Rien ne
trouble Marie-Julie pendant ces derniers jours, en cette ultime
préparation. Elle continuera simplement dans les actes les plus
ordinaires à accomplir par amour la Volonté de son Jésus.
Malade, elle continue à se lever.
Levée comme d’habitude le mardi matin 4 mars, elle demande à se
coucher vers 10 h ½. Sans un mot, sans regret, sans une plainte,
elle quitte le fauteuil de la cuisine, et se dirige sans jeter même
un regard en arrière vers la cellule où doit s’accomplir cet acte
mystérieux de l’entrée dans l’éternité, où doit venir le Bien-Aimé.
Elle va, une dernière fois, s’étendre sur le .Bûcher de la Croix.
Elle le sait, c’est pour mourir. Acte simple en soi qui va pour
elle, couronner une vie de martyre.
Elle nous
laissait le 24 février 1941, jour où nous la vîmes pour la dernière
fois, l’impression d’une haute sainteté, d’une souffrance comme
infinie. Nous la sentions en union continuelle avec Dieu, elle
reprenait sa prière intérieure dès que nous ne lui parlions plus.
Épuisée, accablée, nous la vîmes un instant rejeter la tête en
arrière, vers la gauche, comme pour s’appuyer sur le bois d’une
invisible croix. Le visage à la fois calme et douloureux, semblait
rayonner. Ce fut très beau, inoubliable.
Les dernières paroles que
Marie-Julie, la stigmatisée de Blain,
a prononcées avant sa mort, en
février 1941
Écoutez ces paroles que Notre
Seigneur vient de me dire :
" La guerre a été une miséricorde
et on ne le reconnaîtra que plus tard et tous ceux qui auront
souffert seront dans la joie, heureux d'avoir contribué à faire une
France nouvelle, dans laquelle Dieu prendra toutes ses
complaisances.
Une fois que la France aura payé sa
dette, elle sera récompensée par une telle abondance de grâces que,
dans peu de temps, elle aura tout oublié.
Pour les puissances qui auront
combattu avec tant d'intrépidité et de courage, elles recevront de
la France la plus grande récompense : celle de prendre place au sein
de l'Église catholique qui, elle-même, sortira de ce baptême de sang
rajeunie et renouvelée.
Je vais briser tous les obstacles
et renverser tous les projets de ceux qui empêchent la lumière de se
faire, la France sera sauvée par des moyens hors de toute
connaissance humaine.
Dieu s’en réserve le secret
jusqu'au dernier moment.
Je me joue des projets des hommes,
ma droite prépare des merveilles. Mon Coeur sera glorifié par toute
la terre. Je me plairai à confondre l'orgueil des impies.
Et plus le monde sera hostile au
surnaturel, plus merveilleux seront les faits qui confondront cette
négation du surnaturel.
À la place de la bête s'élèveront
deux trônes : celui du Sacré-Coeur et celui du Coeur Sacré de Marie.
Il sera reconnu que ce ne sera pas
la force des hommes qui mettra fin à la guerre, qui ne se terminera
que quand l'expiation sera terminée.
Ayant hâte d'en finir avec
l'impiété et l'iniquité, et de voir la France telle que je la
désire, j'abrégerai la durée par l'intensité.
Prenez courage, cette expiation est
bientôt terminée, et soyez convaincus que la France une fois
victorieuse, je ne la laisserai pas au pouvoir des impies. "
Le règne de Dieu est proche. Il va
s'ouvrir par un fait aussi éclatant qu'inattendu.