Prophéties du Pape Jean XXIII
L’histoire de
l’humanité de 1935 à 2033
Sommaire
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Introduction
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L’histoire des prophéties
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Ce que m'a dit mon visiteur
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La table des trois maîtres
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Le secret de Johannes
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La chaîne du temple
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Pour une méthode de lecture
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Les prophéties
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1ère
prophétie
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2ème prophétie
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3ème
prophétie
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4ème
prophétie
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5ème
prophétie
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6ème
prophétie
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7ème
prophétie
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8ème
prophétie
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9ème
prophétie
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10ème
prophétie
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11ème
prophétie
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12ème
prophétie
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13ème
prophétie
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14ème
prophétie
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15ème
prophétie
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16ème
prophétie
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17ème
prophétie
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18ème
prophétie
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19ème
prophétie
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20ème prophétie
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21ème prophétie
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22ème prophétie
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23ème prophétie
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24ème prophétie
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25ème prophétie
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26ème prophétie
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27ème prophétie
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28ème prophétie
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29ème prophétie
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30ème prophétie
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31ème prophétie
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32ème prophétie
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Conclusion
A Giorgio, en fraternelle amitié.
« Maintenant ils savent que tout
ce que tu m'as donné vient de toi ; car les paroles que tu m'as
données, je les leur ai données et ils ont vraiment admis que je
suis sorti de toi et ils ont cru que tu m'as envoyé. » (Saint Jean,
17/7, 8)
Introduction
« Bon maître, que dois-je
faire pour avoir en partage la vie éternelle ? » Jésus lui dit : «
Pourquoi m'appelles-tu bon ? Nul n'est bon que Dieu seul. » (Saint
Marc, 10/17, 18)
Angelo Roncalli est né le 25
novembre 1881 à Sotto-il-Monte, dans la province de Bergame, non
loin de Brusicco. Ses parents, Marianna Mazzola et Giambat-tista
Roncalli, avaient plusieurs enfants et étaient métayers du comte
Morlani. En 1892, Angelo entre au petit séminaire de Bergame puis
passe au grand séminaire, où il restera jusqu'à sa seconde année de
théologie, en 1900. C'est en 1895 que le jeune homme commence à
tenir ce qu'il appellera plus tard son
" Journal de l'Ame " ; il ne
cessera, jusqu'à sa mort, d'y inscrire ses angoisses et ses
espérances. Toujours en 1895, il endosse la soutane.
En 1900, à l'occasion de l'Année
Sainte, il fait un pèlerinage à Rome. Le 4 janvier suivant, grâce à
une bourse d'études, il peut entrer au séminaire romain de
l'Apollinaire. Il s'y distingue par son application et ses
compétences. Il obtient le baccalauréat en théologie et un prix
d'hébreu. Conscrit de la classe 1901, il entre, le 30 novembre, au
73e R.I. de Bergame, à la caserne Umberto Ier (du nom du roi tué, un
an auparavant, par l'anarchiste Bresci). Il est démobilisé en
novembre 1902.
10 août 1904. En l'Église Sainte
Marie du Mont Sacré, il est ordonné prêtre. Le lendemain, le pape le
reçoit en audience. De retour à Bergame, il devient le secrétaire de
Mgr Giacomo Maria Radini Tedeschi. L'Évêque de Bergame lui
témoignera toujours une affectueuse prédilection. De son côté, le
jeune prêtre est littéralement modelé par la personnalité de cet
homme fort, décidé, d'une grande foi. Au cours des dures années de
pontificat, dans son " Journal de l'Ame " et dans ses entretiens
avec ses collaborateurs, il se référera souvent à son modèle. La
mort même n'interrompra pas leur dialogue.
A cette époque-là déjà, Angelo
Roncalli manifeste son goût des voyages. Il veut connaître les gens,
leurs coutumes, leur réalité quotidienne. Jamais il ne cessera de
voyager, malgré les nombreux rappels à l'ordre de la hiérarchie;
nonce apostolique nommé ici ou là, il lui arriva d'abandonner son
siège pour de longues périodes afin d'aller au coeur des diocèses -
quitte à affronter des dangers. Jusqu'alors un nonce devait, sans
quitter la capitale, se limiter à établir des relations
diplomatiques. Cette règle, Angelo Roncalli la bouleversa. Il alla à
la rencontre des communautés les plus petites, des missionnaires. En
jeep, voire à pied. Il célébra personnellement les rites dans les
milieux les moins accueillants qui fussent. Souvent il dut dormir en
voiture, dans une grange, dans une porcherie ou à la belle étoile.
Peu importait : il aimait cette vie.
Avant que la mort ne frappe Mgr
Radini - ce qui toucha profondément le futur pape - il fit un
pèlerinage en Terre sainte et se rendit en Suisse, en Allemagne, en
Autriche, en Hongrie et en Pologne. En 1915, rappelé sous les
drapeaux avec le grade de sergent sanitaire, il est nommé aumônier
de l'hôpital de Bergame. En 1916, son hommage " En souvenir de Mgr
G.M. Radini Tedeschi " est publié. A la fin de la guerre, il est
pressenti pour s'occuper des jeunes et des étudiants dont il
comprend particulièrement bien les problèmes. En 1918, il fonde la
Maison de l'Étudiant de Bergame et, l'année suivante, devient
directeur spirituel du séminaire de sa ville.
Alors que tout le destine à se
préoccuper des jeunes, des étudiants et de leur vocation, le pape
l'appelle à Rome. Sa vie est une suite de péripéties de ce genre
qu'il a toujours acceptées avec humilité et enthousiasme, même si
ses programmes spirituels s'en sont plus d'une fois trouvés
bouleversés. Benoît XV le fait entrer dans la " Congrégation sacrée
de Propagande de la Foi " et l'homme de Bergame réussit, non sans
difficulté, à s'introduire dans ce milieu de la curie romaine qui
lui est étranger. Il devient président du Conseil central pour
l'Italie des Oeuvres pontificales missionnaires et, en novembre
1924, il est nommé professeur de patristique à la faculté
pontificale de Saint Jean du Latran, à Rome. L'année suivante le
voit consacré Évêque de l'Église Saint Charles du Corso, mais sa vie
va connaître un nouveau bouleversement. La Curie le réclame
ailleurs. Nommé archevêque d'Aeropoli, il est envoyé comme délégué
apostolique en Bulgarie. Il voyage sans cesse, s'épuise à contacter
toutes les communautés chrétiennes et, en 1927, après de longues
manoeuvres diplomatiques, réussit à rencontrer Stepa-nosse
Hovegnimian, métropolite des Arméniens. En devenant frère parmi les
frères, en surmontant des obstacles vieux de plusieurs siècles, les
conventions, les barrières, les anathèmes, les excommunications et
hostilités en tout genre, il fait ses premiers pas sur la voie d'un
oecuménisme qu'il n'abandonnera plus.
En 1931, il est nommé premier envoyé
apostolique en Bulgarie. Mais un changement radical va modifier à
nouveau sa vie. La Turquie et la Grèce vivent des situations
difficiles, très particulières. L'Église y connaît de grandes
difficultés et a besoin d'une personne dynamique mais prudente,
diplomatiquement sûre et disposée à accepter des humiliations, des
sacrifices, voire même des persécutions. On choisit Angelo Roncalli.
En qualité d'archevêque de Mesembria, il devient nonce apostolique
en Turquie et en Grèce. La même année, son père meurt.
Angelo Roncalli voyage
inlassablement. Il aura à vaincre la méfiance des gouvernements
locaux mais aussi les obstacles que le Vatican met sur son chemin -
rappels à l'ordre, avertissements. Quatre ans durant, il visitera
les communautés les plus lointaines, organisera des rencontres
secrètes, créera un réseau important de sympathies et d'amitiés qui
ouvriront à l'Église catholique un monde qui semblait perdu pour
elle. En 1939, l'essai auquel il travaille depuis des années est
publié : " Les Débuts du séminaire de Bergame et Saint Charles
Borromée, notes historiques. "
1941 : nouvelle étape sur la voie de
l'oecuménisme. En visite à Sofia, il donne l'accolade à Stefan,
métropolite orthodoxe. Cette rencontre, apparemment fortuite, se
fait en terrain neutre : dans un ascenseur, tout simplement. Angelo
Roncalli désirait cette entrevue mais il savait aussi à quels
dangers il s'exposait vis-à-vis des forces les plus conservatrices
de l'Église. Entre-temps, la Seconde Guerre mondiale avait éclaté et
le futur Souverain Pontife visita une Grèce en ruine, détruite par
les bombes.
En 1944, un désaccord surgit entre
la France libérée et le Saint-Siège. Le général de Gaulle, fervent
catholique, fait savoir à Pie XII qu'il n'entend pas garder les
Évêques et prélats compromis par le régime collaborateur de Pétain.
La situation est désespérée. Le pape réfléchit longtemps, passe en
revue ses cadres et se souvient de cet homme prudent, silencieux,
sympathique, qui avait fait preuve de sa grande compétence en
Turquie. Et voilà Angelo Roncalli nommé nonce apostolique en France,
pour une mission des plus difficiles.
Le premier contact, privé, avec de
Gaulle et ses collaborateurs, n'est pas tendre; le général a dressé
deux listes : la première porte le nom des Évêques et prélats à
chasser. La seconde, ceux des prélats qui se sont distingués dans la
Résistance. Roncalli biffe les noms de ces derniers pour une
éventuelle promotion et, après avoir présenté ses lettres de
créance, prend le temps de mettre en place son plan. Alternant les
réceptions, les rencontres imprévisibles et des visites impromptues
dans les diocèses les plus lointains, il réussit à ne pas trop
mécontenter le gouvernement, à défaut de lui donner satisfaction. Il
devient l'ami de ministres francs-maçons, laïcs, anti-cléricaux. Sa
maison est ouverte à tous et, à sa table, se côtoient des personnes
politiquement opposées.
De Gaulle lui témoigne la plus
grande admiration. Après la mort de Pie XII, au moment du conclave,
le général, qui, entre-temps, est revenu au pouvoir, rappellera
spécialement l'ambassadeur de France auprès du Saint-Siège pour lui
demander d'agir au mieux en faveur de Roncalli. Le futur Jean XXIII
n'a jamais su cela. Il n'y aurait d'ailleurs pas prêté la moindre
attention, puisqu'il mettait tout, comme toujours, sur le compte de
la Providence et du Saint-Esprit.
La province française et la Belgique
sont sillonnées : on le voit dans les diocèses oubliés, dans les
Églises les plus humbles. Et alors qu'il croit sa mission sur terre
arrivée à son couronnement et qu'il souhaite retourner vivre à
Bergame chez les religieuses, son élévation à la pourpre est
annoncée. Il est cardinal de l'Église apostolique romaine.
Nous sommes en 1953, le 15 janvier.
Selon la coutume, il reçoit la barrette de cardinal des mains du
président de la République française, son ami Vincent Auriol, à
l'Élysée. Au même moment, à Rome, Pie XII annonce officiellement que
le cardinal Roncalli est nommé patriarche de Venise. Sa vie, une
fois de plus, est complètement bouleversée, mais c'est avec
enthousiasme et sérénité qu'il fait son entrée dans son nouveau
diocèse, acclamé par des milliers de fidèles. Il pense qu'il vit la
dernière étape, il le note même dans le " Journal de l'Ame ".
Pourtant, six ans après, Pie XII meurt. Angelo Roncalli, accompagné
du fidèle Mgr Loris Capovilla, part pour Rome où il doit participer
au conclave.
La situation est tendue. L'assemblée
est divisée sur le fait que Pie XII, pour des raisons qu'aujourd'hui
encore on n'explique pas complètement, a toujours obstinément refusé
l'élévation cardinalice à Giovanni Battista Montini. Mais les
conflits externes n'atteignent pas le conclave : la foi pure est au
centre des débats et il s'agit, d'une manière ou d'une autre, de
conduire la barque de saint Pierre. Les factions progressistes et
conservatrices comprennent que leurs candidats ne gagneront pas la
partie et quelqu'un, alors, murmure le nom d'Angelo Roncalli. Il en
est le premier stupéfait et tremble devant la lourde tâche qui
pourrait lui incomber. Sa candidature se renforce. Il est élu.
II choisit le nom de Jean XXIII.
C'est déjà un acte révolutionnaire de la part de ce pape qui aurait
dû n'être que de transition, qui n'aurait dû apporter aucun
changement à l'intérieur de l'Église. Jean, le prénom, par référence
à Baptiste et à l'Évangéliste. XXIII pour effacer une équivoque
historique selon laquelle un pape qui portait ce nom devint par la
suite anti-pape. Dès qu'il se présenta à la foule massée sur la
place Saint-Pierre, il souleva aussitôt les enthousiasmes, même si
son nom ne leur disait pas grand-chose. Sa silhouette, son visage,
son allure ouverte et sa bonhomie familière - mélange habile de
diplomatie et de prudence, ces dons cultivés pendant des décennies
dans les nonciatures et les délégations - plurent tout de suite. Le
4 novembre 1958, il est solennellement couronné à Saint-Pierre,
devant une foule immense. Vingt jours après, il nommera vingt-trois
cardinaux - parmi lesquels Montini - et là commence son pontificat
différent. Ses premières visites sont consacrées aux
prisonniers de la prison Regina Coeli, à Rome, et aux malades des
hôpitaux.
Tout, alors, est bouleversé. La
lenteur bureaucratique de la Curie, bousculée. Les formalismes,
dépassés. Alors qu'il écrit une de ses premières encycliques, son
secrétaire d'État, relisant quelques feuillets manuscrits, lui fait
remarquer que certains mots sont inventés et n'appartiennent pas à
la langue italienne. " Même le dictionnaire Palazzi ne les cite pas
", remarque le cardinal. Et le pape Jean répond, dans un sourire : "
Eh bien, nous réformerons aussi le Palazzi. "
Le 25 janvier 1959, le nouveau pape,
revêtu de sa robe d'Évêque de Rome, annonce, en l'Église
Saint-Paul-hors-les-Murs, la célébration imminente d'un Synode pour
le diocèse de Rome et d'un Concile pour l'Église catholique. C'est
le fameux Concile Vatican II. La nouvelle fait l'effet d'une bombe.
Dans les notes laissées par son prédécesseur, Jean XXIII a trouvé
l'amorce du Concile. Mais Pie XII avait sans doute jugé l'initiative
prématurée et souligné les risques d'une telle opération
pour l'Église. Le pape Jean, lui, ose. Il veut que tous les hommes
de l'Église puissent parler, qu'ils confrontent leurs expériences,
leurs idées, surtout sur le plan de la communion fraternelle et
ecclésiastique. Car l'Église a besoin que ses fils parlent et
témoignent. Et les fidèles, eux, attendent de leurs pasteurs la
clarté.
La même année, il publie sa première
lettre encyclique, " Ad Pétri Cathedram ". Entre la fin de cette
année-là et le début de la suivante, huit cardinaux sont nommés. A
mesure que leur nombre augmente, l'Église s'enrichit d'un sang neuf
et d'expériences nouvelles. En 1960, après avoir élevé à la pourpre
cardinalice un Africain, un Japonais et un Philippin, Jean XXIII
révolutionne à nouveau l'Église en recevant le primat de l'Église
anglicane. Il rencontre en même temps d'autres frères séparés de
l'Église et ouvre la voie à des études sur les sociétés ésotériques
et initiatiques et sur leurs relations avec l'Église. Prémices d'une
opération qui devait conduire au dépassement de l'excommunication
pour les francs-maçons.
En 1961, il nomme quatre nouveaux
cardinaux. Il reçoit les souverains d'Angleterre, Elisabeth II et
Philippe d'Édimbourg, puis ceux de Belgique, Baudouin et Fabiola.
C'est la même année que paraît une de ses plus extraordinaires
encycliques, la " Mater Magistra ", oeuvre fondamentale pour la
pensée moderne de l'Eglise : l'esprit de Jean XXIII y explose dans
un embrasement d'enthousiasme pour le monde et les hommes. Le Christ
est à tous, même à ceux qui le rejettent, l'Évangile est partout. Et
le monde répond à cet enthousiasme avec une chaleur rarement
témoignée dans un cas pareil. La lettre " Mater Magistra " donne du
souffle aux voix qui se préparent au Concile, l'Église y trouve
courage et force, on y redécouvre des choses oubliées depuis fort
longtemps et qui appartiennent à cette tradition d'authenticité dont
le pape Jean XXIII ne s'écartera jamais - malgré certaines campagnes
de presse calomnieuses qui voudraient faire croire le contraire.
En 1961 toujours, le secrétaire
d'Etat, Domenico Tardini, disparaît. Il est remplacé par le cardinal
Amleto Cicognani. En novembre, le pape envoie son encyclique "
Aeterna Dei " et, à Noël, la lettre qui annonce pour 1962 le Concile
Vatican II.
Tout en se préparant pour ce grand
événement, Jean XXIII trouve le temps de nommer dix nouveaux
cardinaux, de recevoir des chefs d'État et de se rendre en
pèlerinage à Lorette et à Assise. C'est, depuis des siècles, le
premier pape qui s'éloigne du Saint-Siège. Sur son passage, les
foules se pressent et lui manifestent un attachement toujours
croissant. Le monde entier assistera, le 11 octobre, à
l'inauguration officielle de la première session du Concile. A
travers ses Pères, l'Église s'affronte et se rencontre, dialogue,
s'observe et s'ouvre.
Le 25 novembre, jour de son
quatre-vingt-unième anniversaire, le pape subit une première attaque
de son mal. Le 8 décembre, il lève la première session du Concile et
annonce sa reconvocation pour le mois de septembre suivant.
Mars 1963. Au grand scandale du
monde occidental et des conservateurs en général, Jean XXIII reçoit
Rada Krusciova, fille du Premier soviétique, et son mari, le
journaliste Alexei Agiubei. Le jeudi saint, il rend publique son
encyclique " Pacem in Terris " : son discours prend là une ampleur
universelle, l'humanité tout entière est impliquée dans le message
de rédemption du christianisme contenu dans l'élément Amour, Paix et
Tolérance. De nouvelles barrières s'effondrent. L'Église a un visage
nouveau qui, en réalité, est le sien depuis toujours si l'on fait
une analyse critique, historique et sociale des différents moments
qu'elle a vécus et des victoires qu'au nom de l'Homme et de son
progrès elle a remportées.
Dans " Pacem in Terris ", la Cité de
Dieu devient Cité de l'Homme. Dans le discours oecuménique, déjà
courageusement amorcé par le Concile, les deux concepts se mêlent à
travers la voix du Saint-Père : ferme et douce à la fois, elle est
l'authentique interprétation du christianisme par le Vicaire de
saint Pierre qui fonda l'Église.
Il ne suffit pas de découvrir le
Christ Dieu, dans le mystère de la Trinité, dans la Parole et la
Révélation, dans le Sacrifice et le Salut. Il faut aussi, découvrir
Christ Homme. Jésus-Christ dans le frère, l'ami ou l'ennemi.
Jésus-Christ dans chaque être humain. Le découvrir grâce à cet amour
qui est, de tous les actes chrétiens, le plus courageux : là réside
le véritable enseignement de Jean XXIII, d'une Église non pas
nouvelle, comme on le dit à tort, mais rétablie dans ses valeurs
immuables.
Sans doute est-ce là la seule
explication de la sympathie profonde que tous - y compris les
non-croyants - ont témoignée à ce pape qui a su rénover la réalité
humaine du Christ. Ne s'est-il pas fait lui-même le témoin de cette
réalité en apportant à tous la Parole du Christ Dieu et du Christ
Homme - tout en s'opposant à l'esprit conservateur et aux privilèges
?
A un malheureux qui disait n'être
pas touché par la foi, quelqu'un répondit : « Tu ne crois
pas en Jésus-Christ, mais sache que l'important est que Lui croie en
toi. »
Christ Dieu. Christ Homme.
Mystère de la foi qui prend ses
racines en chacun de nous. Ce quelque chose qui nous appartient et
que le pape Jean XXIII nous a seulement rappelé en nous donnant la
force de faire renaître en nous ce mystère.
Mystère profondément initiatique
aussi, car comment ne pas retrouver, dans le témoignage du pape
Jean, les enseignements de Hermès Trismegistus sur la " réalité de
la Chose Unique ", ou l'affirmation de Pythagore, ce grand initié,
quand il parle de " l'homme qui doit devenir l'égal de Dieu " dans
ses " Vers d'Or ".
Si une lecture profane de ce vers
pythagorique peut mener à des considérations de type faustien, une
lecture initiatique, symbolique, qui sous-entend la connaissance de
la clef exacte de ce vers, révèle des coïncidences avec l'exemple
donné par le pape Jean XXIII, tout entier mêlé à la tradition
chrétienne.
Jean XXIII apparaît en public pour
la dernière fois en 1963, à l'occasion de la fête de l'Ascension. Il
est à la fenêtre de son bureau. Les mots qu'il prononce sont
empreints de douceur, de simplicité, d'humanité. Puis frappe la
mort, vide impossible à combler, ce 3 juin 1963. Avec lui, en chacun
de nous, s'éteint un petit quelque chose.
Le 18 novembre 1965, le Concile
Vatican II travaille à temps complet. Les volontés du pape Jean
XXIII s'accomplissent. Le nouveau pape annonce que Pie XII et Jean
XXIII seront béatifiés. Angelo Roncalli, qui fait déjà partie de
l'Histoire, s'apprête à monter au rang des bienheureux.
On donnera de lui mille définitions,
les unes par excès de sympathie, les autres par souci non avoué de
pragmatisme, d'autres encore pour tenter de faire un peu sienne une
figure qui ne disparaîtra jamais. " Pastor et Nauta ", l'homme venu
de la terre bergamasque et de la cité des eaux, Venise. On le
surnommera aussi le Bon Pape.
Je ne crois pas qu'il en serait
content. Parce qu'il n'y a pas, dans l'Église, de bons ou de
méchants papes. Il n'y a que des papes, sans qualificatif. Cela,
Jean XXIII le savait. Et il sut le montrer.
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L'histoire des prophéties
« Pour ce qui est des dons
spirituels, frères, je ne veux pas vous voir dans l'ignorance. »
(Corinthiens, 12, 1)
Un village au pied de l'imposante
forteresse où le comte Alexandre de Cagliostro fut emprisonné, Saint
Léon de Montefeltro. C'était au soir d'une de mes nombreuses visites
à la cellule où le maître inconnu fut emmuré vif. Dans la cour, sous
la conduite de la guide, impeccable et ponctuelle, les derniers
touristes se préparaient à partir. J'hésitais encore. Appuyé au
muret, je regardais le mont en forme de tortue, dont Cagliostro
parle dans une de ses nombreuses prophéties : « Je souffrirai
auprès de la tortue. » Les témoignages ne manquent guère sur
l'ampleur de ses souffrances et il faut être de parti pris ou
refuser toute analyse historique pour continuer à croire que
Alexandre de Cagliostro ne fut qu'un petit filou et non ce grand
initié que nous connaissons aujourd'hui.
Le vieil homme et le chien se
tenaient tout près. Il me semblait reconnaître le visage du
vieillard, sans pour autant m'en souvenir vraiment. Vêtu de gris, la
peau olivâtre et les cheveux blancs, il avait quelque chose
d'oriental. Une demi-journée durant, il avait tourné dans la cour,
sans but apparent; le brave chien-loup le suivait. L'homme semblait
connaître l'endroit, ses plus petits secrets. Longtemps il était
resté assis sur le muret d'où l'on distingue ces fameux cercles qui
inspirèrent Dante, banni à Saint-Léon pour ses Chants de l'Enfer.
Longtemps il était resté dans la cellule de Cagliostro, seul. Sur le
lit de bois dur, il avait laissé un bouquet de rosés, lié par trois
rubans : un noir, un blanc, un rouge. Les couleurs initiatiques de
la tradition martinienne et gnostiques.
Son visage me disait bien quelque
chose. Mais l'homme ne semblait pas désirer le contact. Il faisait
presque nuit. Je me détachais du mur, décidé à partir, quand le
vieillard lâcha la laisse du chien qui se précipita vers moi. Il se
frotta amicalement contre moi. Je le caressai. Puis je relevai la
tête. Le vieillard était devant moi.
Il sourit légèrement et je crus de
nouveau le reconnaître.
- Où en sont vos recherches sur
Cagliostro ? Me dit-il.
- J'avance, un peu grâce à vous. Le
document que vous avez déposé chez moi l'autre nuit m'a été très
utile.
Comme je l'ai déjà raconté ailleurs,
les premiers temps où je me suis penché sur des documents inédits
pour tenter de faire toute la vérité sur Cagliostro, quelqu'un, une
nuit, a sonné à la porte de ma maison de Milan. J'ai ouvert et me
suis trouvé en face d'un vieil homme qui, sans se présenter, m'a
remis une petite boîte. « C'est une dette que je dois payer »,
me dit-il simplement. Et il s'en alla. Dans la petite boîte, il y
avait un microfilm reproduisant quelques-unes des pages les plus
fondamentales de l'oeuvre de Cagliostro, que ce soit sur le rituel
égyptien de la maçonnerie fondée par lui-même ou sur son testament
spirituel.
- Ce n'était pas moi, dit le
vieillard en se baissant pour rattacher la laisse de son chien. Ce
n'était pas moi mais quelqu'un que je connais bien. Cagliostro a
besoin de justice, même si tout ne peut être dit sur lui. Certaines
choses doivent rester secrètes, et ce ni par amour du secret, ni par
goût sectaire, ni même par volonté élitiste. Vous me comprenez.
Je le comprenais en effet. Il
s'agissait du discours ésotérique qui reflétait, pour le
catholicisme, la fin de l'Évangile de saint Jean, le prédicateur de
la Lumière.
J'observais mon interlocuteur. La
nuit était tombée, le gardien allait fermer les portes d'un moment à
l'autre. Ce vieillard ressemblait à s'y méprendre à mon visiteur
d'une nuit. Or, il le connaissait aussi, il savait ce qu'il avait
fait. Et il devait savoir bien d'autres choses. Plus je l'observais,
plus je lui trouvais un air de famille avec cet autre vieil homme
que j'avais mieux connu. Il y a des êtres humains qui, à force de
s'aimer, de vivre les mêmes expériences, les mêmes luttes, la même
foi, arrivent à se ressembler physiquement.
Je lui dis le nom de l'autre vieil
homme. Il acquiesça lorsque je lui demandai s'il le connaissait.
- Moi aussi, j'ai, comme lui, lu
dans les livres magiques de " T " et de " M ". Nous sommes plus d'un
à avoir fait cette expérience. Et je sais que le vieillard qui vous
est apparu me ressemble beaucoup. Nous avons tous le même visage -
il est le miroir de notre maître.
Je posai encore quelques questions,
mais il resta évasif.
- Ils vont fermer, dit-il pour
terminer. Nous avons encore bien des choses à nous dire, vous et
moi. Je viendrai vous voir quand le moment sera venu.
J'attendis sa visite. Je savais
qu'il viendrait.
A ce point de mon récit, je dois
prier le lecteur de m'excuser si je ne dis pas tout. On m'a demandé
de taire certaines choses. Je l'aurais d'ailleurs fait, même si je
ne m'y étais engagé. Certaines choses, d'abord, me concernent
personnellement que ce soit sur le plan spirituel ou à un niveau
plus subtil. Je ne peux ni ne veux les dire, parce qu'elles
m'appartiennent. Quand bien même le voudrais-je que je n'y
réussirais pas. Certaines choses se voient, se sentent; elles ne se
disent ni ne s'écrivent. On y arrive à l'aide de symboles, de
révélations, à force de travail personnel, intime. On peut aider les
autres à y arriver, mais il faut faire en sorte qu'ils suivent la
même voie, qu'ils affrontent les mêmes difficultés, les mêmes
sacrifices. Sans tout cela, ce qu'ils verront, ce qu'ils auront à
connaître ne saurait être leur propre conquête, leur vérité
authentique. Leur lumière. Or, on ne peut raconter la lumière à un
aveugle. On lui redonne la vue, ou on se tait.
Pourtant, j'essaierai d'être aussi
clair que possible, même si ce que je vais écrire semble un peu "
exotique " à un esprit non instruit d'ésotérisme. Que celui qui est
arrivé à certaines connaissances me pardonne aussi s'il trouve ma
manière d'expliquer ces choses par trop vulgaires. La clarté a ses
exigences et quand certains arguments s'affrontent, si l'on doit en
taire d'autres, il vaut mieux, sur des thèmes délicats, faire un
exposé profane.
Il me faut aussi ajouter certaines
données pour expliquer le bref dialogue entre le vieil homme et moi.
Le vieillard que nous connaissions
tous les deux vécut ce que Cagliostro avait lui-même vécu dans sa
jeunesse. Pèlerin en Afrique et en Asie, sous la conduite du maître
Althotas, il entra en contact avec les cénacles ésotériques et
initiatiques de l'islam, fortement attachés aux traditions de la
Chaldée. Je raconterai rapidement pourquoi cette expérience fut
vécue aussi par Angelo Roncalli et en quoi elle a été pour lui le
début d'un grand discours unique, clef de ce que j'appellerai ses
prophéties.
Je ne peux, hélas ! traiter à fond
certains arguments dans ce livre; ni expliquer des chapitres entiers
de la tradition occidentale. Ni même décrire en détail certaines
grandes figures qu'il faut absolument connaître pour arriver à tout
comprendre. Je ne dirai que ce qui est nécessaire et je souhaite que
ceux qui voudront approfondir tel ou tel élément se rapportent à
d'autres textes - parmi lesquels quelques-uns écrits par moi-même -
pour trouver l'explication, le détail, la référence capables
d'enrichir le débat.
Il me faut commencer par Christian
Rosenkreutz, le noble chevalier fondateur de l'ordre de la Rosé +
Croix. Son nom a fait l'objet de nombreuses spéculations au cours
des siècles. De nos jours, il existe encore des sociétés
initiatiques, surtout en Allemagne, en Angleterre et aux États-unis,
qui se réclament de la tradition rosicrucienne, de son fondateur et
des autres maîtres du passé. Il s'agit, presque toujours, de
l'oeuvre de quelques maniaques fanatiques, de congrégations de type
protestant et puritain - autant de choses aussitôt condamnées. Bien
sûr, il existe aussi de nos jours une authentique tradition qui nous
arrive directement du fondateur. Ses maîtres et ses disciples,
agissant, là, dans le secret et la sérénité, restent presque tous
inconnus. Christian Rosenkreutz, noble chevalier allemand, fit un
pèlerinage en Terre sainte au début du XVème siècle, en
compagnie d'un ami qui mourut en chemin. Resté seul, il alla de
village en village, à la recherche d'une vérité qui lui échappait.
Il s'introduit dans les cercles ésotériques islamiques, gardiens
jaloux des antiques secrets, et, une fois initié, jouit de toute la
confiance des Anciens. Ils lui permirent de lire les deux livres
sacrés, celui de " T ", celui de " M " - ce sont là leurs
définitions ésotériques. Dans ces deux livres est contenue toute la
connaissance. Ces textes que les rois, les hommes des sciences et
des arts ont cherchés, presque toujours en vain, pendant des siècles
! Ces livres qui, s'ils devaient tomber dans des mains profanes,
verraient leurs pages devenir blanches. D'une blancheur pouvant
atteindre l'ultime violence de la lumière : capable d'aveugler.
Avec la permission de ses maîtres,
Rosenkreutz retourna en Europe, où il avait l'intention de fonder
une société initiatique pour transmettre sa connaissance. L'Espagne
se moqua de lui, Rosenkreutz lui préféra l'Allemagne. De retour dans
son pays, il réunit autour de lui ses premiers disciples et fonda
l'ordre de la Rosé + Croix.
Quand il sut sa mort proche, il
choisit une sépulture dans un lieu connu de lui seul et annonça que
l'on retrouverait son corps après cent vingt années. Il en fut
ainsi. Les disciples initièrent à leur tour d'autres disciples,
selon le pouvoir reçu du maître - soulignons à ce propos le
caractère immuable de la tradition rosicrucienne par rapport aux
précédentes.
Cent vingt ans plus tard, quelques
rosicruciens trouvèrent, par hasard, la tombe du maître. Sur
la porte du tombeau, cette mention : « Je réapparaîtrai dans
cent vingt ans. » En pénétrant dans le sépulcre, ils entendirent une
musique céleste et virent le corps de Christian Rosenkreutz, encore
intact, suspendu en l'air, dans la position de la croix. Une lumière
verte et diffuse, qui venait on ne savait d'où, auréolait le corps
du maître. Dans ses deux mains, il tenait, ô miracle, les livres
sacrés " T " et " M ".
En se baissant pour apercevoir le
visage du maître, les disciples se sentirent transformés.
Spirituellement mais, aussi, physiquement.
On dit que le véritable rosicrucien,
même s'il a reçu l'initiation de son maître, ne deviendra
rosicrucien à part entière que lorsqu'il aura trouvé le tombeau de
Christian Rosenkreutz, qu'il aura vu son visage et se sera reflété
en lui. A ce moment-là, son visage sera le visage de Rosenkreutz.
[Pour ceux qui ne savent pas, tout
autant que pour ceux qui savent, je tiens à préciser que je me suis
limité à rapporter la légende de Christian Rosenkreutz, sans
en aborder le symbolisme ou les clefs nécessaires à sa pénétration.
Tel n'est pas mon propos dans ce livre. La légende suffit, elle
parle d'elle-même. Elle est claire et montre à qui le veut bien tout
ce qu'elle voile et révèle à la fois, selon la clef d'Isis la
Voilée. Révéler signifie à la fois montrer et remettre
le voile, cacher. L'analyse des symboles et l'intelligence des clefs
ne font pas l'objet de ce livre.]
Depuis lors, les rosicruciens se
répandirent un peu partout. On dénombre dans leurs rangs presque
tous les maîtres de la magie, de la connaissance, de l'alchimie.
Comme toutes les disciplines secrètes, cette dernière reflète très
exactement la légende. Ce mot est impropre, mais c'est le
seul que je puisse employer. Je tiens à redire qu'il ne s'agit pas
d'une légende au sens profane du terme, mais d'une réalité.
Christian Rosenkreutz était - et reste - une réalité.
On a beaucoup parlé des
rosicruciens, parfois à tort et à travers. Je ne m'étendrai pas
davantage, me limitant à dire qu'ils ont joué un rôle déterminant
dans toutes les sociétés ésotériques authentiques. Ils sont,
aujourd'hui encore, la clef de référence pour tous ceux qui
cherchent.
Le vieil homme de la forteresse de
Saint-Léon, donc, voulait me faire entendre qu'il était rosicrucien,
comme tous ceux qui lui ressemblaient. Qu'il avait lu en songe, les
livres de " T " et de " M ". Mais surtout qu'il était entré
dans le sépulcre de Christian Rosenkreutz, au même titre qu'un
franc-maçon a compris le mystère de la mort de Hiram, donc de la
mort mystique; qu'un alchimiste a, par la pratique du Vitriol,
pénétré son propre sépulcre et créé l'homme nouveau avec l'or
spirituel; qu'un chevalier a découvert le Graal ou trouvé sa " dame
" pour s'apercevoir qu'il ne s'agissait pas d'une femme mais de son
moi féminin.
Et le vieillard revint me voir. Mon
livre sur Câgliotro venait de paraître. Il arriva un soir, sans
s'être annoncé. Nous restâmes ensemble jusqu'à 6 heures du matin. Il
parla sans arrêt, sur un ton décidé. J'écoutai, posai quelques
questions auxquelles il ne répondit pas toujours. C'est cette
nuit-là qu'entre autres choses me fut donné de connaître les
prophéties du pape Jean.
Tout ce qu'il me dit, j'eus
l'occasion de le vérifier. J'ai lit d'attentives recherches. Je dois
d'ailleurs remercier de leur aide quelques représentants de sociétés
initiatiques et ésotériques que je ne peux nommer; des amis très
chers; des prélats qui m'ont écouté patiemment, ceux qui m'ont cru
autant que ceux qui ne m'ont pas ru, car tous m'ont rendu service.
J'ai voulu parcourir après lui le
chemin initiatique emprunté par Angelo Roncalli. Entre le moment où
j'ai i pour la première fois entre les mains les textes des
prophéties et aujourd'hui, il m'a fallu des années, pour contrôler
leur réalité. Certaines confirmations ne laissent plus aucun doute.
Hélas ! je le répète encore mais est nécessaire, je dois, je devrai
taire bien des choses, surtout celles qui me touchent ou qui
concernent des personnes qui m'ont fait confiance et méritent que je
respecte le silence.
Si, au fil de mon récit, je bouscule
un peu les pièces, si je néglige certaines choses - et les adeptes
s'en apercevront bien vite - si je mets en scène des expériences
personnelles ou des personnages facilement identifiables, j'ai pour
cela de sérieux motifs. Mais, en même temps, il n'est pas question
de fausser la vérité. Mon travail sera celui d'un chroniqueur. Je
serai intransigeant avec une matière qui se prête trop aux
confusions, aux spéculations. Tout ce que je dirai sera exact, comme
l'est, dans sa réalité, la soi-disant légende de
Christian Rosenkreutz. Les clefs et les symboles ne sont pas, pour
l'instant, le centre d'intérêt du lecteur.
Quant au texte même des prophéties,
le simple fait que j'aie attendu dix ans avant de les publier peut
témoigner du soin que j'ai apporté à leur étude, à leur examen, à
leur mise à l'épreuve. Jamais elles n'ont failli.
Peut-être, à les lire,
comprendra-t-on mon engagement à l'égard d'un matériau si délicat.
Elles ont fait, l'une après l'autre, l'objet de tous mes soins. D'un
côté, j'ai groupé celles qui, avant même que je les aie eues entre
les mains, s'étaient déjà vérifiées. Pour celles-ci, et bien que
presque tout soit clarifié, certaines allusions restent encore
indéchiffrables. Peut-être quelque autre spécialiste y verra-t-il,
plus tard, de nouvelles allusions, ou les expliquera différemment.
Je ne souhaite que cela. La clarté des prophéties nécessite une
recherche patiente, tenace, mais très vite on arrive à une
concrétisation. Le caractère sibyllin des prophéties d'Angelo
Roncalli n'est qu'un phénomène marginal.
J'ai ensuite examiné les autres
textes, ceux qui sont orientés vers le futur. J'ai tenté de leur
apporter une explication en m'appuyant sur un procédé fort simple :
faire le lien entre la parole et l'acte, chaque fois qu'une
prophétie s'est trouvée réalisée concrètement. Et tout au long de
mes années d'études, il y en a plusieurs qui se sont vérifiées.
Le reste, donc, appartient à
l'avenir. Lorsqu'elles seront rendues publiques, l'authenticité de
ces prophéties se révélera justement dans leur vérification
ponctuelle et inexorable.
Mais, avant de les publier, je veux
expliquer ce que le vieil homme m'a confié cette nuit-là. Il me faut
aussi expliquer le cheminement initiatique d'Angelo Roncalli, conter
ses expériences, les rattacher à un concret compréhensible en le
dépouillant au maximum de tout ce qui pourrait l'obscurcir. Donner
la lumière et le sourire à son visage jusqu'alors caché.
Haut de page
Ce que m'a dit mon visiteur
« Personne n'allume une lampe
pour la mettre en quelque endroit caché ou sous le boisseau, mais
bien sur le lampadaire, afin que ceux qui entrent voient la clarté.
» (Saint Luc, 11,33)
Enfoncé dans son fauteuil, le vieil
homme tenait sur ses genoux une grosse serviette qu'il caressait
lentement. Son visage maigre, sa peau foncée lui donnaient un air
indéfinissable.
- Votre livre sur le comte de
Cagliostro (1) me plaît et il plaît aussi à mes amis,
dit-il.
Sans me laisser le temps de le
remercier, il poursuivit :
- Il contient beaucoup de vérités.
Si certaines manquent, c'est parce que vous les ignorez. A leur
place, on trouve une bonne foi évidente. Et beaucoup de courage.
D'ailleurs - et vous l'avez rappelé
dans votre ouvrage
- Cagliostro lui-même a dit : «
Jamais on ne connaîtra la vérité sur moi, car personne ne la
connaît. »
(1) Dans ce livre, Pier Carpi récuse les thèses faisant de Cagliostro un
escroc et rétablit sa figure de grand initié (N.D.E.).
- Je crois pourtant que quelqu'un
détient cette vérité.
- Peut-être.
Il sourit, regarda sa serviette,
cessa de la caresser et poursuivit :
- Il y a aussi quelques erreurs dans
votre livre. La rencontre entre le comte de Cagliostro et le comte
de Saint-Germain, par exemple, ou les relations qu'ils entretinrent.
Je levai les bras :
- Je me suis trouvé devant plusieurs
légendes. Il me faut confesser que je ne connais pas à fond le
personnage mythique du comte de Saint-Germain. J'ai lu qu'il avait
été l'un des maîtres de Cagliostro, mais j'ai lu aussi le contraire.
J'ai rapporté la légende selon laquelle l'immortel comte de
Saint-Germain serait revenu à Paris pendant la Révolution et aurait
déclaré :
« Je suis venu voir comment s'est
accomplie l'oeuvre de mon disciple, Cagliostro. »
» Personnellement, je n'y crois pas.
Je ne crois pas en effet à une explication centrée sur la
malédiction des Templiers - celle du dernier Grand Maître, Jacques
de Molay - clef purement historique selon laquelle la malédiction
des Templiers s'accomplit dans la décapitation de Louis XVI (1)
Nulle part je n'ai trouvé de lien entre la Révolution et la
tradition du temple ou des Rosé + Croix. Il me semble même déceler
de nombreux éléments qui trahiraient l'action d'une contre
initiation.
(1) Lire dans la même collection : Les sociétés secrètes par Arkon Daraul, A
283**.
Le vieil homme acquiesça avec
lenteur. Il recommença à caresser la serviette bleu azur dont, tôt
ou tard, j'allais connaître le contenu. Contenait-elle quelque
document inédit sur Cagliostro, quelque chose qui me permettrait,
plus tard, de trouver une explication à la parabole du maître
inconnu ? Je repris mon exposé, expliquant mes thèses :
- Cagliostro n'est pas venu pour
détruire mais, au contraire, pour unir. Si lui-même a pris soin de
le dire et de l'écrire, il l'a surtout démontré par l'exemple. Et il
semble incroyable qu'une tradition comme celle du Temple se soit
limitée à une vengeance temporelle. Il est vrai que Philippe le Bel,
Clément V et Nogaret sont morts comme le prédisait Jacques de Molay
quand il les maudit sur le bûcher. Il est vrai que, selon les termes
de cette malédiction, le dernier descendant de Philippe le Bel fut
détenu au Temple et guillotiné - le docteur Guillotin, initié aux
rites des Templiers, n'avait-il pas proposé (et non inventé, comme
on le croit à tort) cette arme ? Jacques de Molay dit textuellement
: " Je meurs innocent mais j'appelle, devant le tribunal de Dieu et
dans l'année qui vient, l'empereur et le pape. Et le dernier
descendant de Philippe le Bel mourra des mains d'un Templier, dans
ce lieu. "
» II est non moins exact que le même
Cagliostro releva le défi de Marie-Antoinette - qui voulait
connaître son destin - en lui montrant, dans un miroir noir, comment
elle serait décapitée. Il prédit aussi la fin du règne des
Capétiens, l'avènement de Napoléon, la mort du duc de Normandie et
celle de Pie VI, en exil.
» Mais je ne vois dans ces faits
qu'une réalité dépassant les contingences historiques, encore que,
bien souvent, les maîtres aient eu une réelle influence sur
l'Histoire par leurs prophéties ou leur action. Cagliostro usa des
unes et de l'autre de façon terrible. Mais il ne connaissait pas la
haine et se disait désolé que ses ennemis aient tous une fin
violente. S'il l'avait pu, il les irait sauvés. En tout cas, il leur
pardonna.
» Croire que, au cours de la
Révolution française, les aditions secrètes faisaient un seul bloc
me semble absurde. La faction est synonyme de sectarisme, donc a
apposé de la pratique ésotérique pure. D'ailleurs, notre grand
initié, le comte de Saint-Germain (*), n'a-t-il pas été
partisan de la couronne, n'a-t-il pas tenté, plus d'une fois, de
sauver la reine - en vain, puisque s conseils n'ont jamais été
suivis ? Le vieillard m'écoutait en silence.
(*) Lire dans la même
collection : Saint-Germain, Le rose-croix immortel par J. Moura et
P. Louvet, A 204 **.
- Je suis d'accord, dit-il, mais il
ne s'agit pas de cela. Dans votre livre, vous faites allusion à la
rencontre entre Saint-Germain et Cagliostro.
Cette fois, c'est moi qui souris.
- Ce passage est purement
fantastique. Il me plaît, autant pour la poésie absurde des
dialogues que pour les réflexions du comte immortel, pleines
de cynisme bourrées d'ironie. Je me rends compte que la description
du palais et tout le reste ne sont que pure fantaisie, sans le
moindre lien avec une expression symbolique. J'ai expliqué pourquoi
je publiais cet entretien, que je crois seulement fantastique.
- Pas seulement. D'ailleurs, comme
vous le savez, toute rencontre a réellement eu lieu. Un autre grand
initié, Louis-Claude de Saint-Martin, était présent.
Je restai silencieux. Le vieux me
fixait toujours.
- Vous l'ignoriez ?
- J'en avais entendu parler,
certaines études y font allusion. Mais ce n'est qu'une hypothèse
jamais démontrée.
- C'est une réalité. Trois grands
Rosé + Croix, les trois maîtres de leur temps, se rencontrent et
décident un certain nombre de choses. Le personnage de Cagliostro
vous est presque parfaitement connu. Vous savez beaucoup moins de
choses sur Saint-Germain. Quant à Louis-Claude de Saint-Martin, vous
semblez en savoir assez. Vous avez reconnu le symbole des trois
rubans de couleur autour du bouquet que j'ai déposé dans la cellule
de Cagliostro, à Saint-Léon...
» Saint-Germain était un grand Rosé
+ Croix. Il était arrivé à la connaissance absolue. Nouveau père de
l'alchimie, il avait compris le secret des arts antiques, de la
musique à la peinture en passant par la sculpture, ces expressions
de civilisations perdues qui fascinent tout le monde. Un autre
travaillait en lui. Puis il devint seul maître de ses connaissances.
Esprit de son temps, cet homme qui approcha les plus grands, qui
voyagea partout selon la pratique rosicrucienne, se tenait à l'écart
des sociétés initiatiques. Il établit des relations avec les maîtres
et les disciples. Longtemps il se révéla dans le monde et quand il
disparut - si toutefois il disparut un jour - son oeuvre était
entièrement accomplie.
» Louis-Claude de Saint-Martin, au
contraire, fut l'idéologue de son temps, un artisan. Il pénétra dans
tous les cénacles initiatiques, accéda aux plus hautes dignités des
sociétés ésotériques. Puis il se retira du monde, se replia sur
lui-même pour y trouver son identité. Il poussa ses recherches
jusqu'aux sources de la connaissance et fonda le martinisme - qui
doit beaucoup à la pensée de Martinez de Pasqually, fondateur du
martinézisme. Comme vous le savez, Rosé + Croix, martinistes,
disciples de Cagliostro ne sont pas astreints à se réunir dans leurs
temples. Contrairement aux sociétés d'initiation les plus connues,
les plus répandues aussi, ils ont gardé ce côté impénétrable,
traditionnel; ils suivent toujours le même chemin, sans jamais le
moindre compromis. La maçonnerie et les autres rites plus connus se
transmettent quelque chose de très important. Lorsqu'un profane est
initié, il reçoit non pas le savoir, la lumière, mais la
possibilité d'y accéder : à lui, ensuite, par un travail à
l'intérieur d'une loge, par l'interprétation des symboles, avec
l'aide des maîtres et de ses autres frères, de progresser jusqu'à la
connaissance.
» II n'en va pas de même pour les
Rosé + Croix, les martinistes, les frères de Cagliostro qui sont, au
fond, une seule même chose. Un profane est choisi sur un seul
critère : le désir. Il n'y a donc pas d'erreur possible - il doit
être prêt pour la connaissance. Il reçoit l'initiation, c'est-à-dire
la lumière. En même temps, il acquiert des pouvoirs magiques,
miraculeux, qu'il est capable de mettre en pratique aussitôt. Il lui
appartient alors d'approfondir ses pouvoirs jusqu'à devenir lui-même
un maître.
» Ce que je dis là est fondamental.
Habituellement, dans les sociétés initiatiques les plus connues, la
communauté accepte plus ou moins le prof âne (1). Par un
travail rituel, le groupe procède à l'initiation. Par contre, dans
les ordres que j'ai cités, les Inconnus, les Supérieurs, restent
libres, seuls. Grâce à une chaîne jamais interrompue, ils possèdent
le pouvoir initiatique transmis par les maîtres du passé. Ils sont
libres, ensuite, d'initier qui bon leur semblera, et quand ils le
voudront. Le Supérieur Inconnu est d'ailleurs seul avec le futur
initié lors de la cérémonie de passation du savoir.
(1) Lire dans la même collection : Le nazisme société secrète par Werner
Gerson, A 267**.
Le vieil homme s'interrompit. Je le
vis ouvrir, enfin, la serviette remplie de documents pleins de
promesses.
- Pardonnez-moi si je me suis
attardé sur des choses que vous saviez déjà, mais il est bon que
nous nous comprenions parfaitement avant de poursuivre. J'ai à vous
dire des choses bien complexes, cette nuit.
Il prit un premier document. Une
feuille jaune, épaisse, couverte d'une fine écriture. Il la garda en
main et me fixa.
- Vous savez que nous avons
confiance en vous. Autrement, je ne serais pas là. Cette nuit, vous
allez apprendre beaucoup de choses. Pas plus qu'il n'en faut, mais
beaucoup quand même. Vous en serez parfois stupéfait, parfois vous
n'y croirez pas. C'est pourquoi, aussi souvent qu'il le faudra,
j'apporterai une documentation pour attester mes dires. Vous devrez
être convaincu par les derniers que je vous confierai. Vous pouvez
recopier tous les documents que je vous soumets. Je resterai à vos
côtés car je dois les reprendre tous. Il ne m'est pas permis de vous
les laisser. C'est déjà un grand pas que vous puissiez les voir,
mais vous devez savoir qu'ils existent, qu'ils sont une réalité. Ses
mains avaient de la peine à tenir le lourd carton jaune.
- Les trois maîtres se rencontrèrent
à Paris, dans le laboratoire d'alchimie de Cagliostro. Ils
rédigèrent le document que voici.
Je le pris. Il était écrit en
français.
- Ils le firent pour consigner un
concept initiatique qui risquait de se perdre : celui fondé sur la
liberté de l'homme. Il était important que vous le sachiez, sinon
nous n'aurions pu poursuivre.
Sous son regard attentif, je
recopiai le manuscrit. Je vous le livre, sans la moindre omission.
Haut de page
La table des trois maîtres
« Mais ils ne comprenaient pas
cette parole : elle leur demeurait voilée pour qu'ils n'en
saisissent pas le sens, et ils craignaient de l'interroger sur cette
parole. »(Saint Luc, 9,45)
Pour celui qu'on ne doit pas nommer
Paix. Paix dans le triangle dans la
pyramide, dans les trois points que nous avons connus, reconnus,
révélés. La paix des flammes des maîtres du passé dans les trois
couleurs sacrées.
Nous nous reconnaissons dans le
rouge du sacrifice qui cimente le mariage du blanc et du noir, que
personne ne saura jamais séparer jusqu'à la fin des temps cachés
dans les temps. Les ailes du pélican sont ouvertes. La poitrine est
déchirée, par nos maîtres à nous, aux disciples.
A ceux que nous appellerons maîtres.
Aux frères.
Aujourd'hui la rose fleurit sur la
croix.
H.M.T.
Libres les frères, libres les
maîtres dans le dessein qui se poursuit. Libres dans l'épée, dans le
masque, dans la main.
Quand il fut demandé détruisez, ce
fut gardé. Mais les enfants de la descendance de l'aigle et du
serpent, de la flèche et du serpent sauront se reconnaître hors des
prisons.
Aujourd'hui ils sortent et se
retrouvent sur la route avec la chair vive des maîtres du passé. Et
unis ils sont la lumière.
Le Temple a été détruit parce qu'il
est immortel. Il n'avait pas de toit, aujourd'hui il n'a plus de
murs. Il est comme une table solaire.
Partout est le Temple et nos pas
seront toujours plus légers.
Choisissez l'heure et le nom.
Choisissez l'homme. Et imposez par la force que vous possédez.
Connaissez le geste et le mot. Soyez libres comme le furent les
maîtres.
Et seulement sur le silence
construisez la parole.
Cherchez-la en vous. Qu'elle soit
toujours la même que l'opération du soleil. Dans le grand Temple
ressuscité renaît le Temple dès que vous vous rencontrez. Ne brisez
jamais la chaîne. Nous en sommes témoins.
H.M.T.
Dépensez-vous et vous vous
enrichirez.
Laissez de larges traces sur votre
chemin, toujours du sud au nord comme le veut le vent. Ne vous
retournez pas.
Et ce sont les quatre parties du
monde.
La première lumière.
La chaîne de lumière.
La lumière dans la main.
La première lumière que vous
donnerez.
Soyez libres en le faisant. Écoutez
l'appel de qui le désire. Soyez libres de choisir. Et mettez le feu
à vos serments pour votre liberté d'être.
H.M.T.
Cherchez les sépulcres. Nos maîtres
n'en eurent pas, nous n'en aurons pas, vous n'en aurez pas. Ils
vivent, cherchez-les.
Pour celui qu'on ne doit pas nommer.
(Signatures autographes)
Louis-Claude de Saint-Martin
S.I.I.(...)
Comte de Saint-Germain R + C
Comte de Cagliostro G.C.
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Le Secret de Johannes
Alors on me dit : « II te faut de
nouveau prophétiser contre une foule de peuples, de nations, de
langues et de rois. » (Apocalypse, 10,11)
Le vieux reprit le document, le
remit dans la serviette bleu azur :
-Je ne dois rien ajouter à cela.
Vous aurez compris l'importance de cette table fondamentale.
Elle constitue une véritable remise en état de la tradition
ésotérique authentique qui permet aux initiés d'être des
initiateurs libres. De choisir leurs disciples, de former la
chaîne - onc la descendance.
- Je connaissais la tradition mais
j'ignorais tout de ce document et de la réalité de la rencontre
entre les trois maîtres à Paris.
Le vieil homme déposa sa serviette,
se leva et se dirigea vers la fenêtre. Il écarta les rideaux blancs
qui cachaient la nuit, comme s'il cherchait quelqu'un ou quelque
chose dans l'obscurité. Il se retourna, resta debout et me regarda.
- Le soir où je vous ai rencontré à
Saint-Léon, je vous ai parlé des livres de " T " et de " M ".
- Vous m'avez dit que, comme mon
autre ami, vous les aviez lus en songe.
- Si on peut appeler cela un
songe. Nous devons, hélas ! user de termes profanes qui
trahissent le contenu de notre pensée. Pourtant, je le sens, nous
nous comprenons. Si je suis ici, c'est parce que j'ai autre chose à
vous montrer, quelque chose qui doit être divulgué, qui doit être
rendu public. Mais, avant de vous les démontrer, je dois vous
raconter les faits.
Il retourna s'asseoir, reprit sa
serviette qu'il serra encore plus étroitement contre lui. Il me fixa
intensément :
- Je dois vous parler d'un homme que
tout le monde connaît. Angelo Roncalli.
- Jean XXIII ?
Il hésita un instant, les yeux
mi-clos :
- Jean, murmura- t-il.
1935. La vie n'est pas simple pour
Angelo Roncalli, archevêque de Mesembria, délégué apostolique en
Turquie. Comme tous les autres religieux, il doit, à cause des
persécutions, revêtir un habit civil. Sous surveillance constante,
il lui est difficile de bouger : les espions sont partout. Pourtant,
tous ceux qui l'approchèrent à ce moment-là lui trouvèrent un air
d'une grande sérénité, qui n'était pas seulement cette joie qu'il
savait si bien transmettre aux autres, surtout dans les moments
difficiles.
C'est justement en ce temps-là qu'a
lieu son premier contact avec le monde inconnu.
Ce soir-là, Angelo Roncalli se
retira en toute hâte dans ses appartements, comme s'il avait un
rendez-vous. Il s'allongea sur son lit après s'être dévêtu sans
l'aide de personne - il l'avait toujours fait et devait continuer à
le faire, même quand il devint pape.
Avant d'éteindre la lumière, il
regarda les images sur les murs, images des siens, de la grande
famille. Il ferma les yeux et, tout en continuant sa prière, fit
défiler dans son esprit tous les visages rencontrés ce jour-là,
surtout ceux des personnes les plus humbles. Que pouvait-il en
attendre ? Encore des visages, des sourires, des yeux tristes. Puis
le sommeil l'envahit. Mais il ne saurait jamais si c'était vraiment
le sommeil. Il avait rendez-vous avec le vieil homme du sommeil.
Six nuits de suite, il l'avait vu.
C'était la septième. La plus importante et peut-être la dernière.
Il apparut. Vieux, les cheveux très
blancs, le visage maigre, la peau sombre, des yeux doux et perçants.
- Sauras-tu me reconnaître ?
demanda-t-il.
- Toujours, maître.
Alors, tout à coup apparurent dans
ses mains les livres sacrés de " T " et de " M ". Il les
feuilletait. Inscrits sur le papier, la connaissance, les mots de la
connaissance, dans une langue qu'Angelo n'avait jamais sue, jamais
lue auparavant. Mais dès son premier rendez-vous avec le vieil
homme, dans un songe qui peut-être n'était pas un songe, Angelo
avait su la déchiffrer.
Il lut et tout devint simple. Dieu,
que tout était simple, que tout était clair ! Si les autres hommes
avaient pu savoir, le monde aurait été bien différent. Mais Angelo
se rendait compte qu'il n'était pas donné à tous de savoir. Parce
que ces choses pouvaient être dangereuses. Seuls quelques-uns
pouvaient leur donner un sens juste, les utiliser pour le bien de
tous. Dans des mains malveillantes, elles pouvaient devenir des
armes terribles contre l'homme.
Les deux livres se refermèrent. Une
lumière intense éclaira leurs couvertures où s'inscrivaient les deux
lettres d'argent en relief. Une lumière comme celle qu'Angelo
sentait en lui. Impalpable, intransmissible par les pauvres
instruments dont l'homme dispose; pendant des millénaires, n'a-t-il
pas renoncé aux forces, aux pouvoirs, aux connaissances pour les
remplacer de façon aussi difficile qu'inutile ?
- Maintenant, tu es prêt, dit le
vieillard. Et tu es sur la voie. Je suis venu parce que tu m'as
appelé. Maintenant tu sais. Mais tu as encore beaucoup de choses à
apprendre, à voir, à vivre. C'est pourquoi nous nous reverrons.
- Je t'attends, maître.
Le vieil homme sourit.
- Sauras-tu me reconnaître ?
Il répéta trois fois la même
question. Trois fois, Angelo fit la même réponse. Puis il se
réveilla. Il était seul dans sa chambre. Il se leva du lit,
s'approcha de la table, prit des feuilles de papier et un crayon. Il
tenta d'écrire ce qu'il avait lu dans les livres de la connaissance.
Mais sa main demeura inerte, son esprit vide.
Ce n'était pas possible. Les mots
n'existaient pas. Pourtant, il avait en lui quelque chose que
personne, jamais, ne pourrait effacer. Cette lumière qui avait fait
de lui un autre homme. Il savait que le rêve ne se reproduirait
plus. Que le vieux reviendrait, mais dans la réalité.
Qu'est-ce qui l'attendait encore ? Il n'avait pas peur car il savait
qu'il était sur la bonne voie, celle du Bien. Il posa le crayon et
réfléchit.
Il pensa aux saints, aux mystiques,
aux hommes de foi, d'Église, hommes de la vérité et de la paix. Il
se plut à se remémorer saint Jean Évangéliste, saint Antoine, saint
Albert le Grand, sainte Thérèse, saint François. Il se leva,
s'arrêta devant le crucifix, s'agenouilla et pria longtemps la
Vierge Marie.
Elle aussi avait eu une apparition.
Ne fut-ce pas dans un rêve que
s'accomplit son destin, quand quelqu'un apparut au paisible Joseph
endormi pour lui expliquer, avec des mots tout simples, le plus
grand des mystères de la foi, de l'humanité tout entière ?
Il se sentit heureux.
Et pour la première fois, cette
nuit-là, il sut que quelqu'un priait pour lui, en grand secret.
Le vieil homme avait terminé son
récit. Je le regardai :
- Ils se rencontrèrent ?
demandai-je.
Il acquiesça.
Sept jours après, très exactement.
Angelo Roncalli célébrait les sacrements dans son humble maison,
devant une communauté plus humble encore. Alors que les autres
rejoignaient leur travail avant le déjeuner, Angelo descendit. Dans
l'entrée, assis sur une chaise, se tenait le vieillard de son rêve.
Personne ne l'avait entendu frapper ou sonner. Mais Angelo ne se
demanda même pas comment il avait pu entrer. Il s'approcha de lui et
l'embrassa, comme on embrasse un frère qui rentre après une longue
absence. Il l'invita à sa table, mais l'autre secoua la tête en
souriant :
- C'est à une toute autre table que
nous devons nous asseoir, dit-il.
Angelo le regarda. Comme le vieil
homme de son rêve le lui avait demandé, il l'avait tout de suite
reconnu. Il l'écouta.
- Es-tu prêt ?
- Je ne sais.
- Alors, tu l'es. Laisse tout et
suis-moi.
IL le suivit, sans prévenir
personne. Longtemps, ils marchèrent à travers la ville déserte. Le
vieux s'arrêta sur une petite place étroite, aux maisons basses. Lui
qui, jusque-là, avait guidé Angelo, se retourna et dit :
- Puisque tu es prêt, puisque tu
seras bientôt mon égal, puisque le chemin que nous emprunterons sera
le même, tu le connais donc aussi. A toi, maintenant, de me
conduire.
Angelo hésita, regarda autour de
lui. L'homme l'encouragea :
- En route.
Il avança, choisit sans hésiter une
ruelle, s'y engagea. Derrière lui, il entendait les pas du vieux. Il
s'arrêta devant une porte de bois brut. Il marqua un temps.
- Est-ce là ? demanda-t-il.
L'autre souriait.
- Pousse la porte, elle n'est qu'à
moitié fermée. Monte. Entre où tu sais. Et attends-moi.
Angelo se laissa conduire par la
voix qu'il sentait en lui. Il monta deux petits escaliers dans une
obscurité quasi totale, se trouva devant une nouvelle porte, encore
plus petite et plus basse que l'autre, la poussa. Elle était
entrebâillée et il le savait. Il entra.
La pièce était vaste et pentagonale.
Les murs, nus. Les deux grandes fenêtres, fermées. Au beau milieu de
la pièce, une grande table en cèdre, pentagonale elle aussi. Trois
chaises, adossées à trois des murs. Sur les chaises, une tunique de
lin, des ceintures de couleur et des enveloppes cachetées de rouge.
Sur la table, une bible ouverte au début de l'évangile de saint
Jean. Une épée flamboyante à poignée d'argent; un encensoir; des
rubans d'étoffes de couleur; deux candélabres de bronze à trois
branches, portant trois bougies rouges chacun. Puis le symbole
magique et ésotérique de l'ordre auquel Angelo allait, sous peu,
être initié. Sous le symbole, trois rosés croisées, en tissu. Une
blanche, une rouge, une noire.
Le seul éclairage, faible, venait
des trois bougies allumées sur l'un des deux candélabres. Les autres
étaient éteintes. Angelo resta debout devant la table. Il regarda
ces objets qui, depuis qu'il avait lu les livres sacrés dans son
rêve, signifiaient beaucoup de choses pour lui. Il osa à peine les
effleurer. Il entreprit la lecture des premiers chapitres de
l'évangile de saint Jean, qui l'avait toujours fasciné; il en avait
d'ailleurs pénétré les clefs les plus secrètes.
Il s'en détacha en entendant des pas
légers derrière lui. C'était le maître. Son sourire. Il était entré
depuis peu dans la chambre, derrière lui la porte était fermée. Il
portait une tunique de lin - l'étoffe protectrice de toute cérémonie
initiatique - longue jusqu'aux pieds. A son cou, le symbole magique
de l'ordre, en argent, pendait au bout d'une chaîne aux noeuds
templiers. Les mains gantées de blanc, la tête nue, il s'approcha,
sans cesser de sourire, posa une main sur l'épaule droite d'Angelo :
- Agenouille-toi, sur le genou droit
seulement.
Angelo obéit et la cérémonie
commença.
Le maître donna la signification de
chaque objet, expliqua leur symbolisme. Il prit une des enveloppes
scellées, l'ouvrit et en lut le contenu. Sur une feuille de papier
bleu, les règles antiques de l'ordre. Il ouvrit une autre enveloppe,
tendit une feuille à Angelo qui lut ce qui y était écrit : sept
questions.
- Te sens-tu capable d'y répondre ?
lui demanda le maître.
Angelo répondit par l'affirmative et
lui rendit le papier. Le maître alluma alors, à l'aide d'une bougie,
les bougies du second candélabre.
- Ces lumières sont pour les maîtres
du passé qui sont parmi nous.
Il mit de l'encens dans l'encensoir,
purifia la pièce par ses quatre angles : il tourna trois fois
l'encensoir et, à chaque tour, l'agita trois fois. Il revint vers la
table, posa ses mains sur la tête du profane et se mit à parler.
Il lui dit les mystères de l'ordre.
Il posa les questions.
Il reçut les réponses.
A la fin, le vieux maître se pencha
sur lui.
- Comme tu le sais, nous nous
appelons entre nous par le nom que nous avons choisi. Chacun signe
ainsi sa liberté, son programme de travail, le nouvel anneau de la
chaîne. Quel sera ton nom ?
Le profane n'hésita pas :
- Johannes.
- Johannes, répéta le maître.
Et il entreprit le rituel,
particulier et complexe, de la cérémonie d'initiation.
Pour finir, il posa son épée sur la
tête du néophyte. A ce moment-là, quelque, chose de nouveau,
d'insaisissable se produisit en Johannes, qui explosa en lui. Il en
resta tout étourdi, confondu. Au summum de la sérénité, du bonheur.
- Ce que tu éprouves en ce moment,
frère Johannes, bien d'autres l'ont éprouvé avant toi : moi-même,
les maîtres du passé, les autres frères à travers le monde. Cette
chose-là, appelle-la lumière, mais elle n'a pas de nom.
Le maître aida le disciple à se
relever, le baisa sept fois et échangea avec lui le salut fraternel.
Puis il lui enseigna les paroles secrètes, les signes de
reconnaissance, les attouchements, le rituel des travaux de groupe.
De vive voix, selon la tradition.
Il lui enseigna ensuite les rites
quotidiens à accomplir à trois moments très précis de la journée -
qui correspondent aux trois points de l'opération du soleil
- et dans le plus grand secret. Une
phrase grecque et des gestes à répéter.
- A ces trois moments très
précisément, expliqua le maître, nos frères du monde entier font les
mêmes gestes, disent la même phrase. Leur force est grande, elle
vient de loin et s'en va très loin. Jour après jour, elle agit sur
l'humanité.
Enfin, le maître prit la dernière
enveloppe, l'ouvrit et en lut le contenu à Johannes. Sur une
feuille, toujours, s'inscrivait la formule du serment : serment de
ne pas révéler les secrets de l'ordre, de suivre la tradition,
d'agir toujours pour le bien, d'être toujours fort, de secourir les
frères et les malheureux, de respecter surtout la loi de Dieu et de
ses ministres.
Johannes signa au bas de la formule,
sans hésiter. Il était animé d'une grande force. Auprès de sa
signature, il inscrivit le numéro et le sigle que le maître lui
indiqua. Ces deux éléments codifiaient son initiation et son grade.
Le maître reprit la feuille, la plia
sept fois et pria le disciple de l'enfiler sur la pointe de l'épée
flamboyante. Ce qui fut fait. Le maître approcha l'épée du
candélabre où brûlaient les bougies des maîtres du passé; le feu
lécha le papier. En quelques secondes, le serment fut réduit en
cendres que le maître dispersa.
- Tu as juré, Johannes, mais sache
que la liberté des frères est de loin supérieure à tous les
serments.
Aujourd'hui, tu sais vraiment ce
qu'est la liberté. Il le baisa encore. Johannes se mit à pleurer.
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La chaîne du temple
Parmi les hommes de culture, ceux
qui atteignent une force transcendante aux Fontaines du
christianisme deviennent des créateurs et « peuvent parcourir le
futur dans un grand bond ». Ce sont des hommes dont la culture, tout
existentialiste, n'a plus d'époque. Et s'il fallait lui en donner
une, ce serait surtout la « culture du futur ». Je propose donc que
l'on considère Angelo Roncalli comme un homme qui possède une
culture en ce sens.
(Cardinal Giacomo Lercaro)
Le vieux rouvrit la serviette bleu
azur.
- Ainsi fut initié le frère
Johannes, Jean. Le nom qu'il devait choisir de porter en devenant le
pape de l'Église apostolique romaine.
Je m'étais tu. Je voulais encore me
taire. Ce récit était ahurissant. Aucun détail de l'initiation
n'était : caché. Le vieux avait parlé de choses précises, d'un
rituel que peu de gens connaissent. Et ceux qui le connaissent n'en
parlent pas volontiers. Moi-même, je l'ai abrégé, je n'en ai pas
décrit toutes les phases -surtout la phase centrale qui doit
demeurer très secrète. Celui qui a connaissance d'un tel rituel
n'est pas homme à raconter des histoires, à spéculer sur son
caractère magique ou sensationnel. Je devais écouter encore.
Pendant des années, j'ai rencontré
des gens qui touchaient au monde de l'occulte. Parfois de grands
hommes, parfois des personnages horribles. Pour les comprendre et
pour les repérer, j'ai des méthodes très précises. Je m'attache
avant tout à leur lumière. Les vrais initiés ont, sur le visage, une
lumière particulière très caractéristique. Par contre, et même s'ils
sont exposés à la violente clarté du soleil, les mystificateurs
portent une ombre sur le visage.
D'autre part, c'est en les laissant
parler d'ésotérisme que je réussis à distinguer le véritable initié
du maniaque, du hâbleur. Ce dernier se trahit toujours en parlant de
choses qu'il ignore et s'emporte dans son exposé. Tôt ou tard, pour
étourdir l'autre, le vantard sort une énorme sottise dont il ne se
rend même pas compte la plupart du temps.
Il me semble que le silence est la
meilleure des attitudes lorsqu'on a encore beaucoup de choses à
apprendre, à comprendre, à éclaircir. Ne laisser paraître ni sa
fascination ni son étonnement, quelle que soit la révélation, quelle
que soit l'importance de la chose que dit votre interlocuteur.
Devant l'impassibilité, le hâbleur, lui, ne sait résister. Il a
besoin d'étonner, et d'être questionné. Et il parle, il parle, il en
rajoute. Jusqu'au moment où il prononce une balourdise qui fait
s'écrouler la mosaïque.
J'avais donc choisi de rester sur
une position sceptique tout au long de l'exposé. Impassible. Tout ce
que j'avais entendu était loin d'être anodin. Pourtant, jamais mon
interlocuteur ne s'était emporté, jamais, même, il ne s'était
interrompu. Tout au long de son récit, il était resté calme,
paisible, le sourire aux lèvres. On aurait dit qu'il expliquait sa
leçon à un enfant, avec précaution. Je ne décelai rien, dans ses
paroles, pas un détail, pas une nuance qui aurait pu tout remettre
en question, et faire s'effondrer le grand édifice.
Mon silence, d'ailleurs, le laissait
indifférent. De nous deux, j'étais sans doute le plus nerveux. Je le
regardai prendre les documents dans sa serviette bleue. Malgré
l'émotion qui m'étreignait, je réussis à me contrôler. Était-ce
possible qu'il ait, là, un document plus important encore que celui
portant les signatures autographes des trois grands maîtres et qu'il
me permette une fois encore de le recopier ?
Le paquet était volumineux. Des
feuilles bleues, toutes identiques, jaunies, très bien rangées.
Liées par trois légers noeuds aux couleurs de l'ordre. Tout en les
déliant, le vieil homme reprit :
- Johannes fut initié, rencontra à
nouveau son maître et pratiqua ses exercices spirituels. Arriva
enfin le jour où il put entrer au temple. Il était prêt à travailler
avec les autres frères. Comme vous le savez, nous ne nous
rencontrons pas souvent et, en tout cas, toujours pour une raison
importante. Notre règle est l'initiation individuelle, ainsi que le
souligne le document que je vous ai montré tout à l'heure.
- Il participa aux cérémonies dans
un temple ? Où ?
- En Turquie, quelques semaines
après avoir été initié. Son maître le prépara à la grande épreuve et
l'introduisit.
- Mais dans quel but ?
- Je ne sais pas.
Il avait ôté les rubans, il tenait
maintenant le paquet de feuilles bleues. Je souris.
- Je vois que vous ne voulez pas
répondre, mais il est clair qu'un initié du premier degré ne peut en
aucun cas pénétrer dans votre temple. A moins que les maîtres
n'aient constaté en lui un trait particulier. A moins que,
justement, il n'ait une importance très grande, pour défendre
l'ordre par exemple...
- Je constate que vous en savez plus
que je ne le pensais...
Cette fois, c'est moi qui ris
franchement.
- Vous connaissez les limites de mon
savoir, comment et pourquoi je sais telle ou telle chose. Hélas !
mon savoir est très limité et, surtout, je ne comprends pas ce que
vous attendez de moi. Pourquoi êtes-vous venu me révéler des secrets
qu'habituellement on tait soigneusement ?
- Si je ne me trompe, je vous ai
déjà dit que je déciderais seul de ce qui est ou non indispensable.
Ce que je puis affirmer, c'est que je n'ai pas dit un mot de trop.
Certes, vous avez raison, je suis là pour une raison précise. Vous
pouvez nous rendre service en devenant notre intermédiaire.
- Merci.
- Vous serez bien heureux de le
devenir. Servir d'intermédiaire pour le Bien est toujours agréable.
Vous êtes un spécialiste digne de foi. On vous croit lorsque vous
abordez certains sujets. Vous, ils vous croiront.
- Mais que devront-ils croire ? Et
qui ?
- Vous le saurez sous peu.
D'ailleurs, quand bien même ils ne vous croiraient pas - ce qui
pourra arriver pour certains - ils devront se rendre à l'évidence et
croire à la vérité que je vais mettre entre vos mains.
» Je vous ai parlé de l'entrée de
Johannes dans le temple. La cérémonie fut exemplaire, l'atmosphère
proche de la perfection. Permettez-moi pourtant de ne pas en dire
plus, ni sur le temple ni sur la cérémonie.
- Comme vous voudrez. Cependant,
j'aimerais en avoir un peu plus. Je pourrais ne pas vous croire...
Il secoua la tête en souriant :
- Vous devez croire celui qui se
tait, non celui qui parle trop.
- Je connais cette phrase. Elle est
inscrite dans vos temples.
- Vous vous trompez.
- Je peux vous en citer d'autres, si
vous voulez, l'avez-vous pas, inscrits sur les murs de vos temples,
les mots Azoth, Tetragrammaton, 999 ?
II ne répondit pas, se contentant de
caresser le paquet de feuilles.
- Comme je vous l'ai dit, je ne peux
rien ajouter, ni sur le temple ni sur le rituel. J'arriverai
rapidement à la fin de la cérémonie, quand Johannes, monté au...
- ... septième degré sur l'escalier
gauche qui flanque le trône, face à la croix rouge et noir,
continuai-je, instinctivement. Est-ce juste ?
Il resta silencieux. Son sourire
avait disparu. Il semblait hésiter à poursuivre, et m'étudiait du
regard. De non côté, je restais aussi muet. Nous nous regardions.
Pour le moment, c'est moi qui souriais.
- J'en suis sûr, reprit-il après une
pause. Oui, j'en suis certain, vous ne direz rien et, surtout, vous
n'écrirez rien de plus que ce qui sera nécessaire. Je peux avoir
confiance.
C'était un peu comme s'il avait
pensé tout haut. Ce doute que j'avais réussi à semer en lui, il
l'avait chassé, surmonté. Il avait craint pour le secret, pour les
choses que je savais déjà et celles que je pouvais connaître encore.
Parce que je suis aussi un écrivain et que je pouvais les écrire.
Mais il me connaissait bien, il avait ait tous ses calculs.
Moi-même, je ne doutais plus de lui. Cet homme était bien ce qu'il
disait - ou laissait voir de son être. Tout ce qu'il m'avait raconté
était vrai. Les documents qu'il m'avait montrés, ceux qu'il allait
encore me montrer, étaient, sans le moindre doute, authentiques.
Bien sûr, il me faudrait les vérifier encore, mais je savais déjà
qu'ils se confirmeraient tous.
- A la fin de la cérémonie, Johannes
prit la place qui lui revenait parmi les frères. Alors quelqu'un lui
parla. Les frères resserrèrent la chaîne autour de lui, se
pressèrent pour lui communiquer leur force. Et, d'une voix qui
n'était pas la sienne, Johannes parla. Il parla jusqu'à la fin des
travaux, tout au long des trois cérémonies qui eurent lieu en sa
présence dans le temple.
Tout ce qu'il dit fut retranscrit
dans les procès-verbaux du temple, par le grand chancelier. Ces
procès-verbaux, les voici. Pas tous, bien sûr, uniquement ceux que
nous avons jugé utile de rendre publics. Lisez-les. Copiez-les.
Faites-les connaître autour de vous,
car il est temps que ces choses se sachent.
Je saisis les feuilles bleues.
Écrites en français, c'étaient les paroles que Johannes avait
prononcées, recueillies par le grand chancelier.
Ses prophéties.
Chaque feuille portait l'en-tête du
temple, " Le Chevalier et la Rosé ". Dessous, le résumé de ce qui
avait été dit et approuvé lors de la précédente séance, le rituel
exact de la cérémonie d'ouverture des travaux. Ensuite, la
description du rituel de la chaîne de Johannes. Puis venaient ses
prophéties. Enfin, la cérémonie de clôture des travaux. En plus de
la signature du grand chancelier du temple, chaque procès-verbal
portait celle des officiels.
- En manque-t-il beaucoup ?
demandai-je.
- Oui. Car, comme je vous l'ai dit,
il n'est pas possible de tout dire. Certains éléments, s'ils étaient
mal compris, pourraient devenir dangereux. Nous avons décidé de nous
limiter à ceux-là.
- Pourquoi ?
- Je vous l'ai déjà dit : parce
qu'il est temps que ces textes soient divulgués.
- Pourquoi ? répétai-je.
Il hocha la tête.
- Permettez-moi de ne pas répondre à
cette question.
Je m'installai devant l'écritoire et
recopiai, l'une après l'autre, les prophéties de Johannes.
Je les présente aujourd'hui au
lecteur, sans y avoir apporté la moindre modification.
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Pour une méthode de lecture
Comme dans leur rédaction originale,
passé et futur s'entremêlent dans les prophéties sans doute parce
que le même sujet - comme, au début, l'Église catholique - est
abordé dans son passé et dans son avenir. Il est presque toujours
possible de faire la distinction entre ces deux temps. Rédigées en
1935, toutes les prophéties traitent de l'avenir. Leur authenticité
est garantie par le fait qu'elles se sont vérifiées plus d'une fois.
J'ai intercalé des commentaires
entre deux prophéties. Pour l'essentiel, celles du passé sont
déchiffrables. Lorsque certains éléments restent encore obscurs,
c'est qu'ils portent sur des faits purement initiatiques ignorés de
nous, ou qu'ils concernent des événements que nous n'avons su
retrouver. Peut-être quelque lecteur pourra-t-il nous éclairer ?
Nous le remercions de nous faire connaître ses déductions.
J'ai commenté aussi les prophéties
de l'avenir. L'ensemble de ces textes se limite à la troisième
décennie du siècle prochain, en 2033
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Les
prophéties
Et nous avons la certitude qu'un
grand nombre des connaissances ésotériques que nous croyions perdues
pour nos ordres initiatiques sont conservées jalousement et gérées
avec soin dans deux institutions ésotériques séculaires, l'Église
catholique et l'islam. Il est temps de prendre acte de tout ce
qu'ont voulu nos maîtres.
(Extrait de la déclaration du frère
Adhiran au VIe Congrès initiatique de Strasbourg.)
Quant à l'Opus Dei, cette
organisation qui allie la mystique à l'initiation, il n'est pas
fortuit que son fondateur, Mgr Escrivâ, un des hommes les plus
illuminés de son temps, ait arrêté à 999 - et non à un autre nombre
- les maximes de son oeuvre " Camino ", qui a porté des millions de
consciences à un réveil spirituel. 999 est le plus grand nombre
initiatique, celui du triomphe sur la Bête dans l'Apocalypse de
Jean.
(Extrait de la déclaration du frère
Manothes au VIe Congrès initiatique de Strasbourg.)
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1ère
prophétie
Père hésitant après le Saint qui
marche déjà vers les autels élevés, le Père de la Mère avance le
bras et s'ouvrira au monde.
La Mère pour lui deviendra grande
quand elle sera petite, elle sortira de l'étang en acceptant une
courte chaîne. Elle aura des fleurs devant sa croix, une ombre rouge
sur ses épaules courbées.
Ses enfants pleureront, mais à sa
droite elle aura deux mains. Immobiles et riches du courage de dire,
de commander, d'obéir. Sanctifiée sera sa main droite, elle lui
donnera de l'encre pour condamner les idées en marche, les fleurs de
lis à piétiner.
Mais la chaîne sera plus grande
et la lutte plus grande mais d'un côté.
Les fils du Père et de la Mère
seront protégés mais souffriront. Et des lumières seront allumées
dans la nuit, dans l'étreinte de la place. Les chevaux arrivent, de
boue.
Immobiles aux fontaines.
La référence à Pie XI et au
Concordat est claire, ainsi qu'à ses tourments devant la guerre qui
arrivait et contre laquelle il s'est battu de toutes ses forces. Le
Père de la Mère est sans aucun doute le pape. La Mère signifie
l'Église. « Après le Saint » est sans doute le précédent Pie, le
dixième, qui rut en effet sanctifié. En devenant officiellement
petite par l'exiguïté de son territoire, l'Église devint grande,
après le Concordat, parce qu'elle dépassa le concept de pouvoir
temporel. La courte chaîne est peut-être la conséquence politique du
Concordat, qu'on dut signer avec un État autoritaire. Je n'ai pas
réussi à trouver d'explication pour les phrases « Elle aura des
fleurs devant sa croix, une ombre rouge sur ses épaules courbées ».
On peut penser que, comparés au sacrifice et à l'effort du pape, ce
furent des succès pour l'Église, ou « fleurs » dans le sens de
conversions ou présence active des catholiques. Pour le reste,
mystère. Je ne crois pas qu'il soit possible d'identifier l'ombre
rouge au communisme. Peut-être s'agit-il d'une référence ésotérique.
« Ses enfants pleureront, mais à sa
droite elle aura deux mains. » Peut-être y a-t-il là une référence
aux guerres d'avant le second conflit mondial, guerres qui firent
couler tant de sang et de larmes. La seconde main droite est sans
aucun doute attribuée à Pie XII, qui devait rédiger les
condamnations courageuses du nazisme dans les encycliques de Pie XI.
« Mais la chaîne sera plus grande » : peut-être une allusion au
concordat avec Berlin, peut-être est-ce l'accroissement des dangers
pour l'Église et l'humanité. Je n'ai pas réussi à définir le « mais
d'un côté » en relation avec la lutte qui sera plus grande. La suite
du texte se rapporte aux souffrances des catholiques, fils du Père
et de la Mère (du pape et de l'Église), mais aussi à l'Église qui
tenta de les protéger. Je n'ai pu définir avec précision la
prophétie suivante, alors que l'arrivée des chevaux de boue est liée
aux envahisseurs, probablement les nazis, à Rome. La référence aux
fontaines, avec les chevaux qui s'abreuvent place Saint-Pierre, on
la trouve dans d'autres prophéties : même dans Nostradamus. Mais le
fait de ne pas comprendre les lumières allumées dans la nuit et
l'embrasement de la grande place, laisse des doutes sur la dernière
partie de la prophétie. On peut quand même croire qu'il s'agit du
nazisme.
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2ème
prophétie
Au milieu des nuages, les plus
sombres, se lèvera la colombe choisie, le douzième Pie au profil de
métal.
Seule paix dans la guerre, seule
prière au milieu des cris, par les loups de la croix usurpée.
Sept fois il rencontrera le
visiteur et il en verra le visage avant de mourir. Et sept fois il
en portera la couronne rosée.
Dans le sang aussi les pauvres
seront Christ et les stigmates saigneront dans la douleur, sang pour
le sang. La Mère recueillera les troupeaux et ne saura pas défendre
les autres bergeries, enfermées dans les enclos, dévorés par les
loups de la croix usurpée.
Se méfier et combattre toujours
celui qui se sert de la croix et n'est pas fils de la Mère ou du
Père.
Combattre et attendre, car sur la
fausse croix, l'usurpateur se crucifiera seul. Alors seulement
viendra la paix.
La Mère aura du mal à rester vive
mais elle vaincra les tentations, l'orgueil de la victoire sur
terre. Le Père se battra, et rouge sera sa veste blanche, frère
parmi les frères.
La Vierge Marie apparaîtra humble
aux simples et ils n'y croiront pas. A la place des temples alors il
y aura des tombes.
Lumière de Neva de l'Orient, mais
la lumière est toujours d'Occident. Au milieu de la statue.
La prophétie est presque entièrement
limpide. Elle commence avec l'annonce de l'élection du nouveau pape,
qui porte tout simplement le nom qu'il choisira, Pie XII. Son
élection, on le sait, eut lieu dans un moment terrible, ce qui peut
justifier l'allusion aux nuages les plus sombres. Le pape est défini
comme « la colombe choisie, au profil de métal ». La première
définition peut sembler floue, ou alors on peut la comprendre comme
un jugement très positif sur Pie XII, semblable à celui de tant
d'autres prophéties comme par exemple celle de Saint. Malachie. Le
profil de métal peut signifier plusieurs choses : la décision, la
dureté, l'inflexibilité du pape romain. Ou encore quelque chose qui
m'échappe.
« Sept fois il rencontrera le
visiteur. » A partir de là, j'ai examiné plusieurs hypothèses, mais
je crois que la plus plausible est que Pie XII rencontra la figure
du Christ - cette hypothèse est d'ailleurs avancée dans certains
milieux. Sept fois, d'après la prophétie. On dit en fait que Pie XII
reçut la visite du Christ sur son lit de mort. Les sept rencontres
correspondent à sept moments dramatiques pour le pape et pour
l'Église : à cette époque-là, il n'en manquait certes pas. La phrase
suivante, celle sur les stigmates, se rapporte sans doute au père
Pie de Pietrelcina et à son mystère : les stigmates, en fait, selon
la tradition, sont toujours liés à la douleur du monde, au sang du
monde, qu'un imitateur du Christ prend sur lui en souffrant pour
tous les autres.
« La Mère recueillera les troupeaux
et ne saura pas défendre les autres bergeries... » II s'agit là des
populations religieuses. L'Église a tout fait pour réunir les
catholiques, mais elle n'a rien pu faire pour les autres minorités
religieuses, les juifs surtout, auxquels la phrase se réfère très
nettement : leur internement, leur extermination. « La croix usurpée
» est sûrement la croix gammée. Après l'avertissement concernant
ceux qui seraient tentés de suivre une autre croix que la croix de
l'Église (en dehors de l'Église, il n'y a pas de salut), voici la
prophétie qui concerne Hitler : son suicide. Ce n'est qu'à sa mort,
en fait, que le monde retrouva la paix.
Puis, une allusion très claire au
courage que manifesta l'Église au cours de la guerre. Elle ne se
plia jamais au vainqueur nazi-fasciste. Pie XII, en durcissant ses
positions, arriva à protéger les persécutés. Et partout, en général,
le clergé lutta contre les ennemis de l'humanité et n'accepta pas de
compromis. L'Église repoussa l'orgueil de la victoire sur terre.
L'engagement dans ce sens de Pie XII est, tout de suite après,
clairement expliqué par sa présence dans le quartier San Lorenzo à
Rome, après les bombardements. Ce fut à cette occasion que son habit
fut taché de sang.
La Madone, qualifiée de « humble »,
fit une apparition. Elle aurait parlé et, n'ayant pas été entendue,
« à la place des temples alors il y aura des tombes ». En fait, en
cette période historique, il y eut beaucoup d'apparitions de la
Vierge. Parfois même, elles furent bruyantes. Mais aucune ne fut
reconnue par l'Église ou, du moins, on ne connaît pas de message
important laissé par Marie à la suite d'une de ses apparitions à
cette époque-là. A moins qu'il ne soit question ici des apparitions
de Fatima, au fameux mais non moins incertain troisième secret de
Fatima, jamais révélé. La non révélation du message de la Mère de
Dieu n'a-t-elle pas empêché les hommes de se repentir, n'a-t-elle
pas conduit à des malheurs qui auraient pu être évités ?
Cette prophétie se termine par une
référence à la Russie, plus particulièrement à la Neva, un des
fleuves de Russie. On dit que la lumière n'est pas là-bas, elle
vient seulement de l'Occident. Je n'arrive pas à comprendre le sens
de « au milieu de la statue ». Dans le contexte, ce peut être une
condamnation du marxisme ou du socialisme. Mais je crois plutôt à un
discours initiatique, pour conclure la prophétie. A moins qu'il n'y
ait quelque référence à un événement. Par exemple, au pacte
germano-soviétique pour l'invasion de la Pologne, qui mondialisa le
conflit.
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3ème
prophétie
Le vicaire sera injustement
accusé pour son silence, pour son encouragement à la prudence qui
sauva le monde. Mais le monde voulut des fleurs de chair, des fleurs
aux couleurs éclatantes, il ne regarda pas les fleurs des champs,
discrètes et pures. Il ne les regardera même pas, dans leur
splendeur, sinon à la fin de la fin.
Le mal avait trois têtes, la
première tomba.
Vint la seconde et le Père la
frappa avec le mot, plus fort que l'épée.
La troisième était dans le sein
de la Mère depuis toujours, ennemie de la Mère et du Père.
Les lettres de Barcelone
parleront un jour d'un silence chargé d'action et le douzième sera
saint et plus saint que lui jamais on ne verra.
Ce jour sera celui de la mort du
comte qui fut roi à Barcelone.
Les lis tomberont, rouges de
sang. Mais les oeillets ne seront pas immaculés. Tristes jours quand
le fou sera saint. Erreur dans les siècles, secret.
Le Père de la Mère sera seul et
aura des épines.
Le fils de la troisième tête s'en
ira de Rome dans les brumes. Mais il reviendra diviser.
Les vrais saints sont jeunes, ils
naissent à Milan.
Références aux accusations et aux
calomnies contre Pie XII, il s'agit là de ses rapports avec le
nazisme qui, en réalité, furent durs et inflexibles. C'est le
nazisme qui est sans doute la première tête du mal, la première à
tomber. Puis sont citées les deux autres têtes du mal. L'une peut
être le communisme, étant donné qu'il est ici très clairement
question de la condamnation de Pie XII. Mais ce peut être aussi
quelque chose à l'intérieur de l'Église. Le texte de toute la
prophétie est d'ordre ecclésial. Surtout au sujet de la troisième
tête du mal, on peut y déceler une lutte interne, une quelconque
action schismatique, peut-être même un personnage, comme il nous le
dit après; ce personnage devait cependant faire partie d'un complot,
puisque ici on dit clairement « depuis toujours ».
La prophétie suivante fait état
d'une totale réhabilitation de Pie XII, à la suite de la découverte
de quelques lettres à Barcelone, ou en provenance de cette ville -
ou ayant un lien avec elle. « Ce jour sera celui de la mort du comte
qui fut roi à Barcelone. » J'ai pensé à Umberto II, un roi qui prit
en exil un titre de comte. Mais je n'ai trouvé nulle part de lien
entre sa personne et Barcelone. Peut-être n'y a-t-il pas là
d'allusion au lieu de sa mort ? A moins qu'il ne s'agisse d'une
chose plus complexe : la mort d'un comte qui régna à Barcelone. Il
faut exclure cette hypothèse pour le passé. Dans l'avenir, peut-il
s'agir de quelqu'un qui régnera sur la cité ibérique ? Ou alors,
faut-il comprendre cette prophétie dans son sens symbolique, les
noms figurant des personnages réels, liés à cette ville mais qui
nous échappent ? Pie XII, quand on aura retrouvé ces lettres,
deviendra saint : « plus saint que lui jamais on ne verra », dit
textuellement la prophétie. Ce fait est important, si l'on songe
qu'il est annoncé par celui qui allait succéder audit pape et qui,
dès l'abord, se considérait inférieur en grandeur et en sainteté.
Le reste de la prophétie est
difficile à interpréter. On peut y trouver des références à des
faits qui n'ont pas encore eu lieu, mais comme, aussitôt après, on
parle encore de Pie XII, il faut y voir autre chose. Les lis font
peut-être allusion à une dynastie monarchique tombée sous la
violence. Mais, hélas ! ces événements sont légion. Même si je
n'ai pas réussi à le déchiffrer, le passage concernant l'élection
d'un fou comme saint me semble très intéressant. Le prophète
considère que c'est une grande erreur qui doit rester cachée pendant
des siècles. Il est possible que quelqu'un, élevé aux plus hauts
honneurs ou jugé utile pour l'Église, ait en réalité abusé de ses
pouvoirs pour faire le mal. Le pape le sait peut-être - et ce
pourrait être l'une des explications de la phrase suivante, l'autre
étant qu'elle introduit le dernier morceau de la prophétie. Le fils
de la troisième tête est sans aucun doute un personnage à
l'intérieur de l'Église, lié à la hiérarchie, probablement réputé.
Il quitta Rome pour s'en aller dans les brumes, c'est-à-dire au
Nord. Il peut s'agir de la rupture entre Pie XII et Mgr Montini, qui
fut éloigné de la Curie et envoyé comme archevêque à Milan, sans
avoir reçu la pourpre. Mais il peut tout aussi bien s'agir de
quelques autres personnages. En tout cas, ce « fils de la troisième
tête » reviendra et portera la division au coeur de l'Église. La
liaison avec Milan est possible, grâce à l'ultime phrase de la
prophétie, « les vrais saints sont jeunes, ils naissent à Milan ».
On peut penser à quelque mouvement de jeunesse catholique - ou
peut-être même non catholique - surgi de la cité lombarde et destiné
à être très important pour l'avenir de l'Église un creuset de
saints. Il est, hélas ! très difficile dé contrôler les temps de la
prophétie et toute la dernière partie reste en suspens, malgré mes
suppositions.
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4ème
prophétie
La colombe n'appellera pas de
nouveaux fils et l'Église en perdra, et des filles aussi. Les fils
de Saint Joseph le besogneux ne pourront pas parler et ne seront pas
compris. Il est trop tôt d'autres viendront et ils devront se taire.
Celui qui croit devra s'en aller
et le Père de la Mère ne saura pas tout.
Sur des croix feintes et dans des
prétendues Églises, beaucoup parleront au nom d'un pouvoir mesquin.
Les chiens courront à Rome et la Mère sera liée aux branches de la
croix. Celui qui ne prendra pas les armes devra se cacher. Et les
soi-disant fils s'empareront du troupeau.
Pas toujours peur de la guerre.
Le mal rouge à nouveau frappé par
la parole du Père.
Le mot sera plus fort que les
armes et celui qui se croit immortel mourra.
Mais le mal rouge étourdira ceux
qui ont soif et croient puis sont les esclaves du maître du désert
fils du mal.
Mais Rome éternelle n'aura jamais
de couleurs.
Crise des vocations, nouveaux
travaux à l'intérieur de l'Église, tout ceci est très clair. Les
fils de saint Joseph le besogneux pourraient être les
prêtres-ouvriers et tous ceux qui croient en une Église plus proche
des instances sociales du temps. L'incompréhension entre les
parties, l'inquiétude de l'angoisse liée à la nouveauté, les
intolérances peuvent empêcher le dialogue pour longtemps. Nombreux
sont ceux qui abandonneront l'Église parce qu'elle ne les comprend
pas, mais l'Église aussi est incomprise. Ces ruptures internes
dureront longtemps et même ceux qui viendront devront se taire. Sur
les luttes qui se poursuivent - et qu'on peut considérer comme le
signe de vitalité de l'Église - nous avons des témoignages très
sérieux, même de nos jours. Le pape devra se taire sur de nombreuses
choses de ce genre. Peut-être quelqu'un agit-il en secret ?
L'Église sera utilisée à des fins
bassement matérielles de pouvoir. « Les chiens courront à Rome et la
Mère sera liée aux branches de la croix. » On ne peut être plus
clair : il s'agit de la situation politique, de l'après-guerre à
aujourd'hui, où, au nom du christianisme, on s'est livré à des
spéculations de mauvaise foi. Au nom de l'Église, on fera un marché,
on fera la conquête du pouvoir politique, on abattra les ennemis,
l'action sociale de l'Église sera différente de ce qu'elle aurait dû
être. En fait, dans la politique italienne (la référence à Rome et
aux chiens est très claire), il n'y aura jamais de place pour les
authentiques catholiques. Pour les autres, oui, qui, au nom du
catholicisme, mèneront une politique capitaliste, bourgeoise, avec
des compromis anti-humains, anti-sociaux. Avec pour seul but de
voler : « les soi-disant fils s'empareront du troupeau ».
Les guerres lointaines, liées aux
multiples guerres du moment, aux nombreux foyers qui peuvent, d'un
moment à l'autre, transformer en guerre tout court la guerre froide.
On peut comprendre ces peurs comme une spéculation pour la
construction d'un pouvoir corrompu, plutôt que comme une prise de
conscience.
A nouveau, une allusion à la lutte
spirituelle de Pie XII contre le communisme. Il y a là une
indication de la force du christianisme et de la parole du pape,
plus forte que n'importe quelle autre arme. « Celui qui se croit
immortel mourra. » Là encore, le communisme, sa séduction sur les
foules, qu'il rend esclaves. Les pays satellites de l'U.R.S.S. et
l'implantation communiste dans le monde. « Le maître du désert » est
peut-être Staline. Dans la dernière phrase, je crois que le prophète
a voulu dire que Rome, l'Église ne se plieront jamais. Elle n'aura
pas de couleurs, quoi qu'il puisse lui arriver.
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5ème
prophétie
Aujourd'hui le saint est mort. Il
ne connaîtra pas les honneurs, car saint parmi les saints est celui
qui agit dans l'humilité, prie en silence.
O Chère Assise, qui en as vu le
passé, et toi, Émilie, qui l'as bercé, et toi Israël, qui lui as
donné asile.
Sept chapelets cette nuit. Le
couvent sera détruit et des fleurs rouges sur les tombes
découvertes.
Sur lui le monde se taira
toujours.
La Mère oublie son coeur latin,
son coeur d'Orient. Et sang dans les prisons pour celui qui croit.
Mère pourquoi gardes-tu le
silence ?
Toute la première partie de la
prophétie concerne un saint inconnu, dont personne, jamais, ne saura
rien mais auquel le prophète rend hommage pour sa grandeur. Né en
Émilie, il a vécu à Assise et s'est réfugié en Terre sainte. Sa mort
a coïncidé avec des actes de vandalisme, de terreur, mais je n'ai pu
les retrouver car je manque de références.
La seconde partie, elle, est
consacrée aux persécutions contre les chrétiens, en Amérique latine,
peut-être même en Espagne, sûrement en tout cas dans les pays
soviétiques. Le prophète parle clairement de l'Église du silence,
mais aussi du silence de l'Église devant ces événements.
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6ème
prophétie
Puis arrivera Père l'inattendu,
fils des champs et des eaux.
Je ne le vois pas. Je crains pour
lui. Pour son époque. Pour la Mère. Il marchera au milieu de gens
divisés, prêts à mettre et à arracher la tunique du Rédempteur. Il
criera beaucoup dans son coeur, il parlera doucement. Ils le
croiront. Dure sera la lutte.
Et dans les papiers du Père mort
il trouvera le projet pour rassembler les bergers et parler au
troupeau. Il osera l'inosé. Il se trompera, mais ce sera un bien.
Il voudra connaître le monde et
le faire connaître avec ses yeux aux simples. Le scandale arrivera
mais tous comprendront.
Ses lettres resteront.
Il mourra loin des bergers avant
de les rappeler. Ses papiers seront cachés. Ses papiers seront
volés. On dira peu de chose de lui.
Mais le jour où le Père qui
viendra après lui des brumes sera frappé, même sa voix sera entendue
dans la tombe. Le Père mort ouvrira le septième sceau.
Pour lui je demande pardon.
Ici, le pape Jean annonce même trop
clairement sa venue, son élection comme souverain pontife. Il parle
des luttes dures, des divisions dans l'Église, il prend référence
sur ses propres encycliques. Tout aussi clairement, il dit, en
parlant du Concile, en avoir trouvé le projet dans les papiers de
son prédécesseur. Il admet ses erreurs, mais elles contribueront au
bien. Le scandale est dû, sans doute, aux méthodes inhabituelles de
ce pape, ou aux personnalités du monde protestant, parfois même
athée, qu'il a reçues. Mais s'il agit ainsi, c'est pour permettre
aux fidèles de connaître le monde à travers ses yeux simples. Les
lettres auxquelles se réfère le prophète sont sûrement les
encycliques qui font partie de l'histoire de l'Église et de
l'humanité.
Quant à sa prophétie sur sa mort,
elle est terrible : à la moitié exactement du Concile, dont il avait
clos la première session avant de mourir.
Les documents qui le concernent
personnellement, qui ont trait à ses actes, ont été cachés et volés
après sa mort. Nous savons de lui peu de chose, bien moins que nous
ne devrions.
La dernière partie de la prophétie
annonce que certaines vérités éclateront en pleine lumière et qu'on
entendra la voix du pape hors de la tombe. Il faut ici supposer
qu'il s'agit d'un témoignage ou de la découverte des papiers volés.
Et ceci arrivera après que son successeur « sera frappé ». On ne
comprend pas si le successeur « viendra des brumes » (Paul VI vient
de Milan) ou s'il sera frappé par les brumes.
Un acte de violence sur le pape ou
une fulguration ou, en tout cas, quelque chose de retentissant
permettra de connaître des choses importantes et inédites sur Jean
XXIII. J'ai pensé qu'il pouvait s'agir de ces prophéties, mais je
pense plutôt à quelque chose qui toucherait de près au gouvernement
de l'Église et que l'on cache encore aujourd'hui. Le « septième
sceau » pourrait être une allusion à l'Apocalypse de Jean ou se
référer au nom du pape. Ou encore invoquer un règlement de comptes à
la suite de l'éclatement de certaines vérités.
La prophétie se termine sur une note
d'humilité, le prophète demande grâce pour lui-même. Il ignore
peut-être qu'il parle en fait de lui ? Il dit, au début : « Je ne le
vois pas... »
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7ème
prophétie
O tourmenté élu dans les
tourments, Père veuf dont Marie sait le secret. Elle le taira par
foi.
Tu payes encore le solde de
Paris. N'accepte pas la tentation du Panthéon, de ses morts et de
ses vivants.
En voyageant tu te laisseras
toi-même sur le trône. Tu ne pourras plus te lever, tu affronteras
les gens. Ils ne te comprendront pas, ils t'affronteront. Et tu te
tairas. Des pâturages entiers seront brûlés, tais-toi s'ils tuent
tes bergers.
Babylone a trop de langues. Tu as
brisé la chaîne, tu le sais, tu le sauras jusqu'à la mort. Langues
diverses pour le sacrement, langues diverses pour les mots.
Aujourd'hui elle a disparu.
Tu as enlevé l'exorcisme au
sacrement et de Satan tu as vu le visage. Parler ne suffit pas.
Toi qui viens des brumes tu seras
frappé.
Tu n'as pas su avertir, oser,
choisir, prier. Tu as vu trop de choses, tu n'as pas voulu les
raconter. L'Église tremble et tes lettres la secouent inutilement.
Les meilleurs fils s'en vont, ils
vont servir le mal qu'ils appellent bien. Et ceux qui se pressent
autour de toi sont oubliés.
Tu auras un jour de paix, un
seul. Puis tu devras t'en remettre au pacte. Les brumes.
Cette prophétie, très obscure,
concerne Paul VI, successeur de Jean XXIII. Le prophète parle un
langage dur, plein de compassion, de constatations amères,
d'incitations, de résignation même. Le pape est dit « veuf ». Marie,
mise en cause, n'est sûrement pas la Vierge mais une femme qui
connaît un secret. Il est dit « elle le taira par foi », ce qui, en
aucun cas, ne peut se dire de la Vierge. Quant au « solde de Paris
», que le pape paierait encore, il reste pour nous complètement
obscur. Le Panthéon est sans doute lié au lieu de sépulture des rois
d'Italie. Et la tentation viendrait de ce côté, des vivants et des
morts. Nous ne pouvons savoir de quelle tentation il s'agit ni quels
sont les liens entre le pape Montini et la Maison de Savoie.
Le reste concerne les inquiétudes,
les voyages tourmentés, les angoisses de ce pape. Même s'il
s'éloigne, il reste sur son trône. C'est-à-dire que jamais il
n'oublie ses doutes, ses peurs. Puis arrive l'allusion à son silence
et à ses hésitations. Aux persécutions, accompagnées des meurtres et
des tortures de ministres de Dieu, sous les régimes anti-chrétiens.
La phrase suivante s'attaque soit à
la messe, qui ne se dit plus en latin, soit à la séparation des
langues, la confusion entre chrétiens par suite d'une certaine
politique ecclésiale. Paul VI a parlé plus d'une fois du démon : on
le retrouve ici, mais en ajoutant aussi que l'exorcisme contre Satan
a été précisément retiré du sacrement par ce pape-là. « Parler ne
suffit pas. » C'est une exhortation à combattre réellement le démon.
A nouveau, une allusion aux brumes, au fait que le pape sera frappé.
Peut-être s'agit-il de l'attentat qu'il a déjà subi ? Je crois
plutôt qu'il s'agira, dans l'avenir, d'une chose beaucoup plus
grave. Nouvelles observations sur la politique indécise de ce pape,
accompagnées d'avertissements sévères, durs.
Promesse d'un jour de paix, puis une
allusion à un pacte incompréhensible auquel le pape devrait se
soumettre. Et une fois encore, terrible, la référence : les brumes.
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8ème
prophétie
Béni, béni, béni.
Ce seront les jeunes qui
t'acclameront, nouveau Pape d'une Église qui sourit. Les fils des
saints de Milan. Seize te compteront. Ils te tiendront bien haut les
mains.
Vierge Marie proche. Vierge Marie
qui fus sacrifiée. Dans ses paroles tu trouveras le chemin, béni,
béni, béni. Tu seras père de tous. Le début du chemin sera
difficile, marcher pour Rome en des jours de sang. Eclaircir les
brumes et leurs sépulcres.
Donner un nom sacré aux choses
sacrées, donner un nom profane aux choses profanes. Dans ta maison
tu recevras un saint aux pieds nus. Et tu feras attendre les
puissants, les mains désarmées, à te prier.
Le saint parlera aussi pour toi
dans chaque contrée et du monde des blanches fleurs t'envelopperont.
Le tien sera le voyage du
courage, le grand défi au monde et à l'immonde prince du monde.
A celui qui t'enverra des
soldats, tu opposeras des légions. Et jamais tu ne reviendras sur la
parole.
Et tu te feras va-nu-pieds, et tu
marcheras avec le saint va-nu-pieds. I
Quand tu divulgueras la parole de
Marie la Très Sainte, ton unique blessure se fermera. La Mère de
l'Église sera Mère du monde. Ange tu seras dit, béni.
Le successeur de Paul VI est
annoncé, avec une grande allégresse car son arrivée, comme le fait
comprendre la prophétie, sera l'annonce de merveilles pour le monde,
de succès, de consolations pour l'Église. Le mot « béni » répété
trois fois au début et repris dans le texte peut laisser entendre
que le pape se nommera ainsi. Mais le « Ange tu seras dit, béni »,
tout en confirmant cette hypothèse, peut aussi n'être qu'un possible
éloge du pape. Revoici les fils des saints de Milan que je n'ai pas
réussi à identifier. Comme je n'ai pas su expliquer la phrase «
seize te compteront » et d'autres choses encore, ayant un rapport
avec des événements et des actions bien précises de ce pape.
Au début, le pape vivra des jours
difficiles, le prophète va jusqu'à parler de jours de sang à Rome.
Mais, pour l'aider, il aura près de lui la Très Sainte Marie qui
avait été sacrifiée. Il est clair que Marie sera la clef de voûte de
ce pontificat, pendant lequel s'opéreront tant de transformations
que la Mère de l'Église, la Madone, deviendra Mère du monde.
L'influence et le pouvoir du pape
s'exerceront sur tous, sur les puissants surtout. Il saura lutter
avec des armes propres au christianisme - et vaincre. Il ne reculera
jamais et il rencontrera des fleurs et des consentements : peut-être
les fleurs sont-elles de nouveaux catholiques ou de nouvelles
conversions et vocations ?
Le lien entre le pape et un saint
va-nu-pieds, qui prêchera aussi pour lui; devenant lui-même
va-nu-pieds, il marchera à côté du saint. Il peut s'agir d'un
pèlerinage, mais je croirais plus volontiers au retour à l'humilité,
à la simplicité de l'Église, dans le respect de la tradition. Un
pape simple, va-nu-pieds, qui saura combattre « le monde et
l'immonde prince du monde », satan.
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9ème
prophétie
Deux frères et personne ne sera
le vrai Père. La Mère sera veuve.
Les frères d'Orient et d'Occident
se tueront et dans l'assaut tueront leurs enfants.
Alors le saint aux pieds nus
descendra du mont et, devant la tombe du va-nu-pieds, éclatera le
règne béni de la Très Sainte Vierge.
Écoutez ses paroles.
Marie Très Sainte, fille et mère
de Dieu, maîtresse du temps futur, bats le rappel de tes fils dans
les campagnes, pour qu'ils abattent les deux Babylone.
Et que la Mère soit Une, comme
toi tu es unique.
La terre détruira le ciment et de
terre sera, Reine, ta nouvelle Église. Et sur la terre de blé, pour
la faim de tes peuples, fleur sur son nouvel autel. Amen.
Il s'agit là, sans doute, d'un
schisme, d'une déchirure profonde dans l'Église, après la mort du
pape aux pieds nus. Peut-être d'un antipape, d'une querelle ? Mais,
comme le dit le prophète, en cette époque de tourments, il n'y aura
aucun vrai pape. La lutte entraînera les fidèles qui n'en sortiront
pas vivants. Mais voilà que réapparaît le saint aux pieds nus. Il
viendra, lui, et il parlera. Invocation à la Vierge Marie pour que
les fidèles des campagnes détruisent les deux Babylone : c'est un
appel aux authentiques fidèles, contre deux expressions fausses de
l'Église; c'est une période de querelles morales, peut-être due à
des interférences politiques, à des bouleversements sociaux. En
détruisant le ciment, la campagne vaincra. Il peut s'agir d'une
récupération des valeurs anciennes, qui détruiront le faux
modernisme, le faux progrès, l'exploitation de l'homme emprisonné
dans les grandes villes, enchaîné à de fausses nécessités.
Alors, il y aura une lutte dure,
conduite - ou peut-être seulement prêchée - par le saint aux pieds
nus, mais les deux centres de pouvoir anti-chrétien et antihumains,
les deux Babylone, seront abattus.
Grâce, enfin, à cette force qui lui
vient de la Vierge - tant de fois évoquée dans les prophéties,
montrée en exemple, priée avec humilité - l'Église surmontera ses
divisions : elle sera à nouveau Une. Il se peut qu'à ce point de la
prophétie tous les chrétiens, et même les frères séparés, soient
réunis dans un seul embrassement. La nouvelle Église sera en terre,
dit le texte : construite par des hommes nouveaux, qui ont gardé les
traditions antiques de type campagnard, des traditions simples en
tout cas. Et, à la fin de ces tourments, l'Église devrait connaître
une nouvelle affluence dans ses messes apostoliques, de nouvelles
vocations, des liens nouveaux avec les peuples. Le blé symboliserait
ce renouveau, d'autant qu'il est aussi qualifié de fleur, la plus
belle, qui orne le nouvel autel en l'honneur de la Vierge.
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10ème
prophétie
Ton règne sera grand et bref.
Père, il sera bref mais il te mènera loin, dans la lointaine terre
où tu es né et où tu seras enseveli.
A Rome ils ne voudront pas te
donner.
Et il y aura un autre Père, avant
que tu sois enseveli, pour prier loin pour toi, pour les blessures
de la Mère.
Mikail et Jean descendront sur
terre.
Les urnes ouvertes dans les lieux
secrets sous le trésor et seront découverts les pas du premier
homme.
Le grand frère d'Orient fera
trembler le monde par la croix renversée sans les lis.
Le nouveau Père ira vers lui mais
laissera la Mère orpheline.
Mais auparavant par ses paroles
de vraie science le secret de l'arme qui détruit les armes. Temps de
paix, alors, et sur la haute pierre sera le nom d'Albert.
Nouvelle époque de tourments pour
l'Église, avec un pape qui ne régnera que peu de temps, s'éloignera
de Rome pour retrouver la terre qui lui a donné le jour. Il s'agit
sans doute là d'un pape étranger, peut-être même le centre de la
chrétienté s'en trouvera-t-il déplacé.
Le corps du pape ne sera pas rendu à
Rome où un nouveau pape sera élu avant même qu'il ne soit enseveli.
Cette période trouble laissera de profondes blessures au coeur de
l'Église.
« Mikail et Jean descendront sur
terre. » Difficile d'interpréter cette phrase : Mikail est
orthographié ainsi dans le texte. Il pourrait s'agir de l'archange
Michel et, donc, d'une punition du ciel puisque, juste après, on
parle de Jean qui, lui, pourrait venir annoncer la paix. Mais il
peut aussi s'agir du nom des deux papes dont on signale l'arrivée.
Dans le sous-sol de Saint-Pierre,
c'est-à-dire « sous le trésor », des lieux secrets seront découverts
ou bien encore des choses jusqu'alors ignorées, « et seront
découverts les pas du premier homme ». S'agit-il d'un élément
important sur le premier pape romain, Pierre ? Ou bien d'une
découverte scientifique, très importante, qui expliquerait les
origines de l'humanité en donnant, de tout ce qui est dit dans les
Écritures, une explication rationnelle ?
Les temps seront difficiles : un
dictateur est annoncé en Orient, qui fera trembler le monde. Ce
monde, qui a perdu la foi et la pureté, peut être symbolisé par la
croix renversée et sans lis - mais il peut s'agir aussi du
personnage en question. Ou alors faut-il y voir l'Antéchrist présent
dans presque toutes les prophéties ?
Le pape ira à la rencontre de ce
personnage, soit pour le convertir, soit pour empêcher qu'une guerre
n'éclate. Mais, au cours de cette expédition, il mourra en laissant
la Mère, l'Église, orpheline. Pourtant, avant de mourir, il aura
révélé d'importantes choses, sur le plan scientifique; et ses
révélations seront capables de détruire les armes et d'apporter la
paix dans le monde. Le pape sera-t-il un homme de science ?
Découvrira-t-il des secrets antiques qui, mis en application à cette
époque-là, donneront des résultats incroyables ?
Puis suivra un temps de paix, grâce
à l'oeuvre de ce pape qui pourrait s'appeler Albert. A moins que ce
prénom ne soit lié à sa découverte, à quelqu'un ou à quelque chose
qui a un rapport avec lui.
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11ème
prophétie
La longue paix fera oublier les
erreurs passées. Elle fera oublier le grand frère crucifié renversé.
Il y aura la guerre dans la Mère, et les troupeaux se disperseront.
Alors quelqu'un criera sang et sera écouté. Malheur à celui qui aura
crié, le premier sang à couler sera le sien.
S'affronteront croissant de lune,
étoile et croix. Quelqu'un brandira la croix noire. Des vallées du
Prince viendront les chevaliers aveugles.
Derrière eux, les corbeaux de la
faim, de la famine, de la peste.
Où croyez-vous fuir, maintenant
que vous avez détruit les Églises et tué le dernier Père ?
Attendez le signe de Jean.
L'agneau est prêt. Signez-vous sept fois avec une main fatiguée et
attendez. La lumière vient encore de l'Occident.
Le dictateur d'Orient sera tué - «
crucifié renversé » - et il s'ensuivra de longues années de paix.
Mais l'homme se fatiguera de tant de paix, il ne saura l'apprécier :
de nouveaux conflits éclateront au sein de l'Eglise qui provoqueront
la dispersion des fidèles, des luttes, peut-être même des schismes.
Et ce sera la violence, peut-être avec la naissance d'un anti-pape
ou l'avènement d'un soi-disant prophète qui réussira à séduire et à
tromper de nombreux fidèles. Mais le premier sang versé sera
justement celui de ceux qui auront provoqué la guerre : et là il
s'agit sans doute d'une vraie guerre, déclenchée par ces événements.
« S'affronteront croissant de lune,
étoile et croix. » Les musulmans, les juifs et les chrétiens
participeraient donc à une grande guerre religieuse. Il peut s'agir
d'une allusion symbolique - mais les symboles sont ici très clairs -
et la lutte pourrait se dérouler sous des formes nouvelles,
différentes de celles que nous connaissons aujourd'hui.
« Quelqu'un brandira la croix noire.
» Les forces du mal, les armes de l'Antéchrist, au centre de la
grande querelle, peut-être même à l'origine du conflit. Des vallées
de satan (le Prince) viendront aussi ses adeptes, et les forces du
mal se déchaîneront. L'image des chevaliers aveugles est très bien
définie, dans l'école ésotérique, comme force de l'anti-tradition et
de la contre-initiation.
Conflits et violence ne suffisent
pas : voilà que suivent les autres calamités, la faim, la famine, la
peste. Dramatique prophétie : personne, dans la chrétienté, n'en
réchappera, car les Églises ont été détruites et même le dernier
pape a été tué. On peut donner à « dernier » soit le sens de :
dernier de son époque, soit celui de : ultime, dans l'absolu.
J'opterais pour le premier sens, même si le doute subsiste. Le temps
de la fin est tout près, comme nous le verrons dans d'autres
prophéties, celles qui concernent l'Église, les dernières. Mais déjà
dans celle-ci, il est question du signe de Jean, de la fin de
l'Apocalypse.
Le texte s'achève sur un espoir de
lumière qui viendrait d'Occident et qui peut s'expliquer de diverses
manières.
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12ème
prophétie
Avant l'ultime lumière, les
pasteurs auront reconnu le signe. Et l'Église aura beaucoup de
Pères, tous frères.
De la terre et des eaux sortiront
des cathédrales et des temples pour les saints anciens et les saints
nouveaux, au nom éternel. Mais il est déjà l'heure des saints.
Tous parleront la même langue.
Et la parleront pour prier la
Vierge et le Sauveur.
Le règne de Dieu arrive sur
terre, sa cité se dresse même pour qui ne l'a pas voulu.
Le premier soleil illumine la
balance de l'univers.
Ouvrez votre coeur au lis. La
voix sera puissante, annoncée par les trompettes.
Lumière de l'Occident, dernière
lumière avant l'éternelle, inconnue. La vérité sera plus simple que
tous l'ont dit, que tous l'ont écrit.
Ce sera un bon jugement.
Notre Père, qui es aux cieux, que
ton règne arrive. Ta volonté est faite, au ciel et sur la terre.
Il y a vingt siècles plus l'âge
du Sauveur. Amen.
Ainsi s'achèvent les prophéties sur
l'Église. Il s'agit très clairement du jugement dernier, apparu dans
une lumière de grande espérance, de grande bonté, de grande foi.
Après avoir vécu bien des tourments, les hommes auront compris. Et à
la fin, ou il y aura de nombreux papes (Pères) ou il n'y en aura
même plus parce que la Cité de Dieu aura été construite sur terre et
que tous les hommes seront frères. De nouveaux temples seront bâtis,
il y aura de nouveaux saints. « Mais il est déjà l'heure des saints
», dit le prophète, et il faut comprendre cette phrase dans le sens
suivant : en vue du jugement dernier, tous les bons, selon le pacte
avec Dieu, seront saints. L'humanité devrait connaître une seule
langue, et même une seule foi. On peut donner à cela plusieurs
explications. Quelle qu'elle soit, cette langue servira à prier et à
reconnaître la grandeur de Marie la Vierge dont l'intervention aura
été déterminante pour sauver l'Église, pour son triomphe et la
célébration des retrouvailles avec une foi authentique chez les
hommes.
La « balance de l'univers » devrait
symboliser le jugement. Quant au reste de la prophétie, il est
plutôt rassurant et explique que la vérité devant laquelle nous nous
trouverons à la fin sera beaucoup plus simple que ne l'avaient
laissé prévoir, pendant des siècles, tous ceux qui avaient tenté de
l'expliquer, par trop de mots, par trop de livres. Le prophète veut
dire que la vérité est dans la foi. « Ce sera un bon jugement »,
dit-il tout simplement : phrase pleine d'amour et rassurante.
La dernière phrase date clairement
ces événements : « II y a vingt siècles plus l'âge du Sauveur. » A
moins qu'il n'y ait un sens caché - mais je n'y crois pas - le jour
du jugement dernier devrait se situer en 2033 après J.-C.
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13ème
prophétie
O Italie qui as cru dans la fausse
liberté de soixante-dix et n'as jamais connu la liberté.
Oui as élevé dans ton sein les maux
du temps, nés dans la ville du premier édit.
Tu as eu de faux rois, fils de
non-rois, tu n'as pas su les tuer tandis qu'ils te tuaient.
Aujourd'hui ton roi fils de non-roi
est ombre du masque qui crie. A Monaco il simulera la paix, mais il
aura versé le sang en Espagne.
Et le fils de la Bête lui est frère,
père, patron. Les dieux païens noirs sont exhumés et les aigles et
les chants de la mort.
Jamais il n'y eut de liberté, il n'y
a pas de liberté. Celui qui croit opposer le faux savoir à la foi,
l'orgueil prématuré au divin n'est pas libre.
Aujourd'hui ce sont les fils de cet
orgueil, enfermés dans des frontières, qui tremblent. Et ils sont
tous ennemis.
Et toi nouveau Tsar, maudit par le
petit père, tu serres la main au dictateur noir. Regarde la mer.
Elle sera rouge de sang.
Avec cette prophétie,
commencent les prédictions d'Angelo Roncalli sur la
politique, la paix et la guerre. Et la première concerne l'Italie.
Ses malheurs auraient commencé avec la prise de la Porte Pia, simple
illusion d'une liberté qui ne l'était pas réellement. Le prophète
attribue à l'Italie l'origine des maux de notre temps, dans une de
ses villes, celle du premier édit. J'ai pensé à Milan, qui vit le
premier édit concernant l'Église, celui de Constantin. D'autre part,
c'est à Milan que s'éveilla le fascisme. De quels autres maux est-il
question, je ne pourrais le dire, encore que Milan a connu aussi
l'essor du capitalisme et du socialisme.
Les monarques italiens sont
qualifiés de « faux rois », « fils de non-rois » : le prophète n'est
pas le premier à accréditer la thèse selon laquelle la dynastie de
Savoie aurait connu bien des tourments et des substitutions
d'héritiers. Mais peut-être s'agit-il des monarques italiens en
général, incapables de régner ? La prédiction ajoute que le peuple
n'a pas su les tuer alors qu'eux tuaient leur pays. Le roi en
question est sûrement Victor-Emmanuel III, « ombre du masque qui
crie », c'est-à-dire, sans aucun doute, Mussolini. Peu après, il
mentionne la rencontre grotesque de Monaco, où le Duce prit une
attitude de pacifiste et de médiateur alors que la guerre était
désormais sur le point d'éclater. Quant au fils de la Bête, c'est
sans doute Hitler. Par rapport à Mussolini, on le dit frère d'abord,
puis père, et enfin patron. Il ne pourrait y avoir de définition
plus exacte. Ni, pour tous les deux, de la guerre d'Espagne. Et
encore les allusions aux aigles, aux chants de la mort, aux dieux
païens noirs surtout, exhumés par le nazisme et singés par le
fascisme. Le culte du sang, de la race, de l'homme supérieur.
Puis le prophète dit que si, à cette
époque-là, il n'y a pas de liberté, il n'y en avait pas plus avant
et on peut voir là le résultat de la bêtise des hommes qui ont
opposé la science à la foi, l'orgueil à la divinité. Hitler et
Mussolini sont donc les enfants de ces erreurs.
Le dernier paragraphe concerne
Staline. Le petit père, qui porta effectivement des jugements très
sévères sur Staline, c'est Lénine. « Tu serres la main au dictateur
noir » : il s'agit du pacte entre l'U.R.S.S. et l'Allemagne nazie.
Staline le signa dans un but expansionniste mais la conséquence de
cet acte fut le sang d’une guerre horrible.
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14ème
prophétie
Unis dans l'orgueil de la
victoire, de la vengeance, dans le filet de l'expansion, vous vous
séparerez, et vous vous écroulerez, dans votre société nations.
Ce n 'est pas le privilège qui
peut apporter la paix au monde, ce n'est pas l'invasion, ce n'est
pas la séparation du sang. Fils du démon de Luther.
Les états du futur étaient hors
de vous, vous les avez ignorés, vous les avez piétines. Aujourd'hui
esclaves, demain maîtres éclairés.
Dantzig, blessure d'Europe, fléau
du monde.
Diviser le monde signifie diviser
et blesser, tuer.
Marche le fils de la Bête,
enfanté en un an dans le secret.
Souffrent les dociles esclaves
éternels fils de Dieu et de la Grande Mère très Sainte au delà des
monts Oural.
Par millions ils meurent en
silence, peu sera révélé.
Les morts ne parlent pas.
Le nouveau Tsar tue les vrais
fils du petit père. Il a les yeux du loup. Mais les loups sont à la
frontière. Pourquoi le voyageur aux yeux d'acier ne parle-t-il pas,
qui sait, peut-être le lui a-t-on demandé ?
Pourquoi fuit-il en silence ?
Sur la terre des anges il y a
trop d'orgueil. Le monde est sûr de sourire. Et les riches jouent
avec les chiots en feignant d'ignorer qu'ils sont les trois loups
des trois erreurs du monde.
Avertissement sévère pour la Société
des Nations, dont les erreurs sont la cause première d'une situation
qui a conduit les nationalismes à l'exaspération, à la « naissance
des États autoritaires en Europe. L'accusation des États
capitalistes protestants, fils du démon de Luther, est très claire :
Etat-Unis et Angleterre. Pour cette dernière, on ajoute très
précisément le colonialisme et l'exploitation des peuples. La
prophétie est très claire : les États du futur, ceux qui apporteront
une lumière nouvelle au monde, sont ceux qui sont aujourd'hui
colonisés, piétines, enchaînés.
Et voici la prophétie sur la Seconde
Guerre mondiale : même le nom de Dantzig est mentionné. La phrase
suivante a sans doute un rapport avec les diplomaties qui, en
essayant de faire une répartition du monde, ont entraîné une
séparation, laquelle est devenue une blessure, celle de la guerre.
Hitler, à nouveau, en marche. La
phrase « enfanté en un an dans le secret » reste mystérieuse. Je
n'ai pas réussi à lui trouver une signification convaincante même si
les allusions ne manquent pas, depuis les prétendues capacités
magiques du Führer au fait qu'il fut le produit d'une volonté
supérieure, décidé par le mal.
Puis, encore, la Russie. Envers le
peuple, qu'il qualifie d'esclave, beaucoup de compassion. Il parle
de millions de morts, avant la guerre, dans le plus grand secret. «
Peu sera révélé » : on a appris des choses sur les persécutions
staliniennes mais peut-être ont-elles dépassé tout ce que nous en
avons su et qui ne nous sera jamais révélé ? Encore Staline et ses
crimes contre ses ennemis à l'intérieur du Parti, les « vrais fils »
de Lénine.
Le voyageur des airs pourrait être
Lindbergh : il a un secret dont il ne parle pas. Et il s'en va en
silence. Hélas ! nous ne savons rien de ce secret, et si ce voyageur
devait être Lindbergh, désormais il n'est plus là pour le dire.
La « terre des anges » peut être
l'Angleterre dont le prophète dit qu'il y a trop d'orgueil sur sa
terre. « Le monde est sûr de sourire » : cette phrase donne une idée
exacte de la légèreté du monde à l'égard des drames qui vont se
produire, de l'inconscience de certains puissants qui jouent et
feignent d'ignorer que les destinées de l'humanité sont déjà
engagées. Les détenteurs du pouvoir économique ne sont pas épargnés,
qui, à des fins spéculatives, s'amusent avec le danger.
Quant aux trois maux du monde, ils
sont le capitalisme, le nazisme, le socialisme.
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15ème
prophétie
Grandes les races. On porte des
couronnes fausses sur des terres grandes, on donne des rois et des
chefs esclaves à des peuples civils, au nom du néant engendré par le
mal.
Celui qui peut agir reste
immobile, en espérant se sauver, ou prendre sa part du butin.
Dans les laboratoires on prépare
des armes inconnues de tous. L'Italie en est la forge.
L'Italie qui met dans le faux
marbre ce qu'elle n'a pas dans le coeur. Ses hommes sont des statues
sans pensée.
La guerre voulue. La guerre de
tous, sans frontières. Le fils de la Bête lâche les fauves.
Et l'Europe s'écroule, comme une
statue de boue.
La mer tue sous les eaux. Et le
ciel crache le feu. Des innocents tués dans les maisons.
Et où arrivent bottes et clous,
les enfants d'Israël connaissent le tourment. Bergeries pour leur
douleur et mort subtile. Les bourreaux savent, ils mentiront à
Nuremberg.
Cherchez-les toujours les
bourreaux, même quand vous les croirez morts. Cherchez-les partout
où vit le pouvoir avec la terreur. Cherchez-les dans les maisons de
celui qui s'est enrichi avec la guerre. Pas pour la vengeance, mais
pour empêcher qu'eux et leurs enfants envahissent encore le monde en
camouflant le mot et le chef.
On ne dira rien de l'Italie, mais
ses hommes sont complices.
Le fils de la Bête a dans le
coeur la grande arme.
Guerre et massacres odieux sont au
centre de cette prophétie. Au début, elle parle de faux règnes et de
gouvernements fantoches, imposés par les gouvernements
nazis-fascistes. Ces États, d'ailleurs, ne sont pas épargnés, qui
auraient pu empêcher ces violences mais ne l'ont pas fait dans
l'espoir d'en retirer des bénéfices.
Première allusion aux terribles
armes atomiques, en Italie où vivent les scientifiques qui les
créèrent. Encore l'Italie, accusée de dégradation de la pensée, de
fausse idéologie. Et puis, la guerre : « la guerre de tous, sans
frontières ». Les bombardements, les occupations, les persécutions
des minorités, les races, les rafles. Une réalité qui porte la
guerre dans chaque maison, frappant, outre les soldats, les civils,
les femmes, les enfants. L'écroulement de l'Europe sous l'assaut
hitlérien : une Europe qui n'est plus qu'une statue dé boue,
désormais en marche, prête à s'écrouler. Allusion aussi à la guerre
sous-marine, aux bombardements.
« Bergeries » symbolise la
persécution contre les juifs, le génocide, les camps de
concentration. Puis tombe l'accusation : « Les bourreaux savent, ils
mentiront à Nuremberg. » Et le prophète invite les hommes à chercher
les bourreaux, beaucoup d'entre eux sont vivants même si nous les
croyons morts. Ils vivent dans des pays où règne encore la terreur,
protégés par ceux qui se sont enrichis grâce à la guerre et aux
horreurs de ces mêmes bourreaux. Les chercher non pas pour se
venger, mais pour empêcher qu'eux et leurs disciples « enfants »
puissent se représenter au monde avec de nouvelles paroles, sous
d'autres aspects, avec un autre chef. (Là, le prophète se montre
très chrétien.) Mais ils seront toujours les mêmes. Des criminels
nazis, hélas ! il en existe beaucoup, qui ont survécu et complotent
encore, qui peut-être agissent déjà ou sont là, quelque part, cachés
derrière des fantoches, présents sur la scène mondiale.
Même l'Italie, ajoute le prophète,
est responsable des crimes perpétrés pendant la guerre, les plus
infâmes : il y a parmi nous beaucoup de complices, mais le silence
et la solidarité entre criminels les protègent.
« Le fils de la Bête a dans le coeur
la grande arme » : le prophète fait peut-être allusion à l'arme
totale dont parla Hitler et qui a peut-être réellement existé. Ou
bien s'agit-il d'autre chose, lié à la volonté de Hitler. Je n'ai
pas réussi à le déchiffrer.
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16ème
prophétie
Celui qui tomba dans le ciel
d'Afrique et dont l'aile fut frappée savait et pouvait agir. C'est
pour cela qu'il a été tué.
Sa femme secrète sait et détient
les lettres de la trahison. Elles apparaîtront à sa mort et alors
celui qui semble mouton apparaîtra loup.
Celui qui a allumé trois cierges
dans la nuit sainte s'est sauvé. Qui savait ?
Le nouveau Tsar a trahi, il a cru
avoir perdu. Il a tué ses hommes avant que les clous ne les aient
piétines. Et par sa lâcheté des millions tomberont. Mais son corps
honoré sera enlevé du sanctuaire.
La terre des anges pleure et son
chef va trahir. Autres lettres qu'un jour on connaîtra. Quand sera
découvert le secret de l'ami du fils de la Bête, envolé la nuit sur
la terre des anges.
La terre céleste est divisée,
envahie. Mais là agit le plus grand de tous, il sera un jour appelé
père et donnera de l'amour à son grand peuple. Il a trois ennemis,
il les abattra un à un. Le premier ennemi jaune a frappé les fils de
Luther, nus dans l'eau. Le second est sur sa terre et a de puissants
amis. Le troisième est le nouveau Tsar qui a ordonné de le tuer.
Cette prophétie fait allusion à des
événements très précis, des personnages facilement identifiables, et
pourtant nous sommes devant une série de mystères : car sous ces
faits, déjà connus parce qu'ils se sont déjà produits, se trame une
histoire secrète que nous connaîtrons peut-être un jour.
L'allusion à Italo Balbo (1), au
début, est claire. Il fut abattu en Afrique et « son aile fut
frappée ». Balbo fut tué par les siens. Le prophète laisse croire
qu'il pourrait s'agir d'un ordre. Or, Balbo « savait et pouvait agir
». Que savait-il ? Nous l'ignorons. Mais il est ici question de
lettres détenues par sa femme secrète - nous n'avons d'ailleurs pas
le moindre renseignement pour la reconnaître - et qui seront
révélées à sa mort - elle vit donc encore : alors, des personnages
seront démasqués qui, jusqu'à ce jour, sont considérés comme des
hommes justes et bons et qui ne sont que des traîtres.
Mystères pour les deux phrases
suivantes : je n'ai pas réussi à les interpréter ni à leur trouver
un lien avec le reste de la prophétie, consacré à Staline. Lâche et
traître d'après le prophète, ce dernier a assassiné les siens avant
même que les armes nazis-fascistes n'en aient tué d'autres millions.
Ces morts auraient pour cause première la lâcheté du dictateur
soviétique. Tout ce que dit la prophétie dans ce passage nous est
déjà connu et s'est déjà vérifié. A la suite du rapport Khrouchtchev
au XXe Congrès du P.C.U.S., le corps de Staline a bien été retiré du
mausolée de Lénine.
Puis il est question de
l'Angleterre, qui subit une dure épreuve en cette période. « Son
chef va trahir. Autres lettres qu'un jour on connaîtra. » Ce chef,
Churchill ? Et les documents seront connus, en même temps qu'on
découvrira le secret de Hess, défini, ici, comme l'ami de Hitler, et
s'envola une nuit pour Londres. L'Histoire nous réserve encore
d'autres révélations, annonce le prophète, toutes liées les unes aux
autres. Une série de trahisons, en Italie (comment expliquer
autrement l'allusion à l'assassinat de Balbo), en Angleterre, en
Union soviétique. Et les documents, encore inconnus à ce jour, nous
donneront une version plus claire des événements horribles de ce
temps-là. Ils feront la lumière sur les lourdes responsabilités de
personnes aujourd'hui réputées.
La dernière partie est consacrée
sans doute à la Chine, « terre céleste ». Il est question de ses
divisions internes, des luttes pour la conquête du pouvoir et de
l'invasion japonaise. « Mais là agit le plus grand de tous » :
référence évidente à Mao Tsé-toung, dont le prophète dit qu'il sera
grand un jour et comblera d'amour son peuple. Auparavant, il aura à
vaincre ses trois ennemis. Le premier, le Japonais, qui a frappé les
États-unis, « fils de Luther », lors des événements de Pearl Harbor.
Le second est le maréchal Tchang Kaï-chek. Le troisième est Staline
- dont le prophète dit même qu'il aurait donné ordre d'exécuter Mao
Tsé-toung.
(1) Italo Balbo fut l'un des
promoteurs du fascisme en Italie. Mort en 1940.
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17ème
prophétie
L'Europe est en fleur.
La France a deux chefs, mais
grand est celui du désert. Il doit une secrète reconnaissance au
général de l'Espagne.
On se bat mais des montagnes,
rouges et blanches, descendent les fleurs. Europe, ceux-ci sont tes
meilleurs fils, qui un jour seront trahis.
Parce que les chefs qu'ils
croiront abattre commanderont encore, toujours les mêmes.
Ils abattront les marionnettes de
l'argent, pas les patrons de l'argent. Et ils se laisseront séduire
par le nouveau Tsar, qui a vaincu malgré la trahison, grâce à
l'ardeur de sa flamme rouge.
Les fils de Luther en Europe. La
guerre des armes, les guerres des passions. Les jeunes des montagnes
ont de nouveaux drapeaux, que les puissants arracheront avec le
mensonge.
Attention aux fils de Luther et
aux fils du nouveau Tsar. Ils veulent un monde exsangue pour le
dernier repas. France, dresse la croix de Lorraine.
Europe,-brandis tes chants, plus forts que le son des canons. Le
fils de la Bête a échappé à trois attentats. Pas au quatrième. Ils
lui servent à tuer celui qu'il hait. Mais pour lui c'est la fin.
Enfermé dans la tanière, serré à la femme de l'autre. Sur sa mort,
le mystère. Mais attention à celui qui est sorti de la tanière à la
fin. Il sera long à mourir et prépare au monde d'autres plaies. Lui
connaît le vrai visage de la Bête.
Alors qu'elle débute sur une image
d'espoir, la prophétie passe subitement à la Résistance et, pour la
France, parle de deux chefs : le maréchal Pétain et le général de
Gaulle : « grand est celui du désert ». La Résistance française
n'a-t-elle pas commencé justement en Afrique ? Puis, une allusion
peu claire : de Gaulle devrait « une secrète reconnaissance » au
général de l'Espagne. A moins qu'il ne s'agisse de quelque général
espagnol non identifié, il y a tout lieu de croire qu'il s'agit de
Francisco Franco.
La Résistance est symbolisée par les
fleurs (signe d'espérance, d'enthousiasme) rouges et blanches qui
descendent des montagnes. « On se bat », dit d'abord le prophète. Et
l'on remarquera qu'il oppose toujours la guerre des armées
puissantes, froide, calculatrice, agitée d'intérêts économiques ou
peu avouables, à cette guerre d'enthousiasme de la Résistance qui
lutte pour la vraie liberté. Des partisans, il dit : « Europe,
ceux-ci sont tes meilleurs fils, qui un jour seront trahis. Parce
que les chefs qu'ils croiront abattre commanderont encore, toujours
les mêmes. » Une réalité que, hélas ! nous avons pu constater, en
Italie comme ailleurs. Ceux qui étaient le plus compromis par le
fascisme ont sauvé leur tête en retournant leur veste à la fin. La
Résistance a été trahie, désarmée au moment décisif. Et ceux que le
peuple aurait dû abattre, les plus grands responsables, ont repris
le pouvoir, plus ou moins cachés sous de nouvelles étiquettes. Parmi
eux, on trouve même ceux de l'État libéral, faussement démocratique,
qui permirent la montée du fascisme. Il s'agit, dit la prophétie,
d'une restauration, fomentée par les déchets du fascisme en Italie
et les autres forces réactionnaires à l'étranger, et non d'un nouvel
ordre de liberté. En fait, poursuit le prophète, « ils abattront les
marionnettes de l'argent, pas les patrons de l'argent ».
Et voilà que réapparaît Staline, «
qui a vaincu malgré la trahison », grâce à la force, au courage et à
l'abnégation des soldats de l'Armée rouge. Beaucoup seront séduits
par Staline.
Les Américains, « fils de Luther »,
entrent en guerre en Europe. Là encore s'oppose, à la guerre des
puissances, la révolte des individus dans la Résistance : « Les
jeunes des montagnes ont de nouveaux drapeaux, que les puissants
arracheront avec le mensonge. » Puis l'allusion, sans doute, au
partage du monde à Yalta. Attention, dit le prophète, « ils veulent
un monde exsangue pour le dernier repas ». Et, hélas ! ils l'auront.
Une invocation, ensuite, à la
France, à la croix de Lorraine de Jeanne d'Arc que brandissent les
résistants et de Gaulle. Et cette invocation s'élargit à toute
l'Europe : « Brandis tes chants, plus forts que le son des canons. »
Le chant de la véritable libération, celle qui mène à la liberté de
l'homme et non aux compromis tels que ceux imposés à l'humanité
après la Seconde Guerre mondiale : traité de Yalta, négation de la
liberté pour des nations entières, expansion des pays colonialistes,
dictature économique sur une grande partie du monde. Guerre froide,
guerre chaude.
La phrase suivante fait allusion aux
trois attentats dont Hitler aurait été victime. Ces trois attentats
sont connus, mais pas le quatrième. Étant donné que les attentats et
les complots contre lui furent légion, on ne peut savoir auquel il
est fait allusion. Les attentats auraient servi de prétexte à Hitler
pour tuer des hommes puissants qui lui faisaient obstacle ou qu'il
haïssait. Ils lui permirent de justifier des répressions
particulières ou l'élimination de personnalités adorées par son
peuple.
Le mystère plane sur la mort de
Hitler, poursuit la prophétie. Même si sa mort est bien décrite dans
le bunker, avec la femme de l'autre. Il s'agit, bien sûr, d'Éva
Braun, mais pourquoi est-elle décrite ainsi ? Y aurait-il eu un
autre homme que nous ne connaissons pas dans la vie d'Éva Braun ? La
prophétie se termine sur l'idée d'un mystère lié à la mort de
Hitler. Mais elle parle aussi de fin. Il est très difficile
d'extrapoler.
Le dernier paragraphe, par contre,
est terrible. Attention, dit le texte, à celui qui est sorti de la
tanière le dernier. Qui est-il ? Martin Bormann ? Un des autres
personnages obscurs qui entouraient Hitler les derniers temps de sa
vie ? On dit d'eux justement qu'ils furent les derniers à quitter le
bunker de Berlin. Selon de nombreux témoignages, quelques-uns
d'entre eux endossaient les habits sacerdotaux, rituel d'une
religion de la race et du sang, anti-traditionnelle, qui visait,
avec Hitler, à l'instauration du trop célèbre Ordre Nouveau.
Ceux-là seront longs à mourir et,
dans l'ombre, sûrement protégés, essaieront de prendre leur revanche
: le processus est peut-être déjà commencé, il prend peut-être un
visage indéchiffrable - sauf dans la violence de certains pouvoirs,
de certaines institutions. Celui qui est sorti le dernier du bunker
« connaît le vrai visage de la Bête ». La Bête, dont Hitler était
nommé le fils, pourrait être celle de l'Apocalypse. Et, dans les
moments les plus dramatiques de l'humanité, les forces monstrueuses
qui ont donné naissance au nazisme et conduit le monde à une guerre
épouvantable, avec son cortège de génocides, cruautés et violences,
pourraient rentrer dans le jeu.
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18ème
prophétie
Toi fils de Luther, tu ne verras
pas la fin de la destruction. Et ton successeur commettra plus de
crimes que toi, si c'est possible.
La grande arme explosera en
Orient, laissant des plaies éternelles. Cette marque lâche sur la
chair du monde ne sera plus effacée.
La grande arme inutile à la
guerre, utilisée pour le pouvoir. Pour épouvanter celui qui ne se
soumet pas à l'esclavage. Mais aucune arme n'arrête celui qui a la
foi. Et sur la terre céleste on se bat pour la liberté. Le petit
Tsar tremble à l'explosion. Il veut arrêter un peuple en révolte,
sur la terre céleste. Il n'y réussira pas.
Le traître de la terre des anges
a perdu les cartes. Elles réapparaîtront un jour. Lui a tué pour les
ravoir.
Sur la terre de Brahma une voix
désarmée. C'est la conscience du monde, qui ne mourra jamais, même
quand sa chair sera morte.
Le masque sera pendu par les
pieds dans la cité de l'Édit. Mais personne ne saura jamais comment
il fut tué. L'ordre est venu de loin.
Le roi qui ne fut pas fils de roi
ne reviendra pas en Italie. Et même l'homme qui se disait son fils
sera chassé. La nuit de la revanche sera dure.
O Israël qui retourne à ta terre.
Clarté impressionnante de cette
prophétie qui décrit une série d'événements qui se sont vérifiés. Il
reste des doutes sur certaines personnes et d'autres faits, parce
qu'ils ne sont pas connus, nous laissent perplexes.
La prophétie s'ouvre avec l'annonce
de la mort du président Roosevelt qui mourut avant la fin de la
guerre. Il est qualifié de criminel. C'est ensuite le tour de
Truman, pire encore, « si c'est possible ». L'explosion de la bombe
atomique au Japon est annoncée avec indignation, elle est condamnée
avec une extrême violence. « Cette marque lâche sur la chair du
monde ne sera plus effacée. » Ces explosions n'ont pas servi à des
fins militaires, et ce fait est confirmé par les études les plus
sérieuses, mais à un renforcement de pouvoir, politique et
économique. Une arme, la bombe atomique, a surtout servi à semer la
terreur chez ceux qui s'opposaient à une vraie lutte pour la liberté
totale. Tout de suite après, il y a une allusion au conflit entre
Mao Tsé-toung et Tchang Kaï-chek. Même Staline aurait été terrorisé
par la bombe atomique.
Ce même Staline tente d'arrêter la
marche de Mao et ce fait est désormais historique. Mais il n'y
réussira pas, même s'il a tout essayé, de la
séduction à la menace. Le peuple chinois, désormais, a
un chef et une voie.
On parle encore de Churchill, « le
traître de la terre des anges » : il aurait perdu des documents et
commis des délits pour les récupérer. Peut-être s'agit-il des deux
dossiers de correspondances entre Churchill et Hitler et, surtout,
entre Churchill et Mussolini. Ces documents seront révélés un jour.
On ne sait pas grand-chose sur ces
documents, on en a seulement entendu parler, et les témoignages
sérieux et connus ne suffisent pas pour faire la lumière.
Gandhi, « la conscience du monde »,
suscite l'enthousiasme et la sympathie du prophète. Il est défini
comme une des plus grandes figures de ce temps. Son assassinat est
annoncé, en même temps que ce que nous savons aujourd'hui avec
certitude : que sa voix désarmée ne mourra jamais, qui nous a
enseigné la sublime non violence.
Et voici Mussolini, « le masque ».
L'événement de la place Loreto à Milan est annoncé, mais le reste de
la phrase laisse planer un doute énorme : on ne saura jamais qui a
tué Mussolini, ni pourquoi. « L'ordre est venu de loin », dit
mystérieusement le prophète.
Celui qui n'est pas « fils de roi »,
Victor-Emmanuel III, est en exil. De son fils, Umberto II, le
prophète dit qu'il est « l'homme qui se disait son fils ». Il
n'était donc pas son fils ? Une belle intrigue, dans la Maison de
Savoie ! De toute façon, le résultat du référendum est prévu :
Umberto II sera chassé. Nouvelle inconnue avec la phrase suivante :
quelle est cette « nuit de la revanche » ? Quels sont les dessous
cachés de la chute de la monarchie et du départ de Umberto II ? Ce
sont sans doute les revanchards qui ont perdu, mais nous ne
connaissons rien de cette action.
La dernière phrase concerne Israël,
et annonce le retour des juifs sur la Terre promise, la naissance,
difficile mais enthousiasmante, du nouvel État d'Israël. Et cette
prophétie nous fait entrer dans l'après-guerre, même si de nombreux
points, déjà, nous y avaient fait pénétrer.
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19ème
prophétie
Aujourd'hui la Vierge apparaît.
Personne n'écoute ses paroles
parce que, comme toujours, la douce n'apparaît qu'aux humbles.
Les humbles peuvent écouter et
les humbles savent comprendre.
Seuls les humbles savent trouver
les paroles simples parmi les fleurs pour témoigner avec sincérité.
Très Sainte Mère immaculée qui descends sur la terre parmi les rosés
et parles à celui qui ne veut pas t'entendre. Très Sainte Mère au
coeur ouvert tu n'es ni une statue de chair ni un rêve ni une peur
comme on le dit. Tu es vive pour qui est vivant et tu parles au
monde en choisissant les plus simples. Mais tu sais aussi pardonner.
Dans ce texte, il est question
d'une importante apparition de la Madone, qui aurait fait de grandes
révélations à des gens simples mais que personne n'aurait entendue.
Hélas ! il n'est pas possible de situer cet événement dans le temps
ou dans l'espace, et rien ne nous permet de lui donner une
définition exacte. Ce texte n'a pas une simple valeur prophétique :
il est aussi poétique et utilise parfaitement, surtout à la fin, le
ton soumis et humble de la prière à la Vierge.
Les peuples jeunes et piétines
explosent, on lutte et on gagne. Sur l'extrême terre d'Orient, on
luttera longtemps, lointaine sera la paix. Et aux fils de Jeanne se
substitueront les fils de Luther. Mais tous seront vaincus.
Sur la terre céleste un seul
vainqueur, avec la pensée, avec l'action, avec la parole. Par lui,
un nouvel ordre des choses viendra au monde.
Les fils de Luther se battent
dans le monde.
Israël resurgit et triomphe. Mais
l'Islam n'est pas moins grand et le croissant est divisé.
La colère des esclavagistes se
déchaîne plus près maintenant que la guerre lointaine est perdue.
Les grandes armes sont partout
dans le monde et sont les clefs de la peur.
L'Europe est divisée. Un petit
mur, une grande honte.
Le petit Tsar meurt tué dans
l'ombre, dans sa tanière. Mais ses assassins étaient déjà en partie
morts, les autres se tueront entre eux.
Cherchez dans les eaux de la
Neva.
Occident civilisé, piétiné, têtes
en rang, peuples esclaves, Vous êtes des chrétiens persécutés, la
Mère du Silence ne meurt pas.
Celui qui a perdu la guerre la
gagne aujourd'hui.
Sur la terre de Jeanne, on tire
sur la croix de Lorraine. Non loin la seconde Elisabeth assiste à
l'écroulement de ce que construisit la première. Aujourd'hui la mer
est courte et la force est plus lointaine.
La guerre est dans l'homme,
désormais.
Nuremberg l'injuste. Les
assassins sont absents. Quelques-uns d'entre eux sur les sièges des
juges.
Cette ombre se répand loin.
Guerres de libération nationale,
luttes contre l'impérialisme et le colonialisme dans tout le tiers
monde. Il est très clairement question du Viêt-nam, où la paix est
dite très lointaine. Le prophète, très justement, dit qu'à la place
des Français viendront les Américains et que, même si elle est
lointaine, la victoire arrivera.
Autre victoire annoncée : celle de
Mao Tsé-toung. Avec lui, une lumière radieuse, au point que le
prophète affirme qu'avec sa pensée le monde pourra connaître « un
nouvel ordre des choses ».
Les États-unis sont obligés de se
battre sur de nombreux petits fronts, dans le monde entier. Et
Israël renaît et vainc. Mais l'islam n'est pas moins fort ni moins
grand : mais, hélas ! il est divisé. Quant aux esclavagistes, ils
doivent se battre plus près, parce que leurs empires s'écroulent.
La prolifération des armes
nucléaires est annoncée, « clefs de la peur », une des forces qui
soutiennent la guerre froide. Puis l'Europe, divisée : on parle
clairement du mur de Berlin.
Et là, terrible prophétie, il est
question de la mort de Staline, « dans l'ombre ». Staline assassiné
? On en parla, mais personne n'y crut. La prophétie se poursuit sur
un ton sibyllin : elle affirme qu'une partie de ses assassins
étaient déjà morts et que les autres, en partie, s'entre-tuèrent. La
seconde affirmation peut avoir un rapport avec les luttes internes,
au Kremlin, après la mort de Staline. La première est peut-être une
clef symbolique. A moins que ses assassins n'aient voulu venger
leurs camarades tués par Staline. Ainsi s'expliquerait la présence
de la volonté des morts dans l'action des vivants.
« Cherchez dans les eaux de la Neva
», dit le texte. La prophétie fait une nouvelle allusion à ce fleuve
de Russie : là devrait se cacher l'explication du mystère de la mort
de Staline. A moins que la phrase ne se réfère à quelque chose
d'autre que je ne réussis pas à comprendre. Il n'est même pas
mentionné si la vérité sur la mort du dictateur soviétique sera, un
jour ou l'autre, révélée.
Puis il est encore question des
peuples sous la botte communiste, de l'Église (« Mère ») du Silence,
de la chrétienté de ces peuples rendus esclaves. Mais cette
civilisation chrétienne est immortelle. Elle devrait finir par
vaincre.
« Celui qui a perdu la guerre la
gagne aujourd'hui. » Cette phrase peut avoir plusieurs explications,
mais il est difficile de dire quelle est la bonne. Il me semble
qu'il s'agit de la victoire économique de pays comme le Japon,
l'Allemagne et l'Italie, par rapport aux pays vainqueurs comme le
Royaume-Uni ou la France, économiquement plus faibles.
Dans la phrase suivante, il est sans
doute question des attentats contre le général de Gaulle. Puis, la
seconde Elisabeth, nommée clairement. Et le rapport entre la
première et la deuxième est accablant : la deuxième a vu s'écrouler
ce que la première avait édifié. Magie des prénoms, étranges
coïncidences de l'Histoire. « Aujourd'hui la mer est courte et la
force est plus lointaine. » II devrait s'agir d'une autre allusion à
l'écroulement de l'Empire britannique, qui a toujours tout misé sur
sa flotte, aujourd'hui inutile.
« La guerre est dans l'homme,
désormais. » Peut-être s'agit-il d'une référence à l'angoisse de
l'homme moderne, à ses luttes internes devant les événements
précipités, devant l'effondrement des valeurs que l'on croyait de
granit, face à la transformation violente, agressive, de la société,
de ses structures, des États, des lois, de la morale. L'homme vit un
grand conflit avec lui-même, pour trouver sa vraie dimension.
« Nuremberg l'injuste. » Une grande
partie de ce qui est arrivé, dit le prophète, est dû à l'injustice
de Nuremberg. Mais peut-être faut-il lire dans Nuremberg tout ce
qui, depuis les traités de paix jusqu'à Yalta, a tenté de mettre de
l'ordre dans un monde détruit, ne tenant compte que des seules lois
du pouvoir, du profit, de l'exploitation. Les vrais assassins
auraient été absents de Nuremberg, mais, de plus, quelques-uns des
grands criminels avaient pris la place des juges.
« Cette ombre se répand au loin »
est la conclusion désespérante de cette partie de la prophétie. Le
prophète est revenu souvent sur ce même thème. L'humanité devra
payer longtemps les erreurs des puissants. Longtemps souffrir à
cause des criminels de guerre laissés en liberté. Les vrais
coupables, insiste le prophète, sont libres. Et leurs complices sont
toujours puissants, ils ont toujours les mains libres pour mettre en
oeuvre de nouveaux plans criminels.
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20ème
prophétie
Hommes et coups de feu. En Europe
chefs d'État et adversaires. Quelqu'un tombera.
Sept veuves sont prêtes à
l'autel, elles attendent les époux.
Au sud de Luther agitations et
armes et peuples en cris. Le fils du soleil s'en ira plusieurs fois.
Mais ici Mammon commande et Dieu n'est que dans les mots. L'homme
sans cheveux, le paysan, sourit à l'Orient. Mais son sourire est un
rictus, parce que beaucoup souffrent et meurent à cause de lui. Il
abattra le géant, mais il restera petit.
Une famille de dictateurs prendra
le pouvoir sur la terre des fils de Luther. Elle versera le sang.
C'est alors que Noé commencera à
construire l'ultime Arche. Mais elle ne connaîtra pas les eaux,
grâce à la parole de celui qu'on ne connaît pas mais qui fait
trembler les puissants quand il descend de la montagne.
Le président tombera, tombera son
frère. Entre eux le cadavre de l'étoile innocente.
Il y en a qui savent. Demandez à
la première veuve noire et à l'homme qui la conduira sur l'île à
l'autel.
Leurs secrets sont dans les
armes, dans le crime. Et ce sont les secrets de celui qui n'était
pas à Nuremberg.
A trois ils tireront sur Je
président. Le troisième sera parmi les trois qui frapperont le
second.
Luther mourra et ce sera bien.
Derrière lui, l'ombre de qui a déjà tué. Sa voix mentait.
Le monde ne connaît pas de
fleurs.
La première phrase relate les
attentats dont sont victimes des chefs d'État et des personnages
politiques, parmi lesquels de Gaulle et Togliatti. « Sept veuves
sont prêtes à l'autel, elles attendent les époux » : peut-être
est-ce là une allusion à sept grands attentats politiques, avec sept
victimes. Il est possible aussi que la phrase cache quelque autre
révélation. En tout cas, le prophète reviendra sur ce thème.
L'Amérique du Sud, avec ses
agitations politiques, ses complots, ses coups d'État. Je crois
pouvoir dire que la figure qui correspond à l'image du « fils du
soleil » est celle de Juan Domingo Peron qui quitta deux fois
l'Argentine. Toujours par rapport à cette partie du monde, le texte
dit que ceux qui commandent là-bas sont des hommes qui parlent de
Dieu mais dans le vide, seulement pour spéculer. En réalité, seul le
grand capital détient le pouvoir, et le tout est orchestré par les
États-unis.
Le personnage qui suit devrait être
Nikita Khrouchtchev, dont le prophète décrit l'apparente bonhomie
contrastant avec les crimes qu'on continue de commettre en Orient,
sous son gouvernement. Depuis les révoltes socialistes étouffées
dans un bain de sang, jusqu'à l'oppression des peuples. « II abattra
le géant, mais il restera petit » : il s'agit sûrement de
l'opération de déstalinisation, dans le rapport Khrouchtchev, qui a
réussi à faire s'écrouler le mythe de Staline. Mais cet acte n'a pas
réussi à faire de son auteur un grand homme, il est jugé comme un
médiocre.
Aux États-unis, la famille de
dictateurs devrait être celle des Kennedy. Il est dit que, pour
conquérir le pouvoir, beaucoup de sang fut versé avant et pendant
leur règne.
« C'est alors que Noé commencera à
construire l'ultime Arche. » A cause de cet événement, un immense
péril est à craindre pour l'humanité. Peut-être une guerre mondiale,
peut-être un cataclysme pire que le déluge, puisque l'Arche dont il
est question est qualifiée d'« ultime ». On peut soit penser à la
guerre du Viêt-nam, soit au débarquement de la baie des Cochons,
soit au très dangereux affrontement entre Kennedy et Khrouchtchev,
lors de l'affaire de Cuba, qui risqua de provoquer la guerre
atomique.
Je n'ai pas réussi à comprendre à
qui se rapporte le paragraphe suivant de la prophétie : « Mais elle
ne connaîtra pas les eaux (une seule chose est claire : la paix sera
sauvée), grâce à la parole de celui qu'on ne connaît pas mais qui
fait trembler les puissants quand il descend de la montagne. »
Peut-être s'agit-il d'une intervention divine, ou d'un personnage
impossible à découvrir ?
Puis la mort des deux frères Kennedy
est annoncée. « Entre eux le cadavre de l'étoile innocente. » Mêlées
à ces attentats, il y eut d'autres morts mais le mot « étoile » peut
faire supposer qu'il s'agit d'une actrice, donc de Marilyn Monroe.
Les thèses selon lesquelles la fameuse actrice aurait été
assassinée, et était liée au clan Kennedy, sont de plus en plus
nombreuses. Mais il peut s'agir d'autre chose.
Puis le prophète nous dit comment
tout peut être expliqué dans le meurtre des Kennedy. Celui qui sait
est figuré par la « première veuve noire » et « l'homme qui la
conduira sur l'île à l'autel ». Jacqueline, veuve de John Kennedy,
épousa Onassis sur une île, Skorpios.
Onassis, on le sait, est mort. Se
peut-il que sa veuve sache vraiment quelque chose de fondamental sur
les attentats qui coûtèrent la vie à son ex-mari et à son
ex-beau-frère ? S'il en est ainsi, pourquoi se tait-elle ? Et quel
est le lien secret entre ces faits, qui l'unissait au second mari
disparu ? Hypothèse déconcertante. Surtout si l'on pense qu'elle fut
dictée en 1935.
« Leurs secrets sont dans les armes,
dans le crime. Et ce sont les secrets de celui qui n'était pas à
Nuremberg. » Alors que la première phrase est une accusation
violente contre Jacqueline Kennedy et Aristote Onassis, la seconde
remet en scène les forces du mal, des personnages qui se sont sauvés
au moment de la défaite du fascisme et qui agissent encore dans le
monde. Quels sont les liens entre tous ces faits ?
Le mystère se poursuit. Selon le
texte, les assassins de John Kennedy étaient au nombre de trois.
L'un d'eux, avec deux autres personnes, aurait participé aussi à
l'attentat contre son frère, Bob.
Nous voici devant un autre crime
atroce : l'assassinat de Martin Luther King. Pour le prophète, sa
mort a été un bien : « Derrière lui, l'ombre de qui a déjà tué. Sa
voix mentait. » L'explication est par trop évidente, mais elle peut
masquer d'autres allusions qui m'échappent. Peut-être est-ce lié au
meurtre des frères Kennedy ? Le jugement sur Martin Luther King n'en
reste pas moins très dur.
La phrase qui conclut la prophétie
insiste sur le moment dramatique qu'a connu le monde à cette
époque-là.
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21ème
prophétie
Les deux chefs rouges se
rencontrent, au nom de l'humanité. Sur la terre céleste il y a la
voix de celui qui aime le monde et parle pour les faibles. Le petit
homme utilise la force, il tue le printemps. Et ceux qui le suivront
le feront toujours.
On parlera de fausse paix, mais
les armes seront toujours cachées. Dans le ciel voleront des hommes,
et les hommes s'enthousiasmeront. Ils devraient trembler, parce que
c'est le mal qui a conquis le ciel, pour frapper la terre.
Dieu a fui, disent-ils. Dieu est
mort. Il s'est caché dans le coeur des jeunes. Et il reviendra pour
vaincre, quand les villes et les terres se seront elles-mêmes
consumées, pour redonner valeur à la vie. Il viendra de la terre
pour détruire le ciment.
Israël qui souffres et luttes,
pas moins que qui te donne l'assaut et ne sait partager ta
souffrance. Vous êtes frères, quelqu'un vous pousse à la lutte en se
tenant caché. Ici se décide le destin du monde.
Et dans le palais où s'embrassent
les États, le fugitif de la tanière est bien vivant. Du palais, la
haine pour Israël. Et ce sera un signe de ruine.
Homme qui es monté sur la lune,
regarde-toi : main- tenant tu la possèdes, mais reflétée dans une
boue apparente. Heurt entre deux jeunesses. La silencieuse vaincra
et le temps travaille pour la foi.
Sur le monde qui frémit, vents
chauds et froids, tempêtes sociales. Sang sous Luther, sang sur la
terre catholique usurpée, dans les pays voisins.
Le conflit sino-soviétique, déjà
prévu par le prophète, atteint ici sa dimension dramatique. Angelo
Roncalli ne cache pas ses sympathies, sa solidarité avec le peuple
chinois et le président Mao Tsé-toung. Il souligne la cruauté de
Khrouchtchev contre les peuples qui se révoltent et rêvent d'un
socialisme à visage humain. Même ses successeurs, écrit le prophète,
suivront son exemple sanguinaire.
La phrase suivante fait allusion à
la pseudo détente qui cacherait en réalité les intentions armées, le
désir de conquêtes du pouvoir. Et nous voici à l'ère spatiale :
l'homme est ravi par ces conquêtes qui devraient être scientifiques,
mais le prophète le met en garde. Il ne doit pas se réjouir mais
trembler. L'interprétation la plus correcte de ces lignes me semble
l'affirmation que les conquêtes spatiales cachent surtout des
expérimentations et des intentions belliqueuses, en plaçant des
armes tout autour de l'orbite terrestre. « C'est le mal qui a
conquis le ciel, pour frapper la terre. » Du ciel, donc, par suite
des expériences spatiales et de l'envol d'êtres humains dans
l'espace, pourrait venir le plus grand danger pour l'humanité.
L'époque que nous avons vécue et que
nous vivons encore, matérialiste, de consommation, de dégradation
pour l'homme, fait dire que Dieu est mort. Au contraire, il est
caché dans le coeur des jeunes. Ce sont les nouvelles générations
qui apporteront la rédemption. Le texte est plus que clair : notre
type de civilisation se consumera tout seul. Les grandes crises
énergétiques, économiques, sociales, ne sont que l'ultime
avertissement. Le monde ne peut avoir comme seule base la valeur
dégradante de la consommation : il finira par détruire cette
idéologie païenne - païenne puisque, par essence, elle n'est
destinée qu'à la consommation. Alors, la civilisation vaincra, grâce
aux jeunes qui ont gardé Dieu dans leur coeur, l'ont redécouvert
dans son repaire secret. « II viendra de la terre pour détruire le
ciment. » Une idée que le prophète avait déjà avancée ailleurs,
presque dans les mêmes termes. Il est certain, que, comme certaines
prophéties qui se sont vérifiées dans le passé, s'il doit y en avoir
d'autres dans le futur, celle-ci sera du nombre.
Israël, son drame, les guerres et
les guérillas. Pitié pour les souffrances d'Israël, mais aussi pour
celles des pays arabes. « Vous êtes frères, quelqu'un vous pousse à
la lutte en se tenant caché. » Nouvelle accusation portée contre
l'orchestration des sentiments des masses, au nom de la spéculation
politique et économique.
« Ici se décide le destin du monde.
» Justement au Proche-Orient, le prophète décèle un des points les
plus inquiétants pour l'équilibre mondial, un drame toujours latent,
qui peut entraîner des conséquences graves, irréparables .Le «
destin », pourtant, peut aussi en décider autrement - si j'ai bien
interprété. En tout cas c'est dans cette région que se joue le
destin du monde, pour le bien ou pour le mal. Il peut en résulter
des horreurs comme de grands bénéfices.
Le spectre du « fugitif de la
tanière » reparaît. Le texte prophétique insiste d'ailleurs
continuellement là-dessus. Le vrai coupable, qui aurait dû s'asseoir
au banc des accusés à Nuremberg, serait à l'intérieur des Nations
unies. Il y a là une allusion au vote de condamnation du sionisme à
l'O.N.U. « Et ce sera un signe de ruine. » Indubitablement,
l'antisémitisme d'aujourd'hui serait exacerbé et suscité par les
mêmes personnages qu'hier. Dans l'ombre sous Hitler, dans l'ombre
aujourd'hui, là sont les vrais ennemis de l'humanité, protégés par
de monstrueuses complicités politico-économiques.
Et nous sommes au fond du gouffre. «
Homme qui est monté sur la lune » (le prophète prévoit aussi le
débarquement du satellite), « regarde-toi : maintenant tu la
possèdes, mais reflétée dans une boue apparente. » Nous avons
attaqué le ciel, mais nous avons abruti le monde. Nous avons cherché
à nous élever, et nous sommes tombés bien bas, toujours plus bas.
Notre lune, que nous croyions avoir gagnée, est dans la boue. Haine,
racisme, guerre dans plusieurs parties du monde, désordre social,
exploitation de l'homme par l'homme, capitalisme, lutte des classes,
peuples civilisés soumis au pouvoir bureaucratique, violence
croissante, tout, dans cette époque que nous vivons,.a poussé
l'homme à se refléter dans la boue. Mais il faut garder l'espoir,
dit le prophète. Il faut même en être convaincu : « Le temps
travaille pour la foi. » Auparavant, en parlant des heurts entre
deux jeunesses, il a voulu dire toutes les impatientes juvéniles,
les luttes étudiantes, la rébellion sociale des classes les plus
jeunes. Il est symptomatique qu'il ait parlé de « deux jeunesses »,
car la lutte des jeunes, aujourd'hui, n'est plus tant dirigée contre
les générations plus âgées que contre celles qui leur sont plus
proches, d'autres groupes de jeunes aussi. Ces nuances déconcertent,
dans un texte de 1935. Elles dépassent la prophétie et arrivent à
des subtilités rarement enregistrées dans n'importe quel type de
prophétie. Encore des luttes dans le monde, surtout sur un plan
social Révolutions, coups d'État, agitations au sud de Luther, en
Amérique du Sud. Il est inutile de dresser la liste des événements
que connaissent ces pays. Mais il y aura aussi du sang dans la «
terre catholique usurpée », l'Espagne. Les meurtres, les conflits,
nous les connaissons. Même ceux des pays voisins - le Portugal par
exemple. Et nous avons déjà un oeil dans le futur.
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22ème
prophétie
Grand éclair à l'Orient. Vous
n'entendrez pas Je tonnerre, lui aussi sera imprévu.
Ceci arrivera quand en Orient
sera mort un chef et en Occident, sera tué un chef. Au sud de
Luther.
Refusez les assassins qui se
présenteront, refusez ceux qui seront présentés. Les assassins sont
en Europe. Ils veulent la Méditerranée. Puis il y aura le meurtre
sans assassin.
Le temps a nourri un esprit
trouble, à l'ombre de la croix rouge et noir, inconnue de tous,
fille des fugitifs de Nuremberg.
Elle a ourdi le crime contre
elle-même. Il y en a qui renoncent à la vie, par amour du mal.
La terre frisera le massacre. Un
seul mourra pour tous et il était le meilleur.
Ce n'est pas le temps d'un roi,
ce ne l'a jamais été. Depuis la mort de Frédéric, chaque roi est
usurpateur. Que le roi s'en aille, reste le peuple. L'Europe a soif,
elle aura du sang dans les rues.
Mais aussi de grandes processions
et la Vierge Heureuse descendra sur terre. Vous ne la verrez pas
dans la grotte, mais dans un coeur qui revivra. Depuis les ténèbres,
elle apportera la parole que tous comprendront.
C'est le temps des lettres.
Quelque chose d'imprévu, de très
grave certainement, arrivera en Orient. Il ne doit s'agir ni de la
Russie ni de la Chine, mais d'un de ces pays limitrophes, car les
deux grands pays sont plus clairement décrits par le prophète. Un
éclair, donc une fulguration, suivi d'un coup de tonnerre. Quelque
chose de particulièrement menaçant, donc, devrait arriver après la
mort de deux chefs, donc de deux hommes d'État, l'un en Orient,
l'autre en Occident. Ce dernier sera d'ailleurs assassiné. Il ne
s'agit pas nécessairement de chefs à leur poste, les événements
peuvent fort bien arriver au cours d'un voyage, surtout l'attentat
que le prophète voit « au sud de Luther », en Amérique latine.
A ce point de la prophétie, comme
cela arrive très souvent en pareil cas, une mise en garde : ceux qui
se dénonceront ne seront pas les véritables assassins, ni ceux que
les autorités ou l'opinion publique accuseront par la suite.
« Le temps a nourri un esprit
trouble, à l'ombre de la croix rouge et noir, inconnue de tous,
fille des fugitifs de Nuremberg. »
La revoilà, cette menace que font
peser ceux qui n'ont pas été traînés à Nuremberg, les vrais
coupables, cachés ou en fuite. Les survivants du nazisme ont préparé
des plans, et des hommes - un en particulier, responsable des crimes
déjà détaillés.
Et le complot, parce qu'il faut bien
parler de complot, doit être lié à des hommes et des mouvements
politiques et sociaux plus récents; l'hérédité des « fugitifs de
Nuremberg » encourage une action contre l'Homme, dont la portée
dépasse de loin tout ce que nous pouvons imaginer.
Ces forces ont forgé des
personnalités bizarres, capables de se frapper elles-mêmes, de
sacrifier leur vie pour exécuter leurs desseins, selon la ligne
décidée par le mal. « La terre frisera le massacre », mais un homme
se sacrifiera, qui est ici jugé le meilleur de tous. Sa mort, celle
d'un innocent, d'un personnage qu'il nous est impossible de
découvrir (peut-être le pape), sauvera l'humanité de la catastrophe.
Ce n'est pas la première fois que l'Histoire connaît de semblables
événements. Tout de suite après, il est question d'une monarchie en
Europe, soit déjà en place, soit en pleine restauration. De toute
façon, elle est appelée à s'écrouler : ce n'est plus l'heure des
rois. Dans les phrases qui suivent, le prophète va faire une
véritable démonstration de connaissance ésotérique, en se référant
directement à la tradition occidentale, précisément à celle du Graal
: depuis la mort de Frédéric, tout roi est un usurpateur. La figure
du roi, en fait, selon cette authentique tradition, n'est pas celle
des monarques que nous connaissons, des rois des derniers siècles,
tous usurpateurs d'une figure impériale, symbolisée dans sa dernière
incarnation, Frédéric Barberousse, non pas dominateur mais
conciliateur du monde, comme le fut le roi Artus, fondateur de
l'ordre initiatique-monastique-chevaleresque de la Table ronde.
Déchue, cette figure du monarque
esclave des esclaves, justement parce qu'il est élu à la grâce de
Dieu, qui tendait seulement à aplanir les discordes et à porter la
paix parmi les peuples, les rois qui ont suivi ont tous été des
usurpateurs, donc des despotes, sur lesquels s'est abattue, entre
autres, la malédiction des Templiers, toujours clef symbolique. Et
sûrement pas, comme on le pense superficiellement, vengeance du sang
sur des familles, des dynasties ou des personnes. La voie ésotérique
ne connaît pas les vengeances temporelles, elle a seulement un grand
plan de bonté qui doit être le chemin qui mène à Dieu.
Ce roi de la prophétie s'en ira et
le peuple se gouvernera, lui-même. Mais il devrait s'ensuivre des
désordres, des insurrections, peut-être même le déchaînement d'une
réaction qui ensanglantera toutes les routes d'Europe. « L'Europe a
soif », dit d'ailleurs le texte, il se peut qu'il soit question, là,
de quelque calamité, peut-être une famine, ou une sécheresse, à
moins qu'il ne s'agisse d'une « soif » de liberté et de justice.
Le monde devrait en même temps
connaître un grand réveil religieux, il est question ici de
processions, d'une apparition de la Vierge Marie. « Vous ne la
verrez pas dans la grotte, mais dans un coeur qui revivra. » La
prophétie pourrait laisser entendre que l'apparition ne sera pas
ordinaire, traditionnelle, mais plutôt d'ordre traumatique :
peut-être s'agit-il ici d'un fabuleux succès médical, ou du retour
de quelqu'un que l'on croyait disparu et qui témoignera de choses
capables de renverser le monde et de le toucher au plus profond de
sa sensibilité religieuse. « Depuis les ténèbres, elle apportera la
parole que tous comprendront. » La révélation de Marie, faite d'une
façon totalement nouvelle, viendra des ténèbres, ou même d'une
expression du mal : en tout cas, elle sera si forte et si claire que
personne ne pourra rester insensible.
« C'est le temps des lettres. »
Si nous nous appuyons sur ce que
nous avons déjà vu dans ce texte, on peut penser qu'en cette période
apparaîtront des documents secrets, gardés cachés depuis longtemps,
et qui résoudront une grande énigme. Nous ne savons de quelles
lettres il s'agit, mais, à notre avis, il ne peut y avoir que
quelques explications ; ou ces lettres concernent le meurtre de
Kennedy, ou ce sont celles qui ont un rapport avec la mort d'Italo
Balbo, ou, enfin, c'est le fameux dossier Churchill. A moins que ces
documents ne fassent allusion à un événement du présent ou du futur.
En tout cas, il est, d'après moi, exclu que ces lettres aient un
quelconque rapport avec la littérature ou même un fait littéraire
retentissant.
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23ème
prophétie
Alexandrie est la terre du
Concile du monde et ici se rassemblent ceux qui croient en l'homme.
Christ est homme parce que Dieu. On se prépare à la grande lutte de
l'esprit contre celui qui le nie.
Toi Marcus, tu ne pourras rien de
loin et tu ne sauras pas diviser, ton couteau est léger mais trop
effilé. La lumière de la rencontre de paix se réfléchit, le
reconnaît, le met en pièces.
Israël qui trouve en ces jours
une nouvelle terre autour de la cité aux toits d'or. Il est temps de
laver le sang de tes enfants. Israël accourt dans la cité et la
sauve. Finalement, l'étoile a six pointes.
L'homme seul sur les rives de la
Neva parle au monde et se tue. Dieu aura pitié de lui, qui le créa
pour cet instant. Ces paroles seront recueillies, elles seront
rosaire.
Et d'autres près de la Neva
tueront. Aujourd'hui, du fleuve finalement intact, sort le corps
jamais retrouvé du moine saint. Et ses fils secrets, priant dans le
sépulcre, se compteront. Ils regarderont vers la cité aux toits d'or
et leur prophète mort dans la Neva, l'ultime parole aux lèvres, sera
écouté partout où le drapeau est rouge.
Deux séries de prophéties, dans ce
passage, bien précises. La première concerne un concile, non pas de
l'Église catholique mais de tous les mouvements spirituels du monde.
Ceux qui travaillent pour le bien de l'homme, pour une unité contre
les forces coalisées dans la lutte contre l'homme. Le texte, en
fait, annonce très clairement la « grande lutte de l'esprit contre
celui qui le nie ».
Là, un mystérieux personnage, nommé
Marcus dans le texte, est mis en cause. Il essaie, de loin, de
bouleverser les travaux de cette assemblée en frappant et en
divisant. Mais il n'y réussira pas, ses intentions seront dévoilées,
ses desseins démasqués et arrêtés avant qu'il ait pu agir.
C'est ensuite au tour d'Israël. La
prophétie est pour le moins déconcertante. La cité aux toits d'or
est sûrement Prague, et Israël devrait trouver là une nouvelle
terre. Le texte laisse entendre qu'une révolte des pays de l'Est
aura lieu, en Tchécoslovaquie surtout, qui entraînera une
intervention militaire des Israéliens. « II est temps de laver le
sang de tes enfants. Israël accourt dans la cité et la sauve. »
Prague, sans doute, et une révolution qui mènera les juifs à venger
dans Prague un affront à la civilisation. Ils réussiront, comme le
dit la phrase suivante qui annonce la victoire : « Finalement,
l'étoile a six pointes. »
Autre fait éclatant, un grand
personnage, peut-être un persécuté, un philosophe ou un artiste, ou
un homme politique, se suicidera en Russie (« sur les rives de la
Neva ») et laissera au monde un message qui le bouleversera. Ce
message sera écouté partout, il frappera et secouera toutes les
consciences civilisées. Et Moscou, pour cet événement, connaîtra des
soulèvements, des crimes, des révoltes.
La prophétie qui suit est tout à
fait extraordinaire, car le fameux moine saint ne peut être que le
célèbre thaumaturge, Raspoutine, qui mourut, précipité dans la Neva
par le prince Yussupoff. Ce dernier avait tout essayé : une dose
massive de poison, des coups de barre et de pistolet. Il jeta le
corps encore vivant dans le fleuve, où il fut retrouvé au milieu des
glaces. Nombreux sont ceux qui pensent que Raspoutine n'était pas
mort et que le cadavre repêché dans le fleuve était celui d'un
inconnu. Les enfants secrets de Raspoutine - il y a ici une allusion
très nette à la tanière, c'est-à-dire au lieu et au symbolisme des
réunions ésotériques de la « Secte des Chlystes et des Amis de Dieu
», cette organisation initiatique orthodoxe, dont Raspoutine fit
partie et devint le représentant occulte et le vrai maître - ces
fils secrets, donc, pourraient être les initiés, ralliés à l'Église
orthodoxe très présente dans la réalité populaire de la Russie et
des autres pays satellites.
Il est difficile de donner un ordre
aux événements mais il est possible de savoir ce qui va se passer.
L'homme qui se suicide en Russie sera un exemple, il deviendra le
flambeau qui déchaînera tout le grand mouvement populaire religieux
de la révolte et les chrétiens de la Russie suivront l'exemple de
Prague et commenceront à lutter pour leurs libertés religieuses. Le
message lancé du fond de la Neva sera rattaché aux antiques vérités
et traditions, peut-être sera-t-il poussé par un mouvement
initiatique lié à Raspoutine dont on a dit tant de choses, mais qui
ne fut pas le monstre que l'on pense communément. De toute façon,
cette réalité se répandra dans tous les pays communistes, partout où
le drapeau est rouge.
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24ème
prophétie
A l'Orient azur, un nouveau
soleil, sur la terre azur et antique sera découverte la tombe du
premier empereur choisi parmi les humbles. Des chants s'élèveront et
des gens en fête, fête de pauvreté et de joie, marcheront vers les
terres esclaves pour les libérer avec amour. Sur le fleuve, beaucoup
mourront mais les sentinelles d'un jour proche seront éternelles.
Homme de Boston, neveu du poète,
grâce à toi et à ton rêve de dérision, l'arme terrible sera
inoffensive. Et l'énergie soignera les maux.
De nuit, le grand enlèvement. Les
deux hommes qui se croient les maîtres du monde, portés devant le
tribunal sur la plus grande place du monde, devant les hommes de la
terre et poursuivis par ceux qui se sont révoltés. Les hommes de
science condamnés par eux à l'esclavage du pouvoir, à mettre leurs
talents au service de la mort, seront les accusateurs. Puis ce sera
le tour des persécutés. Terrible sera la condamnation et l'homme se
retrouvera lui-même, dans l'accolade entre la science et la foi.
Les actes du procès seront le
poème des gens, et les paroles seront douces pour les humbles,
terribles pour les puissants orgueilleux. Les armées envoyées se
sont arrêtées aux limites de la place et les hommes-soldats ont
retourné leurs armes. Les armes sont vaincues ce jour-là. Celles de
la terre, celles du ciel.
Encore la Chine, cette terre qui
devrait faire apparaître un nouvel astre, lié, semble-t-il, à la
grande tradition. La découverte de la tombe du premier empereur est
en fait une expression ésotérique qui se réfère à un lien avec la
vérité perdue réincarnée : pour le cas présent, elle se réincarne
dans le peuple. « Choisi parmi les humbles », dit clairement le
texte prophétique. L'avènement de ce chef qui représente tout le
peuple coïncidera avec une grande action, que l'on peut imaginer
être une marche de tout le peuple chinois contre l'Union soviétique,
dans l'intention de libérer les civilisations opprimées par la
bureaucratie du Kremlin, et de rendre aux peuples frères l'amour. «
Les libérer avec amour », dit le texte.
Mais cette action, présentée comme
un acte d'embrassement, aboutira à la tragédie, il y aura des
combats et sur le fleuve, que je présume être l'Ussure, beaucoup de
Chinois mourront, « mais éternelles seront les sentinelles d'un
temps voisin ». Leur mort, donc, ne sera pas inutile, puisqu'ils
serviront d'exemple à une action nouvelle, très proche, qui devrait
faire triompher la cause pour laquelle ils s'étaient mis en route et
avaient trouvé la mort.
Nous sommes aux États-unis, on parle
d'un inventeur, un homme de science de Boston, neveu de poète. Cet
homme, depuis longtemps, a fait une découverte qui a soulevé les
moqueries autour de lui, pour laquelle il a même peut-être été
persécuté. Mais aujourd'hui il arrive à la notoriété, et cette
nouvelle découverte est capable de rendre inefficace « l'arme
terrible ». La référence peut porter sur les armes nucléaires que
nous connaissons aujourd'hui, mais peut-être autre chose encore, de
supérieur, que nous ne connaissons pas encore. La découverte de
l'homme de Boston, donc, ôtera tout leur pouvoir aux armes, ou à
cette arme supérieure, et l'énergie ne servira plus qu'à la
médecine. Peut-être s'agit-il vraiment de l'énergie atomique ?
Ensuite, une prophétie assez
bouleversante qu'il faut prendre à la lettre, car il est difficile
de penser que les allusions soient cachées.
Les peuples se rebelleront contre
deux grands chefs, deux puissants, peut-être à un moment critique
précédant une guerre. Les peuples n'accepteront pas d'être manipulés
par ceux qui détiennent le pouvoir, peut-être justement deux
dictateurs. Et ces deux personnages seront enlevés, portés sur la
place la plus grande de la terre et jugés en public. L'accusation
sera portée par les hommes de science qui pourraient en être les
grands instigateurs; ils sont révoltés eux aussi contre ce pouvoir
qui a fait d'eux les esclaves de ses desseins. Et ces desseins
coïncident rarement avec un authentique progrès de l'être humain. La
prophétie est très claire quant au fait que le pouvoir a obligé les
scientifiques à travailler, à « plier leur esprit » pour la mort de
leurs frères. La condamnation des deux despotes sera exemplaire et
cet événement unira les hommes d'une façon nouvelle, dans un
embrassement que le prophète, de façon synthétique mais avec un
grand souffle, capable de donner l'intuition de la réalité de cet
avenir, définit comme une « accolade entre la science et la foi ».
« Les actes du procès seront le
poème des gens » : le fait sera vraiment exemplaire, il inspirera
peut-être, outre une nouvelle législation, de nouveaux rapports
entre les hommes, les États, les idéologies, des artistes et des
oeuvres immortelles. De toute façon, les résultats du procès
donneront toujours force et courage aux humbles et seront un exemple
pour les puissants de demain. La dernière partie du texte dit
comment, pour défendre les deux accusés, des armées ont avancé, qui
se sont arrêtées sur la place. Sans aucun doute, les soldats se sont
sentis des hommes, ils ont retourné leurs armes et se sont unis aux
autres rebelles au nom des valeurs humaines.
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25ème
prophétie
Du Sud contre Luther et les
héritiers de Nuremberg, ceux qui manquaient, ceux qui s'asseyaient
sur le siège des juges.
Celle qui fut colonie esclave du
cuivre et du sel impose son commandement populaire. Et un saint
arrivera dans la cité blanche pour dire haut, pour dire vrai.
Derrière lui, la poitrine nue,
les humbles qui porteront la justice sur la terre de Luther, hier
déchirée. Les terres de l'ouest qui s'étaient rebellées, leurs
hommes enfermés dans le ciment parmi les palmiers, avaient combattu.
Luther avait deux chefs ennemis et divisés. De l'autre côté du petit
fleuve, le commandement du peuple et l'ordre de céder au peuple qui
aujourd'hui a le pouvoir de la parole, aujourd'hui que les armes
sont mortes.
Luther connaîtra des luttes, des
réconciliations, puis une seule parole, la plus haute, celle déjà
prononcée. Et sous la statue de la première sainte, la charte de
l'amour sera signée. Sur les lacs, celui qui hait attend, veut tuer
et n'ose pas.
Aujourd'hui seulement finit
Nuremberg.
Mais attention au visage qui
sourit, et vient du Sud, plus au Sud que tous. Son coeur était
toujours au Nord, il est revenu le reprendre, avec les frères noirs.
Il y a encore la peur, mais dans la paix tous les hommes du haut et
du bas Luther chercheront quelqu'un. Et le jour où une femme jurera
sur la Bible rénovée sera jour de paix.
Une grande révolte populaire en
Amérique latine, un mouvement de masse contre les États-unis :
l'événement provoquera la chute - peut-être même fera-t-il
définitivement tomber le masque - des « héritiers de Nuremberg »,
soit les nazis, soit ceux qui étaient du côté des vainqueurs et
avaient pris place sur les sièges des juges. Mais qui, comme le
redit le prophète, auraient dû être au banc des accusés. -
Un « saint », avant que cette
révolte sud-américaine n'ait lieu, sera arrivé dans la ville blanche
- lieu que je n'ai pas réussi à identifier mais qui doit se trouver
aux États-unis - et aura prêché, ouvert la voie au grand mouvement
populaire qui le suivra. Il y aura avant tout les humbles, et leur
discours sera un discours de justice.
Mais, avant cet événement, la
prophétie en fait surgir d'autres, déjà arrivés. Aux États-unis, et
ceci est l'explication la plus claire, la plus simple, l'unique que
j'ai réussi à vérifier, il a dû se passer auparavant de graves
incidents. Peut-être une nouvelle guerre de Sécession, en tout cas
une lutte à l'intérieur du pays, qui a provoqué le partage en deux
des États-unis. Peut-être, et c'est le plus plausible, à cause d'une
bataille économique à l'intérieur du pays avec les États de l'Ouest
qui n'ont pas voulu être entraînés par Washington dans un krach
politique ou économique, se sont révoltés et regroupés en une
fédération, pour défendre leur économie propre.
A cause de cette révolte des terres
de l'Ouest, peut-être les États-unis ont-ils même connu une guerre
civile. Au moment où l'Amérique du Sud se révolte à son tour, contre
les États-unis qui les maintiennent en l'état de colonies. Et
l'Amérique du Nord devient à son tour le centre d'un écroulement
économique qui lui ôte tout pouvoir colonisateur; à sa tête, deux
chefs d'État, deux présidents.
« Aujourd'hui que les armes sont
mortes. » En cela, peut-être, l'explication des événements qui
permirent aux Sud-Américains d'avoir raison du colonialisme
économique des États-unis. Le monde en marge avancera, il y aura des
conflits, des luttes, mais aussi des retrouvailles. On peut penser
que si une partie des Américains, peut-être une des deux factions en
lutte, s'oppose à l'invasion - invasion d'un caractère pacifique -
l'autre, au contraire, lui apportera son soutien. Et ce mouvement
pourrait entraîner avec lui toutes ces forces populaires, ces
minorités, ces mouvements intellectuels, qui, ces derniers temps,
ont si profondément secoué la conscience des États-unis.
A la fin, c'est la paix qui vaincra
et « sous la statue de la première sainte, la charte de l'amour sera
signée ». La première sainte pourrait être sainte Marie Cabrini, la
première béatifiée des États-unis. Et les bases de la paix peuvent
être d'ordre religieux. De toute façon, le bouleversement mènera
sûrement à la rédaction d'une charte fondamentale qui prendra en
considération, enfin, les exigences de tous les hommes, même de ceux
qui, auparavant, étaient tenus à l'écart. On peut supposer qu'un
nouvel ordre économique, plus encore que politique, sera créé, fondé
peut-être sur des principes religieux primitifs, chrétiens.
Au Nord, donc, des groupes
s'opposent encore au nouvel ordre et s'arment auprès des grands
lacs, attendant le moment de réagir, d'abattre tout ce qui a été
construit. Mais il semble que cette tentative posthume ne se
réalisera pas. « II n'ose pas », dit clairement le texte, pour
ajouter aussitôt après une phrase consolante : « Aujourd'hui
seulement finit Nuremberg. » Avec ces événements, enfin, la
malédiction que l'humanité traîne derrière elle depuis des décennies
se meurt enfin.
Il y a encore un danger, et le
prophète nous met en garde. Quelqu'un qui vient du Sud, que tous
croient être un homme bon, mais qui est en réalité marqué par le
mal. Il a laissé son coeur au Nord, « il est revenu le reprendre,
avec les frères noirs ». Sur ce personnage, le texte ne donne pas
d'autres détails. Il n'est pas possible non plus de savoir
exactement qui sont ces « frères noirs ».
La peur encore, les tensions, mais
tout devrait se terminer dans une fraternelle accolade entre les
peuples du Nord et du Sud de l'Amérique. Et ces retrouvailles de
paix devraient se passer un jour de paix, quand « une femme jurera
sur la Bible rénovée ». La Bible rénovée pourrait confirmer
l'hypothèse selon laquelle tout ce mouvement social serait lié aux
principes du christianisme. De toute façon, une chose est certaine :
une femme sera présidente des Etats-Unis. Et ces États pourraient
réunir tout le continent américain.
A ce point des prophéties
s'insèrent, dans un ordre précis, quelques phrases que je n'ai pas
réussi à déchiffrer. Elles devraient sans doute concerner le futur,
mais elles restent hermétiques et je suppose que, pour une bonne
part, elles doivent avoir une signification ésotérique. Je me limite
donc à transcrire ces passages, et à n'intervenir que lorsque existe
une possibilité d'interprétation claire.
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26ème
prophétie
Lumière de la lumière et antique
flamme chaque espérance arrive à sa rive.
Amie rotonde défais tes cheveux,
quelqu'un tombe, ne le ramasse pas.
Le visage de la femme est homme
et l'unité n'existe pas sinon là où la glace se lève et descend.
Peut-être s'agit-il là d'une
calamité due à une quelconque altération dans la calotte glaciaire,
les glaces vont peut-être rejoindre les autres mers. Et cette
hypothèse peut se trouver confirmée par quelques allusions du texte
qui suit :
Prométhée a rendu le feu et
l'homme n'ose plus le défier, entouré par les glaces toujours plus
hautes. Et il regarde le froid, tandis que le chaud est en haut, ce
n'est pas le soleil, c'est l'espoir. Quelqu'un comprendra, mais il
faudra du temps.
Le texte qui suit, au contraire, est
resté pour moi complètement impénétrable :
Madone des neiges et des steppes,
enfuie dans la nuit avec le nouveau fils, tu as vu le noir et tu
as attendu, en te réchauffant avec la boue.
Petits vers de la terre du
soleil, plomb coulé sur les ponts de satan.
Il n'y a pas de plomb dans la
roche, ni de fer, ni de main capable. La révolte est celle des fous,
troupeau en folie qui se révolte contre lui-même et cherche dans le
soleil le cimetière des pères.
Là il y a des os, et un seul
visage intact blanc dans le sourire.
La tête de l'île Égée aujourd'hui
parle.
Seule cette dernière phrase est liée
à l'ésotérisme, même si ce n'est pas tout à fait certain. L'île
d'Egée pourrait être celle de Lesbos, où, selon la tradition
ésotérique d'Orphée, la tête du grand maître du même nom fut
conservée. Même détachée du corps, la tête parlait encore quand elle
fut interrogée par ces initiés qui avaient atteint la pénétration
des mystères orphéens. Mais la phrase reste très isolée, sans aucun
lien avec ce qui suit :
Je dis vos prénoms, parce que
vous ne pourrez vous cacher quand vous serez appelés.
Wang, Levi, Rustov,
Sherman, Tour.
Léonard sera au-dessus de vous,
maître et frère, maître et esclave. Unis donc avant le passage noir.
Ce passage aurait une explication,
selon la tradition ésotérique, mais on ne peut y déceler une réalité
future.
Gog et Magog se disputent son
nom, mais ils connaissent tous deux le passage, aujourd'hui que le
Calvaire est retourné.
Mais la croix n'est pas prête.
Gog et Magog, les villes des terres
noires, selon la tradition, celles du mal contre lesquelles lutta le
moine Jean, chef du pays invisible, sont destinées à donner
naissance à l'Antéchrist, la figure qui est toujours présente dans
tous les textes prophétiques, surtout dans l'Apocalypse de saint
Jean. « Aujourd'hui que le Calvaire est retourné » peut en effet
suggérer l'idée de l'Antéchrist, mais son avènement est peut-être
aussi prématuré parce que la croix n'est pas prête. Toujours selon
la tradition, en effet, après trois ans de triomphe, l'Antéchrist
devrait être crucifié.
Je vous ai appelés, d'autres vous
appelleront.
Sept fois sept fois sept fois.
La première lumière est posée
dans la main et la septième encore dans la main. Des autres, vous
connaissez la caverne rouge.
Ouvrez, ouvrez, rien ne doit être
caché aujourd'hui. L'obscurité a déjà dévoré sa part.
Le texte suivant, empli de
références prophétiques que je n'ai pas su déchiffrer, est écrit
sous une forme poétique. C'est une prière intense, acte spontané
d'Angelo Roncalli devant le grand danger qu'il voit pour l'humanité.
Et humblement, il prie. Je reproduis cette poésie pour sa haute
valeur littéraire, remarquable pour l'époque où le texte a été
écrit.
Tu fus appelée mère une fois,
quand tu ne le savais pas, mère sur l'autel, mère de qui tu fus
fille, humble reine. Aujourd'hui tes fils ne t'appellent pas mère
parce qu'ils sont tes fils et qu'ils ne savent pas serrer des
chaînes sur les yeux et ont la langue coupée par trop de soleil.
Tu as une couronne de prières non
prononcées, tu serres un rosaire de voeux secrets. Si tu ouvres les
mains blessées, ô combien blessées, avant le Golgotha avant le Fils,
quelque chose tombe toujours et toujours sourit.
Tu ramasses invisible une autre
couronne des prières des humbles et des muets pour ceux qui
aujourd'hui ne savent pas prier, tu sais la chaîne qui unit les
gens, tu sais combien le père paie pour le fils et combien il en
coûte d'être une mère reniée.
Si ces fils disent je n'ai pas de
mère, mère je ne te reconnais pas, quelqu'un l'a dit avant eux, avec
un ton différent sans te regarder. C'était ton père, c'était ton
fils et on ne parla pas de pardon entre vous.
Tu sais pardonner donc sans le
mot et ta blessure est déjà si grande que rien ne peut la blesser
davantage, rien qui vient des fils.
Aujourd'hui tes fils sont vieux
et fatigués et les vieux rêvent tous qu'ils sont orphelins, ceci est
seulement un rêve, humble reine, et toi tu peux colorer les rêves de
fleurs.
Donne à chaque fils une fleur
quel que soit son grabat et fais-la tomber avant le réveil, je te
prie. Et avec leurs yeux neufs sur cette fleur les fils
d'aujourd'hui s'en trouveront consolés. Ils te chanteront, mère,
avec la même voix. Ces fleurs retourneront au ciel réchauffées et
ton ciel explosera dans le jour de couleur. Paix sur la terre et les
vieux seront jeunes. Les jeunes ne sont jamais orphelins, sauf dans
la douleur.
Aujourd'hui, prie, humble reine,
pour qui te prie.
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27ème
prophétie
L'homme à la tunique jaune, au
crâne chauve, à la peau noire, fils du Léopard, sèmera la terreur,
entrai nant dans le voyage du massacre les peuples de la faim.
Il montera où se termine
l'Afrique, puis la marée montera et il n'y aura plus de Blancs sur
ces terres à part les renégats.
Une idole haute sept fois l'homme
à la tunique jaune sera élevée. Les honneurs du monde qui a peur
arriveront jusqu'à elle.
Mais de l'Orient la foudre en
plein jour, quand l'idole sera abattue et les mangeurs de\coeurs se
seront dispersés.
Quand l'Islam sera divisé, et les
fils de Mahomet lutteront contre les fils de Fatima, les plus
secrets, de l'Asie en flammes, parmi ces derniers, avec un nouveau
visage, l'homme à la tunique jaune sera reconnu. Les fils de Mahomet
vaincront, le nom de Fatima sera reconsacré, et le sang du cruel
baignera le désert.
De la petite île de la
Méditerranée partira le cri du nouveau chevalier. Et les bateaux aux
fausses bannières seront coulés. Le premier jour d'Europe.
Massacres en Afrique du Sud,
massacres qui s'étendront rapidement au reste du continent noir. Des
populations entières y participeront, conduites par un chef que le
texte décrit particulièrement bien, le définissant « fils du Léopard
» : cette définition pourrait nous aider à mieux l'identifier, mais
les explications sont multiples : s'agit-il de la fameuse secte
secrète du Léopard ? du nom de quelque tribu ? ou peut-être, plus
simplement, d'une quelconque religion tribale, restaurée par «
l'homme à la tunique jaune » ?
Cette dernière hypothèse me semble
être la plus plausible. Quand les masses conduites par l'homme au
crâne rasé auront exterminé tous les Blancs dans cette partie de
l'Afrique, on parle d'une idole qui sera élevée. Je n'ai pas réussi
à déchiffrer la référence ésotérique « haute sept fois l'homme à la
tunique jaune », qui devrait expliquer soit l'origine du culte, soit
la personnalité même de ce grand meneur. De partout, on témoignera
reconnaissance et honneurs à ce culte. Mais la prophétie laisse
entendre que ces honneurs sont dictés non pas par une conviction
profonde mais par la peur des différents gouvernements. Sans aucun
doute, donc, le mouvement idéologique et religieux qui a déchaîné
les massacres doit détenir de puissantes armes qui empêchent les
peuples civilisés de prendre leur revanche.
La réaction viendra d'Orient,
imprévue (« la foudre en plein jour »). Le texte n'est pas clair :
sera-ce cette réaction qui abattra l'idole et ses partisans, ou les
deux événements arriveront-ils en même temps ? Sans doute le premier
motivera-t-il le second.
Tout de suite après, une nouvelle
guerre éclate, une nouvelle révolution, cette fois-ci dans le nord
de l'Afrique et même peut-être dans les Balkans. Une guerre
intérieure au monde de l'islam. L'origine devrait être purement
religieuse, parce qu'il est ici question des fils de Mahomet et de
ceux de Fatima. Fatima est le prénom de la célèbre fille du
Prophète. La complexité des divisions sectaires à t'intérieur du
monde musulman ne nous permet pas de préciser pourquoi cette guerre
a lieu, qui doit pourtant être liée à la tradition même de l'Islam.
En tout cas, il est certain que dans le conflit tous les pays
musulmans seront impliqués, même ceux d'Asie, en particulier le
Bangla-Desh, où existent beaucoup de sectes islamiques non
orthodoxes, qui se réfèrent au culte de Fatima. « Les plus secrets
», dit justement le prophète à propos des fils de Fatima en Asie, et
effectivement il existe aussi des sectes secrètes qui suivent
l'enseignement de Fatima sur ce continent. La fameuse secte des
Thugs, dont on dit à tort qu'ils adorent la déesse indienne Kali,
sont en réalité musulmans et ont incarné Fatima, fille du Prophète,
dans leur Kali. Au cours des siècles, la dégénérescence a atteint
des limites incontrôlables.
Dans le groupe de Fatima,
l'asiatique, au « nouveau visage », dit le texte, agira l'homme à la
tunique qui a déjà semé la guerre et les exterminations en Afrique.
Mais il sera démasqué. Alors, les musulmans orthodoxes, fils de
Mahomet; vaincront et le nom de Fatima sera réintégré dans la plus
pure orthodoxie islamique et l'homme à la tunique jaune mourra.
Puis une autre prophétie sur « la
petite île de la Méditerranée », sans doute Malte si l'on se réfère
au cri du chevalier. Je ne sais pas qui est ce personnage, mais, en
quelques mots, le discours du prophète est d'une amplitude
incroyable. Il ne s'est pas étendu sur le sujet, sans doute parce
que tous les événements sont graves et importants.
On peut penser que la Méditerranée
tout entière sera dans une situation conflictuelle. Avec la présence
de " flottes ennemies qui se disputent les zones d'influence,les
ports, les bases, les passages maritimes, les marchés possibles et,
sans aucun doute, les positions stratégiques militaires. L'Europe
devrait rester passive dans cette affaire, et on peut s'imaginer que
seules les grandes puissances feront partie des luttes.
La petite Malte pourrait bien se
révolter contre cette situation, par la voix de son chef (« le cri
du nouveau chevalier »). Il y aura une grande réaction, nous ne
savons quelles forces entreront en jeu, mais, en tout cas, les
flottes des grandes puissances seront détruites. « Le premier jour
d'Europe. » C'est la phrase, riche de promesses et au souffle
puissant, qui termine cette prophétie. A peine l'événement est-il
décrit que déjà s'annonce la naissance de la nation européenne. Ou,
si elle est déjà formée, cette Europe connaîtra enfin son
identification politique authentique. Et ce jour arrivera en même
temps que « les bateaux aux fausses bannières » seront détruits en
Méditerranée : ces Etats-Unis d'Europe, cette nation européenne dont
on parle tant aujourd'hui mais qui n'est que le rêve de ceux que
l'on s'obstine à appeler des utopistes.
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28ème
prophétie
Abraham tu es revenu de la
montagne et tu as ramené ton fils vivant.
La montagne d'Italie ne veut plus
du sang de ses bien-aimés. C'est la troisième Italie.
Les cartes sont hors du temps, la
femme est morte, les prénoms ont été donnés. Deux Italie ont dû
mourir pour nettoyer le passé. Et les cendres ne sont jamais assez
importantes.
Tous ont avoué, sauf celui qui
s'est tué et celui qui a été tué. Mais les assassins ont été pris un
à un.
Abraham est sur cette terre où
depuis longtemps le soleil s'est obscurci, où le Père de la Mère a
marché dans le sang des rues de Rome, le premier jour.
Aujourd'hui Rome n'a plus ce nom.
C'est un souvenir et ses palais
sont au Nord. Ici les ruines, ruines des hommes et des choses.
Abraham est fils et père de
l'Europe et ses frères sont ici.
Sept chefs tués sur sept
collines, avant la troisième Italie. Rebelle, ultime rebelle à
l'Europe, liée par Sévère aux drapeaux rouges.
Le serment secret sur le
Janicule, le complot, puis le vent de la liberté. Frères parmi les
frères.
Quelqu'un pleure et prie dans la
petite maison de Lorette. Le monde l'entend chaque nuit.
Cette prophétie est entièrement
consacrée à l'Italie et l'on y trouve une explication, même si elle
n'est que partielle, à des signes déjà annoncés dans des textes
précédents qui, jusque-là, étaient restés mystérieux. Et ce texte
est dans l'ensemble très explicite, même si certaines allusions sont
encore obscures.
De toute évidence optimiste, la
prophétie n'épargne pourtant pas les successions d'épreuves à
l'Italie. La première phrase, avec la référence à Abraham,
personnage que nous trouverons plus loin, est complexe. Mais on peut
penser qu'Abraham symbolise ici le sacrifice demandé au pays, comme
Dieu l'avait demandé à Abraham - qui en a d'ailleurs été récompensé
puisqu'il est descendu de la montagne et en a rapporté son fils
vivant.
Le pays se révolte dans le sang, et
ceci laisse supposer que les tourments ont été grands. L'époque, le
texte le souligne plus d'une fois, concerne une « troisième »
Italie. Avant ce jour, « les cartes » (les documents) secrètes ont
été révélées, ces documents dont nous avons déjà entendu parler, les
témoignages qui éclairent un passé que nous croyions clair mais qui
mettent sans aucun doute en cause la responsabilité de personnes qui
étaient réputées honnêtes. « La femme est morte » : il s'agit sans
doute de la femme qui gardait secrètes ces cartes - ce n'est qu'à sa
mort, on s'en souvient, que ces documents devaient être révélés. Ce
sont donc ces documents qui ont bouleversé l'organisation sociale et
politique du pays. Les prisons se sont remplies de coupables que
l'on n'aurait jamais pu soupçonner auparavant, et « deux Italie ont
dû mourir pour nettoyer le passé ». Deux mesures institutionnelles,
donc, celle du présent et une autre, après, dont nous ignorons tout
mais qui, sans doute, apporteront des désordres, des crimes, le
chaos.
Les coupables démasqués se sont
suicidés pour fuir leurs propres responsabilités, d'autres ont été
arrêtés - ils sont nombreux - alors que d'autres encore ont tenté de
se sauver en tuant. Mais tous, même ces derniers, paieront pour
leurs crimes.
Abraham reparaît, peut-être une
figure symbolique. Il est dit plus loin qu'Abraham est père et fils
de l'Europe. Il pourrait être un homme politique, ou même un
mouvement pour l'unité de l'Europe. En réalité, l'Italie n'a pas
vécu des moments faciles. « Sur cette terre où depuis longtemps le
soleil s'est obscurci. » Et tout de suite après, une référence que
nous avons déjà rencontrée dans les prophéties du début, concernant
l'Église catholique : ce nouveau pape qui marche dans les rues
ensanglantées de Rome.
« Aujourd'hui Rome n'a plus ce nom.
» La prophétie pourrait être une menace, mais aussi une espérance
car on est en droit de croire que la capitale n'est plus telle
qu'elle était, les États-unis d'Europe s'étant constitués. Le fait
que ses palais soient au Nord fait justement penser à un transfert
des ministères, des sièges politiques et administratifs. A Rome, on
ne trouve plus que des ruines.
Mais que peut-il être arrivé de si
terrible ? Sur chacune des collines de Rome, un chef a été tué avant
que la troisième Italie ne soit constituée. Il s'agit sans doute
d'une suite de complots et de trahisons de la classe politique
dirigeante. Un personnage qui aurait lié l'Italie à la sphère
communiste, pour en empêcher l'entrée dans la Communauté européenne
: ce personnage est appelé par son nom, Sévère. L'Italie, donc,
serait le dernier obstacle à l'unité de l'Europe, qui pourtant se
fera. Et ceci arrivera grâce à la présence d'Abraham et de ses
frères, personnages qu'il n'est pas possible d'identifier.
Sur le Janicule, il y a eu un
serment secret, une conjuration. Cette grande trahison était
destinée à ôter à l'Italie la possibilité de s'intégrer dans
l'Europe et à faire ainsi s'écrouler, peut-être, la seule
institution des États-unis européens.
Mais le complot du Janicule sera
balayé, par « le vent de la liberté ». « Frères parmi les frères »,
dit le prophète, et cela signifie certainement la fraternité
existant à l'intérieur et à l'extérieur du pays, fraternité entre
nations européennes désormais unies.
Les dernières phrases de la
prophétie parlent de quelqu'un qui « pleure et prie dans la petite
maison de Lorette », cette rameuse maison portée par les anges,
selon la tradition catholique. Qui est cette personne ? il n'est pas
possible de le dire. Mais, sans aucun doute, il s'agit d'un
personnage important. Peut-être un mystique, ou un saint. Un homme
qui parlera, en tout cas, avec une telle force qu'il sera entendu
par le monde entier. « Le monde l'entend chaque nuit. » La toute
dernière phrase est plutôt mystérieuse, mais sûrement de grande
consolation. La nuit, d'accord : mais on peut comprendre nuit dans
le sens de péril pour l'humanité, ce qui laisserait penser que cette
voix se fera entendre chaque fois qu'il y aura danger pour
l'humanité. Le fait consolant est que le monde saura écouter les
prières, les pleurs et les paroles du solitaire dans la petite
maison de Lorette. Et celui qui écoute, qui sait écouter, sait aussi
vaincre le danger et se garder des menaces qui pèsent toujours sur
le monde.
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29ème
prophétie
La femme de Luther sera trouvée
dans l'aube livide, au pied du mur qui divise Berlin. Personne ne
saura comment elle est arrivée, personne ne saura comment elle a été
tuée.
Il y aura des signes sur son
corps et celui qui essaiera de parler sera tué à son tour, avec les
mêmes signes. Quand le monde reconnaîtra ce visage, on dira que sa
vie était consacrée au vice. Elle avait quitté le pouvoir par amour
du Christ, des humbles. Et au contraire elle avait été tuée par le
vice.
Beaucoup de pays seront secoués,
des gens se révolteront. Et un seul réussira à parler, juste à temps
avant de mourir.
Il dira les noms de qui a tué, il
révélera leurs signes secrets. Et le monde entier se lèvera contre
le jeu des puissants, la fraternité secrète des puissants, qui
préparait l'esclavage des peuples. Les rares chefs honnêtes sauront
s'unir, les coupables seront renversés.
Cette femme qui laissa Je pouvoir
pour Je Christ sera sanctifiée. Et pour lui construire un monument,
le mur sera abattu, l'Europe unie à l'Europe.
Combien de sang pour rendre la
justice. Mais seul le sang peut abreuver les nouvelles fleurs.
Paix à toi, Patricia, fille de
Dieu.
La femme en question, américaine,
qui se prénomme Patricia comme l'indique la dernière phrase du
texte, pourrait être cette même femme que nous avons déjà rencontrée
et qui devint présidente des États-unis d'Amérique du Nord et du
Sud. Mais elle pourrait aussi être une femme américaine, à la grande
fortune, économiquement puissante, ou le leader d'un grand mouvement
social.
Selon le prophète, cette femme,
arrivée au sommet du pouvoir, abandonne tout pour suivre la voie
religieuse. Son geste fera du bruit mais suscitera aussi une grande
admiration bien naturelle devant une telle action, inattendue.
Quelques années après, le cadavre
d'une femme sera découvert près du mur de Berlin. Sur le moment, on
ne fera pas le lien entre cette femme et celle qui s'est retirée
pour se consacrer à la religion. Il n'est question que d'un fait
divers, lié au monde du vice. Ceux qui savent la vérité et tentent
de la dire sont abattus. Un seul d'entre eux réussira à tout dire,
avant de mourir à son tour - on ne sait comment.
Il y aura alors un grand scandale,
le monde entier sera touché. Patricia, sans doute, sera prise pour
une femme de vice, à cause des circonstances équivoques de sa mort.
Et ce fait retentira partout, déchaînera des réactions, voire des
révoltes, des luttes entre ceux qui soutiendront une thèse et ceux
qui soutiendront l'autre thèse. Le monde sera partagé en deux camps,
parce que le personnage en question était sans doute lié à quelque
mouvement idéologique de grande portée.
Quand la vérité sera connue, on
découvrira que la morte n'était qu'une victime. Le prophète
l'appelle tout simplement « fille de Dieu ». Ici, le texte devient
plus obscur, même s'il prend des proportions planétaires.
Une conjuration de puissants, de
chefs d'État aux intentions dictatoriales, s'est créée. On voit que,
au cours des dernières années - et, pour étayer ce que je veux dire,
on peut repenser à tout ce qui a été dit dans des prophéties
précédentes - les peuples ont su lutter pour acquérir presque
partout une liberté concrète. C'est donc contre cette liberté, pour
l'étouffer, que les puissants complotent. Et peut-être Patricia
a-t-elle été victime de cette conjuration, parce que, trop
importante, elle représentait une autorité morale capable d'éventer
ce complot. Parce que, si elle avait pris la tête des hommes libres,
elle aurait pu empêcher les manoeuvres des puissants.
Avec sa réhabilitation, malgré les
tentatives de dénigrement et de disqualification, les desseins des
comploteurs contre la liberté seront éventés. Les peuples, grâce à
quelques chefs vraiment honnêtes, sauront se révolter et destituer
les méchants. Il est ici clairement question de « fraternité secrète
des puissants », donc de quelque chose qui n'est pas seulement
occasionnel mais une véritable entente sous forme de confraternité
secrète du pouvoir politique et du pouvoir économique.
La révolte des hommes libres sera
dure et ferme, les conjurés seront jugés et leurs complices aussi.
Le prophète parle de beaucoup de sang, mais il le justifie car «
seul le sang peut abreuver les nouvelles fleurs ».
La mort de Patricia mènera à une
autre grande conquête de la civilisation : le fait qu'elle soit
morte sous le mur de Berlin, le fait que cette sainte (parce qu'elle
sera bien sanctifiée) soit devenue l'idole des peuples, tout cela
permettra que soit abattu le mur qui divise Berlin en deux. Et c'est
à cet endroit même qu'un monument sera érigé en son honneur.
En même temps devrait se réaliser
l'union entre lés deux Europe, l'occidentale et l'orientale.
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30ème
prophétie
Voici le livre maudit, écrit par
celui qui se haïssait et haïssait sa race.
Voici le livre du mensonge, de la
haine, des égouts. A cause de ses mots ils mourront nombreux, sans
comprendre, sans connaître le véritable auteur. Parce que lui est
mort depuis longtemps, et celui qui l'a trouvé se cache. Voici le
livre qui invoque la haine, qui divise les hommes. Combien de mal il
fera, combien de douleurs il fera naître, combien de guerres.
Pour ce livre, on fabriquera de
nouvelles armes et beaucoup d'hommes se fermeront sur eux-mêmes.
Voici la vérité, on criera dans
les jardins, sur les places. Celle-ci est la seule vérité.
La terre et ses amours se
retourneront. Soixante-dix ans le livre triomphera dans un quart du
monde, il formera des meneurs, asservira des peuples. Et les hommes
sèmeront haine et famine.
L'orgueil, le rêve de l'orgueil,
le nouveau paradis. Enfer sur la terre.
Entre les guerres, quelqu'un
parlera d'amour. Mais même vaincu, faux, démasqué, le livre aura
toujours quelques adeptes, jusqu'à la fin des temps.
Le texte est on ne peut plus clair.
On parle d'un livre qui proposera une nouvelle idéologie, ou même,
mais ce n'est qu'une hypothèse secondaire, proposera quelque théorie
ancienne. Ce livre fera du bruit et tout le monde se partagera en
deux, à cause des idées contenues dans ce livre maudit. Le prophète
laisse entendre que pendant soixante-dix ans le monde connaîtra des
querelles, des guerres, des luttes idéologiques et sociales à cause
de ces idées destinées à conquérir des peuples entiers. Et
l'humanité, hélas ! qui avait refusé les armes, recommencera à en
construire.
Soixante-dix ans de guerres et de
tourments, pour un livre, écrit par quelqu'un qui est mort depuis
longtemps, retrouvé par un autre qui taira toujours son nom, mais
répandra les idées du livre maudit.
« La terre et ses amours se
retourneront. »
Peut-être cette phrase
synthétise-t-elle le livre, avec des thèses qui renverseront toutes
les conceptions scientifiques, sociales et politiques. Des idées qui
porteront la haine entre les peuples, mais aussi entre les individus
: même le concept d'amour sera lui aussi remis en question,
contesté, refusé par les uns. On peut penser - et d'autres phrases
de ce même texte nous y incitent, « beaucoup d'hommes se fermeront
sur eux-mêmes » - qu'il s'agira d'une poussée fortement
individualiste, capable de déchaîner des forces irrationnelles.
Un quart de l'humanité sera conquis,
asservi par les partisans de ces idéologies. Après soixante-dix ans,
les idées du livre seront démasquées, on démontrera leur caractère
erroné. Et pourtant, jusqu'à la fin des temps, il y aura quelqu'un,
toujours, pour croire en ces idées. Hélas ! à cause de ce livre et
de ses théories, l'humanité, en plus des guerres et de la haine,
connaîtra des famines et même l'« enfer sur la terre ». Alors que le
livre avait promis le paradis !
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31ème
prophétie
A sept, de la Grèce à travers le
monde, après la vision. Et les nouvelles paroles conquerront la
terre.
Répétées par le Christ.
Répétées par ses nouveaux
enfants. Ce sera le moment du réveil et des grands chants.
Les rouleaux de parchemin seront
trouvés dans les Açores et parleront de civilisations antiques qui
enseigneront aux hommes des choses antiques inconnues d'eux. La mort
sera éloignée et petite sera la douleur.
Les choses de la terre, par les
rouleaux, parleront aux hommes des choses du ciel.
Toujours plus nombreux les
signes.
Les lumières dans le ciel seront
rouges, bleues, vertes, rapides. Elles augmenteront.
Quelqu'un vient de loin, veut
rencontrer les hommes de la terre.
Il y a déjà eu des rencontres.
Mais qui a vu vraiment s'est tu.
Si une étoile s'éteint, elle est
déjà morte. Mais la lumière qui s'approche est quelqu'un qui est
mort et qui revient.
Dans les cartes du souterrain de
fer de Wherner, toujours secrètes, la réponse, à découvert. Le temps
n'est pas celui que nous connaissons.
Nous avons des frères vivants
des frères morts.
Nous sommes nous-mêmes. Je temps
nous trouble. Bienvenue Arthur, enfant du passé Tu seras
la preuve. Et tu rencontreras le Père de la Mère.
Le texte s'ouvre avec l'annonce d'un
grand événement mystique, qui prend son origine en Grèce. Sept
disciples, ou sept fondateurs d'un ordre, partiront de Grèce pour
répandre la parole du Christ dans le monde. Il semble qu'ils auront
des choses nouvelles à dire, parce que le texte spécifie « nouvelles
paroles (...) répétées par le Christ ». Donc, il s'agit peut-être
d'une révélation dans la révélation.
De toute façon, la prédication, le
réveil mèneront à un grand remaniement chrétien : « Ce sera le
moment du réveil et des grands chants. » Un moment de bonheur et de
paix sûrement.
Il y aura aussi un autre grand
événement, qui va bouleverser les certitudes scientifiques. Des
rouleaux de parchemin seront retrouvés dans les Açores. Ils seront
étudiés, interprétés et l'humanité connaîtra les expériences des
civilisations perdues, inconnues : elle appliquera leur science,
fera un bond en avant en matière de civilisation. Surtout dans le
domaine médical, et particulièrement la gérontologie, puisque le
texte dit : « La mort sera éloignée et petite sera la douleur. »
Beaucoup de maladies seront vaincues, le moyen de prolonger la vie
humaine sera découvert.
Mais dans ces rouleaux, il y aura
des révélations encore plus extraordinaires, qui touchent au
spirituel : « Les choses de la terre (...) parleront aux hommes des
choses du ciel. » Et l'homme pourra approfondir sa connaissance du
divin, en plus de sa propre connaissance.
La seconde partie du texte
prophétique fait penser aux O.V.N.I., mais une étude plus attentive
de celui-ci conduit à des considérations plus profondes. Il y a en
effet quelqu'un qui essaie de communiquer avec les hommes, et il
vient de loin. Il y aura toujours plus de lumières dans le ciel.
Des rencontres, entre des êtres
inconnus et les hommes, sont déjà arrivées, mais le prophète précise
que celui qui a eu ces contacts s'est toujours tu. Les révélations
de contacts avec des extra-terrestres ou toute autre entité
subnormale ne peuvent donc qu'être l'oeuvre de mythomanes ou de
falsificateurs.
L'arrivée de ces lumières, le fait
qu'on ait retrouvé des documents scientifiques secrets dans le «
souterrain de fer de Wherner », un endroit et un nom que je n'ai pas
su identifier mais qui sont peut-être le nom d'un scientifique et de
son laboratoire, mèneront l'humanité à une découverte qui va plus
loin que la possibilité de vie sur d'autres planètes.
« Nous sommes nous-mêmes, le temps
nous trouble. » « Le temps n'est pas celui que nous connaissons. »
En deux phrases, le prophète nous donne peut-être l'explication de
tout. L'homme découvrira des vies et des mondes parallèles et il
réussira à y pénétrer. En découvrant peut-être un des secrets de la
mort, sa première limite. « Mais la lumière qui s'approche est
quelqu'un qui est mort et qui revient. » Là aussi, nous arrivons au
même type d'hypothèse.
La prophétie ouvre une perspective
immense pour notre futur, mais il pourrait s'agir d'autres
significations qu'aujourd'hui, avec ce que nous savons, nous ne
pouvons déchiffrer. Il est possible qu'il y ait des contacts avec
des êtres d'autres mondes, mais il est beaucoup plus plausible que
des contacts avec des êtres humains de différentes époques soient
établis, et que le temps tel que nous le concevons actuellement soit
révolutionné par des démonstrations éclatantes.
Des mondes parallèles, des
réincarnations, des théories scientifiques parmi les plus modernes
et les plus courageuses, en même temps que d'antiques conceptions
gnostiques, pour ne pas parler de la tradition orientale : tout est
mis en cause dans cette prophétie. Et cette prophétie est si vaste
qu'elle contient sans doute d'autres solutions. Il n'est pas exclu
que cette partie soit liée directement à la première, dans le texte,
là où on annonce si clairement un réveil religieux, clairement
chrétien aussi.
« Et les nouvelles paroles
conquerront la terre. Répétées par le Christ. » Mystère de cette
phrase.
On parle de « ses nouveaux enfants
». Existerait-il de nouveaux témoignages chrétiens ?
Assisterons-nous au retour des témoins de la première apparition sur
terre du Rédempteur ?
On peut penser à une sorte de «
temps des anges » que beaucoup de traditions, parmi lesquelles la
catholique, annoncent, et dont parlent d'autres prophètes. Il peut
s'agir aussi d'un signe précis du ciel, ou d'une apparition, d'un
second retour du Fils de Dieu, avant le jugement dernier.
Hypothèses, seulement des
hypothèses, parce que la matière est vaste, les prophéties
déconcertantes, révolutionnaires pour l'humanité tout entière.
De toute façon, il y aura de grands
bouleversements religieux et sociaux à la suite de ces événements.
Et, sans doute, des controverses scientifiques. Mais le prophète dit
: « Bienvenue Arthur, enfant du passé. Tu seras la preuve. »
Un jeune homme, nommé Arthur, qui
vient du passé, donnera la preuve concrète de ces nouvelles
théories, qui seront acceptées parce que, comme dit le prophète, ce
personnage mystérieux rencontrera le pape : « Et tu rencontreras le
Père de la Mère. »
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32ème
prophétie
C'est le temps des deux
empereurs.
Et la Mère n'a pas de père, parce
que beaucoup veulent être son père. Et deux seront soutenus par les
adversaires.
Les cris et les barrières de la
contestation se lèvent, mais déjà la Bête sort de l'eau.
Et la famine arrête les armées.
Les hommes se comptent mourir.
Et après la famine; la peste.
Dieu a déchaîné la guerre de la
nature pour empêcher la guerre des hommes.
Le premier empereur meurt de
faim, enfermé dans la tour de son rêve.
Le second empereur dans le
désert, attaqué par les animaux de la peste, inconnus.
La fille de Caïn est montée au
Nord, pour prêcher. Luxure dans la nouvelle Babylone, pour sept ans.
La septième année tombe le
septième voile de Salomé, mais il n'existe pas d'empereur, il
n'existe pas qui saura lever l'épée et couper le cou de Jean.
Le temps est proche.
Ce temps était, on s'en souvient,
déjà annoncé dans les premières prophéties consacrées à l'Église
catholique. L'Église n'a pas de pape mais deux adversaires au trône
de Pierre, plus tous les autres qui attisent la scission. L'Église
est divisée et les deux principaux adversaires sont soutenus par les
armes et le pouvoir de deux empereurs. L'humanité, donc, est divisée
en deux et se prépare à la guerre totale. Mais cette guerre sera
arrêtée par le Ciel : « déjà la Bête sort de l'eau ». Nous sommes
dans l'Apocalypse de Jean, aux signes de la fin des temps, peut-être
seulement de manière figurative, selon la clef symbolique qui
sous-entend la fin d'un type de vie, pour l'avènement d'une
civilisation humaine supérieure, fondée sur la foi, la connaissance,
la fraternité entre les hommes.
C'est en ce sens que j'ai cru
pouvoir interpréter toute la clef des prophéties d'Angelo Roncalli.
Si, en de nombreux endroits, cataclysmes, famines, guerres, peurs
menacent l'humanité, ce sont les paroles de consolation, de
résurrection, de progrès authentique des hommes qui prédominent.
Tout le texte, à mon avis, est remarquablement riche d'espoir, je
dirais de foi dans l'avenir de l'homme, lié à son essence
indivisible de fils, de créature de Dieu.
La famine et la peste, deux des
malédictions de l'Apocalypse, s'abattront sur la terre, n'épargnant
personne. Et elles arrêteront la guerre, elles empêcheront un grand
massacre au nom de faux idéaux, dans un nouveau déchaînement de
haine.
« Dieu a déchaîné la guerre de la
nature pour empêcher la guerre des hommes. » La phrase est on ne
peut plus claire.
Les deux empereurs finissent
misérablement, l'un et l'autre frappés par une calamité. Le premier,
« enfermé dans la tour de son rêve », meurt de faim. Conséquence de
la famine, mais aussi, sûrement, phrase symbolique.
On peut penser que ses partisans, en
face de la famine, après s'être comptés au moment de mourir, se
révoltent et l'enferment dans une tour, le laissant mourir de faim.
Son grand rival mourra dans le désert, frappé par la peste. Ce fléau
sera apporté par des animaux inconnus jusqu'alors, qui contamineront
le second empereur.
Le chaos suivra ces fléaux. Et
l'homme devra se laisser aller au culte du Veau d'Or, chercher dans
le vice et le péché à oublier des moments terribles. Après la mort
des deux empereurs, chaos et anarchie régneront, d'après une
allusion du texte, et dans ce climat : « La fille de Caïn est montée
au Nord, pour prêcher. »
II peut effectivement s'agir d'un
personnage féminin qui prône le péché et le désordre, comme il peut
s'agir d'une idéologie symbolisée, ou d'un vent de passion qui monte
du sud au nord et conquiert les hommes, en les étourdissant après
leurs épreuves. Il se peut que l'humanité sorte décimée des deux
terribles fléaux.
Cette période durera sept ans, et
Babylone, « la nouvelle Babylone », une ville qui pourrait être
Rome, sera le centre de la luxure. La septième année, ce sera la
fin. La chute du septième voile de Salomé - mis à part le symbolisme
des nombres et le symbolisme lié aux personnages bibliques -
pourrait être le comble de tout. Il coïncidera sûrement avec la
prédication d'un nouveau Jean-Baptiste, qui sera persécuté et
emprisonné, comme le dit la prophétie, même si elle ne le révèle pas
ouvertement.
Pourtant, il n'y aura alors aucun
pouvoir capable de couper le cou du nouveau prophète, du nouveau
prédicateur. L'humanité vivra donc en pleine anarchie, attendant
passivement le réveil. Jean, l'homme nouveau, l'indiquera. On
tentera de l'arrêter, mais personne n'aura la capacité ni le pouvoir
de le faire.
Ce moment marque un grand
changement. La phrase « le temps est proche » fut prononcée par
Baptiste pour la venue du Rédempteur. Mais ce peut être aussi
l'annonce d'un autre temps, plein de mauvais présages et de
terreurs.
Comme je l'ai écrit dans
l'introduction de ce livre, les textes des prophéties que je
reproduis, avec mon commentaire, ne sont qu'une petite partie de
ceux qui existent réellement. Il s'agit uniquement des textes qu'il
m'a été donné de recopier, grâce à mon « visiteur ».
Ceci explique pourquoi, d'un texte à
l'autre, il n'y a pas toujours, presque jamais même, de lien précis.
Ceci explique aussi pourquoi des périodes entières sont laissées
dans l'ombre. Les morceaux que j'ai pu recopier représentent à peu
près vingt pour cent du texte intégral des prophéties énoncées par
Angelo Roncalli dans le temple « Le Chevalier et la Rosé ». Dans ce
temple où il fut le truchement - il ne faut jamais l'oublier - d'une
action initiatique à laquelle ont collaboré soit les frères et les
maîtres présents, soit les frères et les maîtres du passé, grâce à
un rituel très ancien que je ne peux absolument pas rendre public.
A ce point des prophéties, il m'a
été impossible de lire et de recopier de nombreuses feuilles. J'ai
insisté auprès de mon « visiteur », inutilement, et j'ai demandé des
explications à la fin du travail. Mais le silence le plus obstiné a
répondu à mes questions.
Le saut est énorme. Maintenant, par
exemple, nous nous trouvons confrontés à une forme de prophétie bien
différente de celles que nous avons vues jusqu'à présent.
Sur quelques pages, toujours sur le
même papier du même temple, avec la même calligraphie du grand
chancelier et toutes les indications exactes du rituel, le prophète
se limite à citer des noms et à inscrire, à côté de chaque nom, des
phrases.
Si j'avais pu consulter les parties
manquantes du texte complet, peut-être m'aurait-il été plus facile
d'identifier les personnes et les choses citées. J'ai étudié
longtemps la liste, examinant les noms sous tous les aspects
possibles, mais sans aucun résultat pratique.
Une chose est certaine : les noms
ont un rapport déterminant pour le déroulement des prophéties que
nous avons examinées et celles que nous n'avons pu voir. Des noms
qui, avec le temps, seront révélés, liés aux événements du futur.
Mais comme, entre aujourd'hui et 1935, date où ces prophéties ont
été écrites, existe pour nous un passé, il n'est pas possible de
préciser s'ils sont en rapport avec le passé ou le futur. Les
phrases qui suivent les noms sont, de plus, très hermétiques,
peut-être même initiatiques.
Les phrases semblent être des
avertissements destinés aux noms qu'elles accompagnent.
Il ne me reste qu'à reproduire
intégralement le texte, avec les noms et les phrases, en souhaitant
que quelque spécialiste, devant cette méthode prophétique, arrive à
des conclusions pratiques auxquelles je n'ai pu parvenir moi-même.
ALBERT - Chaque étoile vit de sa
propre lumière, et le son de la voix ne suffit pas dans le noir,
quand tout autour on meurt. De toi, on dira paix, mais tu sais que
tu n'aurais jamais de paix à l'intérieur. Tard seulement, le monde
connaîtra la douleur que tu as semée, par ton égoïsme.
WEINËR - La haine pour ta ville
et la haine pour le inonde. Tu déposes le troisième livre, tu
ramasses la poussière, marche parmi les gens et essaie de retrouver
celui qui guida en prières tes premiers pas.
STOCKHOLM - Depuis longtemps la
seconde vision, le second incendie. C'est le premier signe.
CAINA - Tu as trop de filles et
un seul père, tu n'as pas de mère car tu ne sais être mère. Ce sera
ta dernière fille qui te tuera et les autres te renieront quand
elles s'apercevront qu'elles sont comme toi.
ZELDA - Chéris le souvenir et les
fleurs même mortes. II y a un temps pour tout, même pour l'amour tué
par les autres.
NEGH - Sous ton lion il n'y a
plus de marbre, mais les sanctuaires de tes conjoints exterminés.
Seul tu mourras, haï et aimé, puis tu seras oublié. C'est ton lot.
BABYLONE - Tu as trois fois pour
surgir et t'écrouler. C'est ton destin et je ne peux rien te dire,
puisque je ne te parle pas.
ENIAH - Ta tour est seule, finis
seulement un rêve, toi-même est rêve.
SIGMUND - Au delà de ta ville et
de ton esprit de la chair dont tu viens, il y a des soupirs légers
qui creuseront en quelques décennies tes cris forcenés.
SIEGFRIED - Le chant le chant le
chant. C'est l'ultime voyage dans les marécages dont on ne revient
pas. Donna Esmeralda, vierge et reine, seule. On se moquera d'elle.
ALCES - Ne cesse pas de ramasser
des fleurs blanches, tes bras seront toujours plus grands et le
poids ne te fatiguera pas, parce que chaque fleur saura encourager
l'autre. Le monde a besoin de tant de fleurs.
NEVA - Soixante-dix-sept ans. Du
premier sang gelé dans tes eaux au dernier sang, celui de la
liberté. Deux noms presque égaux, deux morts. Et puis le triomphe de
la vie.
CORINNE - Tu as su garder le
secret même s'il est impossible d'oublier. Ce que tu peux dire peut
te venger, mais te tuer au plus profond. Ferme les yeux dans ton
sourire.
VERA - Au milieu des bois, tu
attends les hommes de la liberté. Dans un rêve, la route leur sera
indiquée en blanc. Ils te chercheront, ils te reconnaîtront. Et
toujours ils béniront ton nom.
ROSE - La Vierge Très Sainte
apparaît pour tous, mais parfois pour une seule personne. Tant de
fois elle a demandé que l'on parle, à toi elle a demandé de te
faire. Accueille dans la joie son dessein.
PARIS - Trois coups dans la nuit,
trois malédictions. Les eaux, le feu, la peste. Dans le fer, tu te
retrouveras.
ROME - Accepte les ruines,
n'étends pas de fleurs ou de soie, pour les pieds nus de celui qui
vient. Ces pieds aiment la douleur.
HENRY - Le quatrième fusil, armé
par toi, tirera sur toi. Tu as écouté Martin sur les collines, tu
t'es lié au pacte noir. Sur les collines, quelqu'un avant ta mort
enlèvera tes descendants.
FREDERIC - Bienvenu au royaume de
l'humilité, bienvenu élu parmi les humbles. Choisis Augustin,
rejette Benoît.
UK'UBUK - La pierre noire est
celle que tu cherchais, mais maintenant change sa couleur. Et le
gris doré te suivra, les poings hauts, au-dessus du calvaire. Il y a
un âge pour ton peuple. Le tien.
HUGO - Arrête-toi avant le trône
et n'y pense pas. Tourne ta main vers les feuilles. Elles ne doivent
pas rester blanches. La lumière n'éclaire pas toujours. Pour
certains, elle étourdit puis elle tue. Que ta lumière soit ton
blanc.
HARWEY - Ce qui est vitre sera
feu et tu n'y pourras rien. Le dernier arrivé, le plus petit, le
plus craintif, sera le plus dangereux. Tu ne le reconnaîtras pas.
DAVID - Abats la fronde, lève la
tête. Il y a d'autres déserts à faire fleurir. Le grand désert est
dans l'homme.
SIMON - Que cette petite flamme
ne devienne jamais feu.
WHANG - Tu seras imprévu mais
préparé. Le monde attend beaucoup de toi, des mots clairs, des
drapeaux bleus, des sourires de foules, des sourires d'enfants. Tu
habilleras les gens.
MARLE - Tu te reconnaîtras quand
tu te verras sur la Bête triomphante. Alors tu changeras le nom de
ta mère.
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Conclusion
Je n'ai plus jamais rencontré mon
visiteur. Et avant de me quitter, il n'a pas sorti d'autres
documents de sa serviette, ni répondu à mes questions.
Ces mêmes questions que le lecteur
se pose à présent et auxquelles, hélas ! je ne peux répondre.
Les prophéties du pape Jean, que
j'ai décidé de rendre publiques, sont donc une oeuvre incomplète. Et
je crois que c'est mieux ainsi. Je le sens. Et je sens aussi qu'un
jour mon visiteur reviendra me voir, m'apportera d'autres feuilles
bleues, d'autres procès-verbaux rédigés par le grand chancelier du
temple « Le Chevalier et la Rosé » et dictés par Angelo Roncalli.
Je n'ai pas l'intention de conclure
ce travail en défendant l'authenticité de tout ce qui y est contenu.
Je suis convaincu que le texte se consacrera par lui-même, quand les
événements se seront vérifiés les uns après les autres. Peut-être
même prendra-t-il alors une tout autre dimension que celle, trop
simple, que je lui ai donnée. Parce que la réalité donnera à ces
pages, d'une haute valeur artistique, d'un grand élan prophétique et
ésotérique, une nouvelle richesse.
Je sais que j'assume de lourdes
responsabilités en publiant ce document, mais ce n'est pas la
première fois que je le fais, j'ai toujours eu le courage de mes
actes, surtout quand je suis convaincu de quelque chose et de sa
nécessité, comme dans le cas présent.
Je m'attends à de nombreuses
critiques. De la part des laïcs décadents du XIXe siècle,
libertaires d'opérette, qui qualifieront cette oeuvre de
superstition, parce que les victoires des hommes sont liées à un
discours fortement religieux. A des événements de la tradition
catholique, comme les apparitions de la Vierge, qu'on voudrait faire
passer pour des escroqueries, des spéculations, un certain
fanatisme. Mais j'ai confiance dans l'authentique culture populaire,
plus que dans la culture préfabriquée des « illuminés », capables de
détruire, non de construire. Capables de se moquer, non de sourire.
Et j'ai surtout confiance en la foi, en sa quotidienneté, dans son
réveil tourmenté, qui touche les hommes simples où qu'ils soient,
les grands aussi, quand ils se trouvent confrontés réellement au
monde et à eux-mêmes.
J'ai confiance dans l'indestructible
patrimoine de l'Église catholique, fondée par le Christ fils de
Dieu, dans sa grandeur et son humilité, dans son amour et sa grande
douleur qui est celle des hommes parce qu'elle est Mère des hommes.
Mais je m'attends aussi, et même de la part de certains milieux
ecclésiastiques, à de nombreuses critiques sur ce travail, à de non
moins grandes accusations. Le fait qu'un pape comme Jean XXIII, déjà
si controversé, soit présenté sous cet aspect inédit d'« initié » à
certains mystères, de « frère » dans certains cercles ésotériques,
inquiétera ceux qui croient encore à certaines légendes — qui,
elles, sont réellement le fruit de la superstition.
Le groupe d'initiation, vraiment
libre, selon la tradition et le document signé par les trois maîtres
que je publie intégralement et pour la première fois, auquel
Johannes fut admis, n'a rien de satanique, d'interdit, de noir. Il
est très exactement une force qui émane de Dieu, un chemin
différent, pour quelques-uns — choisis selon des critères non
élitistes — et qui retourne à Dieu. Cette tradition est soeur du
christianisme auquel j'ai toujours rendu hommage. Et je n'ai aucun
lien avec des cercles ou des institutions pseudo-ésotériques ou
pseudo-initiatiques, qui ont oublié leurs tables fondamentales pour
se jeter dans de grotesques batailles temporelles.
Déjà, dans le texte prophétique de
Johannes, nous trouvons une confirmation très nette dans ce sens.
Sur le plan spirituel, les chutes les plus graves adviennent quand
ceux qui devaient fixer le ciel ont trop baissé leurs regards vers
la terre.
De la part de l'Église, je m'attends
aussi à des réserves, des méfiances, même des condamnations. Je sais
que j'en souffrirai parce que je veux appartenir à cette Église,
toujours, de tout mon être. Et je ne peux rien demander à cette
Église, sinon de rester elle-même. D'attendre, avant d'approuver ou
de condamner. D'user d'une de ses vertus les plus grandes, la
prudence. Indispensable, non seulement de la part de l'Église, mais
aussi de tous ceux qui liront ces textes discutables, importants,
qui seront sujets à des déformations, utilisés à des fins
malveillantes et pour combattre les idées mêmes qu'en fait ils
professent. Que ceux qui voudront utiliser ces pages contre l'Église
et ses hommes - tout est possible, même si ce document ne s'y prête
pas - sachent que le texte prophétique ne s'éloigne jamais de
l'orthodoxie la plus rigoureuse.
Que celui qui voudrait tout
compliquer sache aussi que la simplicité, l'humilité et l'amour sont
dans tous les mots de ces prophéties. Restent les réserves et les
accusations - elles ne manqueront pas - de la part de ceux qui se
disent « initiés ». Elles n'auront aucune valeur pour moi. Parce que
ceux qui le sont vraiment connaissent la règle fondamentale du
silence. Et qu'ils n'oseront jamais en dire plus, surtout là où je
me suis interdit de le faire. Je connais et j'admire leur silence.
Celui qui, au contraire, se permettrait de parler prouverait par là
même qu'il est un imposteur et un mégalomane.
La voie ésotérique ne connaît pas le
compromis.
Ce qui importe le plus, à vrai dire,
c'est ce que ce livre dira aux hommes simples. Quelles que soient
leurs idées et leurs opinions. Parce que ce livre est un livre de
paix, de bonté, de fraternité. Un livre qui, pour utiliser une des
plus belles formules de Jean XXIII, devrait annihiler tout ce qui
sépare les hommes pour ne laisser que ce qui peut les réunir. C'est
mon impression.
Aux hommes et aux femmes de bonne
volonté .du monde entier, aux humbles, aux simples, aux malades, aux
enfants, aux vieux, à tous ceux que le pape Jean a le plus aimés,
quelle qu'ait été leur foi, en les unissant dans le même
embrassement fraternel d'amour, je veux dédier la dernière page des
prophéties, les dernières lignes qu'il m'a été donné de recopier.
Elles ne cachent rien, ne prétendent
à aucune révélation, elles sont d'une simplicité qui rejoint la
grandeur.
Surtout, cette page témoigne de la
confiance dans l'avenir de l'homme, créature de Dieu. La confiance.
La grande, l'omniprésente conviction d'Angelo Roncalli, comme il l'a
témoigné tout au long de sa vie et de son magistère. Qu'il vive
encore dans chacune des pages que j'ai présentées, suprême acte de
foi.
La prière, Mon Dieu, est tienne
parce qu'est tienne la voix des
gens
quand ils se retrouvent dans
l'ultime vie,
te donnent leur dernier souffle
et les yeux.
Rien de tout ce qui est écrit ne
vaut ce qui est dit
rappelé avec amour et transmis
dans la sueur
de la terre par les voix basses,
prière de l'aube, du soir, de la
nuit.
Quand est solennelle la terre que
tu as semée,
quand est solennelle la prière
qui s'échappe
avec les brumes ou les chaleurs
parmi les mottes de terre,
l'oeil qui, de loin, le regarde.
A chaque homme tu as donné un
fils,
à chaque homme tu as donné un
pain
et la prière se renouvelle chaque
jour
quand sont brisés le fils et le
pain.
La prière, Mon Dieu, est tienne,
parce que la voix dans le monde
est seulement à toi,
celle de l'agneau, de l'arbre, de
l'homme
de chaque chose marquée de ta
main.
Que chaque temps serve ton
souvenir
parce qu'aucun pas n'est fait en
vain,
même celui du voyageur qui
t'ignore
laisse une semence où germera ta
gloire.
Qui se tait a prié, ou priera
et pour celui qui se tait tu as
déjà prié
le septième jour, repos du
créateur.
Chaque homme a déjà sa prière.
Elle est pleur, elle est rire,
elle est cri, elle est fureur,
la vie même te prie depuis les
abîmes,
que tu as peuplés de rêves
amoureux
quand tu t'es dit Dieu de chaque
pardon.
La prière, Mon Dieu, est tienne.
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