La stigmatisée de La
Fraudais a eu nombre de communions miraculeuses.
La première eut lieu
le 4 juin 1874, suivie de trois autres dans la même année. Du
commencement de mai 1876 au 29 janvier 1877, il y eut treize
communions pendant l'extase du vendredi, qui furent vues par plus de
deux cents personnes.
Marie-Julie savait
d'avance, par révélation, le jour où devait avoir lieu cette
communion miraculeuse du vendredi. Quelquefois elle l'annonçait en
pleine extase ; habituellement elle en prévenait son confesseur ou
sa famille. Ce jour-là, les témoins avertis étaient admis dans la
chaumière ; il y en avait ordinairement une quinzaine, parmi
lesquels des prêtres ou des personnes distinguées par leur rang,
leur piété, leur intelligence. Mgr Fournier, évêque de Nantes, avait
autorisé ces admissions.
Vingt-trois jours
après la mort de ce grand Évêque, si dévoué à la cause de La
Fraudais, Marie-Julie était privée des sacrements par ordre des
vicaires capitulaires, décision qui fut maintenue par Mgr Lecoq,
Évêque successeur. A partir de ce moment, la stigmatisée eut chaque
dimanche et à certaines fêtes, entre 6 et 7 heures du matin, une
communion miraculeuse qui n'avait d'autre témoin que sa famille, ce
qui dura
onze ans et demi, jusqu'à ce que les
sacrements lui fussent rendus.
Les communions
miraculeuses du vendredi recommencèrent le 16 avril 1880. Les
adversaires de la stigmatisée criaient beaucoup à la fraude : s'ils
y avaient assisté, ils n'auraient point soutenu cette thèse. Témoin
deux fois de ce fait extraordinaire, j'affirme que la fraude n'y
était pour rien, qu'elle était impossible.
Dans un long rapport
adressé à Mgr Lecoq en 1880, je disais à Sa Grandeur :
J'ai assisté le 16
avril à l'une de ces communions. Il y avait quatorze personnes
présentes, parmi lesquelles MM. les curés de Savenay et de Nort. La
stigmatisée était debout trois fois de suite, elle a sorti largement
la langue ; à la quatrième sortie, est apparue, à un pouce environ
de l'extrémité, une petite hostie toute blanche, adhérant à peine à
la muqueuse ; elle était sèche, toute plane, non enroulée. La fraude
m'a paru impossible dans l'exhibition. Marie-Julie avait parlé
auparavant, près d'une heure, à diverses reprises, avec toute
l'animation du discours extatique. Si préalablement il y avait eu
dépôt d'une hostie dans la bouche, elle eût dû apparaître humide,
ramollie, irrégulière, brisée, enroulée. Ici, toute fraude humaine
m'a paru impossible Les témoins du 16 avril ont jugé comme moi.
Beaucoup d'autres ont déjà vu ces mêmes communions : je ne sache pas
qu'aucun ait crié à la supercherie.
Au mois d'avril 1876, Marie-Julie
vit en vision, une hostie entourée de quatorze fleurs. Ce jour-là,
on crut comprendre d'après les paroles de l'extase qu'elle devait
mourir après la quatorzième communion miraculeuse. Elles
commencèrent dans les premiers jours de mai. La treizième eut lieu
le 27 janvier 1877. Restait la quatorzième qui ne devait se réaliser
que quelques années plus tard, la veille même de la mort de
Marie-Julie.
Le 24 avril 1877 : Crois-tu à ta
quatorzième communion et au triomphe de l'Église ?
- J'ai hâte de vous recevoir
dans ma quatorzième communion. Ma mort délivrerait Monseigneur et
mon Père de leur inquiétude.
- As-tu bien confiance dans ta
quatorzième communion?
- Oui, Seigneur, oui, oui, c'est
Vous qui avez institué la divine Eucharistie. Oui, je crois à tout
ce que la Sainte Église me propose de croire, elle ne se trompe pas.
Oui, je crois à l'Eucharistie dans ma quatorzième communion,
j'éprouve un grand bonheur en y pensant.
- Crois-tu bien à toutes les
révélations que J'ai faites pour ta mort ?
- Oui, je crois à toutes,
d'après le jugement de mon Père car je suis une ignorante.
- Crois-tu dans le triomphe de
l'Église ?
- Oui, Seigneur, car Vous l'avez
révélé à Marguerite-Marie, car pour moi, je n'aurais pas de
confiance en moi seule.
- Crois-tu à l'infaillibilité de
l'Église ?
- Oui, oui, mon chère Époux.
L'Église ne peut faillir, Notre-Seigneur l'a dit à saint Pierre.
Oui, je crois au triomphe de l'Église.
Le 3 mai 1877,
Notre-Seigneur montra à
l'extatique, quatorze hosties qui sortaient d'un ciboire, les deux
dernières étaient plus grandes.
Extase du 12 juin 1879
Ils furent jugés sévèrement dans
les extases, les prêtres qui avaient refusé l'Eucharistie à la
servante de Dieu.
- Malgré le refus,
disait Notre-Seigneur à Marie-Julie, tu auras quand même le
mérite. Tu auras pour toi, ce que la dureté et l'insensibilité des
coeurs t'ont refusé. J'ai fait ce qu'ils devaient faire ! Je me suis
abaissé jusqu'à devenir le Ministre de la Terre... J'ai fait le
devoir des miens qui ne craignent pas, qui ne frémissent pas de Me
faire si doublement souffrir. Aussi, avant que tu sortes d'ici,
avant que Je ne te sépare de la terre, Je leur dirais :
- J'ai fait ce que vous deviez
faire, Je me suis abaissé à soulager et à sauver les âmes. Vous
n'avez pas fait mention de Moi...
- Console-toi, ma victime. Ce sont
eux qui ont refusé la justice qui en porteront la responsabilité et,
un peu plus tard, quand tu seras avec Moi et que celui qui t'a
privée de tant de communions sera au Jugement, tu viendras lui
demander les communions dont il t'a privée.
- Oh ! mon Jésus ! je ne viendrai
pas ! Je me mettrai dans un petit coin, pendant que Vous le jugerez
et je Vous prierai pour lui afin que Vous le couvriez de votre
amour.
Déjà le 28 février 18/8,
Notre-Seigneur avait dit à Marie-Julie :
- Pourquoi ne dis-tu pas à haute
voix, partout : l'autorité me tient dans des chaînes de fer, en me
privant de la sainte communion ?
Et la servante de Dieu avait
répondu :
- Mon bon Maître, ils sont
l'autorité.