Monseigneur,
M’appuyant
sur le précepte divin : " demandez et vous recevrez ; cherchez et
vous trouverez ; frappez et il vous sera ouvert " ; je viens, le
coeur brisé mais fort de mon autorité paternelle, je viens
humblement réclamer à votre Grandeur, pour ma fille Marie-Julie, le
droit de tous les chrétiens à la participation aux sacrements.
Depuis
seize mois elle languit sur son lit de douleur. Depuis dix mois elle
est sans direction et sans sacrement. Qu’a donc fait cette chère
enfant pour être ainsi traitée ? Dieu ne l’a pas rejetée du nombre
de ses enfants. Aussi, ce bon Maître se plaint-il hautement de cet
abandon qui est, dit-il, contre toutes les vertus de l’âme
chrétienne et contre toutes les lois de la Sainte Église.
Cette âme a
été rachetée au prix du sang de Notre Seigneur. Il veut son salut et
c’est au nom de ce divin Rédempteur que je réclame la charité pour
elle. Vous êtes le pasteur des âmes. Un mot pour elle qui vit dans
le délaissement ! La charité pour celle qui souffre, souffre !
Monsieur
Rabine refuse de confesser ma fille parce qu ‘elle ne l’entend pas.
Cette surdité, Monseigneur, est l’oeuvre de Dieu qui a, en cela, ses
desseins. Qui donc peut mettre des bornes à sa puissance ? Le
prêtre, dans son saint ministère, confesse souvent des sourds. Ce
refus n ‘est donc point légitime. Les soins spirituels semblent ne
point le préoccuper. Il n’a qu’une seule pensée, celle que
poursuivent ceux qui nous persécutent.
Ils
voudraient m’empêcher de recevoir, le vendredi, les quelques
personnes qui viennent prier avec nous, les quelques amis fidèles
qui nous visitent depuis six ans et nous consolent pendant
l’épreuve. Personne, Monseigneur, ne peut m’enlever cette liberté.
Votre Grandeur l’a dit et votre vénérable prédécesseur le pensait
aussi. C’est mon droit d’avoir des témoins qui renseignent,
éclairent et soient capables de répondre aux calomnies dont on
charge mon enfant.
Ah !
Monseigneur, écoutez ma prière ! Que votre coeur s’ouvre à mes
supplications ! Rendez à mon enfant les consolations dues à tous les
chrétiens, en la faisant participer aux sacrements et nos âmes vous
béniront. Que votre passage soit pour elle qui souffre la lumière
qui éclaire et console !