Dieu possède tout. Dieu est le souverain Consolateur, la terre ne console pas... Plus on se détache, plus le retour d'une vie nouvelle approche. Souvent, on prolonge des existences douloureuses par trop d'attaches au monde et aux créatures. Le moyen d'abréger son existence malheureuse est de se retirer de tout et de prendre Dieu pour seul Consolateur, de tout Lui dire, de tout Lui raconter...

Je souhaite aux enfants de Dieu et de la Croix, la force et le courage et surtout ce grand détachement pour vite entrer dans la paix et dans la Demeure que le Seigneur vous prépare.

Il faut vous rassurer car le Seigneur vous promet Sa protection.

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Visite de Saint Abraham, Ermite

Extase du 10 septembre 1878

- Je suis saint Abraham, Ermite. Je suis un solitaire qui a vécu au désert et je suis connu ici sur cette terre. Je viens te dire un mot de la part de Notre-Seigneur avant d'entrer au Saint Noviciat.

Prions tous et faisons pénitence car, aujourd'hui, les pénitences sont rares, les plaisirs sont grands. Considérons notre passage fort court sur la terre et, dans cette pensée, aimons Dieu d'avantage. Aimons-Le pour ceux qui ne L'aiment pas. Soyons tous solitaires sur la terre, c'est-à-dire, enfermons-nous dans l'Amour et le Secret de Dieu. Vivons de cette force, vivons de cet amour que Notre-Seigneur nous donne si généreusement. Il est doux, il est infiniment doux de souffrir sur la terre, surtout quand Dieu permet ce détachement complet de toute chose pour occuper de Lui seul notre coeur et notre pensée. S'il existe une vie de bonheur sur la terre, c'est celle-ci, c'est la vie détachée, c'est la vie toute consumée dans le Saint Vouloir de Dieu. Dans la mort à notre volonté se trouve la paix parfaite. Si une âme veut bien servir Dieu, si elle veut bien L'aimer tendrement et goûter Son Amour sensible, qu'elle se détache, qu'elle se sépare de l'amour frivole qui existe sur la terre ; je veux dire l'amour dans les créatures. Si nous voulons trouver le Créateur, si nous voulons Lui parler, si nous voulons qu'Il soit le seul témoin de tout ce que nous faisons, brisons le lien humain qui nous empêchera toujours d'arriver à la haute perfection. Pourquoi chercher hors de Dieu, des plaisirs, le bonheur et la satisfaction ? Où donc se trouvent-ils ? Existerait-il une source nouvelle, depuis que nous n'habitons plus la terre ?

Marie-Julie :

- Oh, non, bon saint, il n'y a pas de source nouvelle pour cela !  - Pourquoi trouve-t-on dans l'entretien du monde, une espèce de force, de courage et de dilatation ? Parce que nous ne sommes pas entièrement morts pour la créature humaine. Il y a encore un grand pas à faire, il y a un fort lien à briser et une volonté à dompter. Comment cela se fera-t-il, si ces âmes persistent à faire leur propre volonté ? Voici ce qui arrive. On monte au commencement jusqu'à un certain degré de progrès. Là, on n'a plus de courage. Il faut que la créature remonte, il faut un soutien humain. A ce degré, où on reste quelquefois longtemps au lieu de gravir la montagne, on redescend parfois bien plus fort qu'on a monté, grâce à cette espèce d'amour charnel.

Marie-Julie :

- Bon saint, je ne sais pas ce que c'est que cela.

- C'est une espèce d'amour que Dieu n'aime pas parce que  souvent il n'est pas pur, il est imparfait et souvent, qu'on croit voir clair, alors qu'on voit sombre. Nous sommes tous sur la terre pour aimer notre Père, notre Créateur. Lui seul ne peut donc plus suffire ? Lui seul n'est donc plus puissant comme autrefois ? Puisqu'on cherche en dehors de Lui de quoi satisfaire son coeur ce n'est pas par cet amour qu'on trouvera le moyen de se fortifier et de se consoler parce que l'amour de la créature fait souvent une grande dépravation entre les âmes qui s'unissent pour se consoler et se fortifier avec une pincée de poussière, puisque la créature n'est pas autre chose que corruption et imperfection.

Sur la terre, notre Divin Sauveur, qui nous a tant aimés, veut que nous L'aimions. Rentrons en nous-mêmes et disons-nous cette parole que j'ai souvent méditée : " A quoi me servira d'avoir été satisfait, à quoi me serviront ces heures passées sans la Présence, sans la pensée de Dieu ? Ce sont des heures qui ne sont point comptées, qui ne sont point marquées au nombre des mérites. "

Quand on vit seul avec Dieu que l'on est heureux ! Toutes les inquiétudes semblent s'évanouir car Dieu seul nous rend tellement heureux qu'on vit, pour ainsi dire, dans l'amour parfait. Tous sur la terre nous sommes créés pour nous aimer, pour souffrir et pour nous soulager.

Jamais le nombre des ingratitudes n'a été aussi grand qu'aujourd'hui. On n'aime plus soulager son prochain, on n'aime plus faire quelque chose pour réparer son honneur attaqué. Pourquoi ? Parce que nous sommes faibles et que nous sommes lâches et que nous avons encore une attache qui n'est pas rompue.

Entrons dans le silence et surtout, éloignons-nous des bruits de la terre pour servir Dieu, pour goûter combien il est doux de L'aimer sur la terre. C'est le commencement de l'amour véritable.

La vie est pleine de misères, elle est pleine de tourments, de douleurs et d'inquiétudes, gardons notre paix au milieu des plus grands troubles. C'est un signe que Dieu a creusé en nous, un commencement de source de paix. Nous portons nos croix, plus ou moins pesantes, sur la terre et quelquefois il arrive que nos croix soient effrayantes par leur pesanteur. Pendant notre vie il n'y aura pas que Dieu à les appesantir sur notre misérable corps, le monde s'en mêlera aussi. Sur cette terre on n'est jamais parfaitement tranquille parce que, tantôt on entend, tantôt on ressent une autre peine qui vient mettre le comble à la douleur qui était modérée. Bientôt cette peine devient si grande qu'on ne peut la mesurer, ni l'expliquer, ni la comprendre. Gardons la paix, soyons tranquilles. Dieu veille sur nous. Dieu nous protège et nous aide par Sa grâce et Son Amour. En gardant la paix, on plaît à Dieu. En troublant Sa paix, on déplaît à Dieu...

Obéissons à Dieu puisque c'est Lui qui nous dirige, qui nous commande et qui nous ordonne... Les victimes de la Croix ont la Croix pour partage. N'est-ce pas le plus riche, le plus beau, le plus amoureux ? Qu'ont-elles besoin d'autre chose, puisque Dieu leur donne un Trésor si riche qui déborde de toutes parts ? La Croix doit être leur union, leur compagne, leur délassement, leur appui, leur consolation, leur espérance et leur attache sur la terre.

Dans cet entretien, ce grand représentant de la Tradition Érémitique de l'Église nous invite au recueillement dans notre vie quotidienne. Le monde actuel est ennemi juré du recueillement et de la vie intérieure car il est dominé par les puissances ennemies de Dieu. Faisons tous les efforts possibles pour respecter le silence dans notre vie et dans celle des autres. On parle de la qualité de l'air et de l'eau, peu de la nécessité du silence dans la vie humaine.

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Visite de Saint Marcellin, Martyr

Extase du 12 septembre 1878

Ce n'est pas saint Marcellin, Pape de 296 à 304, martyrisé sous l'empereur romain Dioclétien. Fête le 26 avril. Il s'agit plus probablement du saint Marcellin, Martyr, dont le nom est cité à la Sainte Messe, associé au Martyr de saint Pierre. Pierre et Marcellin furent martyrisés également sous Dioclétien en 303. Saint Marcellin était prêtre, saint Pierre seulement exorciste. Leur culte fut si important que, dès la paix apportée par l'Édit de Milan (313), l'Empereur Constantin leur fit construire une Basilique, comme à saint Pierre, Apôtre, à saint Paul, saint Laurent et sainte Agnès.

- Je suis saint Marcellin qui a vécu parmi les hérétiques. J'ai été persécuté, pour avoir refusé d'apostasier ma Foi... J'étais de ceux qui avaient un amour passionné pour Notre-Seigneur, dans le Saint Sacrement. Cet amour était ma force, ma consolation, mon sublime bonheur.

J'eus une pensée qui me pressait fortement de me rendre au milieu de ce peuple hérétique, quoique je n'y fusse engagé par aucun ordre, ni du Ciel ni de la terre. Cette pensée me pressait et toujours mon désir s'accroissait d'aller porter le Nom de Dieu à ce peuple infidèle. J'y allais donc volontairement, possédant en moi Celui qui fortifie. Ce fut mon dernier Repas au Banquet de l'Amour.

En arrivant, parmi ce peuple, je fus conduit tout d'abord au chef des hérétiques. Inconnu, je frappe et on m'ouvre. J'aborde cet homme robuste, fier de lui-même et le salue, genou en terre. Il se lève et me dit : " Es-tu un des imposteurs de Celui qui veut détruire notre religion ? " Je lui ai répondu fièrement : " Je suis Chrétien, enfant de Dieu, par le Baptême." II me demande alors : " Manges-tu cette nourriture qu'on dit Dieu ? " Je réponds : " Je me nourris du Dieu de la Croix et de l'Eucharistie. " II pose alors la main sur moi et dit : "Tu es donc un des associés de Celui qu'on nomme le Christ, Roi du monde ? " Je réponds : " Je le suis et j'en suis fier. " Alors, il me maudit, me poussa rudement au dehors de son palais et ordonne que ses gardes me lient et m'enchaînent. En même temps, on me fouille et on trouve la croix avec laquelle je vivais. Ce fut assez. L'ordre est don né de me faire mourir. Je fus maltraité, insulté, dépouillé, traîné, accablé. Je demandai au roi de m'accorder jusqu'au lendemain pour mourir, afin de pouvoir, une dernière fois, recevoir le Pain des Forts.

Mais on m'étendit aussitôt sur un chevalet de fer et j'y fus serré par des ressorts si terriblement que mes douleurs étaient inouïes. Le lendemain, je reçus la palme du martyre je fus d'abord étendu sur le chevalet, puis jeté sur un bûcher ardent. C'est là que je fus égorgé par des mains sacrilèges. Le roi ordonna qu'on m'ouvre la poitrine, pour trouver le Dieu de mon âme, pour Le fouler aux pieds, pour Le crucifier, pour Le déshonorer. Puis je fus laissé plusieurs jours au bord d'une rivière et j'y fus précipité.

Mais aussitôt une femme étrangère vint prendre mon corps pour lui donner sépulture et je fus transporté dans un cimetière béni.

J'ai, à présent, un mot à vous dire de la part du Seigneur.

Chers frères en Notre-Seigneur et en Sa Sainte Croix, vous souffrez en ce moment, mais un temps peu éloigné donnera et répandra encore de bien plus grandes souffrances ? Souffrez donc avec la joie d'aller un jour près de Dieu. Vous qui souffrez, en ce moment, pour le Dieu que nous adorons tous, soyez persuadés que, par vos souffrances bien acceptées, vous retenez la justice du Seigneur en faveur de tous vos frères qui Le déshonorent, et Le blasphèment... Dans ce moment, vous devez plus que jamais vous attacher à Dieu et vous détacher de tout le reste que Dieu méprise... C'est aujourd'hui le moment d'être lapidé, crucifié, foulé aux pieds, couvert d'ordures aux yeux du monde. C'est le manteau que portent maintenant les enfants de Dieu. Mais Dieu ne vous regarde pas de la même manière que le monde. Vous êtes brillants aux yeux de Dieu. Quel bonheur ! Que j'envie votre sort ! Que je voudrais vivre avec vous ! Je vais prier pour vous au Trône de Gloire Éternelle de notre Père.

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Visite de Saint Lambert, Évêque et Martyr

Extase du 16 septembre 1878

Saint Lambert, né en 640, est mort en l'an 709. Il fut Évêque de Maastricht et soutint l'apostolat de saint Willibrord (658-739). Évangélisateur de la Frise et de la Saxe, il baptisa Pépin le Bref, père de Charlemagne, l'Empereur très chrétien.

- Mon nom est saint Lambert, Évêque et Martyr. J'ai souffert le martyre en soutenant les vérités de Dieu et de l'Église, parce que je n'ai pas voulu violer les lois chrétiennes et renier ma Foi. On a fait bien des martyrs à l'époque où je fus martyrisé. Il a été versé beaucoup de sang par les hommes barbares et impies qui avaient rejeté la Foi en Jésus-Christ.

Mon martyr fut long par des tortures de toutes sortes. On ne pouvait m'arracher la vie. J'ai été torturé d'une manière affreuse et sans pitié. Mes membres ont été tordus, broyés sous une espèce d'instrument de fer. Puis, après avoir été ainsi moulu, pour ainsi dire, je fus exposé sur un grillage hérissé de pointes aiguës qui transperçaient ma chair et déchiraient mon corps. Je fus frappé avec des verges de fer sur toutes les parties de mon corps, de sorte que je ne pouvais faire aucun mouvement. Le dernier supplice fut encore plus douloureux. On fit des ouvertures sur toutes les parties de mon corps et j'ai ainsi versé mon sang pour soutenir la Foi.

Maintenant, je vais dire un mot de la part de Notre-Seigneur.

Il est bien doux de souffrir et d'endurer le martyre quand on a la vraie Foi chrétienne. Rien n'épouvante, rien n'affaiblit, rien ne décourage quand il s'agit de faire la Sainte Volonté de Celui qui est mort pour nous. Pendant toute ma vie j'ai aussi bien souffert sur la terre. J'ai été accusé, j'ai porté des fardeaux d'accusations. Quand l'amour de Dieu est fondé dans les âmes, tout devient léger au point que l'on ne ressent pas l'atteinte des plus grandes douleurs. Souffrir de la part des hommes est bien doux parce qu'on éprouve une force surhumaine qui nous vient d'en Haut et qui nous donne un courage tel qu'on est prêt à affronter tous les périls, toutes les menaces et toutes les condamnations... Notre-Seigneur a planté dans notre coeur une vigueur de courage et d'Espérance qui ranime en nous une Foi si vive, un amour si ardent, qu'on a pour Dieu une très grande reconnaissance.

Dieu seul, connaît le prix de cette grâce amoureuse. Les souffrances de cette vie sont le plus court moyen pour arriver à la perfection. L'homme, qui ne souffre ni dans son corps, ni dans son âme, ni dans son coeur, doit beaucoup craindre et s'inquiéter, parce qu'il est loin de la Sainte perfection. La perfection laisse sur le visage de l'homme des traits rayonnants qui annoncent l'élévation de son âme, de son coeur, de ses pensées vers Dieu, qui est son Espérance.

Notre-Seigneur nous place, sur la terre, dans une espèce de prison obscure, fermée, noire, et cette prison, ce sont nos misères humaines, qui s'élèvent comme des murs, pour nous faire encore plus captifs. Notre-Seigneur adorable ne nous a pas placés sur terre pour jouir et nous reposer ni pour être parfaitement heureux. Il nous a placés sur terre d'abord pour L'aimer et ensuite pour nous faire participants de Son Divin Royaume. Passer sa vie sur terre sans aimer Dieu, c'est passer sa vie sans vie, sans attendre d'être récompensé. Notre-Seigneur adorable, dans Son amour de Père, permet quelquefois qu'on soit écrasé, mutilé, noirci. Ces moments sont bien riches, bien précieux et pleins d'amour.

Si nous connaissions en ce moment ce que Notre-Seigneur nous prépare, nous promet et nous donne, nous vivrions hors de nous-même, dans l'Espérance Divine. Notre-Seigneur regarde notre âme avec tant de tendresse, tant d'amour, qu'il l'embellit par Son regard. Il écarte les grains de poussière, c'est-à-dire les misères qui entourent notre âme et II la pare de beauté, de splendeur. Il lui donne une liberté supérieure pour goûter combien il est doux de s'élever à la perfection désireuse d'aimer. Au moment de l'accablement et du délaissement, notre âme gagne un trésor de grâces, auprès de Dieu. Elle entre dans l'amitié de son Créateur. C'est par là qu'il vous faut tous passer, plus ou moins profondément.

Il faut vite retirer nos attachements de cette terre pour les donner au Souverain Créateur de toutes choses. Dieu n'aime pas une âme qui a une attache montante vers le Ciel et une autre attache descendante vers la terre. Car toujours l'attache de la terre détruira la force de l'autre. Il faut trancher cette attache trop humaine où la charité n'est pas toujours parfaite. Dans l'humanité, il n'y a qu'imperfection, misère, légèreté. Au contraire, dans l'attache Divine, tout est parfait, tout devient parfait, tout s'élève en perfection complète.

Quelquefois, la faiblesse du coeur trouve la consolation dans la faiblesse de la voix humaine. Il ne faut pas trop rechercher et savourer cette consolation parce que, dans cette recherche, pendant le temps qu'on y passe, la pensée de Dieu est oubliée. La pensée humaine est, dans toute sa force et son étendue, occupée de viles misères et d'affections imparfaites. Notre-Seigneur nous envoie Ses croix, avec tendresse, pour que notre âme, notre coeur, notre esprit, notre pensée, ne soient occupés que de Dieu seul et de Sa Croix. Quand II envoie Ses chères croix, Il veut que nous ne soyons occupés que de Lui et de Sa Croix. Il veut que tout le reste disparaisse. C'est pour nous faire penser à Lui qu'Il nous accable plus profondément, parfois...

Courage ! Si Dieu vous accable, c'est un signe qu'il vous aime, qu'il vous prépare, qu'il vous destine et vous prédestine, comme les ouvriers à une grande oeuvre. Vivez sans consolations, sans assurances, sans soutien humain, pour ainsi dire, sans lumière. C'est la plus grande douleur, il est vrai, mais la plus méritante. Je m'en vais maintenant prier pour tous mes frères dans la Croix et sur la Croix, puisque, sur la terre, vous êtes tous ouvriers pour la Croix, ouvriers pour l'oeuvre de Dieu, ouvriers pour l'oeuvre de la Sainte Trinité.

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Visite de saint François d'Assise

Extase du 17 septembre 1878

Saint François d'Assise est le Père spirituel de Marie-Julie du Crucifix qui était tertiaire de l'Ordre Franciscain. C'est le Père Séraphique, celui qui la guide et la soutient dans la voie de lumière et d'amour, de don total d'elle-même, voie qu'il connaissait d'expérience personnelle. La mission de saint François, dans le renouveau de l'Église est primordiale : " Va, François et répare Mon Église. "

Ces paroles qui retentirent dans la chapelle effondrée d'Assise sont toujours d'actualité. La reconstruction sera l'oeuvre de la coopération du Ciel et des fidèles de la terre.

- Chers frères de la Croix, ne vous inquiétez de ce qu'on dira de vous ! De ce qu'on fera contre vous ! Gardez la paix et l'espérance car le chemin qui conduit à l'honneur et à la gloire vous est ouvert... Pourquoi ne vous attaque-t-on pas en face ? Parce que Dieu a versé en vous un respect que vous avez mérité en vous dévouant à Sa gloire. C'est ce respect, venant de Dieu, qui empêche les affronts et empêche vos ennemis de s'approcher en face de vous, la tête et les yeux levés. Voilà pourquoi ils vous respectent par force. Il y a encore quelque chose qui les renferme ; ils sont attaqués en eux-mêmes, sans savoir comment ils sont retenus par une puissance invisible qui leur souffle : " Tu respecteras l'âme choisie de Dieu, tu respecteras le corps de l'homme dont tous les mouvements se dévouent à l'oeuvre de ton Dieu. " Voilà le souffle qu'ils ne voient, ni ne connaissent, ni n'entendent, mais qu'ils ressentent...

Chers frères de la Croix, pourquoi déchire-t-on votre réputation ? C'est que vous êtes des hommes d'une chair trempée et retrempée dans la source Divine qui n'est réservée qu'aux véritables et fidèles serviteurs de Dieu. Voilà pourquoi vous êtes solides comme le fer éprouvé par le feu. Mais on ne peut déchirer votre honneur, parce que votre honneur n'est pas un honneur naturel comme celui de tous les autres. Cet honneur ne vient que de Dieu, que de Sa Croix, que de Ses promesses. Il ne vient que de la Divine Volonté, que de la confiance que mes frères ont en Dieu. Pourquoi invente-t-on ? Parce que l'honneur jaloux des ennemis de mon Dieu s'élève en eux, qu'il les travaille, qu'il ne leur laisse aucun repos. C'est là un honneur, un orgueil qui vit dans les vices, dans la colère, dans la vengeance de tous vos ennemis qui sont les ennemis de Jésus-Christ... Cette rage vient de la jalousie, de l'orgueil, du désir que Dieu ne soit pas défendu, que Son Nom ne soit pas respecté, que Sa Croix n'ait pas de défenseurs, que tout ce qu'il fait soit oublié et anéanti. Voilà pourquoi vous souffrez, pour Dieu, pour Son Nom, pour Sa Cause... Le petit nombre des amis de la Croix est choisi et béni. C'est Dieu qui le veut ainsi. Il a pour lui les plus belles promesses divines... Dieu a dit : " C'est sur vous, sur toi et sur toi que j'arrête Mon Regard adorable. Je veux que tu Me sois dévoué dans Mes desseins. Je te choisis pour soutenir, pour défendre le commencement de Mon oeuvre. Je te place dans Mon oeuvre comme un poteau solide. Tu l'appuieras, tu la soutiendras, tu la porteras sur tes épaules, quand elle sera dans les plus grandes menaces... "

Les victimes et les serviteurs sont destinés à aider Notre-Seigneur à soutenir l'oeuvre, les murs de l'oeuvre, pour la placer sur de belles pierres taillées et polies. Quelle belle couronne de Gloire ! Quel honneur !...

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Visite de saint Jean 1er, Pape et Martyr

Extase du 19 septembre 1878

L'Élu qui se présente à Marie-Julie est saint Jean 1er, Pape italien de 523 à 526. Il fut emprisonné par ordre de Théodoric, roi arien. L'hérésie arienne niait la Divinité du Christ. Elle causa de grands ravages dans la chrétienté bien que condamnée par le Concile de Nicée en 325. Les catholiques fidèles à Rome et à ses enseignements furent longtemps persécutés par des rois et des Empereurs hostiles. Les Ostrogoths et les Wisigoths qui occupèrent l'Italie et l'Espagne furent tirés de cette hérésie par les Apôtres des Temps Barbares.

Saint jean, Pape, mourut dans sa prison. Sa fête est célébrée le 27 Mai.

- Chers enfants de Dieu, que la paix la plus profonde règne dans vos âmes. Je suis saint Jean, Pape, mort en prison.

Je fus exilé pour la cause de Dieu et je fus tourmenté par d'horribles tortures dans la prison où j'ai rendu mon âme à Dieu... J'ai subi d'amères douleurs pour n'avoir pas voulu renier le Nom de Jésus-Christ et pour avoir soutenu le Dogme de la Sainte Trinité et l'infaillibilité de l'Église.

Depuis mon martyre, beaucoup m'ont suivi et ont remporté la même palme que moi. Après avoir porté des chaînes, frappé et privé de nourriture, je n'étais pas au bout de mon martyre. Je subis un deuxième interrogatoire par les Empereurs et leurs serviteurs. Rien n'ébranla ma Foi. J'ai gardé dans mon âme le Saint Nom de Dieu et en même temps, la pensée de la Sainte Église exilée pendant ce siège. Ces deux pensées me firent accepter le trépas. Après cet interrogatoire, je fus frappé et soumis aux épreuves les plus terribles. Ce fut là que j'allais consommer mon martyre après de longs jours d'exil. Je fus lié pieds et mains et suspendu par le cou avec une chaîne après de rudes coups. Ce fut dans cette prison d'exil que non âme prit son vol vers la récompense éternelle.

Maintenant, un mot de la part de Notre-Seigneur.

Nous sommes tous des martyrs sur la terre, chacun par la manière fixée par la Divine Volonté. Nous sommes placés sur une terre d'exil et, aujourd'hui plus encore que jamais, car on veut exiler le Nom de Dieu, la Religion et l'Église. On veut que les chrétiens plient sous la loi... Chrétiens, préparez vos armes, c'est-à-dire votre courage, car les menaces sont grandes. Le coup qui est porté sera terrible par son retentissement... L'Église est en péril... Il faudra du courage et du sang pour sauver le Temple de Dieu... Notre-Seigneur vous donne de lourdes croix, ce sont ces croix qui vous épargneront le grand coup... Soyez donc heureux de porter la Croix de notre Divin Maître...

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Visite de Saint Félix, Évêque

Extase du 23 septembre 1878

Saint Félix de Dunwichfut Évêque et apôtre de L'Angleterre. Il est mort en l'an 648. Fête le 14 Février.

- Je suis saint Félix qui a travaillé à la conversion des Anglais. Je viens dire un mot de la part du Seigneur... J'ai souffert toutes sortes de peines d'accusations et de noires persécutions. Je ne me suis point rebuté, j'ai continué mon pénible travail. ... J'ai continué ma mission qui venait du Ciel. J'ai souvent été frappé par ces âmes infidèles éloignées de Dieu. J'ai comparu devant les tribunaux, mais je n'ai pas faibli.

Après avoir gagné une multitude d'âmes à Dieu, je pris quelque repos au milieu des Anglais. Je fus soigné de leurs mains et leurs coeurs compatissaient à mes souffrances. Ce fut, dans cette grande souffrance, que le Seigneur m'ouvrit la beauté des Cieux. Ce fut sur la Croix que j'entrais dans la douce conversation intime des secrets de Dieu. Pour me récompenser, le Seigneur m'envoya toutes sortes de douleurs. J'étais crucifié de tous mes membres, privé de convertir et de travailler au salut des âmes.

Subitement, notre Bon Sauveur rendit la vie aux membres de mon corps desséché. Je pus encore, pendant quelques années, travailler à la conversion des Grands de l'Angleterre qui étaient restés obstinés dans leur refus de la Foi. J'entrais à Londres où il y avait un grand nombre d'âmes sous l'emprise infernale. Je fus deux fois lapidé, je fus insulté. Mais Dieu, dans Sa Puissance amoureuse sait toujours tout faire pour Sa Gloire. Il me soutint.

Au milieu de ces cruelles persécutions, j'étais meurtri, couvert de blessures. Dans la nuit, un Ange vint, avec une fiole, fermer mes blessures et, le lendemain, j'étais parfaitement et miraculeusement rétabli.

Je fis un grand nombre de conversions à Londres et elles ont persévéré. Je revins alors au milieu des Anglais et je retrouvais leur Foi forte et puissante. ... Mais j'eus encore des assauts terribles à souffrir. Je fus menacé d'être mis en prison par les gardes. Je fus sur le point de passer en jugement car j'étais calomnieusement accusé. Mais mon innocence devant Dieu état sans tache. Je fus délivré par la voix d'un jeune homme inconnu. La veille de ce jugement, je le vis entrer dans la cellule où je me retirais pour prier et faire pénitence. Il me dit : " Aujourd'hui, sors de l'Angleterre et va dans la ville la plus proche de la France. " Cette voix m'était inconnue, mais sa douceur ravissait mon âme. Je résistais. Dans la profondeur de la nuit, la même voix me rappela et me dit : " Sors vite, car on se dispose à venir te prendre et te conduire devant tes accusateurs. "

Aussitôt, je suivis le jeune homme qui me conduisit dans cette ville qui touche le bord de la France (Douvres) Et là j'ai passé un mois et quelques jours. La persécution s'était un peu relâchée, mais j'étais toujours menacé.

Je retournais en Angleterre. Je m'armais d'une très grosse croix de l'ancien temps et je m'en fus au-devant de mes juges et de mes calomniateurs.

Je leur dis : " Voilà la victime, je me mets à votre disposition, jugez-moi, condamnez-moi. Mais, en me jugeant et en me condamnant, vous condamnerez Celui que je porte attaché sur la Croix. "

Cette parole produisit la consternation sur les visages. Je remportais la victoire. Je fus, ensuite, poussé à prêcher fortement et je fus inspiré par le Ciel. Mes juges et mes calomniateurs tombèrent à mes pieds. Je les convertis. Voila la récompense d'affreuses persécutions. Le Bien du Ciel tomba sur la pauvre victime accusée, innocente... Ensuite, j'ai parcouru bien des pays, j'ai toujours souffert, toujours la persécution a suivi mes pas.

Chers Frères et amis de la Croix, faisons notre joie du pain de l'amertume puisque ce n'est que par le mépris qu'on se rend dans la gloire. Et ce n'est que par la persécution qu'on devient les vrais amis de Dieu... Détachons-nous. Restons insouciants de ce qu'on dit de notre personne. C'est dans l'abandon à la Volonté Divine qu'on trouve une force puissante qui semble tout recréer en nous.

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Visite de Saint Pamphile, Martyr

Extase du 26 septembre 1878

Saint Pamphile est un martyr d'Asie Mineure. Il était très réputé pour sa haute science. Il est mort en 309 durant les persécutions de l'Empereur Dioclétien et des Césars. L'un d'eux, son gendre Galère, détestait les chrétiens et fut très cruel. Il voulait imposer, pour maintenir l'unité dans ce vaste Empire menacé de dislocation, la même religion à tous les sujets, le culte des dieux et de l'Empereur. Dès 295 la persécution fit des ravages dans l'armée (massacre de la légion Thébaine - 6000 victimes dont saint Maurice et saint Exupère qui refusèrent de sacrifier aux dieux). Puis ce fut " l'épuration " de la société civile. Successivement parurent quatre édits :

- Destruction de toutes les églises et des livres sacrés

- Incarcération des clercs

- Ordre aux prêtres de sacrifier aux dieux païens

- Ordre à tous les chrétiens de sacrifier aux idoles et de rendre un culte à l'Empereur.

Pour la gloire de Dieu, beaucoup de chrétiens refusèrent de se soumettre et furent massacrés selon des méthodes " d'épuration ethnique " que notre XXème  siècle ne peut pas se vanter d'avoir oubliées ! Il fallut attendre l'Edith de Constantin de l'an 313 pour que cessent ces persécutions en Orient. Fête le 1er Juin.

- Je suis saint Pamphile martyrisé sous les Empereurs sacrilèges pour Dieu et Son Saint Nom, pour la sainte Religion, pour la consolation des chrétiens. C'est à la fleur de mon âge que j'ai subi le martyre devant les juges de l'Empereur. J'ai soutenu ma Foi et le Nom de mon Dieu jusqu'au dernier instant de mon martyre douloureux. J'ai été étendu sur un chevalet de pointes très aiguës sur lequel j'étais serré par de larges bandes de fer également garnies de pointes de toutes parts. À peine pouvais-je respirer sur cet instrument de supplice. J'eus sur moi, pendant un jour, un bandeau de fer rougi par les flammes. Rien n'est plus doux que de souffrir quand on le fait pour la gloire de Dieu ! J'étais écrasé, brisé, moulu, par ces instruments de supplice inventés par la malice et la cruauté des hommes. Je fus jeté ensuite dans de l'huile bouillante. Mon corps n'était plus qu'une plaie, mon sang se mêlait à cette huile. Ensuite, je fus étendu sur un arbre formant une croix devant un mur. Là, je fus encore torturé. J'eus le corps transpercé, de part en part, avec des alênes de fer. La plus grande douleur se fit sentir à mon coeur, quand il fut traversé. J'eus ensuite les ongles arrachés, les dents brisées, les yeux tirés de leur demeure. C'est là que j'expirais dans les douleurs et dans les tortures.

Mon amour pour Jésus au Calvaire était si ardent que j'aurais voulu souffrir des années pour payer cette reconnaissance de bonheur et d'amour. J'avais aussi un ardent amour pour Jésus dans la Sainte Eucharistie. C'était mon soutien, ma force et mon bonheur. J'ai été martyrisé comme les chrétiens si nombreux qui ont remporté cette couronne. Mon martyre eut lieu au plus fort des persécutions de l'Église.

Un mot maintenant de la part de Notre-Seigneur.

Autrefois, Notre-Seigneur avait des ennemis, tous Ses bienfaits avaient des ennemis, l'Église avait des ennemis. Aujourd'hui il y en a encore. Aujourd'hui, les ennemis de notre Dieu n'ont plus de conscience, ils n'ont plus de pensée, ils n'ont, pour ainsi dire, plus de coeur. La haine a étouffé la charité de leurs coeurs vivant dans leur corps. Eh bien ! Chers frères de la Croix, soyez donc heureux et pleurez de bonheur, d'avoir aussi des ennemis pour vous rapprocher de Celui qui veut vous combler de grâce et de bonheur. Ne vous vengez pas. Regardez le Calvaire et voyez la Charité de Notre-Seigneur éclater à chaque instant, pour vous embraser, pour vous consumer, pour régénérer cette Sainte Charité qui vous porte et vous pousse à tout entreprendre, à tout souffrir, à tout endurer pour le Dieu du Calvaire. Toutes les persécutions, qui doivent vous suivre de la vie à la mort, ne font qu'augmenter votre bonheur de développer une science de paix profonde. Et cette paix vous laisse entrevoir les mystères puissants de la Bonté de Notre-Seigneur. Frères et soeurs, vous pouvez dire en tout temps : " Nous portons des fleurs, nous respirons leur parfum, parce qu'en tout temps, il nous faudra souffrir, en tout temps il nous faudra subir des persécutions. "

Voilà vos fleurs et leur parfum ! Le parfum des fleurs de la persécution ne s'arrête ni aux nuages, ni au firmament. Il va jusqu'au Ciel aux pieds de notre Époux, sur Son Trône Éternel. Chers frères de la Croix, prenez votre nourriture dans les Blessures Sacrées de Jésus, dans vos accablements et dans vos délaissements. Allez à ce Repas Divin. Allez, vous, âmes que Dieu a choisies pour Lui gagner des âmes, pour les Lui présenter florissantes de Grâce après vos travaux, après votre mission accomplie. ! Quelle joie ! Quels transports pour vous d'avoir placé des âmes autour de Son Trône Éternel ! Vivez d'amour au milieu des épines ! Qu'il est doux de parler avec le langage de l'amour ! Ce langage se puise à la pointe des épines, dans le poids des croix de Dieu. Chers frères, étudiez vos sermons et vos conversations au pied du Crucifix et vous sentirez les doux effets de l'amour embrasé qui a fait les Séraphins et les Chérubins. Sur la terre, chers frères de la Croix, vous vous nourrirez d'un Aliment précieux et fort, c'est l'Aliment de notre cher Époux, c'est Sa grâce, c'est Son amour, c'est Sa tendresse. II vous donne tout. II vous invite à ce Banquet. Allez avec bonheur, allez vous fortifier, allez dilater vos âmes dans ce pur amour qu'aucune créature ne peut donner. Vos coeurs sont devenus des fontaines, tandis que vos yeux ont été creusés dans les sources, c'est-à-dire dans les larmes.

Notre coeur, dans sa fontaine, nage, surnage, surabonde de joie, mais de joie secrète, joie qui n'est point connue de l'humanité du corps, ni des misères du corps. Cette joie n'est connue que de Dieu, que de Ses Blessures Sacrées. Pourquoi ce secret ? C'est pour te faire mériter, frère appelé par la grâce, à la participation et à la distribution des richesses, des biens, des gloires de ton Dieu Éternel ! Dans ce temps qui passe vous devez être tous comme des agneaux qu'on immole sur la Croix, sans vous plaindre, sans murmurer, sans dire : " Mon Dieu, pourquoi cette peine ? "

C'est l'heure du sacrifice, c'est l'heure où les brebis du Seigneur seront immolées par la langue, par l'esprit, par la vengeance du coeur ennemi.

L'immolation est admirable. Le souffle de vos coeurs redit à Dieu un cantique d'amour et d'action de grâces. Pourquoi ? Parce que vous ne cherchez point à vous défendre, à vous excuser. Vous portez ce qu'on vous donne, vous chargez sur vos épaules la croix qu'on vous a préparée et qui est bien loin d'être juste, parce qu'on ne vous croit pas justes, ni justifiés dans la justice de Dieu. Aux yeux du monde, aux yeux de vos frères, vous paraissez coupables. Laissez faire, laissez agir, laissez-vous dépouiller du premier manteau. Ce n'est pas le plus beau, le plus parfait. Il est, sans doute le manteau qui sauvegarde l'innocence, mais ce n'est pas le manteau de l'innocence. Celui-là est plus caché, ils ne l'atteindront pas. Quelle joie ! Tressaillons ensemble de bonheur et d'amour, parce que vous êtes appelés du nom de martyrs, martyrs de patience, martyrs par la soumission, martyrs par la charité et la résignation, martyrs par l'amour aimant, c'est-à-dire par l'amour qui aime Dieu. Oh ! Que votre part est belle ! Ah ! si ceux qui vous causent ce martyre connaissaient votre paix !...

Vivez dans l'amour de Dieu. L'amour se puise au pied de la Croix. Faites le Noviciat de la Croix, noviciat de paix, noviciat d'amour, cloître d'Espérance, avant d'aller faire la profession dans les Cieux, profession éternelle.

La vie chrétienne est comme la vie religieuse. Avant de prononcer les voeux définitifs, la profession, la religieuse ou le religieux doit apprendre dans un noviciat, comme un bon ouvrier doit d'abord être apprenti, puis professionnel confirmé. Dans noviciat, il y a nouveau, il y a changement. Ce qui renvoie au vieil homme qui doit faire place à l'homme nouveau en chacun de nous. En cela nous sommes tous novices et avons beaucoup à convertir en nous. La croix est faite pour cela. Le cloître est un lieu de silence et de prière, à l'écart de l'agitation du monde. Le noviciat est école de recueillement.

Entrez dans la Sainte École des Plaies de Jésus Crucifié, c'est là que l'on apprend, c'est là que l'intelligence se développe.

Entrer dans les Plaies de Notre-Seigneur signifie comprendre qu'il nous a aimés jusque-là. Lui qui, en tant que Dieu est impassible, a voulu nous montrer dans Son humanité souffrante les preuves de la Vérité de Son Amour : " J'ai gravé ton nom dans la paume de mes mains et dans mon coeur."

Et, en se développant, cette Vérité devient Divine parce que l'écoulement de la grâce de Notre-Seigneur la vivifie, la qualifie, l'embaume et la transforme... La Croix a été le partage de Dieu, elle a été ensuite le partage des Saints, elle est votre partage ! Chérissez-la, plantez-la dans le plus beau parterre de votre coeur, c'est-à-dire dans le lieu le plus beau, le plus orné, le plus riche !...

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Visite de Saint Vincent, Martyr

Extase du 28 septembre 1878

- Que la paix du Seigneur soit avec vous, chers frères et soeurs. Que l'amour de Notre-Seigneur vous vivifie tous ensemble dans la Sainte Charité !

Mon nom est saint Vincent, Martyr. J'ai été persécuté dans le temps des cruelles persécutions de l'Église. J'ai souffert le martyre pour mon Dieu, pour Sa Sainte Croix, pour la défense de la Sainte Religion. J'aurais pu vivre si j'avais voulu apostasier. J'ai préféré mourir pour mon Dieu, plutôt que de renier Son Saint Nom et Sa Religion.

J'ai été mis à la torture par ces fameux empereurs qui ont fait tant de martyrs. J'ai été mis sur un gril, les flammes soufflées sur mon corps. J'eus la grâce de voir un rayon du Ciel qui me raffermissait et me comblait de joie de donner ma vie pour sauver mon âme. Je recevais des insultes et des outrages affreux. Mes larmes coulèrent si abondamment que, trois fois, j'éteignis les charbons ardents qui brûlaient ma chair. Ce prodige, ce miracle puissant ne servit à rien aux barbares qui insultaient mon Dieu trois fois Saint. A la suite de ce prodige qui venait de mon Dieu, je fus traité avec plus de violence encore. Mon corps fut couvert de charbons. Il fallait que je rôtisse comme un autre saint Laurent. Je ressentais une douce fraîcheur dans tout mon corps, c'était comme une rosée qui empêchait la flamme de me faire souffrir. Je subis une torture affreuse. Mon corps fut tout brisé, je fus foulé aux pieds par mes bourreaux.

Je sentis l'heure du triomphe quand je ressentis les douleurs dans mon coeur. J'ai expiré sur ces affreuses flammes, torturé, abreuvé des plus infernales ignominies. Qu'il est doux de mourir pour Dieu ! Qu'il est doux de conserver le germe béni de la Foi quand on aime Celui qui a tant souffert pour racheter nos âmes immortelles ! Il nous faut du courage et, au milieu du courage, il nous faut une charité de feu.

 Un mot, maintenant, de la part de Notre-Seigneur.

Chers frères, Notre-Seigneur nous a donné à tous la grâce d'être admis au Saint Baptême. C'est cette grâce qui fait la force des Chrétiens. Elle nous fait devenir les Enfants héritiers des dons de notre Père du Ciel. Quelle force ! Quelle générosité ! Quel bonheur ! O grâce, que tu fortifies !

Le Seigneur nous a donné à tous une âme immortelle. Oh ! si nous connaissions le trésor qui vit au milieu de la poussière de notre corps ! Cette pensée serait capable de nous transporter vivants, par ses ardeurs et ses hauteurs, jusqu'au Trône de Dieu, Cette pensée a des ailes et ces ailes sont des flammes car elles sont des transports.

Notre-Seigneur nourrit nos âmes. Il veille à leurs besoins. Il se fait l'Aliment de cette âme immortelle et l'âme ne vit que de Dieu. Quelle différence entre l'âme et le corps ! Ce corps de poussière vit d'aliments grossiers. L'âme vit de la Divinité de Dieu. Elle y trouve sa substance, elle y trouve un Aliment de délices.

Notre-Seigneur adorable, pour augmenter la beauté de nos âmes semble quelquefois affaiblir Son Aliment et l'éloigner à quelque distance. Mais, dans ces moments, Notre-Seigneur tient nos âmes dans Ses Mains adorables et II les comble de bonheur. Il les enrichit de Ses dons ineffables. Il ne faut donc pas dire : " Mon âme, tu es loin de Dieu " puisque, en ce moment, c'est Lui qui la porte, c'est Lui qui la loge en Lui-même, dans Sa Personne toute adorable.

Le bon saint, ajoute que, bien que nous ne le sentions pas, pour embellir notre corps mortel, qui n'a rien de la splendeur de notre âme immortelle, Dieu lui envoie des croix, des peines et des souffrances.

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Visite de Saint Pantaléon, Martyr

Extase du 1er octobre 1878

Saint Pantaléon (tout miséricordieux en grec), est une victime des persécutions de Dioclétien en 303. Fête le 27 Juillet. Avec saint Luc, saints Corne et Damien, il est un des Saints patrons des médecins.

- Je suis saint Pantaléon cruellement mis à mort pour la Foi, pour avoir défendu le droit de l'Église. C'est sous ces Empereurs barbares que j'ai versé mon sang. J'ai été torturé cruellement. J'ai été condamné à mort après avoir subi neuf interrogatoires. J'ai partout soutenu le droit de Dieu, et j'ai conservé ma Foi. J'ai reçu ma condamnation par l'Empereur et les juges sans effroi et sans crainte. J'ai subi une sorte de crucifiement terrible en douleurs et en souffrances. J'ai eu les pieds et les genoux transpercés par une sorte d'aiguille de fer qui avait trois branches. J'ai souffert des douleurs inouïes, mes os ont été broyés. Dans l'autre partie de mon corps, voilà ce que j'ai enduré. Mon corps fut scié par morceaux avec une scie en fer dont les dents étaient très longues et très aiguës. J'ai eu la tête séparée en deux depuis la bouche. Dieu m'a fait la grâce de souffrir un peu moins longtemps que beaucoup d'autres martyrs qui ont subi le même sort. On jeta ma chair aux animaux qui refusèrent de s'en repaître. On ordonna de me jeter à la rivière mais la Volonté de Dieu arrêta celle des hommes. Je fus recueilli par des confrères qui risquaient la mort en le faisant et je fus mis en terre bénie car Dieu y veilla.

Maintenant, un mot de la part de Notre-Seigneur.

Chers frères de la Croix, nous sommes tous, dès cette vie, les héritiers de la gloire du Ciel. Voilà pourquoi nous devons souffrir dans notre âme et notre corps. Vous qui avez la Foi, chers frères en Notre-Seigneur, que vous devez en être heureux ! Car, il n'y a que la Foi qui fasse le bonheur de l'homme. Sans cette Foi, l'homme est toujours malheureux. Dieu vous choisit pour Ses instruments sur la terre. Il a besoin de vous. Nous savons tous, chers frères, que toutes les oeuvres de Dieu sont traversées sur la terre et en butte aux contradictions des hommes et du démon. Mais il nous reste quelque chose de facile à remarquer, c'est que les âmes qui vivent pour Dieu et en Dieu persévèrent en montant des degrés de patience et de résignation dans toutes les contradictions. Il n'y a vraiment que les âmes conduites par Dieu qui ont un tel courage. L'âme sous l'empire de Satan faiblit bientôt, s'ennuie et reste comme un amas de terre battue où elle ne peut ni espérer, ni remuer, ni vivre parce qu'elle est dans un tourment de désespoir, tourment de l'enfer. Cela doit vous rassurer. ...

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Visite de Saint Marisse

Extase du 14 octobre 1878

Saint Marisse est probablement un martyr (270) de la période de calme relatif qui s'établit sous le Règne de Claude II (268-270). Celui-ci fut trop absorbé par sa guerre victorieuse contre les Goths pour s'intéresser aux chrétiens ! Il n'est pas réputé pour sa lutte contre eux. Mais les Édits antérieurs n'étaient pas abrogés. Ils étaient seulement moins appliqués. II y eut, cependant, des martyrs. En Gaule en particulier. Fête le 19 Janvier.

- Je suis saint Marisse, martyr. J'ai été martyr pour avoir défendu et soutenu la Sainte Religion et les Pères qui prêchaient cette grande doctrine. J'ai soutenu leur cause et défendu leur innocence devant les juges et aussitôt j'ai été jugé digne de mort et je m'en suis réjoui. Je fus lié et je subis de terribles traitements. On me tordait les membres et on me déchirait en lambeaux. On remplit mes blessures de poison. Les bourreaux me mettaient la Croix sous les pieds, mais mon amour pour mon Dieu ne m'a rien fait trahir. Mon corps fut placé sur un instrument et il fut serré par une sorte de vis de sorte qu'il fut moulu, brisé. J'étais forcé d'entendre d'affreux blasphèmes contre la Sainte Religion, le Temple de Dieu et de Ses Apôtres. On parvint à arracher mon coeur par une large ouverture... Je fus jeté sur le pavé, le corps en lambeaux. Dans le fort de la nuit, on envoya quelqu'un recueillir ma chair et la mettre dans le cimetière des chrétiens.

Un mot maintenant de la part du Seigneur.

Nous sommes sur la terre des martyrs, les uns par le fer, les autres par l'épreuve et la patience. Mais les trésors de Dieu sont si grands pour l'âme qui Le sert généreusement ! Le temps d'autrefois était terrible pour faire couler le sang des chrétiens. La foi des chrétiens était ferme et constante, comme elle l'est encore aujourd'hui chez les chrétiens fidèles. Notre-Seigneur, avec Sa Divine tendresse, donne aux chrétiens cette force et ce courage pour persévérer au milieu des peines et des angoisses. Le temps qui se prépare est aussi une préparation qui conduira un grand nombre d'âmes au martyre et le martyre se fera sur le champ, parce que la Foi est presque éteinte dans beaucoup de coeurs qui n'attendent qu'une époque peu éloignée pour satisfaire leur fureur et leur rage... Mais les desseins de Dieu sont aussi préparés. La puissance de Dieu est aussi préparée et l'homme, dans ses projets, ne trouvera qu'une faiblesse trompeuse. Il se croit arrivé au bord de ses victoires mais Dieu, la Sagesse Infinie, a aussi tout préparé... Les attentats et les perfides complots sont rudement poussés contre le Saint Temple de Dieu. Mais il résistera car Dieu défend l'Église et la protège et elle durera autant que ses enfants. Armons-nous de courage, préparons aussi nos armes pour combattre, car la voix de Dieu est peu éloignée.

Marie-Julie :

- Bon saint, pour nous, voilà les armes, la prière et la Croix.

- La Croix est invincible et partout cependant elle a bien des outrages à subir. Vivons en assurance sous la puissance de Dieu et nous ne craindrons rien. Notre vie sur la terre est une vie de mérites, de souffrances et de larmes. Mais le Ciel est si beau que c'est une beauté à ne pouvoir définir. La pensée du Ciel nous ranime et nous fortifie. Aimons Dieu et attachons-nous à Dieu seul et à Sa Croix. Cherchons Dieu en toutes choses et foulons le reste aux pieds... Nous sommes sur la terre pour apprendre la vie. Chaque jour nous entrons dans un noviciat nouveau, soit de peines, soit de joies, soit de bonheur.

Toute notre vie sur la terre est comme un coquillage. C'est Notre-Seigneur qui emporte tout ce qu'il y a dans le coquillage, la perle, pour que nous y mettions d'avantage. Ne craignons ni injures, ni mépris, ni calomnies, car n'y faire aucune attention. C'est le moyen de s'enrichir des biens de Dieu et de Ses Grâces. Voilà comment sont les enfants de la Croix. Ils sont tous debout, priant Dieu avec ferveur. Les ennemis lancent leurs traits vers eux pour les atteindre mais Dieu met un cercle de force autour d'eux et ce qui est lancé contre eux ne les frappe pas ; Et ces coups retombent sur ceux qui les donnent. Dieu défend les fleurs de Son jardin. Courage ! La Croix est votre partage. Elle a toujours été le partage des Élus. C'est le plus beau, le plus riche. Soyez fiers de cette gloire !...

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Visite de Saint Didier, Évêque et Martyr

Extase du 15 octobre 1878

Saint Didier (connu aussi sous le nom de Désiré), fut Évêque de Vienne, près de Lyon. Né à Autun en 540, il fut condamné à mort par la cruelle Reine des Wisigoths, Brunehaut, à qui il reprochait sa conduite. Il fut martyrisé en l'an 608. Les rois Visigoths étaient ariens et ne croyaient pas à la Divinité du Christ. D'où leurs persécutions contre les catholiques romains. Fête le 11 Février.

- Je suis saint Didier, Martyr et Évêque de Vienne. Je viens te dire un mot de la part de Notre-Seigneur.

J'ai été martyr pour la défense de la Foi, en défendant la Sainte Église et l'honneur des Pères de l'Église. J'ai été mis à la torture pour cette cause, pour ainsi dire à la fleur de mon Saint Ministère. J'ai souffert grandement. Mais mon courage ne m'a pas trahi car il s'agissait de la gloire ou de la perte de mon âme.

Quand je fus condamné, mes persécuteurs me firent une croix sur le front en déchirant ma chair avec un couteau très aiguisé. Après cette première douleur, je fus mis à la torture et par trois fois, on posa sous mes pieds ma croix épiscopale afin que je renie mon Dieu et ma foi. Aussitôt, j'élevais mes yeux vers le Ciel, j'étendis les bras vers mon Dieu. Je Lui dis publiquement, du fond de mon âme : " Je suis prêt à ce que mon corps passe sous le pressoir et à être moulu pour Votre gloire ! " Cette invocation finit de jeter la rage dans les coeurs de mes bourreaux. Là, je fus mis en croix sur une espèce de plaque de fer. Je fus lié, enchaîné et torturé et mon corps fut déchiré en lambeaux avec fureur et rage. Mon martyre était si doux que je n'avais qu'un regret, c'était de ne mourir qu'une fois pour Celui que j'avais tant aimé ! Ensuite ma tête fut, pendant quelques jours, suspendue à un arbre qui se trouvait non loin du lieu de mon martyre et quelques âmes, durant les ténèbres, recueillirent avec respect ma tête et mes regards fermés, qui avaient adoré mon Sauveur, descendant sur l'Autel, dans mes mains consacrées. Mon corps resta quelque temps sans sépulture car le chrétien était lapidé sitôt qu'on s'apercevait d'une oeuvre de charité. Ce fut quand la fureur s'apaisa un peu, que quelques âmes ramassèrent les restes dispersés de mon corps et les emportèrent dans un linceul. Je fus enfin porté en terre chrétienne. Voilà un mot de mon martyre.

Chers frères, si vous pouviez concevoir la joie de mon âme en montant vers mon Dieu ! Le martyre exempte l'âme du Purgatoire quand il est souffert généreusement.

Maintenant un mot de la part du Céleste Époux.

Chers frères dans la même grâce au pied du Saint Autel nous avons partout de chers ennemis qui travaillent à la gloire de notre précieux avancement. Réjouissez-vous, vous qui êtes sur la mer orageuse où la tempête gronde depuis longtemps ! Soyez courageux jusqu'à la fin, car le Bon Sauveur va décider le bonheur de Ses enfants et aussi sa terrible justice aux âmes ingrates qui oublient ses bienfaits. Souvenez-vous chers frères et chères soeurs qu'il faut être foulé sur la terre comme les morts pour ressusciter dans la pure gloire de la terre qui est la préparation de la gloire éternelle. Laissez-vous lapider, déchirer, insulter pour l'amour du Grand Roi. Votre récompense sera au-dessus de vos espérances. Il faut remercier, à genoux et du fond du coeur, vos chers ennemis de tout le bien qu'ils vous procurent, de tout l'honneur qu'ils vous font sur la terre. C'est par ce moyen qu'on creuse en son coeur un fleuve de charité qui déborde de toutes parts. C'est par ce moyen que l'on ferme les Blessures de l'Époux du Calvaire. La persécution a existé en tous temps, mais cette époque sera un passage et une fleur remarquable pour tous les regards qui seront protégés par l'Époux du Calvaire...

Attendez-vous à souffrir. Ce sera le commencement de vos couronnes et une belle préparation pour recevoir votre palme triomphante. Car toute âme est martyre sur la terre. Mais l'amour est si fort et si noble dans vos âmes que toutes ces souffrances sont une semence féconde qui enrichira le Trésor de l'Église. Ô douce souffrance, si tu étais bien connue, que ta fécondité serait riche sur cette terre qui n'est qu'une route de douleur ! Vous qui êtes sur la Croix, chers frères et chères soeurs, cette croix n'est pas de bois, elle est de pierres précieuses et de perles d'amour, elle est composée de diamants célestes, parce que vous souffrez dans l'amour du Saint des Saints qui vous comble de Ses enivrantes faveurs.

Courage, âme affamée du désir ardent de l'Époux Adorable, prisonnier sur l'Autel ! Cette faim sera rassasiée. Dieu se prépare pour ramasser Sa moisson. Voilà pourquoi II a donné tant de peines, de larmes et de sacrifices. La route des Cieux s'ouvre. Lève tes regards vers Son amour paternel car il faut que les fleurs souffrantes soient cueillies sur la terre quand la Justice de Son courroux éclatera. Voilà pourquoi le Bon Sauveur donne tant de Foi et d'Espérance...

Marie-Julie :

- C'est vrai que la mer agitée, les menaces, les mépris et les persécutions, rien ne ternit notre paix, rien n'affaiblit notre Espérance.

- Cette grâce est l'annonce d'un retour bientôt plus heureux, mais ce n'est plus sur la terre. Il est tout entier dans la béatitude céleste. Chers frères de la Croix, vous êtes piqués par les épines, elles sont teintes de votre sang. Quelle marque de charité vous donnez à Dieu sur cette terre, souffrant et priant pour vos chers ennemis ! Voilà le vrai, le précieux partage de tous les frères et soeurs qui ont souffert et qui reposent en paix ! Je vais me retirer, en vous invitant, chers frères à vous approcher du grand fleuve de l'amour et de la force. Ce fleuve est caché dans la Croix. Approchez-vous et cette Sainte Croix vous ouvrira les immenses trésors du Bonheur. C'est le Fleuve où toute âme puisera la force et l'amour pour aimer...

Ne craignez rien ! Dieu sait ce qu'il fera de vous. Acceptez sans voir, sans connaître la grandeur et la profondeur de ce que Dieu vous donne. Ne craignez rien, car le bien que vous attendez est si grand que toute persécution est une joie et un plaisir. Je vous laisse au pied de la Croix, c'est là que vous puiserez la force dans les jours d'amertume. Le Seigneur ne tardera pas à abreuver d'amertume les méchants.

Priez pour l'Église. La tempête et l'orage grondent autour d'elle, mais les flots sont sans force, car le Seigneur la garde et la protège. Portez vos croix, chers frères et chères soeurs, c'est le plus beau partage...

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Visite de Saint Prime, Martyr

Extase du 23 octobre 1878

Saint Prime et saint Félicien sont deux martyrs romains. Ils furent victimes de la persécution de Diodétien (284-313), probablement en l'an 287. Fête le 9 Juin.

- Je suis saint Prime, martyrisé avec saint Félicien. J'ai été martyrisé par la main de ces fameux empereurs qui ont fait tant de martyrs. J'ai été martyrisé pour avoir refusé de m'associer à ces misérables idolâtres et impies et pour avoir refusé de ne pas croire en Jésus-Christ. Saint Félicien fut martyrisé d'une autre façon. II fut décapité. D'abord, je fus saisi et on me présenta le livret sur lequel les chrétiens faibles engageaient leur âme pour l'Enfer en le signant et en reniant Jésus-Christ et le Ciel. Aussitôt que les serviteurs de l'empereur furieux me présentèrent cette plume et ce livre, je dis hautement : " Non, je ne renierai pas mon Dieu, jamais je ne condamnerai Son Église. Je ne veux point perdre mon âme. "

Alors, tous les chrétiens qui avaient apostasie se ruèrent sur moi avec fureur et vengeance. On me perça les veines, surtout celles du coeur et de la poitrine, et on écrivit de mon sang sur le livre de satan. Mais ce n'était pas de ma main, ni de ma volonté, j'en ai été innocent. Ensuite, l'Empereur ordonna que je boive le sang de ces idolâtres, sinon j'allais être transpercé par le glaive. Je m'y oppose et je dis que je ne veux pas souiller mon âme avec le sang des démons. L'empereur me fit transpercer avec des flèches neuves. Je les ai étrennées moi-même. J'ai aussi étrenné le glaive qui fit couler tant de sang chrétien.

L'empereur fit ensuite enlever mon corps en disant qu'il était une peste et une puanteur infecte parce qu'il n'aimait pas le sang chrétien. ... Je fus traîné hors de la vue de l'empereur et fus jeté dans une carrière profonde où je demeurais pendant plusieurs jours. Mais les chrétiens connaissaient ce dépôt, ils m'en ont retiré et m'ont donné la sépulture.

Un mot maintenant de la part de Notre-Seigneur.

Notre-Seigneur adorable a préparé Lui-même un grand nombre de martyrs sur la terre par les souffrances et les douleurs de toute sorte. Ceux-là sont très avancés. Ils ont fait beaucoup de progrès dans la Sainte Volonté de Dieu. Sous les Empereurs, la terre avait soif du sang des chrétiens. Aujourd'hui les hommes en ont soif, Lucifer a soif, la terre a soif et les âmes ont soif de chair et de sang ! La terre a tant été abreuvée du sang des martyrs dans tous les siècles !

Chers Frères de la Croix, regardez cette époque comme un siècle remarquable, où la terre s'abreuvera, ainsi que les pavés, les rues et les champs, du sang du vrai chrétien et aussi du sang du mauvais chrétien. Leurs sangs se mélangeront, mais leur odeur sera distincte. Le nom de Jésus-Christ sera écrit dans le sang du vrai chrétien tandis que la rage des hommes et des démons criera avec férocité dans le sang de l'impie et du chrétien perverti et souillé.

Chers frères, dans la douleur, il y aura dans ce siècle, bien des Empereurs munis d'instruments de nouvelle invention. Chaque jour, il se tient un conseil diabolique au sujet de ces inventions d'armes meurtrières. Mais ne redoutez pas ces instruments barbares car la Puissance de Dieu peut paralyser ces membres corrompus. Voilà ce que préparent les agents des plus fameux empereurs. Voici leurs desseins et leurs désirs. Ils se préparent à dire hautement pour avoir la fin des " rebelles ", à les unir tous ensemble et à les faire marcher en bataillons vers leurs temples où ils se plaisent à dire, ajoutent-ils, que leur Dieu réside. Ils veulent accomplir le martyre du chrétien le plus possible dans le Temple de Dieu ou autour de ces murs bâtis avec la pierre de la Puissance Divine qui a résisté à toute époque et qui résistera encore dans ce siècle, malgré la barbarie cruelle.

Voilà un projet, mais Dieu juge autrement ! En effet, parmi ceux qui croient faire tant de victimes, plusieurs auront succombé au moment du bel apprêt.

Chers frères de la Croix, les inventions de l'enfer vont commencer. Elles sont déjà commencées. Mais si elles parviennent jusqu'à vous, gardez votre Foi et votre fermeté. Que vos yeux, accoutumés à regarder le Ciel et les objets divins ne se portent jamais sur ces horribles inventions visibles qui vous seront aussi présentées pour vous faire plier sous la foi du serment. Mais ce parcours n'est pas beaucoup à craindre, parce que ce sont des suppôts dispersés. Il sera facile d'en voir la fin puisque vos contrées resteront fermées. Elles ne seront pas ouvertes à l'affreux pillage du désordre sacrilège.

Si je parle aussi fortement et aussi grandement c'est parce qu'il est nécessaire de prévenir et d'avertir sur tous les préparatifs et les engagements secrets qui se complotent et qui vont entrer dans une force de liberté.

Pour ranimer votre courage, chers frères de la Croix, ne quittez pas votre Crucifix qui est un livre précieux et divin où l'on puise des mots sublimes pour soutenir son courage et sauvegarder sa Foi. Notre-Seigneur fait mettre des barrières puissantes aux portes de Son jardin de protection. C'est la Bretagne où le Seigneur plante de hautes barrières. La profanation et le meurtre sacrilège ne passeront pas. En ce moment, vous êtes tous ouvriers et ouvrières. Vous travaillez dans la terre du Seigneur, soit en souffrant, soit en portant vos Croix, soit en subissant l'injure et la persécution. Vous êtes tous ouvriers et ouvrières, employés par Celui qui commande tout, qui dirige et qui fait tout. Vous labourez vos âmes et aussi votre coeur. Notre-Seigneur vous donne d'abondantes grâces et d'abondants bienfaits destinés à être déposés dans le champ immortel de vos âmes. Cette moisson fructifie aux yeux de Dieu. Peu importe si aux yeux des hommes elle paraît flétrie et desséchée.

Chers frères, courage à travers cette terre d'amertume qui est encore une fleur mais qui bientôt ne sera plus épanouie et n'aura plus ensuite aucun emblème ni de fleur, ni d'arbre. Elle sera réduite et renversée, parce que la Justice de Dieu, que les hommes ont attirée par leurs crimes et leurs désordres, leur sera bien pénible et bien douloureuse. Ils pourront dire : " C'est ma faute ! "

Portez vos croix. La montée est pénible. Mais une fois arrivés au sommet, vous n'aurez rien à craindre. Là vous attendent les récompenses bénies et une fructueuse moisson parce que vous aurez souffert.

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Visite de Saint Dieudonné, Pape

Extase du 24 octobre 1878

Saint Dieudonné est connu aussi sous son nom latin : Deusdedit. Il fut Pape de 615 à 618. Fête le 8 Novembre. A son époque, le VIIe siècle fut une époque de grandes difficultés pour l'Église qui devait organiser son autonomie par rapport aux pouvoirs de ceux qui s'arrachaient les débris des Empires effondrés. Après les vagues de persécutions des premiers siècles, après les grandes tempêtes des hérésies, après les invasions barbares, la Nef avait tenu bon. Mais d'autres dangers pointaient à l'horizon : l'Islam et les ambitions des puissants de ce monde. Saint Dieudonné, appelé aussi saint Adéodat, 1er fut l'un des vingt Pontifes qui dirigèrent l'Église durant ce VIIe siècle. Ne les oublions pas ! Eux ne nous oublient pas. Cette extase en témoigne.

- Je suis bien le Pape saint Dieudonné. Je viens dire un mot de la part de Notre-Seigneur.

Chers frères, on souffre partout et la Croix est semée sous nos pas. Elle se lève comme une belle moisson mais seulement elle fleurit en tout temps. Ni l'hiver, ni les glaces n'arrêtent sa floraison.

J'ai régné sur un Trône Pontifical, j'ai régné dans la paix, j'ai régné dans la douleur. Il y a toujours deux temps : l'été et l'hiver. J'ai souffert cruellement pour le soutien et la cause de l'Église. À chaque instant on parlait et on criait. La tempête et les désordres se sont élevés contre l'Église et son Chef. Mais je n'ai pas faibli un instant. J'ai gouverné avec larmes l'Église de Dieu.

Moi-même je demandais du soutien et du réconfort. Mais tout s'évanouissait à ma parole. Tout semblait s'enfuir pour laisser approcher tous les cruels ennemis de Dieu, pour briser l'Église et son Trône. J'ai maintenu avec force la Sainte Église et mon devoir, fortement menacés. J'entendais le sifflet des instruments de la mort tout autour de ma prison. Armé du Crucifix et de la statue de la Reine du Ciel, j'ai vaincu, j'ai remporté la victoire sur ma faiblesse. J'ai été victorieux après une lutte terrible. Presque tous les représentants de Dieu ont eu à souffrir et ont été martyrs, retenus prisonniers. Prions pour notre Frère et Père qui règne en ce moment (S. S. Léon XIII). La douleur et le deuil planent sur l'Église et sur le Saint Siège. Les restes vénérés de celui qui a succombé après tant de douleurs et de larmes et après une si longue captivité de peines, de larmes et d'emprisonnement, sont bien capables de donner, par la vigueur de sa sainteté, l'éclatant miracle visible pour celui qui règne actuellement.

Pie IX a été obligé de s'enfuir à Gaète de 1848 à 1850 et se considéra ensuite comme prisonnier au Vatican pour protester contre la confiscation des biens de l'Église. II est mort en 1878.

Car le saint Pape Pie IX s'élèvera un jour à une très haute sainteté et cette sainteté d'amour et de tendresse arrêtera d'affreuses calamités qui sont réservées à cette ville Romaine. Aujourd'hui, dans cette ville, on entend des bruits sourds, on voit du Ciel ces apprêts et ces arrangements sous le gouvernement odieux de cet homme, de cette race, qui a déjà fait tant souffrir, tant fait gémir. En apparence, il promet de soutenir, de défendre, et de donner du renfort et de l'aide au martyr captif. Mais, dans le fond du coeur, il pense autrement. Au fond du coeur, un noir secret est caché et est voilé aux yeux des humains mais pas à ceux de Dieu !

Chers frères, nous n'avons plus rien à faire qu'à prier et qu'à nous soumettre car l'heure de Dieu est bien décidée. Tout homme n'est pas plus qu'un grain de poussière. Pour faire un miracle de paix et de réconciliation en toutes ces puissances menacées, il ne faut pas compter, il ne faut pas s'appuyer sur le bras de chair car il n'y a que Dieu seul qui peut accomplir ce qu'il a promis et rendre la liberté à ces puissances menacées, divisées, révoltées.

Maintenant, un mot d'encouragement et d'amour de Dieu.

Chers frères et soeurs, vous avez aussi fait l'expérience de la terre et du Ciel. Vous avez cherché sur la terre de quoi vous consoler et vous n'avez trouvé que désolation, amertume et douleur. Vous vous êtes appuyés sur le Ciel et vous avez trouvé une force puissante et des consolations divines qui vous ont ranimés dans la plus profonde agonie, je veux dire souffrance, désespoir ou douleur. Rien, sur la terre, ne console vraiment l'homme qui aime Dieu richement et libéralement. Sont-ce ces faibles créatures qui sont pétries d'un peu de poussière et qui règnent sur la terre pour une heure ? Est-ce que l'âme forte y trouvera du bonheur et de l'amour ? Non, l'âme s'en dégoûte. Le coeur éprouve une répugnance. Tout le reste du corps ne cherche à y entrer par aucune attache et aucune amitié.

Si vous voulez gagner beaucoup, si vous voulez posséder le Ciel sur la terre, fuyez la créature, fuyez sa conversation, fuyez sa présence et mettez-vous en présence de Celui qui est Tout-Puissant et qui est Éternel. Nos âmes souffrent de l'attache mortelle. Les pleurs de l'âme sont comme un or pur qui se répand devant le Seigneur comme l'arôme du plus suave parfum. L'amour de Dieu est si puissant, si fort, si uni, si doux et si embaumé que de retirer son âme de l'amour de Dieu c'est la plonger dans la boue et l'eau corrompue.

Suivez cette route de l'amour, vivez solitaires dans l'amour, solitaires en la présence de Dieu. C'est dans la solitude que le Pasteur voit le Ciel ouvert et que les brebis en contemplent la beauté. Je compare l'amour des créatures à la glu car une fois qu'on est enraciné dans ce fol amour sans mérite et sans profit, on ne peut plus s'en retirer, on y est pris de toutes parts, les vêtements mêmes y sont collés. C'est bien peu de chose que de s'attacher à ce qui se fait par la main des hommes. On retient, par cette attache, son âme et son coeur dans la privation. Par cet amour on tient les portes du Ciel fermées...  Je ne défends pas la charité, bien au contraire, mais je n'aime pas cette attache, ces appuis qui ne sont que des poteaux de terre.

Vivez d'amour, soupirez vers l'Amour. Élancez-vous dans l'amour comme l'aigle qui, à force de monter, se rapproche des rayons du soleil. Faites comme lui, imitez-le. On est sur la terre pour voler vers Dieu, pour aimer Dieu et pour vivre de Son Amour.

Courage, chers frères et soeurs dans les croix ! Mais les fruits en seront si beaux au Ciel, qu'une fois entrés, vous voudrez encore une fois être humains pour souffrir sur la terre tant le Ciel est beau, tant le Ciel est doux, tant le bonheur du Ciel est grand !

Je vous laisse au pied de la Croix dans l'affectueuse tendresse de Jésus et de ses Blessures Sacrées et Adorables qui sont des sources où vos âmes puisent la force...

O Crux Ave, c'est au pied de la Croix que règnent l'amour de Dieu et le bonheur des âmes...

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Visite de Saint Vite, Martyr

Extase du 28 octobre 1878

Saint Vite est plus connu sous le nom de saint Guy. Il est fêté le 15 juin avec saint Modeste et sainte Crescence. Il fut martyrisé, lors de la persécution de Dioclétien en 303, en Lucanie (Italie du Sud).

- Je suis saint Vite, frère de saint Modeste, Martyr. J'ai été martyrisé au temps où le sang chrétien a coulé avec tant d'abondance sous la main des Empereurs barbares qui ont fait tant de martyrs et qui ont fait souffrir la Sainte Religion et la Sainte Église. Je suis tombé sous ces mains perfides. Je ne me suis point enfui. J'ai attendu tranquillement l'heure de mon martyre sans m'en effrayer. Rien ne m'a ébranlé.

J'ai été martyrisé pour avoir soutenu fermement et avec foi les Sacrements institués par Notre-Seigneur. C'est pour cette cause que j'ai versé mon sang. L'Empereur s'irrita, condamna et maudit tout ce que Dieu avait établi. J'ai soutenu avec force et courage l'infaillibilité de mon Dieu. Je fus transpercé, lapidé et déchiré. Tout mon corps était en lambeaux. Les bras et la poitrine étaient dépouillés et sans frayeur, sans regret et sans prendre courage, je pus contempler de mes yeux mortels, toute ma chair en lambeaux. Mon bourreau ordonna qu'on me tranche la tête. L'ordre fut exécuté. Mais je conservais mes regards ouverts et vivants quoique mon corps fût séparé de ma tête. J'ai vu, de mes yeux mortels, tous les tourments qu'on a fait souffrir à mon corps. J'ai vu mes chairs jetées par morceaux sur les pavés ensanglantés. J'ai vu, jusqu'à la fin, le dernier lambeau de ma chair avant que mes yeux ne se ferment pour toujours. Rien n'a pu éteindre mon regard, rien n'a pu fermer mes paupières avant que l'heure du Seigneur ne fût arrivée...

Un mot maintenant de la part de Notre-Seigneur.

Oh ! Que nous portons dans notre coeur un champ précieux et un jardin enrichi des dons les plus célestes ! Ce champ, ce jardin, c'est l'âme du frère chrétien ou de la soeur chrétienne. Notre-Seigneur désigne à tout chrétien un martyre sur la terre, un martyre non semblable. Dieu veut des uns leur sang et des autres un martyr de souffrances, d'angoisses et d'accablement. Mais ce qui doit nous réjouir sur la terre c'est que nous existons par la Volonté Divine et que nous sommes plantés sur la terre du Seigneur pour faire fructifier les saintes vertus si nécessaires.

Notre-Seigneur adorable nous donne à tous, du haut du Ciel, un fil de Sa plus Divine Tendresse. C'est par ce fil que Dieu nous dirige, nous fait marcher et nous conduit. Quand on dit je marche seul sur la terre, non, chers frères, vous ne marchez pas seuls ! Le fil de l'immense Amour de Dieu et de Sa tendresse vous conduit, vous dirige et vous suit partout. Personne ne marche seul. Toute âme a ce fil de tendresse pour se guider et se diriger. Notre-Seigneur, du haut du Ciel, se fait notre conducteur et notre guide. Le coeur et la puissance de l'homme sont bien faibles en comparaison de l'immense puissance de Dieu. Le coeur de l'homme est bon. Il est généreux, sensible. Mais rien de ses bontés, rien de ses sensibilités, rien de ses compassions, n'approche du Divin Coeur de notre Père du Ciel tant II est Bon, tant II est tendre, tant II est plein d'amour ! Il ne faut pas vous considérer sur la terre comme étant seuls, délaissés et abandonnés. Si un pasteur s'éloigne et semble devenir indifférent pour certaine de ses brebis, le Divin Pasteur des âmes la délaisse-t-il ? Non, II la recueille, II la caresse, II la console. Pourquoi ce pasteur est-il indifférent ? Il a, dans son coeur, un rayon où vit et règne la charité, où elle séjourne et s'accroît. Mais la charité s'est flétrie, s'est écroulée avec douleur. Une veine de son coeur s'est brisée et c'est peut-être la plus nécessaire à lui-même et pour son bien et pour ses grâces.

Dieu n'aime pas l'indifférence. Dieu veut que le pasteur aime toutes les brebis de son troupeau car Dieu n'est point indifférent. Il protège, II conserve l'impie, II lui donne Ses biens. Il fait pousser dans son champ ce qu'il fait pousser dans le champ du chrétien fidèle. Dieu est juste et II a communiqué cette justice à tout coeur sur la terre. Vivons de Sa justice ! Imitons Sa charité !

Vous, frères de la Croix, qui êtes appelés sur la terre à porter les immenses trésors des bienfaits de Dieu, ces trésors, ce sont les croix que le Seigneur vous donne. Vous n'êtes pas écrasés. Vous n'en sentez même pas la pesanteur parce que vous êtes appelés à porter le fardeau, vous êtes comptés pour Ses vrais disciples. Voilà pourquoi le fardeau est léger. L'âme qui n'est point appelée à porter le fardeau est écrasée, elle est dans les angoisses parce qu'elle n'est point appelée à entrer dans la demeure des disciples choisis du Seigneur.

Le chemin de notre vie sur la terre, qui nous paraît si pénible, si douloureux et quelquefois si ténébreux aux yeux de notre corps, est, pour les yeux de notre âme, rempli d'étoiles et de lumières. Il est plus brillant que le jour, en plein été, éclairé par les rayons du soleil.

Il y a, sur la terre, beaucoup d'âmes qui ne veulent rien croire de ces Divines tendresses et de ces Divines bontés. Ces âmes ont une Foi tellement faible que, s'il fallait pénétrer dans l'intime de leur âme, on trouverait ce pâle rayon de la Foi presque anéanti, presque rongé par la volonté et la pensée incrédules produites par ce manque de Foi et de confiance. C'est le manque de Foi, c'est la Foi rongée, c'est la Foi ternie et éteinte par l'esprit dur et rebelle qui leur fait croire que la Foi n'est pas un progrès dans la vie de l'homme.

Sans la Foi, il est défendu à l'homme de faire un progrès, un seul acte qui plaise à Dieu. La Foi est le trésor. Le manque de Foi, c'est l'enfer ténébreux. Il y a des esprits incrédules qui forgent dans l'esprit de l'homme cette idée que Dieu n'existe pas réellement dans toute Sa Puissance ou bien qu'il met Sa Puissance dans le soleil, dans les étoiles ou tout autre chose. Ils leur font croire que Dieu, en existant dans ces deux parties, le soleil et les étoiles, n'existe plus sur la terre ni dans Sa Puissance. Qu'Elle est toute dans ces deux objets.

Quelle folie ! Quelle légèreté ! Quelle imprudence ! Puisque Dieu est partout à la fois ! Portez vos croix et parcourez le chemin de la mort qui est établi sur cette terre. C'est en quittant cette terre, qu'on entre dans la vie. Les croix sont si précieuses, elles sont si riches, elles renferment tellement d'amour, de bonheur, qu'une fois que l'âme a pénétré ces tendresses, on ne peut plus la ravir ni l'arracher de ces immenses fournaises qui se trouvent en elle. La croix fait monter l'âme au Ciel, rapidement, légèrement. La croix donne à l'âme d'immenses avantages, d'immenses faveurs, car toutes les âmes embrasées de cet amour sont regardées miséricordieusement par les yeux Divins de Notre-Seigneur. L'arrivée au Ciel est pour elles une joie. Dieu les récompense doublement quand elles arrivent à Lui pour toujours. Vous qui avez l'expérience de la souffrance et de la douleur de la Sainte Croix, vous verrez, un jour, si ma parole adressée à vos âmes ne sera pas pleine de douceur, de charmes et de délices au Souverain Tribunal du Seigneur.

Maintenant, je me retire. Courage, chers frères et soeurs de la Croix, votre partage est beau car vous avez la Croix qui a été le partage de tous les Élus, de tous les Saints qui règnent dans la Gloire ! Persévérez à travers tous les temps et jusqu'à la mort ! Je vous souhaite paix et courage...

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Visite de Saint Distérique, Évêque

Extase du 29 octobre 1878

Saint Distérique est probablement un Martyr des premiers siècles.

- Je suis saint Distérique, Évêque et martyr pour la cause de la Sainte Religion et pour avoir soutenu la Sainte Église notre Mère à tous. J'ai été frappé durement sur toutes les parties du corps... Je fus ensuite étendu sur un chevalet et frappé de nouveau terriblement. Je reçus, comme Notre-Seigneur le coup de lance de la main de mes bourreaux. Je fus laissé baignant dans mon sang sur les pavés en attendant que quelques âmes charitables donnent la sépulture à mon corps...

Maintenant, un mot de la part de Notre-Seigneur.

Oh ! Que l'amour de Notre-Seigneur est fort ! Qu'il est doux, quand on le goûte dans la soumission. L'amour fait vivre les âmes. L'amour orne le coeur de sa Divine chaleur et de sa tendresse délectable. Que peut-on craindre quand on possède l'amour du Sauveur ? ... Sachez-le bien, sur la terre tous les hommes souffrent. On y est accablé de douleurs et de peines. Mais les mérites de ce partage sont si grands, si parfaits et si nobles aux yeux du Bon Sauveur ! Voilà pourquoi II nous visite amoureusement avec Ses peines et Ses douleurs dès que nous Lui sommes agréables... Sur la terre il y a des âmes qui jouissent du bonheur de la consolation, il y en a d'autres qui semblent abandonnées et ne sont l'objet d'aucune charité, semble-t-il. Notre-Seigneur regarde ce mépris comme une grande et coupable indignité parce que Lui-même aime toutes les âmes, parce qu'elles Lui sont toutes d'un prix infiniment précieux. Notre-Seigneur veut aussi, quelquefois, Se faire Lui-même le Père consolateur de ces âmes. Voilà pourquoi II veut qu'elles n'aient aucune consolation, aucune assurance, aucune lumière de la part des hommes. Notre-Seigneur adorable a tous les pouvoirs, toutes les grandeurs. Il peut faire tout ce qu'il veut et tout ce qu'il fait est fort et puissant. Tous les hommes, ensemble, sont incapables de faire la plus petite part de ce que Dieu fait Lui-même. Ils semblent y toucher mais ils en sont très, très loin.

Voilà pourquoi tout ce que Dieu fait, tout ce qu'il commande résiste aux hommes et leur résistera par une force puissante. Pourtant, on trouve sur la terre des âmes qui semblent vouloir blâmer Dieu et vouloir Lui commander ! Qu'est-ce que la parole de l'homme, de la créature ? C'est un souffle que le vent emporte... Notre-Seigneur adorable ne demande ni conseils, ni pouvoirs, ni permissions aux créatures, pour faire ce qu'il veut. Voilà pourquoi on doit se soumettre simplement et sans raisonnement. Dieu fait ce qu'il veut... Tout ce qu'on souffre pour la gloire de Son Nom sera un jour richement compté et récompensé...

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Visite de Saint Paulin, Évêque et Martyr

Extase du 04 novembre 1878

Il s'agit de saint Paulin de Trêves, ville d'Allemagne. D'origine gasconne, il fut le défenseur de saint Athanase, grand Docteur de l'Église qui combattit toute sa vie l'hérésie arienne qui niait la Divinité du Christ. Cette terrible hérésie fut condamnée par le Concile de Nicée en 325. Mais les persécutions des catholiques fidèles furent très rudes et très longues. Saint Paulin fut exilé par l'Empereur arien Constance et mourut en 355. Fête le 31 Août. (Ne pas confondre avec saint Paulin de Noie (353-431) et fête le 22 Juin.)

- Je suis saint Paulin, Évêque de Trêves et Martyr. Voici la cause de mon glorieux martyr. Notre-Seigneur me favorisait des dons de Sa tendresse. J'eus à subir d'affreux mécontentements, des jalousies et des persécutions parce que j'étais aimé du Ciel et favorisé de ses dons. J'ai persévéré plusieurs années sous ce fardeau des plus terribles angoisses de la part de mes frères et aussi de quelques soeurs. En même temps la persécution éclata et la Main du Seigneur s'appesantit sur la terre comme Elle est encore prête à le faire aujourd'hui. Je fus dénoncé aux juges cruels qui étaient au service des empereurs. On m'ordonna d'abjurer ma Foi et de renoncer à Dieu et à mon Sacerdoce.

Aussitôt, je pris la parole et je leur dis : "Voici mon corps. Disposez de ma vie, faites ce qu'il vous plaira. Je mourrai Chrétien, dans mon Sacerdoce." Je fus mis ensuite à la torture. On me lapida cruellement. Puis mon corps fut moulu dans une sorte d'instrument qui représentait une meule ronde et pesante en fer. Je fus écrasé. Ensuite les bourreaux ordonnèrent de jeter de sous cette meule ma chair en lambeaux, brisée et mutilée. Mon corps moulu fut recueilli par quelques nobles âmes qui, elles aussi, se dérobaient à la fureur des barbares. Ma chair brisée fut mise au repos dans la terre bénite.

Un mot maintenant de la part de Notre-Seigneur.

Que l'amour de Dieu est fort quand nous savons ne le puiser qu'en Dieu seul et en Sa Sainte Croix ! Cet amour ne se mélange point avec l'amour humain, avec l'amour de la créature qui n'est qu'un amour sans valeur, sans mérite et sans profit. Car cet amour du monde est-il pur ? Est-il sans mélange ?

Non, il est tout mélangé d'imperfections ou bien d'un manque de saveur parfaite. L'amour de Dieu rend l'homme généreux. Seul, il le rend plus fort que toute l'armée d'un roi composée de milliers de soldats parce que cet amour de Dieu, c'est Dieu même. C'est Lui seul qui fortifie l'homme et lui donne une aisance de force pour tout vaincre et pour remporter la plus belle victoire.

Où s'abreuve l'amour de Dieu, si ce n'est à la Source Sacrée de la Puissance de Dieu ? Il ne s'abreuve point dans la pensée des créatures, ni dans la conversation des humains. Se trouve-t-il dans leur beau langage ? Selon saint Chrysostome, dans ce langage doré ? Non, il ne se trouve que dans la pure humilité, dans la pure charité, dans la pure perfection. Voilà où se trouve ce pur Amour de Dieu.

L'Amour de Dieu est-il toujours d'accord avec la conversation des créatures, conversation sur toutes choses ? Non, l'amour n'est d'accord que dans la conversation purement divine de Dieu. Voilà où se trouve cette union d'accord entre l'Amour et la conversation des humains. C'est sur la Bonté de Dieu. Pour goûter ce pur Amour et pour trouver la profondeur de sa richesse, gardons un silencieux respect, aimons être retirés dans la solitude. C'est là que l'âme pourra entendre les leçons de l'Amour de Dieu.

L'Amour de Dieu entre-t-il par la porte humaine de la conversation sur la terre ? Non, il entre par la porte silencieuse du respect et de la solitude. Mais souvent, beaucoup de chrétiens ne pensent pas à ouvrir cette porte. Ou bien ils la laissent fermée par cette grande occupation de la conversation, de l'amour troublé, amour humain, amour qui dégrade la demeure de l'âme, amour qui resserre le champ du coeur, amour qui produit des tempêtes trop souvent dans l'esprit, l'âme et le coeur.

L'amour de la Sainte Croix se mêle à l'Amour de Dieu. Ils se fortifient tous les deux à la fois. Mais beaucoup ont cet amour de la Croix et, au milieu de cet amour, le germe de l'orgueil existe encore. L'amour de la Croix n'est donc alors ni dans l'âme, ni dans le coeur, puisqu'il ne règne jamais là où le germe de l'orgueil n'est pas flétri, arraché et dispersé.

Il faut donc une attention bien grave et bien réfléchie à cet amour de la Croix. Cet amour est fort, il est puissant. Mais il a des ailes. Dès qu'une pensée de vanité ou d'orgueil, dès qu'on a cette pensée de se croire quelque chose, dès qu'on est heureux d'être honoré, aussitôt cet amour ouvre ses ailes et prend son vol, il reste suspendu. C'est alors le germe de l'orgueil qui envahit la demeure de l'amour de la Croix. Il y répand une épaisse fumée et, sous cette épaisse fumée, l'orgueil bondit, s'étend et se fait maître d'une propriété qu'il a acquise par l'amour de l'esprit qui se croit bien capable et bien puissant, par l'amour de la pensée qui se croit capable de grandes choses, par l'amour de la chair qui se croit d'une grande valeur.

Voilà ce qui donne une large étendue à l'orgueil funeste qui ronge, qui dégrade, qui fait dépérir.

Pourtant, aujourd'hui, c'est le grand règne, c'est le grand triomphe. Beaucoup se disent humbles de bouche mais au fond ils pensent autrement !

Courage et Espérance, chers amis de la Croix. Notre-Seigneur vous a fait ce beau partage, mais pour un temps, car voici la pensée de Dieu écrit visiblement. Les premiers qui porteront le fardeau de Ma Croix en sentiront une profonde pesanteur. Mais les seconds, sur qui doit retomber ce fardeau accablant, en ressentiront un poids trois fois plus pesant que les premiers qui l'ont étrennée et l'ont portée avec courage. Voilà ce qui est écrit dans la pensée de Dieu, à l'entrée de ce degré nouveau. Courage ! Votre partage a été douloureux, mais la récompense sera plus glorieuse. Je vais prier pour vous...

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Visite de Saint Victorien, Évêque et Martyr

Extase du 28 novembre 1878

Saint Victorien est un Évêque qui fut martyrisé en 484 par les Vandales, peuple germanique dont certains rois étaient ariens, c'est-à-dire qu'ils niaient la Divinité du Christ et persécutaient les catholiques fidèles. C'est un Martyr de l'Eucharistie. Beaucoup de prêtres, d'Évêques, de diacres et de fidèles, préférèrent mourir plutôt que profaner ou laisser profaner l'Hostie consacrée, témoignant par là leur Foi en la Présence Réelle de Notre-Seigneur, avec Son Corps, Son Sang, Son Âme et Sa Divinité dans le Saint Sacrement de l'Autel.

- Je suis saint Victorien, Évêque et Martyr. J'ai été martyr pour mon Dieu, préférant la mort plutôt que de livrer mon Divin Trésor.

Caché sous mes vêtements, sur mon coeur, je Le ravissais à la cruauté des Barbares... Je fuyais et je portais Jésus sur mon coeur. Je fus arrêté par la garde de l'Empereur si redouté et si cruel. Je fus lié, fouillé et dévêtu. Mon corps fut livré aux flammes et aux instruments de supplice. Toujours ma main droite reposait sur ma poitrine pour garder le Trésor que je portais. Je tombais à genoux et je priais Notre-Seigneur de bien vouloir S'arracher Lui-même de mains sacrilèges puisque j'étais lié et entouré par les ennemis de ce Divin Roi. Après cette prière, on me traîna enchaîné au lieu du supplice d'où j'allais quitter la terre. Le précieux Trésor reposa encore sur mon coeur. Quelle douleur de livrer mon Sauveur ! Dès que l'épée fut sur le point de traverser mon coeur et mon corps, je sentis une douce consolation. Notre-Seigneur se détachait doucement de sur mon coeur et s'élevait au-dessus des hommes barbares sous la forme de l'Enfant Jésus, le plus tendre, le plus aimable pleurant des larmes de douleur. Tous les barbares ne firent aucun cas de cette merveille Divine. Au contraire, leur rage et leur férocité redoublèrent. Ce fut là que je reçus la palme des vainqueurs. Mon coeur était brisé, mon corps transpercé et ma tête séparée.

Maintenant un mot de la part de notre Seigneur.

O riche souffrance, qui renferme une si abondante moisson Divine et où Notre-Seigneur trouve les perles précieuses pour former nos couronnes ! Chers frères et chères soeurs, si nous pouvions entrer dans le secret du bonheur qui est le secret de la souffrance, après qu'elle est rentrée en nous, nous pourrions dire : " J'ai vu, j'ai goûté, tout ce que le Ciel possède de plus doux et de plus heureux ! "

Voici le moyen d'entrer dans le secret. C'est d'abord la complète et parfaite résignation qui nous fait jouir du Ciel avant d'avoir goûté le vrai repos éternel. O trop peu honorée souffrance, que tu as de charmes pour le coeur du chrétien fidèle ! Tu fais en son coeur le commencement d'un Paradis, le commencement d'un rassasiement presque complet, en attendant que le rassasiement éternel vienne étancher la faim et la soif pour toujours. Vos souffrances sont des épis d'or. Ces épis sont chargés d'une riche moisson qui est un autre amour qui entre dans le germe de l'Amour Immortel. Ces deux amours se joignent et la complète réalité se fait en sortant de cette vie. Chers frères et chères soeurs, vous qui souffrez maintenant, ne sentez-vous pas ce flot de bonheur qui vous soulève, qui vous dilate ?

Ce torrent Divin vient du Ciel. Il opère dans vos souffrances humaines, il les change et il les transforme de sorte qu'elles brillent aux yeux du Seigneur comme de riches diamants. Et Dieu, fier de vos généreuses souffrances, vous envoie encore le double de grâce et de force...

Chers frères et chères soeurs, l'âme qui n'est pas sur la Croix, l'âme qui ne ressent aucune peine et aucune douleur, n'est pas encore entrée dans la route qui mène doucement au Ciel. Par sa douceur, cette voie charme vos âmes et leur donne l'enivrement de sublime Espérance... Qu'il est doux de s'endormir dans le Seigneur après de longues épreuves de souffrances et de peines ! A tous, courage !

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Visite de Saint Hermenegilde, Martyr

Extase du 02 décembre 1878

Saint Herménégilde était le fils du roi des Wisigoths d'Espagne, au sixième siècle. Il épousa la fille du roi des Francs d'Austrasie et, malgré l'opposition de son père qui était Arien, il se convertit à la Foi Catholique. Emprisonné, puis mis à mort le 13 Avril 586, il alla jouir au Ciel d'une royauté qu'il avait su préférer aux royaumes de la terre. Fête le 13 Avril.

- Je suis saint Herménégilde, j'ai souffert le martyr pour mon Dieu et pour Sa Sainte Cause. J'étais né d'une haute condition, d'une famille de noblesse. Il y a des peines et des croix partout, chez le riche comme chez le pauvre.

On essaya d'ébranler ma Foi et mon courage en me menaçant de tortures et de mort. Je me levais et je dis à mes bourreaux : " Je suis chrétien et soldat de Jésus-Christ. Ma vie est en votre pouvoir, mais mon âme ne reniera jamais ma Foi et mon Dieu ! " On décida ma mort et j'entendis prononcer ma condamnation. Je restais inflexible, ma Foi et mon courage m'animaient et me fortifiaient. Je fus lié et traîné sur le pavé et fus déchiré par les coups et les instruments de supplice. Ensuite, cette demande me fut faite : " Es-tu décidé à obéir pour conserver la vie ? Tu es d'une branche élevée, nous espérons que tu tiendras à ton titre. "

Aussitôt, j'ouvris ma tunique, je pris le Crucifix que j'avais dès ma jeunesse et je leur dis : " Voilà mon Titre ! Voici ma Gloire ! Voici mon Bien !

Ces trois paroles irritèrent fortement les tyrans et il fut ordonné de me trancher la tête. Je montais au lieu du supplice en chantant en mon âme le cantique du départ de la vie et de l'entrée dans la gloire. Je reçus plusieurs coups bien terribles sur mon corps et dans les parties les plus sensibles. Rien ne m'ébranla, je persévérais et je mourus chrétien, enfant de Dieu et de Son Église. On me trancha la tête en blasphémant et en se moquant. Mais tous ces blasphèmes et ces moqueries ne purent me donner une seule pensée de distraction. On laissa tomber l'instrument du supplice et ma tête fut séparée de mon corps. Jamais une joie et un bonheur si doux. Jamais tant de paix n'avaient régné dans mon âme. Le bourreau et le chef de mes exécuteurs ordonnèrent que mon corps fût jeté loin de ce lieu car on me regardait comme un poison infect. Mon corps fut traîné dans un lieu écarté et là je restais des semaines entières, quand un voyageur inconnu et déguisé passa en ce lieu. O Douce Providence ! Il recueillit mon corps, l'enveloppa dans une partie de son vêtement et le fit reposer sous une pierre qui se trouvait en ce lieu. C'est là que le Seigneur fit manifester plusieurs fois Sa gloire. Plus tard, quand tous ces temps de désordre furent passés, mon corps fut rapporté par la main des chrétiens puis déposé en terre bénite dans le lieu où l'on enterre tous les chrétiens. Le Seigneur récompensa mon martyre en faisant des prodiges et des miracles au sujet de mon courage et de ma Foi.

Maintenant un mot de la part de Notre-Seigneur.

Chers frères et chères soeurs, sur cette terre que vous habitez encore, gardez votre courage, mourez plutôt que de livrer votre âme qui est un Temple Divin.

Oh ! qu'on puise de force sublime dans la Foi chrétienne ! ...

Oh ! Qu'on puise de sublimes récompenses et de richesses dans la souffrance de cette vie ! Elle est un couronnement de gloire dès cette vie mortelle ! ... La souffrance est une fontaine qui nous lave et nous purifie ; elle développe le germe immortel que la mort ne peut détruire. Ce germe immortel que la mort n'atteindra pas, c'est la sainteté produite par la souffrance.

Vous tous, chers frères et chères soeurs, vous êtes les prisonniers du Calvaire, les prisonniers de la parole de Marie, les prisonniers de la rosée féconde des Plaies Sacrées du Sauveur. Votre prison n'est point construite de pierres et de terre. Elle est construite de perles mélangées de diamants. Voilà les murs de votre prison. Elle est close et couverte par la Divine et Suprême Volonté de Dieu. Elle est comme meublée de souffrances, de privations, de sacrifices de persécutions et de mérites... Votre prison est pavée par les pensées, les paroles Divines de Notre-Seigneur. Elle est embaumée du parfum du Coeur de Marie et la flamme qui vous réchauffe n'est pas produite par le bois de la terre, c'est l'Amour de Jésus qui est le foyer de votre prison, c'est l'amour de la Croix qui est le bois de la flamme, c'est l'amour du Coeur de Marie qui embaume cet asile après Jésus...

Au pied de la Croix, c'est là qu’a toujours été le divin rendez-vous où toutes les âmes ont reçu la préparation de la couronne immortelle. C'est au pied de la Croix que cette couronne se donne. Je vous quitte, courage !...

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Visite de Saint Cassien, Martyr

Extase du 03 décembre 1878

Saint Cassien d'Imola (Ville de l'Italie du Nord) mort Martyr en 250

Fête le 13 Août avec saint Hippolyte.

- Voilà mon nom, je suis saint Cassien, Martyr. J'ai été martyrisé par mes élèves, dont j'étais l'instituteur, choisi pour leur apprendre les vérités de la religion catholique. Voici les projets que tramaient contre moi mes élèves

II semble que ces étudiants païens aient été poussés à ce geste par un magistrat impérial, reprochant à cet enseignant son refus de rendre un culte aux idoles.

Me voyant absorbé dans la prière contemplative, l'esprit mauvais souleva une grande discorde parmi mes élèves. Et ce fut, une nuit, tous rassemblés, qu'ils me percèrent de flèches et ensuite de rasoirs forts comme des épées. Ils me garrottèrent et me fermèrent la bouche. C'est de leurs mains que j'ai souffert le martyre. Une partie s'enfuit rapidement. Deux seulement, tourmentés par le remords, restèrent près de mon corps inanimé et couvert de blessures. Ils se sentaient pressés d'avouer leur crime. L'un d'eux se dirigea vers le ministre qui absout et pardonne et aussitôt, la justice des hommes entra dans ma demeure et là, le crime de ces jeunes coeurs fut reconnu. Mais, j'obtins près de Dieu, qu'ils fussent épargnés et qu'ils échappassent à la justice qu'ils devaient subir. L'Ange apporta la banderole roulée qui contenait cette demande de pardon et ils furent épargnés. Mais ils furent regardés comme les bourreaux d'un père et comme les ouvriers de la malice infernale. Trois furent frappés de mort subite et les deux repentants se firent plus tard pénitents et solitaires pour expier leur crime.

Dieu récompensa généreusement Son Martyr. Depuis ma mort, le Sauveur laissa demeurer au lieu de mon martyre, une étoile flamboyante qui, chaque jour était visible. On venait, dans ce lieu, prier avec vénération, et le Sauveur accordait des prodiges. Au lieu de mon martyre fut élevée une chapelle qui porte mon nom.

Maintenant, un mot de la part de Notre-Seigneur.

Chers frères et chères soeurs, veillons autour de nous ; quelquefois, le monde est plus à craindre que les démons. Les démons ne donnent pas la mort à l'homme et le monde attente à la vie de l'homme. Le monde aime le meurtre de ses frères et de ses soeurs. Il est sans pitié quand la rage des cachots ténébreux le pousse dans la plus grande profondeur du mal. Chers frères et chères soeurs, mettons notre confiance en Dieu, notre Père, et disons à nos Anges Gardiens : "Montez la garde autour de nous, car des pièges sont tendus à tous les hommes." Des noirceurs de jalousie tourmentent le coeur des hommes contre leurs frères !

Pourquoi cette cruelle jalousie ? Parce que, toujours, les âmes qui aiment Dieu et qui Le font aimer de toutes leurs forces, sont haïes et persécutées. C'est un Cachet Divin, chers Frères. Vous le portez visible et non pas invisible. Voilà pourquoi on lit dans vos paroles et dans votre coeur, dans votre visage, dans vos forces et dans tout le Bien qui vit en vous, on lit que vous êtes les âmes choisies, bénies, entourées des tendresses de Dieu. Voilà ce qui fait la rage des hommes qui n'aiment pas Dieu, ni Sa Religion.

Chers frères et soeurs, à l'exemple du Divin Crucifié, soumettez-vous et pardonnez à tous vos ennemis. Ce pardon ouvre la porte du Ciel, attendrit le Coeur de Dieu et donne à l'âme une rosée fortifiante. Chers frères et chères soeurs, vous n'aurez sur la terre qu'un seul et sûr asile, c'est dans les Plaies Adorables du Sauveur que vous êtes en sûreté, dans cette prison d'amour et de tendresse.

Le monde fait souffrir et endurer une espèce de martyr qui est quelquefois plus douloureux que le martyre du fer, le martyr du supplice, parce que le monde fait languir, tourmente sans sujet. Le monde crucifie lentement, tandis que le martyr du fer se fait rapide. Le Seigneur a Ses yeux ouverts sur celui qui souffre, qui est accusé, poursuivi, calomnié. Dieu fait briller la route qu'il parcourt, chargé de montagnes de toutes sortes de persécutions. Devant vous on voit marcher une troupe d'élite et de Bienheureux. Ce sont vos Anges Gardiens qui portent vos croix, les montagnes de vos persécutions. Et vous marchez, vous, chers frères et soeurs, déchargés et librement. Les hommes croient vous appesantir sous le poids si lourd et vous ne sentez que la légèreté d'un bienfait amoureux...

Marchons courageusement à travers cette vie de souffrances, arrosons-la de nos sueurs et de nos larmes. L'Époux Éternel vient à la rencontre de ceux qui souffrent et qui pleurent, retenus par des chaînes de captivité sans motifs et sans crimes. Le Seigneur essuie les larmes de Ses Élus et leur montre le diadème éternel et leurs noms inscrits sur Son Coeur.

Courage ! Vous qui êtes encore dans la mort. Bientôt vous serez dans la Vie où il n'y aura plus de peines, plus de larmes, ni d'angoisses. C'est le Bonheur Éternel. Priez, chers frères. Je vais prier pour vous. La Main du Seigneur menace de frapper. Son Regard irrité dit à la terre de se tenir en garde. Sa promesse console et fortifie les justes et écrase les pêcheurs (non repentants) comme un grain de poussière.

Au Ciel, on est heureux. Au Ciel, on est nourri d'amour. Au Ciel, on vit de délices. Au Ciel, on adore, on aime, on jouit des délices de l'amour. Chers frères et chères soeurs, je vous souhaite cette arrivée triomphante de bonheur...

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Visite de Saint Jules, Martyr

Extase du 12 décembre 1878

Saint Jules est un Martyr des premiers siècles, probablement sous Dioclétien. Il existe plusieurs Martyrs à ce nom. La cruauté des bourreaux orientaux était particulièrement raffinée dans sa volonté de défigurer et d'abaisser ses victimes. Il y a là, la signature de l'adversaire !

- Je suis saint Jules, Martyr pour la cause de Dieu, pour avoir soutenu l'infaillibilité de l'Église de Dieu... Je fus arrêté, enchaîné et torturé... Mais les menaces et les tortures n'ont point ébranlé ma Foi et mon courage. Je fus jeté dans un cachot obscur, chargé de lourdes chaînes pendant trois matinées. Je fus flagellé. Tout mon corps déchiré ruisselait de sang. A nouveau interrogé, je répondis à l'Empereur : " Je veux mourir chrétien, dans la Foi catholique. " Je fus alors lié à un énorme poteau de fer qui contenait des charbons ardents. J'eus les reins brûlés. On me scia ensuite par morceaux. On sépara mes bras, mes pieds. Enfin, on scia mon corps en deux et on le jeta dans une chaudière d'huile bouillante. Voilà comment je terminais mon martyre. Je rendis mon âme à Dieu dans les plus cruels tourments, mais dans la joie la plus grande et la plus douce...

Ce ne fut que plus tard, quand la paix fut revenue, que les corps des martyrs reçurent la sépulture. Dieu garda notre chair intacte.

Maintenant, un mot de la part de Notre-Seigneur.

Notre-Seigneur adorable, du Ciel, nous communique les grâces divines. Il nous en fait les héritiers et les héritières. Aujourd'hui, comme autrefois, Le Seigneur répand d'abondantes bénédictions sur la terre. Les moissonneurs sont les moins nombreux ! Heureux celui qui moissonne les bénédictions du Seigneur ! Le vrai serviteur du Seigneur adorable n'est jamais abattu, n'est jamais troublé. Il y a en lui une force surhumaine, communiquée par la grâce divine...

Ne craignez pas la colère des hommes. Ils ont beaucoup de paroles, ils semblent très forts, mais aussitôt qu'un souffle du Ciel arrive sur eux, ils sont aussi faibles que le roseau ! La puissance de Dieu montre à l'homme orgueilleux que sa voix n'est rien !...

Laissez le monde vous dresser un calvaire, mais ne lui permettez jamais de vous aider à y monter ! Quand ce trône vous sera préparé à vous tous, montez tranquillement avec l'aide du Seigneur, avec l'aide de Marie, de vos Anges Gardiens, de vos Saints Patrons, de vos Frères et Soeurs du Ciel. Ne demandez pas à ceux de ce monde de vous aider ! Quand vous serez arrivés au lieu du Calvaire, dites au monde et à ceux qui vous ont conduits là : " Nous voulons être immolés ici par la volonté et la main du Seigneur. Retirez-vous, vous qui nous avez élevé cette montagne et planté ce calvaire, laissez-nous méditer, en silence, les humiliations d'un Dieu souffrant !... "

Vous êtes tous livrés à une grande bataille. Munissez-vous d'armes puissantes. Voici celle qu'il vous faut : C'est l'arme de la Sainte Volonté de Dieu, de la sainte soumission à la Sainte Volonté de Dieu... Le monde crie : " A mort le chrétien ! Mort à sa Foi ! Mort aux Pasteurs ! Mort aux sujets de la Croix ! Mort à l'Esprit ! " Mais la Croix triomphe, c'est la mort de l'enfer, c'est l'Arme qui résiste à tout ! Courage ! ...

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Visite de Saint Céleste, Martyr

Extase du 16 décembre

Saint Céleste est un Martyr des premiers siècles. Il existe plusieurs Saints Célestin. Merci aux amis qui pourraient nous donner des précisions. D'après le texte, il serait plus connu hors de France (Italie)

- Je suis saint Céleste, Martyr. Mon nom est connu, mais pas dans votre pays. J'ai souffert pour la gloire de Notre-Seigneur au temps des grandes persécutions, au temps où le Ciel recueillait tant d'âmes que notre Époux couronnait... On voulait me faire renier Dieu ou me mettre à mort. J'ai préféré donner ma vie et garder dans la Grâce mon âme chrétienne. Quand on vit que je restais inflexible, l'Empereur ordonna à ses serviteurs de me lier les mains derrière le dos, et je reçus au coeur trois coups de lancettes. Je persévérais dans mon refus. On me couvrit de lourdes chaînes et on m'attacha sur un chevalet. On me couvrit le corps de vers, qu'on y fit entrer par des ouvertures dans ma chair. Puis mon corps fut enfermé dans une sorte de chemise de fer, garnie de pointes, qui me déchiqueta. Je fus ensuite jeté dans une vasière et enfin mon corps fut jeté sur la place et foulé aux pieds de sorte qu'il n'avait plus rien d'humain. Avec un grand nombre de Martyrs, je fus jeté dans une rivière. Le calme et la paix rétablis, nous reçûmes la sépulture de la main des chrétiens qui avaient échappé à la main des cruels empereurs.

Maintenant, un mot de la part de Notre-Seigneur.

Chers frères et chères soeurs, si le chrétien fidèle n'avait pas devant les yeux le divin Crucifié, il lui serait bien pénible de faire face aux cruautés des hommes. Le divin Crucifié est le Livre qui prêche la Foi et le courage de l'âme chrétienne. Vous ne trouverez nulle force, nulle espérance en dehors de ce Divin Modèle. C'est là qu'est la science de vos âmes, de vos esprits, de vos pensées. Enfermez-vous dans la Doctrine de l'Homme-Dieu, méditez en silence la grandeur de ses vérités et, là, vous sentirez le courage de tout affronter, périls, douleurs et mort... Et vous, Pasteurs, vous devez monter les premiers la Sainte Montagne où s'accomplit le Sacrifice de l'immolation qui est aussi un martyre.

Soyez sûrs que le Seigneur ne tardera pas à faire éclater la rigueur de Ses promesses car tout est à son comble. Aujourd'hui, le mal est vainqueur. Il est entré dans la Cité et le Seigneur est délaissé... Savez-vous ce qui retient la Justice du Seigneur ? Ce sont vos prières, ce sont les sacrifices et le dévouement de ceux qui, par charité, partagent les souffrances des uns et des autres. Ceux-ci sont la part du Seigneur ! C'est le plus petit nombre ! C'est le troupeau béni !

Les temples du Seigneur sont regardés avec un oeil féroce par la plus grande partie des habitants de cette terre. Les âmes des Pasteurs leur font horreur et cette pensée bouillonne dans leur intérieur : " J'espère porter la main sur toi et t'arracher ton pouvoir ! " N'ayez pas peur ! La Miséricorde du Seigneur est sur vous !

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Visite de Saint Vital, Martyr

Extase du 17 décembre

Saint Vital fut victime d'une persécution au Ilème siècle à Milan, avec son épouse sainte Valérie, mère de saint Gervais et de saint Protais. La Basilique de Ravenne lui doit son nom. C'est saint Ambroise qui, en 393, fit rechercher et honorer les Reliques des Martyrs des siècles précédents. Malgré cela, ces Martyrs furent considérés comme " légendaires " en 1969 ?

- Je suis saint Vital. J'ai été martyrisé avec mon épouse sainte Valérie. J'ai subi la mort pour mon Dieu et pour la Sainte Église pour ne pas vouloir renier mon Dieu qui m'a fait chrétien... Je fus pris, enchaîné et ensuite lapidé avec des boules de plomb. Nos corps étaient transpercés de part en part. Puis ils nous enfoncèrent des alênes très aiguës dans toutes les parties du corps. Puis nous fûmes à nouveau criblés et lapidés. Ensuite nous fûmes enterrés vifs dans des fosses remplies de chaux et de terre. C'est là que nos âmes prirent leur essor. Mon épouse et moi n'avons pas été séparés. Nous avons été enchaînés et enterrés dans les mêmes fosses. Nous reçûmes la sépulture très longtemps après dans cette grande ville arrosée par le sang des martyrs.

Maintenant, un mot de la part du Seigneur.

Chers frères et chères soeurs, armez-vous d'un courage invincible à l'approche des maux qui menacent. Le Seigneur vous envoie Sa douce et Divine lumière qui vous servira pour prévoir et qui vous fera sentir l'heure où la douleur remplira la terre entière d'un cri d'alarme et de sanglots. Ce jour de douleur est dans toute sa force... Qui attire cette douleur ? Ce cri d'alarme ? Ce sont les péchés, les crimes, les scandales, les abominations... Voilà le bouquet de la terre. Je ne parle pas pour toi, Bretagne, mais à toi, terre de France qui avait autrefois un nom si noble, toi qui avais une si grande renommée. Aujourd'hui, tu es foulée aux pieds de tes corrupteurs et de tes amis. Tes entrailles se sont endurcies sans pitié pour tes enfants... Autrefois, cette terre a été couverte du sang des martyrs. Elle a été fécondée d'une semence de grâces. Aujourd'hui, je vois du Ciel, la Justice du Seigneur en colère contre la terre de France. Je vois ses éclairs près de s'appesantir. Une seule fibre les retient et les arrête encore... Il n'y a plus que le Ciel qui puisse opérer ce prodige de victoire sur cette terre profanée... Ne tremblons pas, les hommes gouvernent la terre, mais Dieu est le Gouverneur du Ciel et de la terre. Persévérez dans la prière et la colère du Seigneur n'atteindra pas ceux qu'il a promis de protéger... Rappelons-nous que nous sommes tous les crucifiés de la terre. C'est de la souffrance qu'on s'élève dans le triomphe, et le triomphe conduit au bonheur éternel.

En attendant cette protection de paix, reposons-nous en silence sur la Croix de Notre-Seigneur, disons-Lui avec soumission et résignation : " Seigneur, nous voici, faites de nous ce qu'il vous plaira ! " Cette parole peut braver et renverser les desseins de vos ennemis... Vous êtes sur la terre de mérites où l'on gagne des trésors si précieux que le Ciel récompense. Continuez votre route et au bout vous recevrez la couronne des vainqueurs !

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Visite de Saint Serge, Martyr

Extase du 19 décembre

Saint Serge est une jeune victime (15 ans) de la cruelle persécution de Dioclétien, au début du IVe siècle. Notre-Seigneur l'a recommandé Lui-même à l'attention des auditeurs de cette extase, par l'intermédiaire de saint Vital. Cet adolescent est une image vivante de l'Agneau Immolé, particulièrement chère au Ciel.

- Je suis saint Serge. J'ai souffert le martyre au printemps de mon âge. J'avais été fort instruit dans la Sainte Religion Catholique par un père et une mère très pieux dont j'étais le trésor d'innocence et de pureté. Voyant ma piété florissante, le ciel faisait une distinction sur mon front, au milieu de mes compagnons.

Un jour, l'empereur qui avait fait tant de victimes, apprit la fermeté de ma foi et mon ardeur pour Jésus-Christ et Sa Sainte Mère. Le bruit parvint à ses oreilles que mon père, ma mère et moi, allions visiter en secret les Sanctuaires de Dieu, cachés dans les souterrains. Nous allions là, la nuit, visiter Notre-Seigneur. Nous fûmes découverts. Notre retraite fut saccagée et nous n'eûmes plus de lieu où nous réfugier. Je fus dénoncé par plusieurs de mes connaissances qui avaient renié la Foi pour sauver leur vie et s'étaient alliés à l'empereur. Je fus pris et conduit devant l'Empereur qui me posa des questions fort élevées, malgré sa barbarie. Je répondis et je fus inflexible. Le Ciel manifesta sur ma personne, dans le palais, un prodige bien éclatant. Tout à coup, je me trouvais environné d'une lumière resplendissante, mon front paraissait orné d'un diadème de martyr. J'éprouvais une force, un amour, une tendresse que je ne pouvais exprimer. L'Empereur fit appeler ses serviteurs qui examinèrent le fait du prodige et il resta muet pendant quelques instants. Puis, bientôt, la rage, la colère, le blasphème retentirent autour de moi et je fus condamné à mort avec mon père et ma mère. Plusieurs compagnons chrétiens furent enchaînés et condamnés au même supplice. Mais leur courage était moins grand que le mien. Je pris la parole, je les encourageais et les félicitais du bonheur de mourir pour Jésus-Christ. Là, l'empereur me posa lui-même un casque de feu sur la tête et me dit en m'injuriant : " Je veux que tu souffres ce tourment jusqu'à l'heure où tu te décideras à fouler sous tes pieds tes fausses idées et ta pensée du Christ. "

Je répondis aussitôt : " Vous êtes un grand homme. Vous avez le pouvoir de donner la mort et de laisser la liberté. Mais mon choix est fait, j'ai choisi la mort. "

Cette parole excita sa fureur. Il me fit fouetter, puis torturer et lapider. Il n'y a pas de sortes de tourments que je n'aie endurés avec ma famille. Mon père persévéra dans le martyre. Ma mère mourut et s'envola vers le Ciel avant nous. Elle était appelée la première.

L'Empereur ordonna de nous dépouiller les bras jusqu'à l'épaule et nous eûmes les bras transpercés par de longues alênes et des lames très larges. Puis, je fus suspendu à un poteau par les tendons des bras... Ensuite, nos corps furent broyés dans un moulin. L'Empereur ordonna de disperser nos chairs déchirées. Mais le Ciel en décida autrement. Le Seigneur envoya des Anges ramasser nos chairs en lambeaux et ils les transportèrent en lieu sûr, sur une montagne élevée. Là, nos corps furent ensevelis avec honneur par la main des Élus du Ciel et ils reprirent leur forme tels qu'ils étaient avant notre martyre. Le Seigneur a fait bien des prodiges pour nous !

Invoquez-moi dans vos douleurs intérieures et extérieures. J'ai souffert depuis l'âge où j'avais connaissance.

Un mot de la part de Notre-Seigneur.

Moi aussi, j'ai vu mourir sous la main des hommes impies, le ministre du Seigneur. C'est son courage qui a fait encore d'avantage fleurir le mien. Après la souffrance vient la récompense. Tôt ou tard, les grandeurs du Seigneur se manifestent dans Ses enfants !...

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Visite de la Sainte Vierge

Extase du 05 novembre

Nous avons joint, à ces visites de Saints, quatre interventions de Notre-Dame, Reine des Saints et des Martyrs qui sont en relation directe avec le Saint Noviciat. Il s'en dégage l'expression de l'infinie tendresse du Coeur très maternel de L'Immaculée. Le langage en est pur, simple, poétique, très " franciscain. " C'est un langage simple, pour les simples, peu accessible aux sages et aux savants selon le monde.

- C'est moi, mes enfants, qui vient vous dire un mot avant d'entrer dans le Saint Noviciat. Mon Fils adorable a ouvert tous Ses desseins impénétrables et II a tout jugé. Il a ouvert toutes les Voies Divines. C'est maintenant qu'Il va manifester Sa gloire puissante.

- Les hommes sont arrivés à leurs dernières ressources. Ils ont épuisé les sources les plus profondes, par l'invention, par la calomnie, par la jalousie, parce qu'ils ont voulu tout surpasser, tout juger, tout voir par eux-mêmes, par leur seule humanité.

Mes enfants, ils se sont servis de la Bonté et de la Miséricorde de mon Divin Fils pour L'offenser, pour inventer d'affreux mensonges. Eh bien ! Ils sont au bout, leur esprit ne peut plus inventer autre chose, maintenant !

Mes enfants, quand l'affreuse opposition de ces âmes va s'arrêter et se reposer, c'est alors que mon Divin Fils va travailler puissamment.

Mes enfants, cette voie de la Sainte Croix, ce noviciat d'amour a été ouvert par mon Divin Fils pour une grande cause, pour une grande gloire, pour manifester Ses Divins prodiges... Cette voie ne sera comprise que par les âmes choisies que mon Divin Fils a appelées à Son service.

Marchez en sûreté, mes enfants, c'est au pied de la Croix qu'il y a un foyer de paix pour tous les enfants de la Croix, c'est ici qu'il y a un abri... Chers enfants, je vous bénis, courage, gardez votre paix ! ...

Extase du 28 novembre

- C'est moi, mes enfants qui vient vous dire un mot avant d'entrer dans le Saint Noviciat.

Mes enfants, voici mon Coeur rempli de tendresse, d'amour et de charité. Entrez dans cette seconde Fournaise. Vous y trouverez et vous y puiserez l'ineffable tendresse et le bonheur. Je m'incline vers vous, mes enfants, afin de vous communiquer toute ma maternelle bonté.

Mes enfants, je viens vous dire avec bonheur : " Voici des fleurs fraîches et pures dans mon Coeur Immaculé. Je viens vous les offrir, pour préparer à mon Fils un tendre berceau, au fond de vos âmes et de vos coeurs. "

Mes enfants, voici des lys, portant une rosée d'amour qui s'écoule dans toutes les belles vertus que vous possédez. Formez avec ces lys de pureté le berceau de mon Divin Fils.

Mes enfants, voici des oeillets rouges, placez auprès des lys ces fleurs qui portent l'emblème du Calvaire, l'emblème du Sang pur et divin qui a coulé des Membres Sacrés de mon Divin Fils.

Mes enfants, voici d'autres belles fleurs blanches qui portent cinq feuilles. Vous les mettrez dans vos âmes, autour de la couronne d’oeillets. Vous placerez ensuite, autour du Divin berceau, les autres petites fleurs qui vous feront plaisir.

Mes enfants, je vous envoie mon plus tendre sourire comme une bénédiction qui se répand sur vous. Je vous fais reposer sur mon coeur. Je vous couvre de mes tendres baisers. Je vous abrite sous mon manteau virginal.

Mes enfants, je veille avec amour sur vous tous. Je vous suis dans vos courses. Je vous accompagne dans vos démarches. Je vous suis partout dans vos peines ; je vous aide à porter vos croix. Je vous accompagne au pied de l'Autel du Sacrifice. Je recueille vos larmes sur la frange de mon manteau et je les présente à mon cher Fils, comme des larmes de mérites, de désir et d'appel...

Mes enfants, quand vous pleurez, il y a, dans vos larmes, une voix implorante ; elle demande la grâce à mon Divin Fils. Ces larmes arrosent comme une rosée féconde le champ de mon Fils...

Marie-Julie :

- Pourquoi, Bonne Mère, nous donnez-vous un coeur si sensible ?

- Mes enfants, l'amour sensible est comme une étoile qui se lève de la terre et monte au firmament. Cet amour s'en va jusqu'au pied du Trône de mon Divin Fils. Il l'implore en secret, il Lui demande en secret et il Le supplie de toutes ses forces.

- Bonne Mère, lequel est le plus méritoire du désir satisfait, ou du désir non satisfait ?

- Mes enfants bénis, le désir satisfait a son mérite mesuré, le désir non satisfait a son mérite sans mesure. (Pensons au désir de la Communion qui consumera Marie-Julie pendant les 10 années (1877-1888) pendant lesquelles elle lui fut refusée. Que de mérites accumulés !)

Extase du 03 décembre

C'est moi, mes enfants, qui vient vous dire un mot de tendresse et de bonté. Mes enfants, mon Fils a dit :

" Bienheureux ceux qui souffrent ! " Ceux qui souffrent sont les amis privilégiés des dons de l'amour de mon cher Fils.

Mes enfants, je m'incline avec tendresse vers l'âme qui souffre. Je panse ses peines avec le Baume de mon Coeur. Je viens sourire à l'âme qui souffre. Je viens répandre ma rosée d'espérance sur l'âme accablée. Mon coeur maternel vous sert de repos. C'est là que vous prenez un sommeil qui vous redonne des forces, sur le Coeur le plus aimant d'une Mère.

Mes enfants, si vous connaissiez ma tendresse maternelle, vous viendriez avec plus de joie encore à votre Mère du Ciel. Mes enfants, je regarde vos coeurs comme des jardins où je viens, moi aussi, épancher les douleurs que je souffre à cause de tant d'âmes qui vivent en dehors de la grâce.

Mes enfants, je vous promets de vous assister, de vous fortifier, surtout à l'heure de votre mort. Je serai à votre chevet avec le flambeau de la paix et de l'espérance...

Mes enfants, aimez-moi beaucoup et faites-moi connaître le plus que vous pouvez. Proclamez mes grandeurs, âmes victimes, du haut de la chaire de Vérité. Je vous récompenserai si largement que vous serez inondés d'amour.

Mes enfants, si les âmes pensaient à tout ce que mon Divin Fils a souffert pour elles, toute Sa vie, elles sentiraient en elles renaître un amour pour aimer, une tendresse pour compatir, des larmes pour pleurer le temps perdu sans cette pensée du Calvaire.

Mes enfants, bien peu d'âmes méditent les douleurs du Calvaire de mon Fils et de Sa Mère. Pourtant quel bien, quel profit, quelle perfection on puise dans cette méditation ! Je vous bénis tous...

Extase du 12 décembre

- C'est moi, qui viens vous dire un mot de tendresse et d'amour avant d'entrer au Saint Noviciat.

Mes enfants, que je vous aime ! Que j'aime la terre ! Que j'aime les âmes pour qui j'ai tant souffert, au pied du Calvaire adorable ! Aujourd'hui, mes enfants, je cherche des coeurs pour m'aimer, pour que je leur donne de ma tendresse. Je viens les assister dans leurs peines et leurs douleurs, et mon Nom de grandeur est oublié ! C'est une ingratitude !

Mes enfants, vous qui connaissez la tendresse de mon Coeur, oh aimez-moi pour ces âmes que je visite, que j'assiste et qui méconnaissent le don de mes bienfaits et l'amour de ma bonté !

Mes enfants, soyez sûrs que jamais je ne vous oublierai, que jamais je ne vous laisserai souffrir seuls ! Je serai toujours avec vous, je serai près de vous, je tiendrai votre main pour vous faire passer le pas le plus difficile, le plus dangereux, le plus épineux.

Mes enfants, oh si vous saviez quelle gloire et quelle joie vous procurez à mon Divin Fils, quand vous m'aimez ! Quand mon cher Fils devient rayonnant de joie et de tendresse, II me dit :

" Ouvrez vos trésors, Ma Mère, pour cette âme qui vous aime et qui, en vous aimant, Me réjouit. "

Mes enfants, que j'ai de peine en considérant cette terre qui est l'ouvrage de mon Divin Fils et dont je vois l'ingratitude envers le Ciel ! Je vois les blasphèmes, les iniquités, les péchés se répandre sur la terre comme une pluie abondante.

Mes enfants, toute ma peine la plus sensible, c'est de voir que la plus grande partie de mes enfants vit dans l'oubli et reste dans l'oubli. Ils ont oublié qu'un jour ils devront rendre un compte sévère devant mon Fils...

Mes enfants, ne soyez pas effrayés. Sous le manteau d'une Mère protectrice, qu'avez-vous à craindre ? Priez, mes enfants, car les hommes pervers, sans foi et sans religion, arrivent peu à peu à leur but par leur travail infernal d'impiété.

Priez, mes enfants, mon Fils ne diminue pas Sa colère. ... Je vous bénis tous.

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